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10/01/18

Toulouse-Lautrec, Fondation Pierre Gianadda, Martigny

TOULOUSE-LAUTREC A LA BELLE EPOQUE, French Cancans – Une collection privée
Fondation Pierre Gianadda, Martigny
1 décembre 2017 - 10 juin 2108

Maurice GUIBERT
Toulouse-Lautrec en pied avec sa canne, vers 1892
© Musée Toulouse-Lautrec, Albi

La Fondation Pierre Gianadda présente pour la première fois en Europe, une collection privée européenne exceptionnelle qui compte en particulier plus d'une centaine d'affiches et d'estampes choisies parmi les feuilles les plus spectaculaires d'Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901).

Faut-il le souligner, le jeune Lautrec livra en moins de quinze ans une production considérable où se distingue en particulier son art graphique : il mourut en 1901 deux mois avant son trente-septième anniversaire – ayant donc vécu moins longtemps qu'un autre météore de l'art de son temps, son aîné et camarade, Vincent Van Gogh.

Prolixe et sans façons, ce fils de haut lignage, à l'ascendance aristocratique bordelaise ancienne, s'imposa en une dizaine d'années (1890-1900) comme un travailleur hors pair, un graveur, lithographe et affichiste parisien à l’œil et à la griffe bien acérés – sans aucun doute le plus franc-tireur de « La Belle Epoque » fin de siècle – libéré de son apprentissage dans les ateliers de Bonnat puis de Cormon. N'oublions pas pour autant son accomplissement magistral comme peintre indépendant, hors de tout mouvement esthétique grégaire, affranchi des impressionnistes comme des nabis.

Ce personnage au handicap physique lourd – sa légendaire petite taille contrefaite d'origine consanguine et les souffrances physiques et mentales qu'il en subit le marquèrent cruellement – sut toutefois développer avec tact et alacrité, un appétit de vivre glouton et un sens de l'amitié canaille hors du commun. Une preuve éclatante parmi d'autres : l'affiche de lancement de La Revue Blanche fondée par les frères Natanson où l'élégante Misia en costume de patineuse, un long manteau bleu moucheté de rouge, derrière une mantille qui voile sa capeline, les mains dans un manchon de fourrure, semble s'élancer en pleine rue vers quelques beaux esprits sortis de son salon littéraire parisien.

Mais le visiteur pourra surtout revivre à travers ces œuvres d’art cet âge d’or de la vie nocturne montmartroise, la bohème bruyante et gaillarde, enivrée par les chansons grivoises et les chahuts polissons des cabarets réservés, Le Mirliton, Le Jardin de Paris, Au Moulin de la Galette – les beuglants, Le Chat noir – les cafés-concerts Le Moulin rouge, Le Divan japonais ou Les Folies Bergère – mais aussi les théâtres parisiens (Les Ambassadeurs où se produit Aristide Bruant) ou du cirque (La clownesse Cha-U-Kao). Par la déclinaison savante de ses hauts placards en couleurs, les images en clair-obscur renvoyaient a giorno les têtes d'affiche les plus crânes de l'époque, La Goulue et son mentor Valentin le Désossé, Yvette Guilbert, Jane Avril avant les divas du théâtre Marcelle Lender, May Belfort ou Sarah Bernhardt… Mais Lautrec est aussi, grâce à Bonnard, l'admirateur des cycles Simpson et le lecteur des romans populaires signés Victor Joze (Reine de joie, mœurs du demi-monde).

Cet accrochage pluriel centré autour de l'univers très inspiré des estampes que Lautrec a su porter à son acmé, eut été naturellement incomplet si l'on avait gardé sous le manteau les épreuves audacieuses du recueil Elles. Dans cette suite de onze lithographies en couleurs, Lautrec traduit avec tendresse et humanité, l'intimité sans phrases qu'il partageait avec les filles de joie complices de leurs marchandes d'amour dans les maisons closes si chères à son cœur et plus encore à son corps… « tes yeux sont comme un reflet d'étoile dans une ornière » leur chuchotait alors son ami et contemporain Jules Renard…

Henri de Toulouse-Lautrec, l'homme qui aimait les femmes, rongé d'éthylisme et de syphilis, vint s'éteindre en 1901 dans le château familial de Malromé en Gironde. Ayant accompli une œuvre sans égale, il fut le plus rabelaisien comme le plus lucide des peintres de la modernité libérée de la Belle Epoque…

En complément de ce florilège exceptionnel, un ensemble très choisi de peintures et de feuilles originales de ses contemporains et amis dont le collectionneur a patiemment retrouvé des exemples magistraux – dont un chef d’œuvre redécouvert de Louis Anquetin, L'Intérieur de chez Bruant – Le Mirliton, toile de 1886 – mais aussi des œuvres de Pierre Bonnard, Théophile Alexandre Steinlen, Félix Vallotton, Jacques Villon et… Picasso (suite complète des "Saltimbanques") resituent bien le propos dans un Paris de la 3e République, très marqué par le verbe de Zola et l'Affaire Dreyfus, entre modernisme fin de siècle et actualité de la vie quotidienne.

Daniel Marchesseau, Commissaire général de l'exposition

Le catalogue de l'exposition Toulouse-Lautrec – A la Belle Epoque – French Cancans – Une collection privée, reproduit toutes les œuvres exposées.

Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59 - 1920 Martigny (Suisse)
www.gianadda.ch

22/08/16

Toulouse-Lautrec @ MBAM, Montréal

Toulouse-Lautrec affiche la Belle Epoque
Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
Jusqu'au 30 octobre 2016

Toulouse-Lautrec affiche la Belle Epoque

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) invite à revivre  l’âge d’or des cabarets parisiens à travers l’exposition TOULOUSE-LAUTREC AFFICHE LA BELLE ÉPOQUE. Celle-ci dévoile une collection particulière exceptionnelle qui regroupe presque toutes les estampes et affiches les plus célèbres de Toulouse-Lautrec, ce grand maître français du XIXe siècle, qui a révolutionné l’art de la gravure. Organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal et The Phillips Collection, Washington (DC), l’exposition offre une occasion extraordinaire d’admirer près de 100 estampes et affiches couvrant l’ensemble de la production lithographique de l’artiste, de 1891 à 1900, aussi bien des images emblématiques que des épreuves uniques rarement exposées, choisies pour leur qualité et leurs couleurs incomparables.

L’exposition présente également quelques oeuvres de proches de Toulouse-Lautrec, dont une toile de Louis Anquetin, L’Intérieur de chez Bruant : Le Mirliton. Longtemps considérée comme un projet inachevé connu que par ses études préparatoires, elle est pour la première fois révélée au grand public. Sans nul doute une redécouverte majeure de l’histoire de l’art du Paris « fin de siècle ».


Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
Moulin Rouge – La Goulue
1891
Lithographie au pinceau et au crachis. Impression en quatre couleurs. Pierre de trait tirée en noir, pierres de couleurs en jaune, rouge et bleu sur trois feuilles sur vélin
191 x 117 cm
Collection particulière
Photo Peter Schälchi


Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
Ambassadeurs : Aristide Bruant
1892
Lithographie au pinceau et au crachis. Impression en cinq couleurs. Pierre de trait tirée en vert olive, pierres de couleurs en orangé, rouge, bleu et noir sur vélin, sur deux feuilles
134,5 x 93 cm
Collection particulière
Photo Peter Schälchi


Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
Divan Japonais
1892-1893
Lithographie au crayon gras, au pinceau et au crachis, avec trame report. Imprimé en quatre couleurs. Pierre de trait tirée en vert olive, pierres de couleurs en noir, jaune et rouge sur vélin
80,8 x 60,8 cm
Collection particulière
Photo Peter Schälchi

A travers son oeuvre lithographique, Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) a saisi comme nul autre l’âme de la vie nocturne parisienne de la Belle Époque, dans des scènes dynamiques de bals et de cabarets inspirées par le quartier des spectacles, alors en plein essor. Installant son atelier dans le quartier bohème de Montmartre, il est devenu un habitué des boîtes de nuit telles que le Chat Noir, le Mirliton et le Moulin Rouge. Il a représenté leurs spectacles, esquissant le portrait de la vie moderne parisienne.

« Lors de l'inauguration de Warhol s'affiche en 2014, nous voulions déjà rendre hommage à son illustre prédécesseur, Toulouse-Lautrec : c'est fait. Grâce à une collection particulière d'exception, aujourd'hui révélée au Musée des beaux-arts de Montréal, puis à la Phillips Collection de Washington. Une centaine d'estampes et d’affiches, plus quelques dessins et tableaux de l'artiste et de son cercle, sont dévoilés dans un état de conservation exceptionnel – il faut le souligner, car ces éphémérides n’étaient pas conçues pour durer. C’est une occasion de traverser le Paris de la Belle Époque, ses vedettes et ses cabarets... », affirme Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM.

« Je me réjouis de cette première collaboration de la Phillips Collection avec le Musée des beauxarts de Montréal –, et ce, pour une exposition internationale majeure telle que Toulouse-Lautrec affiche la Belle Époque, affirme Dorothy Kosinski, directrice, The Phillips Collection. Ce projet marque la première monographie de Toulouse-Lautrec à la Phillips Collection depuis près de 80 ans. Nous sommes ravis de partager cette collection inédite avec le public américain et canadien. »

Présentée dans le pavillon Jean-Noël Desmarais du MBAM, l’exposition se déploie en quatre sections qui évoquent les principaux thèmes explorés par l’artiste : Vie moderne, Théâtre, Caféconcert et Dans la nuit. Elle témoigne de la vie contemporaine du Paris de la fin du XIXe siècle, de ses cabarets, hauts lieux d’excès et de festivités nocturnes, tout comme des divertissements tels que le cirque, les courses, les balades à vélo, l’automobile – récemment inventée – tout comme les promenades avec animal de compagnie.


Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
La Chaîne Simpson
1896
Lithographie au pinceau, au crayon gras et au crachis. Impression en trois couleurs. Pierre de trait tirée en bleu, pierres de couleurs en rouge et jaune sur vélin
82,8 x 120 cm
Collection particulière
Photo Peter Schälchi

TOULOUSE-LAUTREC AFFICHE LA BELLE ÉPOQUE : UNE COLLECTION D’EXCEPTION RÉVÉLÉE

Les expositions portant sur les estampes et les affiches de Toulouse-Lautrec ne sont pas rares, mais celle-ci révèle une collection d’exception, composée de près d’une centaine d’oeuvres réunies au cours des dernières années par un particulier.

Presque toutes les estampes exposées sont dans un état de conservation remarquable, leurs encres et les couleurs n’ayant rien perdu de leur éclat d’origine. On doit à l’expertise du collectionneur et au grand soin qu’il porte à ses oeuvres – des exemplaires de la presque totalité des lithographies de Toulouse-Lautrec appartiennent à cette collection en constant essor – de pouvoir aujourd’hui mieux comprendre et apprécier l’estampe comme mode d’expression des ambitions de l’artiste.

Cette collection comprend des épreuves d’essai rares et exceptionnelles, dont certaines non répertoriées et plusieurs jamais publiées. Parmi ces oeuvres qui n’ont jamais été révélées au grand public se trouvent des tirages uniques (épreuve d’essai de Moulin Rouge – La Goulue et du rarissime Pendu) ainsi que des estampes très rares (épreuves d’essai ou définitives pour Reine de Joie, May Milton, May Belfort et pour la célèbre affiche Jane Avril).


Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
Jane Avril
1899
Lithographie au pinceau. Impression en quatre couleurs sur trois pierres. Pierre de trait tirée en noir, une pierre de couleur en rouge, une en jaune et bleu (le serpent sur la robe imprimée avec une seule pierre) sur vélin
56 x 38 cm
Collection particulière
Photo Peter Schälchi

Elle compte également quatre oeuvres exécutées par deux suiveurs proches de l’artiste : un dessin au crayon de couleur représentant une salle de bal de même qu’une version grand format de la célèbre affiche Tournée du Chat Noir de Théophile Alexandre Steinlen ; ainsi qu’un pastel intitulé Au cirque et la fascinante peinture L’Intérieur de chez Bruant : Le Mirliton de Louis Anquetin, pour la première fois exposée.

Le MBAM possède pour sa part cinq lithographies réalisées par Toulouse-Lautrec entre 1894 et 1898. Trois d’entre elles viennent de s’ajouter à la collection du Musée grâce à un don de Freda et Irwin Browns. De plus, la bibliothèque du Musée détient l’album complet Yvette Guilbert. Publié en 1898 en Grande-Bretagne à l’attention d’un public anglais, il est composé de neuf lithographies (incluant la couverture) de Toulouse-Lautrec, accompagnées d’un texte d’Arthur Byl. Il se termine par une image qui illustre la chanteuse Yvette Guilbert, lors d’un rappel, interprétant l’un de ses succès.

TOULOUSE-LAUTREC AFFICHE LA BELLE ÉPOQUE : COMMISSARIAT ET CRÉDITS

L’exposition Toulouse-Lautrec affiche la Belle Époque est organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal et The Phillips Collection, Washington (DC).

A Montréal, le commissariat de l'exposition est assuré par Gilles Genty, historien de l'art et commissaire invité, Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM, et Hilliard T. Goldfarb, conservateur sénior des collections et conservateur des maîtres anciens au MBAM.

A Washington (DC), le commissariat est assuré par Gilles Genty, historien de l'art et commissaire invité, Dorothy Kosinski, directrice, The Phillips Collection, et Renée Maurer, conservatrice adjointe, The Phillips Collection.

« Les oeuvres de Toulouse-Lautrec nous font découvrir le spectacle de la Belle Époque : les rêves, les ambitions, les désirs, les désillusions de ses acteurs, le tout mis en scène par un artiste au regard humaniste, qui les a fréquentés quotidiennement, sans les juger, ajoute Gilles Genty, historien de l’art et commissaire invité. Toulouse-Lautrec est l’héritier des caricaturistes du XIXe siècle (Daumier, Gavarni), et a annoncé en même temps, par ses affiches révolutionnaires, la culture visuelle du XXe siècle. »

Gilles Genty est historien de l’art et commissaire d’expositions. Ancien chargé de cours à l’École du Louvre et chargé de mission au Musée des monuments français, il a été co-commissaire de nombreuses expositions consacrées aux Nabis et au postimpressionnisme parmi lesquelles Paradis perdus : l’Europe symboliste (MBAM, 1995), Le temps des Nabis (MBAM et Florence, 1998), De Caillebotte à Picasso, chefs-d’oeuvre de la collection Oscar Ghez (Paris, Rotterdam et Québec, 2002, 2003-2006), De Gauguin aux Nabis, le droit de tout oser (Lodève, 2010) et, plus récemment, L’oeil d’un collectionneur : Redon & Denis. Rêve, amour, sacré (2013) et Les peintres graveurs (Bonnard, Vuillard et leurs amis) (2014) au musée Bonnard. Il est par ailleurs coauteur de Mille peintures des musées de France (Gallimard, 1993), L’ABCdaire du symbolisme et de l’Art nouveau (Flammarion, 1997) et Pierre Bonnard, inédits (Éditions Cercle d'art, 2003).

L’exposition sera ensuite présentée à la Phillips Collection, à Washington (DC), du 4 février au 30 avril 2017.

TOULOUSE-LAUTREC AFFICHE LA BELLE ÉPOQUE : LE LIVRE D’ART DE L’EXPOSITION

Toulouse-Lautrec affiche la Belle Époque

L’exposition Toulouse-Lautrec affiche la Belle Époque est accompagnée d’un livre d’art de 134 pages et de quelque 120 illustrations. Il aborde l’univers social de Toulouse-Lautrec, son utilisation de la lithographie et fournit en annexe une liste détaillée des oeuvres, une chronologie de l’artiste et la description des personnalités et des lieux mythiques de Montmartre représentés par Toulouse-Lautrec.

Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM ; Gilles Genty, historien de l’art ; Hilliard T. Goldfarb, conservateur sénior des collections et conservateur des maîtres anciens, MBAM, Dorothy Kosinski, directrice, The Phillips Collection ; Chantelle Lepine-Cercone, historienne de l’art, et Renée Maurer, conservatrice adjointe, The Phillips Collection, ont contribué à la rédaction de cet
ouvrage.

Ce livre est publié en français et en anglais par les Éditions scientifiques du MBAM (éditeur principal) et The Phillips Collection (éditeur associé), en collaboration avec les Éditions Hazan, Paris (éditeur associé). Sa conception graphique a été réalisée par le studio de design montréalais Feed.

Musée des beaux-arts de Montréal
www.mbam.qc.ca

28/09/15

Exposition prostitution, Musée d'Orsay, Paris - Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910

Splendeurs et misères. 
Images de la prostitution, 1850-1910
Musée d'Orsay, Paris
Jusqu'au 17 janvier 2016

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) 
Au Moulin Rouge (détail), 1892-95 
Huile sur toile, 123 x 141 cm 
Helen Birch Bartlett Memorial Collection, 1928.610, 
The Art Institute of Chicago Photography © The Art Institute of Chicago

Protéiforme et insaisissable, la prostitution est omniprésente dans la société parisienne du second dix-neuvième siècle. Dans le sillage de Baudelaire, les artistes voient en elle un sujet moderne par excellence.

L’exposition Splendeurs et misères, la première consacrée à ce thème, montrera la façon dont les artistes établis à Paris entre le Second Empire et la Belle Époque n’ont cessé de rechercher des moyens plastiques et d'explorer les media naissants, tels que la photographie puis le cinématographe, pour représenter l’univers de l’amour tarifé.

Pierre angulaire du système réglementariste qui entend exercer un contrôle strict sur la prostitution, alors considérée comme un « mal nécessaire », la maison close fascine plusieurs générations de peintres. Dans des représentations souvent plus proches du fantasme que des faits observés, Constantin Guys, puis Edgar Degas, Henri de Toulouse-Lautrec ou Emile Bernard suggèrent tantôt l’atmosphère fiévreuse du bordel, tantôt l’intimité des pensionnaires avant l’arrivée du client. À destination des « milliers d’yeux avides » fascinés par l’image argentique, les photographes composent aussi dans leur atelier des scènes qui reconstituent les salons et boudoirs du Second Empire. Ces lieux de sociabilité masculine sont régulièrement présentés comme des promesses d’initiation, de volupté et de transgression.

Loin de se cantonner à des lieux dédiés, la prostitution envahit l’espace public tout au long du dix-neuvième siècle. Sur le boulevard, au théâtre ou à l’opéra, il est souvent difficile de distinguer les femmes honnêtes des femmes vénales. Ces dernières entretiennent l’ambiguïté, et ce jeu des apparences nourrit l’imagination des artistes, à l’instar de Jean Béraud, Louis Anquetin ou Louis Valtat. Moins encadrés que les maisons de tolérance, les cafés, brasseries à femmes, et cafésconcerts voient se développer de nouvelles formes de prostitution. Édouard Manet, Edgar Degas ou Vincent Van Gogh y trouvent pour modèles des figures féminines en proie à l’ivresse mélancolique.

Au sommet de l’échelle prostitutionnelle, les courtisanes, « étoiles de la haute prostitution », incarnent une réussite sociale qu’elles manifestent à travers la commande et la diffusion de portraits peints, sculptés ou photographiques. Le raffinement de leurs toilettes et les décors luxueux des hôtels particuliers qu’elles font construire ou aménager brouillent les frontières entre monde et demi-monde. Leur parcours fulgurant, qui débute souvent sur les planches, les érige en modèles aux yeux des jeunes actrices ou danseuses. Mais c’est aussi la haute société qui lorgne du côté des femmes entretenues, prescriptrices en matière de mode et de goût. Ces puissantes femmes « fatales », qui mettent à mal la domination masculine, ressurgissent dans des oeuvres allégoriques de Félicien Rops ou de Gustav Adolf Mossa. Dans l’imaginaire symboliste et décadent de la fin du siècle, la prostituée et la femme en arrivent à former une entité indistincte et menaçante, incarnation de tous les vices.

C’est cependant le monde interlope dans sa variété étourdissante, à la fois lugubre et coloré, qui occupe une place centrale dans le développement de la peinture moderne et inspire à Edvard Munch, Frantisek Kupka, Georges Rouault, Auguste Chabaud, Maurice de Vlaminck, Kees Van Dongen ou Pablo Picasso des chefs-d’oeuvre ouvrant le XXe siècle.

Cette exposition est organisée par le musée d’Orsay, Paris, et le Van Gogh Museum, Amsterdam, avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France. 

Commissaires : Isolde Pludermacher, conservateur au musée d’Orsay, Paris
Marie Robert, conservateur au musée d’Orsay, Paris
Nienke Bakker, conservateur au Van Gogh Museum, Amsterdam
Richard Thomson, Watson Gordon Professor of Fine Art à l’Université d’Edimbourg

Publications
Catalogue de l'exposition, coédition Musée d’Orsay / Flammarion, 245 x 297 mm, 308 pages, 300 ill., 45€
ABCDaire de la prostitution, coédition Musée d’Orsay / Flammarion, 160 x 110 mm, 216 pages, 338 ill., 14,50€
Prostitutions. Des représentations aveuglantes, revue de l’exposition, coédition Musée d’Orsay / Flammarion, 165 x 230 mm, 232 pages, 90 ill., 22€

Musée d'Orsay, Paris
www.musee-orsay.fr

12/01/15

La toilette, la naissance de l'intime, Musée Marmottan Monet, Paris

La toilette, la naissance de l'intime 
Musée Marmottan Monet, Paris 
12 février - 5 juillet 2015 

Henri de Toulouse Lautrec, "La toilette : Madame Favre (femme se faisant les mains)", 1891 
Peinture à l’essence sur carton, 72 x 76 cm, Suisse, Collection Nahmad 

© Suisse, Collection Nahmad / Raphaël Barithel

Après avoir célébré les quatre-vingts ans de l’ouverture du musée au public à travers les deux expositions temporaires « Les Impressionnistes en privé » et « Impression, soleil levant », le musée Marmottan Monet présente du 12 février au 5 juillet 2015 la première exposition jamais dédiée au thème de La Toilette et à La Naissance de l’Intime.

L’exposition réunit des œuvres d’artistes majeurs du XVe siècle à aujourd’hui, concernant les rites de la propreté, leurs espaces et leurs gestuelles.

C’est la première fois qu’un tel sujet, unique et incontournable, est présenté sous forme d’exposition. Dans ces œuvres qui reflètent des pratiques quotidiennes qu’on pourrait croire banales, le public découvrira des plaisirs et des surprises d’une profondeur peu attendue.

Des musées prestigieux et des collections internationales se sont associés avec enthousiasme à cette entreprise et ont consenti des prêts majeurs, parmi lesquels des suites de peintures qui n’avaient jamais été montrées depuis leur création.

Une centaine de tableaux, des sculptures, des estampes, des photographies et des images animées (« chronophotographies ») permettent de proposer un parcours d’exception.

François Boucher, "L’Œil indiscret" ou "La Femme qui pisse", 1742 ? Ou années 1760 ? 
Huile sur toile, 52,5 x 42 cm, Collection particulière 
© Christian Baraja 

François Boucher, "Une Dame à sa toilette", 1738 
Huile sur toile, 86 x 76 cm, Collection particulière 
© Image courtesy of P & D Colnaghi & Co, Ltd, London 

L’exposition s’ouvre sur un ensemble exceptionnel de gravures de Dürer, de Primatice, de peintures de l’Ecole de Fontainebleau, parmi lesquels un Clouet, l’exceptionnelle Femme à la puce de Georges de La Tour, un ensemble unique et étonnant de François Boucher, montrant l’invention de gestes et de lieux spécifiques de toilette dans l’Europe d’Ancien Régime.

Edgar Degas, "Après le bain, femme nue couchée", 1885-1890 
Pastel sur papier, 48,3 x 82,3 cm, Suisse, Collection Nahmad
© Suisse, Collection Nahmad / Raphaël Barithel 

Dans la deuxième partie de l’exposition, le visiteur découvrira qu’avec le XIXe siècle s’affirme un renouvellement en profondeur des outils et des modes de la propreté. L’apparition du cabinet de toilette, celle d’un usage plus diversifié et abondant de l’eau inspirent à Manet, à Berthe Morisot, à Edgar Degas, à Toulouse Lautrec et encore à d’autres artistes, et non des moindres, des scènes inédites de femmes se débarbouillant dans un tub ou une cuve de fortune. Les gestuelles sont bouleversées, l’espace est définitivement clos et livré à une totale intimité, une forme d’entretien entre soi et soi se lit dans ces œuvres, d’où se dégage une profonde impression d’intimité et de modernité.

Natalino Bentivoglio Scarpa, dit Cagnaccio di San Pietro, "Femme au miroir", 1927 
Huile sur toile, 80 x 59,5 cm, Vérone, collezione della Fondazione Cariverona 
© collezione della Fondazione Cariverona, Italy 


Bettina Rheims, "Karen Mulder with a very small Chanel bra, janvier 1996, Paris", 1996 
C-print, 120 x 120 cm, Signé au dos sur le cartel, Paris, collection de l’artiste, 
© Bettina Rheims copyright Studio Bettina Rheims  

La dernière partie de l’exposition livre au visiteur l’image à la fois familière et déconcertante de salles de bains modernes et « fonctionnelles » qui sont aussi, avec Pierre Bonnard, des espaces où il est permis, à l’écart du regard des autres et du bruit de la ville, de s’abandonner et de rêver.

Commissaires de l’exposition : Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne de l’art et Georges Vigarello, historien.

Musée Marmottan Monet 

11/09/11

Toulouse-Lautrec: The Human Comedy, SMK - National Gallery of Denmark

Toulouse-Lautrec: The Human Comedy 
SMK - National Gallery of Denmark, Copenhague 
17 Septembre 2011 - 19 February 2012

A cripple descended from aristocratic stock who became the controversial chronicler of modern-day Paris. The story of Henri de Toulouse-Lautrec can very easily simply become the oft-told tale of this quirky artist who, for better or worse, became as one with his own art and circle of motifs. A major exhibition at the Royal Collection of Graphic Art at the National Gallery of Denmark (SMK) moves out of the shadow of the mythology surrounding the artist. Featuring more than 130 works, the exhibition presents a sharply focused image of an artist whose depictions of the Parisian entertainment scene dissected and commented on modern existence by means of striking and groundbreaking effects. 

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) 
Toulouse-Lautrec as Pierrot, Photograph, 1894
Musée Toulouse-Lautrec, Albi, France

Toulouse-Lautrec: The Urban Scene - Paris
More than any other artist Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) stands as the enfant terrible of French late 19th century art. Over a brief but intense period of slightly more than 15 years the artist infiltrated the city’s entertainment scenes, interpreting virtue and vice across boundaries of class and social distinction without compromise. The city, which was described in Lautrec’s own day as a stage, became the starting point of his art. And the entertainment industry was the microcosm he used to record how the players on the urban scene staged themselves and their desires, regardless of gender and class.

Toulouse-Lautrec’s circle of motifs focuses on theatres, circuses, brothels, cafés, and dance halls, particularly in Montmartre. Here he created a repertoire of figures that comprised dancers, singers, actors, prostitutes, and their audiences and clients. Exercising his keen eye for tragic comedy this gallery of characters became an obvious source of subject matter in his work on decoding urban existence. The exhibition offers a veritable parade of such portrayals, demonstrating how Lautrec used caricature as a way of making shrewd observations of the social games being played; games which were set against the backdrop of a growing consumer culture and often centred on sexuality and desires. 

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
La Clownesse, seated, Mademoiselle Cha-U-Kao (From the album Elles)
1896
Lithograph, 525 x 403 mm
Image courtesy of the SMK

Toulouse-Lautrec: A pioneer
Toulouse-Lautrec’s artistic identity and anti-bourgeois attitude prompted him to transgress the boundaries between popular and highbrow culture, prefiguring aspects of 20th century avant-garde art. Parallel to his purely artistic work he also created illustrations and advertisements marketing a range of products and experiences. 

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)  
La Chaîne Simpson - The Simpson Chain / Advertisement 
Designmuseum Danmark, The Prints and Drawings Collection 
Photo: Pernille Klemp 
1896
Poster, lithograph, 876 x 1247 mm

The exhibition focuses attention on Lautrec’s graphic works and on selected drawings. It shows how he, with his keenly honed sense for the commercial market and mass communication, found his own radical and innovative idiom, particularly within the graphic medium – which includes his groundbreaking posters. In his graphic experiments he employed simplification, stylisation, and exaggeration to achieve a hitherto unseen form and effect that had a strong impact on the public conscience – an idiom which means that his artistic takes on the human condition remain as fresh and mischievous today as when they were created.

Henri de Toulouse-Lautrec (1864 - 1901)
Cover for the album Yvette Guilbert
1894
Lithograph, 407 x 388 mm
Image courtesy of the SMK

At the exhibition: Themes, guide, app and film Toulouse-Lautrec and Montmartre
The exhibition differs from conventional retrospectives by opting out of the typical mode of chronological presentation. Rather, the many works are arranged by themes, focusing on the various scenes and players featured in Lautrec’s universe. The exhibition is accompanied by an informative guide, and visitors can also – before, during, and after their visit – access other materials such as apps for their smartphones and iPods. The latter can be borrowed from the ticket desk. Also, the film Toulouse-Lautrec and Montmartre is shown every day in the exhibition and in the Gallery’s cinema. 

Toulouse-Lautrec. The Human Comedy: Exhibition Catalogue 
On the occasion of this exhibition The National Gallery of Denmark also publishes with Prestel the catalogue Toulouse-Lautrec. The Human Comedy. Main article by Birgitte Anderberg and Vibeke Vibolt Knudsen, preface by Karsten Ohrt. 176 p, 24x30, richly illustrated. Available in Danish, and German.

Henri de Toulouse-Lautrec 
Die menschliche Komödie 
Prestel, 2011 

SMK - Statens Museum for Kunst 
Solvgade 48-50
DK-1307 Kopenhagen

Website: www.smk.dk

The exhibitions at the Royal Collection of Graphic Art are sponsored by Oak Foundation Denmark

27/05/10

Cafés and Cabaret: Toulouse Lautrec’s Paris - Exhibition at the Museum of Fine Arts, Boston

Café and Cabaret:
Toulouse-Lautrec’s Paris
Museum of Fine Arts –MFA–, Boston
Through August 8, 2010

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   Henri de Toulouse Lautrec, May Milton, 1895.

More than 30 bold and subtle posters, prints, and paintings representative of the bohemian nightlife of late 19th-century Paris are presented in Café and Cabaret: Toulouse-Lautrec’s Paris at the Museum of Fine Arts, Boston (MFA). The French aristocrat Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), one of the most famous artists of the Post-Impressionist period, is known for his striking images of performers in the centers of Parisian entertainment in the 1880s and 1890s, specifically the café-concerts and cabaret nightclubs in the neighborhood of Montmartre. Toulouse-Lautrec spent most of his time in this lively section of the city—where women danced the Cancan at places such as the Moulin Rouge—and chronicled in his canvases and lithographs the extravagant nightlife of Parisian dance halls and nightclubs.
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Henri de Toulouse Lautrec
The Englishman at the Moulin Rouge, 1892.

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Henri de Toulouse Lautrec, Divan Japonais, 1893
“Toulouse-Lautrec was one of the most original and creative artists of the late 19th century, a master of the great age of color lithography,” said Malcolm Rogers, Ann and Graham Gund Director of the MFA. “No artist captured the excitement of Parisian nightlife with more verve than Toulouse-Lautrec.”

Despite his short life, Toulouse-Lautrec was enormously productive and succeeded in developing a style uniquely suited to the celebrity culture of the raffish district of Montmartre, where he and other privileged sophisticates went “slumming” in the late 1800s. He had a genius for caricature that captured the signature features and body language of his subjects, who included his friends, the singers and dancers May Milton, Jane Avril, and La Goulue (“the glutton”). He accomplished this with the radical use of broad flat colors, strong silhouettes, and unusual points of view. Toulouse-Lautrec was heavily influenced by the Japanese prints discovered during this time and incorporated Japanese design elements in works such as Divan Japonais (1893), with its asymmetrical composition and broad areas of color. In this color lithograph, the celebrated dancer Jane Avril, accompanied by the music critic Edouard Dujardin, is shown attending a performance at the Divan Japonais (Japanese Sofa) nightclub by another star, Yvette Guilbert, who appears in the background. Although her head is not visible in Toulouse-Lautrec’s radical composition, Yvette Guilbert is recognizable by her sleek formal gown and signature black gloves.
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Théophile Alexandre Steinlen
Yvette Guilbert-At the Ambassadeurs café, 1894.

“Through his work, Toulouse-Lautrec drew new connections between art and daily life, becoming a central figure in the decadent society he portrayed,” said Clifford Ackley, Department Chair and Ruth and Carl J. Shapiro Curator of Prints and Drawings, who organized this exhibition together with assistant curator Helen Burnham. “He transformed the art of the poster, and his designs were some of the greatest ever created.”

Toulouse-Lautrec incorporated into his own highly individual vision stylistic elements from various contemporary artists, including the French painter Edgar Degas.. An example of Degas’ influence can be seen in the lithograph May Belfort (1895), where the shifting perspective—down into the orchestra pit and up to the stage—is reminiscent of the multiple viewpoints in Degas’ work. Toulouse-Lautrec inserted himself into his images of nightclubs and hung his work in the cabaret Le Mirliton, one of his many haunts. He also designed advertising posters for his good friend the singer, comedian, and showman Aristide Bruant, as seen in the colorful poster Aristide Bruant in his Cabaret (1893), an iconic work featuring Bruant in his dark corduroy worker's jacket, wide black hat, bright red scarf and scowling features.

 
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Henri de Toulouse Lautrec
Aristide Bruant in his Cabaret, 1893.

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Henri de Toulouse Lautrec 
At the Café La Mie, painting, about 1891-1892

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Théophile Alexandre Steinlen
Collection of the Chat Noir, 1898.

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Théophile-Alexandre Steinlen
In the Street (Gigolots and Gigolettes), 1895.

In addition to works by Toulouse-Lautrec, Café and Cabaret highlights evocative images of Parisian nightlight by several other celebrated artists of the period, including Pablo Picasso’s painting Stuffed Shirts (Les Plastrons) (1900), Théophile-Alexandre Steinlen’s poster Collection of the Chat Noir (1898), and Pierre Bonnard’s lithograph At the Theater (1895).

The MFA’s Department of Prints, Drawings and Photographs has also organized two additional exhibitions at the MFA, both on view from November 21, 2009–July 3, 2010: Albrecht Dürer: Virtuoso Printmaker, in the Clementine Haas Michel Brown Gallery, which showcases works by the great early German printmaker, and Harry Callahan: American Photographer, in the Herb Ritts Gallery, which includes nudes, scenes of street life and elegant visions of nature by the celebrated 20th-century photographer. Through their juxtaposition, the exhibitions offer viewers works by one of the greatest artists of color lithography (Toulouse-Lautrec), alongside those by one of the greatest masters of black and white printmaking (Dürer), and those by one of the greatest and most influential American photographers (Callahan).

CAFÉ AND CABARET: TOULOUSE-LAUTREC’S PARIS
November 21, 2009 - August 8, 2010
Museum of Fine Arts, Boston - Mary Stamas Gallery