08/11/25

Jeffrey Gibson @ Hauser & Wirth Paris - Exposition 'This is dedicated to the one I love'

Jeffrey Gibson 
This is dedicated to the one I love
Hauser & Wirth Paris
20 octobre – 20 décembre 2025

Jeffrey Gibson Portrait
Jeffrey Gibson in the studio, 2025
© Jeffrey Gibson
Courtesy the artist and Hauser & Wirth
Photo: Emiliano Granado

La première exposition personnelle de l'artiste américain Jeffrey Gibson en France est actuellement présentée par la galerie Hauser & Wirth à Paris. Célébrant l’ampleur de la création de l’artiste, elle réunit trois nouveaux ensembles de peintures, du grand au petit format, ainsi que de nouvelles oeuvres issues de sa célèbre série de sacs de frappe, des parures suspendues, des peintures sur papier, toile et panneau perlé, et un groupe inédit de sculptures en céramique autoportantes en forme de têtes. Le titre de l’exposition, « This is dedicated to the one I love », convie à un appel d’empathie et de méditation sur nos façons d’agir et de créer en temps de crise. 

Depuis plus de trois décennies, Jeffrey Gibson développe une pratique interdisciplinaire nourrie par l’histoire américaine, autochtone et queer, tout en convoquant la musique populaire, la littérature et les récits de l’histoire de l’art. Son langage visuel distinctif embrasse un vaste panorama d’expressions culturelles et d’identités, assemblées de manière à la fois intime et résolument luxuriante. Les oeuvres exposées témoignent de sa sensibilité chromatique audacieuse et de son goût pour les motifs et l’abstraction, tout en s’inspirant de l’histoire des théories de la couleur et du concept de « psycho-prismatique », selon lequel la couleur, la lumière et les prismes ouvrent simultanément une multiplicité de perceptions. 

Jeffrey Gibson est le sixième artiste choisi pour la Genesis Facade Commission 2025 du Metropolitan Museum of Art de New York, pour laquelle il a réalisé quatre oeuvres exposées à l’extérieur historique du musée jusqu'au 9 juin 2026. Parmi ses projets en cours figurent une installation immersive au MASS MoCA (North Adams, Massachusetts), jusqu’en août 2026, ainsi qu’une installation au Kunsthaus Zürich (Suisse), jusqu’en décembre 2026, marquant sa première présentation dans un musée européen après son exposition personnelle au pavillon des États-Unis lors de la 60e Biennale di Venezia en Italie. 

La genèse des nouvelles oeuvres dans cette exposition réside dans une série de petites peintures évoquant des bijoux, inspirées par les recherches de Jeffrey Gibson sur les projections astrales et le psycho-prismatisme. Ces créations s’inscrivent dans l’histoire des études chromatiques du XVIIe siècle à nos jours, avec un intérêt particulier pour celles du XIXe siècle. Leurs compositions formelles combinent des diagrammes colorés et des références à l’abstraction autochtone et moderne. L’exploration du psycho-prismatisme par Jeffrey Gibson prend forme dans une série de grandes peintures « horizontales », dans lesquelles des motifs circulaires superposés produisent des assemblages polychromes oscillant entre paysages et étendues temporelles. A ces oeuvres s’ajoutent une sélection de toiles à cadre perlé plus grandes encore, aux couleurs extatiques. Malgré leur format imposant, les couches plurielles de pigments demeurent indéchiffrables : de subtils dégradés de teintes adoucissent les contrastes graphiques et laissent simultanément transparaître toutes les strates de la composition. 

Formé à la peinture, Jeffrey Gibson s’intéresse au processus et à la matérialité. Il puise des techniques sophistiquées et esthétiques culturelles dans diverses traditions artisanales : perlage, travail du cuir, matelassage, qu’il applique à des objets quotidiens et vernaculaires, créant ainsi des formes hybrides, ludiques et évocatrices qui échappent à toute catégorisation convenue. Cette approche se manifeste notamment dans les parures murales ornées de perles et de franges et les sacs de frappe présentés aux côtés des peintures. 

Référence aux tenues traditionnelles d’apparat autochtones, ces parures deviennent des outils conceptuels pour réfléchir au pouvoir transformateur de ce qui nous habille : comment le vêtement active le corps et inversement. Jeffrey Gibson les envisage comme des sculptures figuratives. Le rez-de-chaussée à double hauteur de la galerie presente des sacs de frappe ornés de perles et inscrits de phrases telles que « NEVER LET YOUR SPIRIT BEND » (« ne laisse jamais ton esprit faiblir ») ou « I WANT TO TAKE YOU HIGHER » (« je veux t’élever »). Comme les parures, ces sacs illustrent le détournement d’objets fonctionnels en ready-mades assistés. L’usage du langage reste au coeur de son travail, nourri par la culture populaire, l’expression de soi et une réflexion sur l’histoire humaine. Pour la première fois, Jeffrey Gibson présente également de nouvelles sculptures autonomes en céramique en forme de têtes, inspirées par son intérêt pour les têtes de poterie mississippiennes, une tradition précolombienne autochtone nord-américaine. 

HAUSER & WIRTH PARIS
26 bis rue François 1er, 75008 Paris