30/03/99

32 Photographes Italiens - Hommage à Phyllis Lambert at CCA - Centre Canadien d'Architecture, Montréal

32 photographes italiens : Un homage à Phyllis Lambert 
CCA - Centre Canadien d'Architecture, Montréal
21 avril - 26 septembre 1999

Andrea Abati - Cesare Ballardini - Marina Ballo Charmet - Olivo Barbieri - Gabriele Basilico - Nunzio Battaglia - Giannantonio Battistella - Roberto Bossaglia - Luca Campigotto - Vincenzo Castella - Alessandra Chemollo - Giovanni Chiaramonte - Mario Cresci - Paola de Pietri - Vittore Fossati - Moreno Gentili - Luigi Ghirri - Paolo Gioli - William Guerrieri - Guido Guidi - Mimmo Jodice - Martino Marangoni - Walter Niedermayr - Fulvio Orsenigo - Francesco Radino - Gloria Salvatori - George Tatge - Franco Vaccari - Fulvio Ventura - Silvio Wolf - Giovanni Zaffagnini - Marco Zanta
Trente-deux photographes italiens ont répondu à l’invitation de Paolo Costantini, brillant conservateur de la collection de photographies du CCA, afin de rendre hommage à Phyllis Lambert, directeur fondateur et président du CCA, à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire. En reconnaissance de l’engagement de Mme Lambert et de sa contribution à l’avancement de l’art photographique, chacun des artistes a choisi une oeuvre qui représente sa vision personnelle du monde bâti pour en faire don à la collection du CCA. L’exposition 32 photographes italiens : Un hommage à Phyllis Lambert, offre au public l’occasion de voir ce don exceptionnel qui souligne l’apport de Paolo Costantini à titre de conservateur au CCA. Sélectionnées à partir des directives de Costantini, ces oeuvres sont représentatives des préoccupations des photographes italiens depuis les années 1970. Elles nous donnent un aperçu de la culture photographique italienne récente, qui n’a pas encore reçu l’attention qu’elle mérite. Grâce aux efforts de Paolo Costantini, malheureusement décédé peu de temps après avoir obtenu ce don, le CCA est maintenant en mesure d’attirer l’attention sur ce corpus important d’essais visuels.
Il y a plusieurs façons d’aborder cette collection, mais une image en particulier se révèle d’une force particulière : la vue de Versailles réalisée par Luigi Ghirri (1943–1992). L’utilisation magistrale que fait Ghirri de la lumière lui permet d’évoquer un temps et un espace mythiques, un lieu surréel entouré de mystère.
Des artistes de trois générations qui ont été proches de Ghirri et qui sont représentés dans l’exposition ont adopté l’approche phénoménologique de ce dernier. La sensibilité poétique avec laquelle il abordait le paysage bâti est le point de départ de leurs propres travaux.
Les oeuvres présentées dans l’exposition 32 photographes italiens : Un hommage à Phyllis Lambert explorent des lieux marginaux en Italie comme à l’étranger. S’efforçant, dans leur démarche créatrice, de se libérer de la tradition de la représentation pittoresque de monuments classiques – tradition si profondément ancrée dans toutes les vues du paysage italien produites en Occident –, ces photographes révèlent les « fragments épars » des frontières du monde moderne. Avec intuition, ils dressent une cartographie de l’ordinaire.
L’exposition nous donne à voir un échantillonnage dressé au hasard, mais très évocateur de l’habitat contemporain : lumière rayonnante et scènes de nuit; salles de classe et usines désertées; maisons et murs en ruine; graffitis; vieilles voitures et bus insolites; touristes et habitants vaquant à leurs activités quotidiennes (et parfois conscients de la présence du photographe). Ces images montrent des scènes de tous les jours, captées avec spontanéité et transformées en motifs abstraits. Des objets courants y révèlent tout à coup leur signification par rapport aux rites sociaux. Ruines et débris deviennent les éléments d’une scène métaphysique éclairée par la lumière de la Méditerranée et révélée par le regard inquisiteur de l’artiste.
Ce don exceptionnel reconnaît la contribution immense de Phyllis Lambert à l’art de la photographie. En 1970, Mme Lambert photographie les bâtiments en pierre grise de Montréal avec Richard Pare et publie, dans l’ouvrage Court House, A Photographic Document (Richard Pare dir., New York, Horizon Press, 1978), un corpus de photographies qui constitue l’une des contributions les plus importantes aux célébrations du bicentenaire des États-Unis. A partir de 1974, les donations de Phyllis Lambert vont grandement enrichir la collection du Musée des beaux-arts du Canada par le biais de dons annuels et d’un don important de daguerréotypes et de tirages de Walker Evans.
En 1974, Phyllis Lambert commence à rassembler les pièces à partir desquelles sera constituée la collection de photographies du CCA. Comprenant plus de 50 000 oeuvres couvrant l’ensemble de l’histoire de la photographie, cette collection est l’une des plus remarquables du monde et est unique dans son domaine. Ce grand corpus, ainsi que le programme international d’expositions et de publications qui lui est consacré – et qui a été inauguré avec l’ouvrage innovateur Photographie et architecture : 1839–1939 (Paris, CCA/Mardaga et Montréal, CCA/Méridien, 1982) –, ont permis à Phyllis Lambert de jeter les bases d’un nouveau discours sur les relations fondamentales entre photographie et architecture, entre paysage et image, entre la ville et sa représentation.
Enfin, Phyllis Lambert, à titre de directeur du CCA, a continuellement soutenu la photographie contemporaine par la commande de missions photographiques. Parmi ces projets figurent
- Terra Cotta (1981–1991), une étude des façades en terre cuite de Chicago réalisée par Bob Thall ;
- Louisiana World Exposition in New Orleans (1984), une étude photographique de l’Exposition internationale de Louisiane à La Nouvelle-Orléans, effectuée par Catherine Wagner, qui a aussi photographié les parcs à thèmes de Disney (1995–1996) ;
- Regards sur un paysage industriel : Le Canal de Lachine (1985–1986), commande réalisée par Clara Gutsche et David Miller;
- Passages à l’Université de Montréal (1989), relevé photographique de Gabor Szilasi ;
- Frederick Law Olmsted en perspective : Photographies de Robert Burley, Lee Friedlander et Geoffrey James (1989–1995) ;
- Penser avec les yeux (1996–1998), un essai photographique exhaustif sur les réalisations de Carlo Scarpa commandé à Guido Guidi.
CCA - Centre Canadien d'Architecture, Montréal
Salle octogonalle 

25/03/99

Blue Sky: Bunny - Academy Award

 

Still from Bunny

   Still from Bunny © 1998 Blue Sky Studios, Inc

 

Bunny a seven-minute short film from Blue Sky Studios, written and directed by CHRIS WEDGE received an Oscar  for Best Animated Short Film.

One of five films nominated in the category, Bunny took top honors during the Academy of Motion Picture Arts and Sciences Oscar Night® ceremonies held at the Dorothy Chandler Pavilion in Los Angeles.

Introduced by the well-loved characters of the feature-animated hit "A Bug's Life," Chris Wedge took the stage thanking the Academy members, his family and wife Jean, Bunny's Producer Nina Rappaport, and Composers Tom Waits and Kathleen Brennan. He added, "This is especially thrilling because this was a labor of love . . . and to everyone of you who now or ever has worked for Blue Sky Studios, thank you for allowing me to follow my heart and for pouring so much of yours into Bunny."

In addition to it's engrossing, bittersweet tale of loneliness and ultimate reunion, "Bunny" also creates a new standard of cinematic storytelling for computer animation using an advanced computer rendering technique known as radiosity which mimics the most subtle properties of natural light. This technique, never before used in film, enabled Chris Wedge and his crew to create an unparalleled dimensionality and organic realism.

The other short animated nominees included The Canterbury Tales directed by Christopher Grace and Jonathan Myerson An S4C/BBC Wales/HBO Production; Jolly Roger directed by Mark Baker, an Astley Baker/Silver Bird Production for Channel Four; More directed by Mark Osborne and Steve Kalafer, A Bad Clams Productions/Swell Productions/Flemington Pictures Production; and When Life Departs directed by Karsten Kiilerich and Sefan Fjeldmark, an A. Film Production.

In addition to screening at several national and international film festivals, Bunny is schedule to screen at The Film Forum in New York from May 12 - 25, and is featured in the 1999 Spike & Mike Film Festival which tours over 50 states in the U.S. and Canada.

 

Bunny's Credits

Written and Directed by Chris Wedge
Produced by Nina Rappaport

Music by Tom Waits and Kathleen Brennan
Digital Effects Supervisors: Dave Walvoord, Hilmar Koch

Editor: Tim Nordquist

Lead Animators: Doug Dooley, Nina Bafaro
Animators: Jim Bresnahan, Raquel Coelho, Rhett Collier, Ed Gavin, Jeff Joe, Justin Leach, Dean Lennert, Carlos Saldanha, Jesse Sugarman, Steve Talkowski, Aimee Whiting, Dan Whiting

Lighting Lead: Mitch Kopelman

Technical Directors: Andrew Beddini, Tom Bisogno, Chris Burrows, Danielle Cambridge, Jaime Castañeda, Rob Cavaleri, Scott Clifford, Rhett Collier, John Donkin, Mike Eringis, Dave Esneault, Sing-Choong Foo, Kristi Hansen, Jesse Hollander, André Mazzone, Lutz Müller, Tim Speltz, Kevin Thomason, Jodi Whitsel

Production Coordinator: Irka B. Seng

Modelers: Cliff Bohm, Rachael Cohen, Rhett Collier, Shaun Cusick, Mike DeFeo, Doug Dooley, John Kahrs, Justin Leach, Alex Levenson, David Mei, Carlos Saldanha, Kevin Thomason, Chris Wedge, Aimee Whiting, Danny Williams, Jodi Whitsel

Digital Paint Artists: Andrew Beddini, David Mei, John Siczewicz

Technical Assistants: Chris Burrows, Tim Speltz

Production Executive: David Brown     
Production Manager: Laney Gradus
Production Accountant: Anthony Nisi
Production Assistant: Billy Foster

Blue Sky Research and Development: Richard Hadsell, Carl Ludwig, Trevor Thomson, Eugene Troubetzkoy, Maurice Van Swaaij, John Turner
Blue Sky Software Tools: Joe Higham, André Mazzone, Sam Richards, Chris Trimble
Systems Support: Dan Weeks, Leon Xiao
Rendered on a Compaq Computer Corporation, AlphaServer RenderPlex system - Special thanks to the following groups at Compaq: High Performance Servers Division - AlphaServers, Media and Entertainment Industry Group, DIGITAL UNIX Group for technical support and assistance, Enterprise Systems Lab for systems test support
Extra special thanks to Steve Briggs for making this film possible.

Music Produced by Tom Waits and Kathleen Brennan
Music Arranger: Francis Thumm
Sound Engineer: Jacquire King
Musicians: Andrew Borger, Trevor Dunn, Matt Brubeck, Joe Gore, Ralph Carney, Carla Kihlstedt, Nik Phelps
2nd Engineer: Jeff Sloan    
Foley Artist: Ginger Geary
Audio Recording and Mixing by Kessler Media Productions, Ltd.
Sound Designer:  Robert Kessler
Sound Engineer:  Scott Cresswell
Sound Engineering and Mixing Engineer: Paul Goodrich
Sound Transfer: Sound One   
Dolby Sound Consultant: Eric A. Christoffersen

Film Recording by Pacific Ocean Post - Special thanks to Pat Repola

Negative Cutter: Noelle Penraat        
Color Timer: Fred Heid
Color by Technicolor

A production of Blue Sky Studios, Inc. © 1998

14/03/99

William Eggleston at the Hasselblad Camera Factory in Sweden

William Eggleston visits the Hasselblad camera factory in Sweden

William Eggleston and Lars Bengtsson
William Eggleston and Lars Bengtsson
The Hasselblad International Award Winner 1998, William Eggleston (on the right), inspects a Hasselblad camera, demonstrated to him by Lars Bengtsson, product manager at Victor Hasselblad AB, Sweden.
(c) Victor Hasselblad AB
On the 4th of March 1999, the American photographer William Eggleston - Hasselblad International Award Winner 1998 and one of the most important pioneers in colour photography since the 1970s - visited the Hasselblad camera factory in Göteborg.

William Eggleston and members of his family, were shown around the assembly department finishing with a demonstration of the Hasselblad Camera System. The visitors also had the opportunity to see the spectacular Hasselblad Multi-Image Show "Beyond Words", shown for the first time at the photokina exhibition in Cologne in September 1998. Although William Eggleston is perhaps more known to the public as a 35 mm photographer, he has declared a sincere interest to start using the 6x6 square format again. This will now be possible with the brand new Hasselblad 501CM which he was presented with during his factory visit.

On the 6th of March, William Eggleston received the Hasselblad Foundation International Award in Photography 1998, presented by the Swedish princess Desirée, at an impressive prize ceremony in Göteborg.

In connection with the prize ceremony, an exhibition was opened with William Egglestons photographic work covering 40 years, at the Hasselblad Centre exhibition hall, located in the Göteborg Museum of Art. The exhibition will run until the 2nd of May 1999.

HASSELBLAD
www.hasselblad.se

03/03/99

Dessins français XVIIe - XIXe siècles. Florilège de la collection du musée des Beaux-Arts de Quimper

Dessins français XVIIe - XIXe siècles
Florilège de la collection du musée des Beaux-Arts de Quimper
Musée des Beaux-Arts de Quimper
3 mars - 31 mai 1999

En exhumant de ses réserves 79 de ses plus beaux dessins de l’Ecole française exécutés entre 1630 et 1830, le musée des Beaux-Arts de Quimper a souhaité réparer une certaine forme d’injustice. En effet, la dernière exposition importante de son fonds graphique remonte à 1971. Jusqu’à cette date, ce fonds, riche d’environ 2000 feuilles provenant comme celui de peintures du legs de l’amateur quimpérois Jean-Marie de Silguy en 1864, était méconnu à la fois des spécialistes et du public, à l’exception du Paysage de Callot publié en 1958 par Daniel Ternois et présenté dès la fin des années cinquante dans de nombreuses expositions internationales consacrées au XVIIe siècle français. ou encore de la Feuille d’études d’un soldat chargeant son fusil de Watteau, publiée en 1957 par K.T. Parker et J. Mathey dans leur catalogue raisonné de l’oeuvre dessiné de l’artiste.

C’est à Roseline Bacou, alors conservateur au Cabinet des Dessins du musée du Louvre et commissaire de l’exposition, que revient le grand mérite d’avoir étudié pour la première fois et remis en valeur cet ensemble qu’elle considérait à bien juste titre comme l’un des plus remarquables ensembles de dessins conservés en France. Quatre-vingt cinq numéros des Ecoles française, italienne et flamande furent alors présentés, avec des attributions pour la plupart confirmées depuis, et firent l’objet de notices plus ou moins détaillées dans un catalogue qui constitue encore aujourd’hui un outil de référence pour l’étude de ce fonds . Il convient de rappeler ici que, contrairement aux peintures, les dessins légués par Jean-Marie de Silguy ne firent l’objet d’aucun inventaire. Les auteurs du premier catalogue du musée publié en 1873 justifièrent leur choix de se borner aux seuls tableaux du musée par le fait que la nomenclature et la description des nombreux dessins, gravures, plâtres et objets d’art qu’il contient, eussent dépassé les limites d’un simple livret en concluant cependant, d’une manière quelque peu prophétique, qu’ils espéraient que cette tâche serait entreprise un jour. 

L’étude approfondie d’un ensemble de dix dessins français significatifs du XVIe à la fin du XVIIIe siècle dans un article paru à l’issue de l’exposition de 1971 dans la Revue du Louvre de la même année contribua à diffuser encore plus largement la connaissance d’une partie de ce fonds quimpérois tant auprès des spécialistes que des amateurs.

On ne saurait oublier enfin que le musée des Beaux-Arts de Quimper a été l’un des tous premiers musées de province, avec ceux d’Orléans, Lille, Dijon, Rennes et Marseille, à participer à ce regain d’intérêt pour le dessin français au début des années soixante-dix, précédant en cela la série d’expositions consacrées aux dessins français des XVIIe et XVIIIe siècles inaugurée par le musée du Louvre à partir de 1984. C’est également de ces années quatre-vingt que datent ces expositions monographiques associant à la fois peintures et dessins, souvent puisés dans les collections provinciales alors mieux connues et appréciées à leur juste valeur. Le temps n’est pas encore si loin où le dessin, cette quintessence même de l’art, ce premier feu de l’imagination de l’artiste pour reprendre le mot célèbre de Dézallier d’Argenville, était le parent pauvre des musées et des expositions.

Il faut bien avouer que la fragilité des oeuvres graphiques et les strictes exigences de leur conservation les condamnent bien souvent à demeurer dans l’obscurité des réserves accessibles aux seuls chercheurs. La rénovation du musée des Beaux-Arts de Quimper en 1993 a permis d’aménager au sein du parcours des collections permanentes de peintures un espace d’exposition temporaire où le fonds de dessins anciens est présenté par roulement, suivant des thématiques parfois liées à l’actualité du musée. Signalons ainsi en 1996 la présentation d’une sélection de vingt-cinq dessins des Ecoles française et italienne, suivie deux ans plus tard par celle des plus belles feuilles de l’Ecole française du XVIIIe siècle à l’occasion de l’exposition Elie Fréron, polémiste et critique d’art.

Depuis 1971, ce fonds a par ailleurs fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’étranger qui ont contribué d’une part à le faire connaître auprès d’un plus large public, d’autre part à en enrichir l’étude, à travers des catalogues de grande érudition, soit en révisant ou en précisant certaines attributions parfois erronées, soit en mettant en relation certains dessins avec des peintures dans le cas d’études préparatoires. Trois ans seulement après l’exposition quimpéroise, quatre dessins de Fabre, Garnier et Moreau le Jeune -ce dernier acquis cette année-là- représentaient ainsi le musée quimpérois à l’exposition consacrée à Paris aux dessins néo-classiques des musées de province. Remercions ici pour leurs précieuses contributions au catalogue Arlette Sérullaz, Nathalie Volle et Jean Lacambre.
Deux expositions, quoique beaucoup plus modestes sur le plan scientifique, ont ensuite permis de faire circuler une partie du fonds dans notre région : cent dessins des Ecoles française et étrangère furent ainsi présentés en 1983 au musée de Pont-Aven alors nouvellement créé tandis que quatre ans plus tard, le musée des Jacobins de Morlaix choisissait d’exposer à son tour une sélection de cinquante dessins. En 1992, la fermeture pour travaux du musée fut l’occasion d’une importante campagne d’expositions de son fonds de peintures et de dessins à l’étranger. Trente-deux dessins des XVIIIe et XIXe siècles significatifs de l’évolution de l’art français de Boucher à Boudin furent ainsi présentés au Noordbrabants Museum d’Hertogenbosch en Hollande et firent l’objet de notices détaillées établies par Bernard Vermet à qui on doit d’intéressantes découvertes. Un an plus tard, l’exposition consacrée par le musée du Louvre aux Dessins français du XVIIe dans les collections publiques françaises devait permettre d’enrichir la connaissance de notre fonds de dessins du XVIIe siècle qui, quoique moins important quantitativement et moins homogène que celui du XVIIIe, n’en présente pas moins des oeuvres de grande qualité dûs à d’illustres maîtres tels que Le Brun et Callot ou à des artistes certes moins connus mais néanmoins rares comme le graveur Grégoire Huret auquel on attribua cette Flagellation du Christ, jusqu’alors anonyme. Remercions ici pour cette étonnante découverte, confirmée par Pierre Rosenberg, Jean-François Méjanès, conservateur en chef au Département des Arts graphiques du musée du Louvre, qui, depuis 1971, mène une étude attentive et approfondie de notre fonds.
Enfin, plus récemment encore, le musée de Picardie d’Amiens a présenté aux côtés de son fonds de dessins français des XVIIIe et XIXe siècles l’allégorie quimpéroise autour de la Paix d’Amiens par le peintre breton François Valentin.

A ces expositions spécialisées, il convient d’ajouter enfin les expositions de peintures monographiques ou thématiques dans lesquelles certains dessins de la collection quimpéroise furent présentés, comme la Continence de Scipion de Boucher qui figura à l’exposition bruxelloise de 1975 sur le XVIIIe siècle français, l’étude pour la figure d’Agamemnon de Carle Van Loo, prêtée pour la rétrospective française de 1977, celle pour la Vénus à sa toilette de Natoire exposée la même année dans le cadre de la rétrospective française et italienne, la Feuille d’études de Watteau, présente à la grande rétrospective de Paris, Berlin et Washington en 1984-85, ou encore le Vieillard regardant à la lunette  et la Femme assise  de Leprince, présents tous deux à la rétrospective de Metz en 1988.

L’exposition quimpéroise de 1971 aura été aussi le point de départ de la politique d’enrichissement du musée dans le domaine des arts graphiques. D’importants achats, le plus souvent destinés à compléter le fonds initial issu du legs de Silguy, ont été ainsi réalisés depuis cette date, comme celui de la  Scène d’initiation chez les Egyptiens de Moreau le Jeune en 1974 (venu s’ajouter à un paysage), suivi cinq ans plus tard par celui de deux dessins de Cassas représentant des vues de Lorient et d’Hennebont, complété en 1993 par celui d’une Vue de la promenade de Quimper Corentin, document précieux pour la connaissance de la capitale cornouaillaise au XVIIIe siècle ( ces dessins d’inspiration bretonne viennent ici s’ajouter aux deux vues de la campagne romaine, n° , anciennement dans la collection), ou encore comme celui de la Réunion au jardin du Luxembourg  de Boilly, acquis dans le commerce d’art parisien en 1986, soit près d’un siècle après l’entrée dans les collections initiales de l’esquisse à l’huile peinte par l’artiste sur le même thème.

Compte-tenu de la grande richesse et de l’extrême variété de ce fonds dominé à la fois en nombre et en qualité par l’Ecole française, nous avons pris le parti de n’exposer ici qu’une sélection de quelques quatre-vingt .numéros, faisant clairement apparaître la prééminence du XVIIIe siècle, reflet du goût personnel du donateur et de sa politique d’acquisitions dont il sera question dans le chapitre suivant.
Gageons en tous les cas que cette nouvelle exposition, malgré le caractère non exhaustif et toujours un peu arbitraire de telles sélections, permettra à nos visiteurs de mieux apprécier la qualité de cet ensemble qui sans toutefois rivaliser avec les remarquables ensembles de Besançon, Orléans, Lille ou Rennes mérite très largement la renommée de la collection quimpéroise, et que l’étude des oeuvres présentées ici et mises parfois en relation avec d’autres dessins et peintures continuera à susciter l’intérêt des chercheurs...

Jean-Marie de Silguy, dessinateur et collectionneur

Elève du peintre François Valentin au lycée de Quimper puis de Jean-François Mérimée à l’Ecole Polytechnique où il fut admis en 1804 au terme de brillantes études secondaires, Jean-Marie de Silguy (1785-1864) pratiqua très tôt l’art du dessin qui occupait alors une place prépondérante dans les enseignements scientifiques. Le musée conserve quatre de ses dessins - une académie, une scène de genre dans le goût de Greuze, une allégorie copiée d’après son maître Valentin et une étude d’arbres contresignée par Mérimée et sans doute exécutée pour le concours annuel de dessin de l’Ecole Polytechnique- qui témoignent d’un certain talent malgré une facture souvent conventionnelle.
Rappellons ici que la pratique du dessin amateur était une tradition familiale chez les Silguy et les Conen de Saint-Luc, branche maternelle du collectionneur. Cette éducation artistique acquise tant au contact de ses proches qu’à celui de ses professeurs confirma assez vite Jean-Marie de Silguy dans sa vocation de collectionneur. Sa formation d’ingénieur des Ponts-et Chaussées n’a sans doute pas été elle-même étrangère à sa prédilection pour les dessins et les esquisses qui occupent une place essentielle dans la collection du musée.

Toutefois peu sensible aux innovations artistiques de son temps, du romantisme au naturalisme, J.M. de Silguy avait une affection toute particulière pour les dessins anciens et une prédilection très marquée pour le siècle qui l’avait vu naître. Bien qu’exclusive, cette préférence donne à la collection quimpéroise un intérêt particulier et un caractère profondément didactique dans la mesure où elle permet de suivre l’évolution du dessin et, d’une manière plus générale, de l’art français, du rococo illustré ici par les feuilles des plus grands maîtres de ce courant (Watteau, Lemoyne, Natoire, C. Van Loo, Boucher, Fragonard...) au néo-classicisme dont témoignent les oeuvres de Fabre, Garnier, Vincent et Moreau le Jeune. C’est en cela que la collection Silguy peut être comparée à celle dont Xavier Atger fit don à la bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier entre 1813 et 1833.

L’étude attentive de cette collection laisse apparaître par ailleurs une prédilection très nette pour les académies et les paysages, deux genres auxquels sacrifia J.M. de Silguy au cours de sa formation à l’Ecole Polytechnique. Nombreuses sont aussi les études pour des peintures à sujets religieux, historique, mythologique ou allégorique, pour la plupart aujourd’hui perdues. La relation entre dessin et peinture est cependant parfois difficile à établir avec certitude en raison du plus grand nombre de dessins autonomes au XVIIIe siècle qui fut, comme le rappelait Marianne Roland-Michel en 1987, l’âge d’or du dessin français.
L’un des autres attraits majeurs de la collection Silguy réside dans la présence de pièces signées et parfois datées d’artistes dont l’oeuvre dessiné est aujourd’hui mal connu. C’est en particulier le cas de Taillasson et de Taraval dont la Sainte Famille est précisément datée de 1781.

C’est pendant son séjour parisien où il fut en poste de 1842 à 1852 que J.M. de Silguy constitua l’essentiel de sa collection de peintures et de dessins. Ceux-ci étaient acquis le plus souvent par lots, beaucoup plus rarement par feuilles isolées, et sans réel souci de provenance. Cette méthode d’acquisition où la fièvre «collectionnite» semble l’emporter sur la rigueur scientifique et l’érudition explique ainsi le grand nombre de copies ou d’oeuvres secondaires, comme cet ensemble de contre-épreuves à la sanguine d’après des paysages d’Hubert Robert, et la rareté des marques de collections antérieures apposées sur les dessins. J.M. de Silguy n’en apposa lui-même aucune.

Si le fonds de dessins offre ainsi de grandes similitudes avec celui de peintures, également caractérisé par des oeuvres de qualités diverses et inégales et par une abondance de copies, elle s’en éloigne cependant par certains choix. En effet, la passion du collectionneur quimpérois pour la peinture flamande et hollandaise pouvait laisser espérer la présence d’un fonds de dessins nordiques également intéressant. Or, la collection ne compte que trois feuilles de cette école.

Les artistes méridionaux semblent avoir retenu davantage l’attention de l’amateur, à l’exception des Espagnols absents du fonds graphique. Quoique moins important en nombre que l’ensemble français, l’ensemble italien rassemble quelques noms célèbres du XVIe au XVIIIe siècle tels que Cambiaso, Farinati, Tiepolo, Pannini et Piranèse.

Par ses choix éclairés, à défaut d’une solide érudition comme semble l’indiquer la rareté des livres d’art au sein de sa bibliothèque riche de plus 7000 volumes, J.M. de Silguy doit toutefois être rattaché à cette génération de collectionneurs, amateurs ou peintres, qui par leurs dons généreux ont fait et font encore la réputation des cabinets de dessins de nombreux musées de province. Citons ainsi entre autres X. Atger (1756-1833) et F.X. Fabre (1766-1837) à Montpellier, J.B. Wicar (1762-1834) à Lille, Turpin de Crissé (1781-1859) à Angers, His de la Salle (1795-1878) à Dijon, Alençon et Lyon, ou encore J.F. Gigoux (1806-1894) à Besançon, sans oublier leur illustre prédécesseur, le parlementaire rennais C.P. de Robien (1698-1756) qui rassembla au sein de son cabinet de curiosités près d’un millier de dessins, conservés aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Rennes.

Sophie Barthélémy
Conservateur au musée des Beaux-Arts de Quimper.

Musée des Beaux-Arts de Quimper
40, place Saint-Corentin, 29000 Quimper