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29/08/25

Alina Szapocznikow @ Musée de Grenoble - Exposition "Alina Szapocznikow. Langage du corps"

Alina Szapocznikow
Langage du corps 
Musée de Grenoble
20 septembre 2025 - 4 janvier 2026

Alina Szapocznikow
Alina Szapocznikow. Langage du corps
Courtesy Musée de Grenoble

Aujourd’hui considérée comme l’une des artistes majeures du XXe siècle, Alina Szapocznikow (1926 à Kalisz, Pologne – 1973 à Paris, France) a rarement fait l'objet d'expositions dans son pays d’adoption, la France. Le musée de Grenoble présente, en partenariat avec le Kunstmuseum Ravensburg, un parcours de près de 150 oeuvres réalisées entre 1947 et 1973. L’exposition Alina Szapocznikow. Langage du corps permet d’appréhender toute la carrière de l’artiste en mettant l’accent sur la période de maturité des années 1960-70. Dans son oeuvre, mêlant érotisme et traumas, le corps est le principal sujet d’inspiration. Sculptrice, elle s’attelle à toutes sortes de matériaux, aussi bien classiques, que plus novateurs, résine de polyester et mousse de polyuréthane. Héritière du Surréalisme, contemporaine des artistes du Nouveau Réalisme, elle contribue avec indépendance, en seulement deux décennies, au renouveau de la sculpture.

Troublante, bizarre, baroque, existentielle, informe et érotique, l’oeuvre de la sculptrice polonaise Alina Szapocznikow, longtemps incomprise, échappe à la classification. Consacrant son oeuvre au corps, elle exprime à travers lui tant la puissance de l’érotisme que la fragilité de nos existences. L’exposition se déployant en 15 salles se subdivise en deux parties. La première est consacrée à ses années de création à Prague (1945-1951) et en Pologne (1951-1962). La deuxième est dédiée à celles passées dans le Paris des années 1960 entre 1963 et 1973.

Juive, Alina Szapocznikow survit, adolescente, à la Shoah et à sa détention dans les camps de concentration. Après la Seconde Guerre mondiale, elle mêle un langage formel marqué à la fois par le modernisme tchèque, le Surréalisme et l’art informel, à l’esthétique du Réalisme socialiste, répond à des commandes publiques, et donne corps à des créations marquées par une forme d’existentialisme.

Alina Szapocznikow réalise l’essentiel de son oeuvre de maturité en France où elle s’installe définitivement en 1962. Avec son mari le graphiste Roman Cieslewicz, elle s’attelle à déconstruire la figure humaine. Le corps fragmenté devient le coeur de sa production sculpturale et graphique. Inventant une forme de grammaire érotique, une mythologie personnelle où le désir côtoie la mort, l’artiste conjure ses peurs, exorcise ses traumatismes. A travers ses Lampes-bouches, la série des Desserts et des Ventres-coussins, elle développe une production en série formée de fragments corporels sensuels et troublants, interrogeant la place de la femme dans la société des années 1960. Son intérêt pour l’informe et le hasard s'incarne aussi dans l’ensemble des Photosculptures (1971) dans lesquelles des chewing-gums mastiqués par l’artiste elle-même sont photographiés comme des sculptures traditionnelles. 

A partir de 1969, atteinte d’un cancer du sein, Alina Szapocznikow, se focalise sur la mémoire, les traumas et la finitude dans sa série Souvenirs (1970-1971) puis dans celle des Tumeurs (1969-1972). Constituées de résine, de photographies froissées, de journaux et de la gaze, ces oeuvres évoquent la maladie. Elles témoignent aussi de l’inébranlable courage et de la vitalité artistique qui n’ont cessé d’animer l’artiste.

Par la singularité comme par l’érotisme qui imprègne son oeuvre, l’artiste a été comparée à Louise Bourgeois et à Eva Hesse. Il s’agit de mettre en lumière l’oeuvre d’une femme artiste pionnière longtemps négligée par l’histoire de l’art.

COMMISSARIAT

MUSÉE DE GRENOBLE
Commissariat général : Sébastien Gokalp, directeur du musée de Grenoble
Commissariat scientifique : Sophie Bernard, conservatrice en cheffe pour l'art moderne et contemporain du musée de Grenoble

KUNSTMUSEUM RAVENSBURG
Commissaires
Ute Stuffer, directrice du Kunstmuseum Ravensburg
Ursula Ströbele, Professeur d’histoire de l’art, HBK, Braunschweig

MUSÉE DE GRENOBLE
5 place Lavalette - 38000 Grenoble 

06/04/25

Matisse et Marguerite @ MAM de Paris - Exposition "Matisse et Marguerite. Le regard d’un père", Musée d’Art Moderne de Paris

Matisse et Marguerite
Le regard d’un père
Musée d’Art Moderne de Paris
4 avril - 24 août 2025

Henri Matisse, Portrait de Marguerite
Henri Matisse
Portrait de Marguerite
Issy-les-Moulineaux, 1918
Huile sur bois, 46 x 37,8 cm
West Palm Beach, Floride, Norton Museum of Art
Don de Jean et Martin Goodman, de Palm Beach, Floride, 1986
Crédit : Norton Museum of Art
« Au temps de mon père, on vivait avec son drame quotidien, qui était la peinture. »
Marguerite Duthuit-Matisse, 1970
Le Musée d’Art Moderne de Paris présente une exposition inédite d’Henri Matisse (1869-1954), l’un des plus grands artistes du XXème siècle. Rassemblant plus de 110 œuvres (peintures, dessins, gravures, sculptures, céramique), elle propose de montrer le regard d’artiste et de père que Matisse porte sur sa fille aînée, Marguerite Duthuit-Matisse (1894-1982), figure essentielle mais discrète de son cercle familial.

L’exposition présente de nombreux dessins rarement sinon jamais montrés au public, ainsi que d’importants tableaux venus de collections américaines, suisses et japonaises exposés en France pour la première fois. Des photographies, documents d’archives et œuvres peintes par Marguerite elle-même complètent l’évocation de cette personnalité méconnue du grand public.

Depuis les premières images de l’enfance jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Marguerite demeure le modèle de Matisse le plus constant – le seul à avoir habité son œuvre au cours de plusieurs décennies. Porteurs d’une franchise et d’une intensité remarquables, ses portraits trahissent une émotion rare, à la hauteur de l’affection profonde que Matisse portait à sa fille. L’artiste semblait voir en elle une sorte de miroir de lui-même, comme si, en la dépeignant, il accédait enfin à l’« identification presque complète du peintre et de son modèle » à laquelle il aspirait.

Organisée de manière chronologique, l’exposition témoigne de la force du lien qui unissait l’artiste et sa fille, et permet d’appréhender l’immense confiance et le respect qu’ils se vouaient mutuellement. Elle est aussi l’occasion de découvrir le destin fascinant d’une femme hors du commun, qui joua un rôle de premier plan dans la carrière de son père.

Aînée des trois enfants Matisse, Marguerite naît en 1894 de la relation éphémère que l’artiste, alors jeune étudiant en peinture, entretient avec son modèle Caroline Joblaud. Reconnue par son père, elle grandit aux côtés de Jean (1899-1976) et Pierre (1900-1989), fils de Matisse et de son épouse Amélie. « Nous sommes comme les cinq doigts de la main », écrira plus tard Marguerite à propos de ce noyau familial très soudé.

Son enfance est marquée par la maladie et la souffrance : à l’âge de sept ans, elle subit une première trachéotomie dont elle dissimulera longtemps la cicatrice sous un ruban noir, attribut distinctif de nombre de ses portraits. Privée d’une scolarité normale en raison de sa santé fragile, elle devient une authentique « gosse d’atelier », témoin attentif et quotidien du travail de Matisse. « Tout l’esprit de la famille était dirigé sur l’effort du père », se souviendra-t-elle. Sa disponibilité l’amène à prêter son visage aux recherches plastiques du peintre, lequel trouve en sa fille un modèle patient et bienveillant, prêt à accueillir ses expérimentations formelles les plus audacieuses.

En 1905, dans l’Intérieur à la fillette (The Museum of Modern Art, New York), Matisse dépeint Marguerite dans la touche vibrante et colorée caractéristique du fauvisme. L’année suivante, l’intérêt sensible du peintre pour sa fille se déploie dans un superbe ensemble de tableaux et dessins réalisés à Collioure, tandis que la sage écolière aux yeux baissés (Marguerite lisant, Musée de Grenoble) évolue en une fière adolescente affrontant le regard du spectateur (Musée Picasso, Paris). Plus frontale encore, la magistrale Marguerite au chat noir de 1910 (Centre Pompidou, Paris) précède la géométrisation austère et radicale de Tête blanche et rose (Centre Pompidou, Paris).

Au cours de la Première Guerre mondiale, les portraits de Marguerite se multiplient. La fille du peintre y apparaît comme une jeune femme élégante, habillée avec raffinement et coiffée de chapeaux élaborés. Alors que Matisse s’installe progressivement à Nice, elle fait l’objet d’une importante série de portraits au balcon, emmitouflée dans un large manteau à carreaux, avant de figurer au premier plan de la composition monumentale du Thé (LACMA), évocation du jardin familial à Issy-les-Moulineaux.

En 1920, Marguerite apparaît à nouveau, épuisée et convalescente, dans une série d’œuvres réalisées après une douloureuse opération de la trachée. Matisse s’y devine en père inquiet et empli de tendresse pour sa fille enfin libérée de sa cicatrice et de son ruban. Exécutées à Étretat, elles figurent parmi les derniers portraits individualisés que Matisse réalise de sa fille avant une interruption de vingt-cinq ans. Si Marguerite continue de poser pour son père au début des années 1920, c’est désormais au titre de figurante, dans des tableaux et dessins qui intègrent presque toujours un second modèle professionnel, Henriette Darricarrère. Complices, les deux jeunes femmes arborent des tenues recherchées, de bal ou de carnaval, dans des décors niçois riches en couleurs.

En 1923, Marguerite épouse l’écrivain Georges Duthuit et disparaît des tableaux de son père. Elle en demeure néanmoins très proche, endossant le rôle d’intermédiaire entre Matisse, désormais installé à Nice, et les innombrables sollicitations de collectionneurs, historiens, conservateurs et marchands d’art. Redoutablement précise et exigeante, c’est elle qui supervise le tirage des gravures de son père à Paris. Dévouée à la défense de l’art de Matisse, elle accroche des expositions à Berlin et Londres et, plus tard, aura la charge du catalogue raisonné de son œuvre, tâche jamais achevée. Une salle de l’exposition est ainsi consacrée au rôle primordial joué par Marguerite dans la carrière de son père, de même qu’à ses propres incursions dans le domaine de la peinture puis de la mode.

« Moi je suis faite de la substance des guerriers, des ardents », écrivait Marguerite en 1943. Son courage et son intégrité indomptables s’illustrent au cours de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’elle est arrêtée puis torturée pour faits de résistance. Les derniers portraits datent de 1945, alors que le peintre découvre, bouleversé, les immenses dangers et souffrances endurés par sa fille. Poignante, cette ultime série de dessins et lithographies fait écho à un ensemble de portraits tout aussi émouvants que Matisse réalise de son petit-fils Claude, enfant unique de Marguerite, au cours de ces années sombres.

En fin d’exposition, une projection vidéo conçue par la réalisatrice Elisabeth Kapnist retrace la vie de Marguerite par-delà l’art et la carrière de son père, à partir de dizaines de photographies d’archives. 

Préfacé par Barbara Duthuit dont le soutien a été déterminant, le catalogue s’appuie sur plusieurs années de recherche dans les Archives Matisse, et complète l’exposition en apportant des éléments plus approfondis sur la vie de Marguerite et l’œuvre de son père, ainsi que des extraits inédits de la correspondance entre père et fille. Publiée par les Editions Grasset, la première biographie de Marguerite Matisse, écrite par Isabelle Monod-Fontaine, spécialiste mondialement reconnue de l’œuvre du peintre, et Hélène de Talhouët, paraît également à l’occasion de l’exposition.

Parallèlement à l’exposition, une expérience de réalité virtuelle réalisée par TSVP et Lucid Realities est proposée autour de La Danse de Matisse, chef d’œuvre des collections du Musée d’Art Moderne de Paris.

Musée d’Art Moderne de Paris
11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris

17/03/25

Alberto Giacometti / Petrit Halilaj @ Institut Giacometti, Paris - Exposition « Nous construisions un fantastique palais la nuit... »

Alberto Giacometti / Petrit Halilaj
« Nous construisions un fantastique palais la nuit... »
Institut Giacometti, Paris
14 mars - 8 juin 2025

L’exposition « Nous construisions un fantastique palais la nuit... », présentée à l’Institut Giacometti, met en dialogue les œuvres et installations originales du plasticien contemporain Petrit Halilaj et un choix d’oeuvres d’Alberto Giacometti. Marqué par son enfance dans un Kosovo en guerre, Petrit Halilaj développe une pratique où les histoires individuelles et collectives se nouent dans des espaces de liberté, non dénués de jeu et de légèreté. Le dessin d’enfant nourrit son travail dans lequel il ouvre un horizon onirique, voire magique, à la sculpture ; un espace onirique qui fait écho à la part de l’enfance souvent discernable dans l’oeuvre de Giacometti. 

Prenant appui sur une pensée de Giacometti à partir de son oeuvre Le Palais à 4h du matin (1932), le titre et les oeuvres de l’exposition explorent la force des constructions fantasmatiques et fragiles que sont les oeuvres des artistes. Dans une installation originale pensée par Petrit Halilaj, l’exposition tisse un réseau subtil de lignes entre les oeuvres de Giacometti. Rêves, espoirs, mais aussi craintes et peurs s’y lient dans des structures fragiles qui emportent et témoignent d’une capacité à communiquer de puissants imaginaires. Face au sentiment d’un monde précaire, les oeuvres d’Halilaj et de Giacometti mobilisent une capacité salvatrice d’invention.

En près d’une trentaine d’oeuvres produites spécifiquement pour l’exposition, Petrit Halilaj explore dans le vocabulaire enfantin de ses « Abetare » une forme de dessin dans l’espace qui est devenu un moyen d’expression propre. L’exposition, nourrie du rapport intense d’Halilaj au dessin d’enfant comme témoignage du monde contemporain, révèle de manière inédite un intérêt et un usage proche chez Alberto Giacometti, déployant les thèmes riches de l’enfance, du rêve, des associations d’idées, du rapport à la merveille.

Un catalogue sous la direction d’Hugo Daniel, richement illustré, en édition bilingue français / anglais, coédité par la Fondation Giacometti, Paris, et FAGE éditions, Lyon, accompagne l’exposition.

PETRIT HALILAJ

Né en 1986 à Kostërrc, Kosovo, Petrit Halilaj vit et travaille entre l’Allemagne, le Kosovo, l’Italie et la France. Il a étudié à l’Académie des beaux-arts de Brera à Milan. Il est actuellement professeur à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, en France, avec son partenaire et collaborateur artistique, Álvaro Urbano. Il est membre de l’Akademie der Künste der Welt.

Petrit Halilaj a représenté le Kosovo dans son premier pavillon national à la 55e  Biennale de Venise en 2013. En 2021, la Tate St Ives a présenté son exposition personnelle «Very volcanic over this green feather». En 2024, Petrit Halilaj a ouvert une installation in situ dans le cadre de la commission pour le jardin sur le toit du Met, New York. En 2025, Petrit Halilaj présentera une exposition personnelle au Hamburger Bahnhof, à Berlin. Petrit Halilaj a présenté des expositions individuelles au Musée Tamayo au Mexico, au Musée de la Croix et du Croissant-Rouge, Genève ; au Fries Museum, Leeuwarden, Pays-Bas ; à la Tate St Ives, UK ; au Palacio de Cristal, Museo Reina Sofía, Madrid ; au New Museum, New York ; à la Fondazione Merz, Turin, Italie ; au Hammer Museum, Los Angeles, USA ; au Paul Klee Zentrum, Berne ; au Pirelli HangarBicocca, Milan, Italie ; au Kölnischer Kunstverein, Cologne, Allemagne ; à la Bundeskunsthalle, Bonn, Allemagne ; à la Fondation d’Entreprise Galeries Lafayette, Paris ; à la National Gallery of Kosovo, Pristina ; à la Kunsthalle Sankt Gallen, Suisse ; à la Kunsthalle Lissabon, Lisbonne ; et au WIELS, Bruxelles. Son travail a été présenté dans le cadre d’expositions collectives à la 15e Biennale de Lyon ; au Louisiana Museum, Danemark ; au Palais de Tokyo, Paris ; au MAK Center for Art and Architecture, Los Angeles, USA ; au Palazzo Grassi, Pinault Collection, Venise, Italie ; à NEON, Mykonos, Grèce ; et au Westfälischer Kunstverein, Münster, Allemagne.

Petrit Halilaj a reçu le Kunstpreis Berlin de l’Akademie der Künste en 2023 et a été honoré par la Smithsonian Artist Research Fellowship (SARF) en 2018. En 2017, il a obtenu le prix Mario Merz ainsi qu’une mention spéciale du jury lors de la 57e Biennale de Venise. Avant cela, il a suivi le programme de bourses MAK-Schindler aux Mackey Apartments (Los Angeles, 2016) et a participé à des résidences à la Villa Romana (Florence, 2014) et à Fürstenberg Contemporary (Heiligenberg, 2012).

Commissaire de l'exposition : Hugo Daniel

INSTITUT GIACOMETTI
5 rue Victor-Schoelcher, 75014 Paris

09/03/25

L'art "dégénéré" @ Musée Picasso Paris - Le procès de l'art moderne sous le nazisme - Exposition, catalogue + colloque

L'art "dégénéré". Le procès de l'art moderne sous le nazisme 
Musée Picasso Paris
Jusqu'au 25 mai 2025

L'art "dégénéré". Le procès de l'art moderne sous le nazisme
L'art "dégénéré" 
Le procès de l'art moderne sous le nazisme
Musée Picasso Paris - Affiche de l'exposition

Le Musée national Picasso-Paris présente « L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme ». Première exposition en France consacrée à l’art dit « dégénéré », elle explore et met en perspective l’attaque méthodique du régime nazi contre l’art moderne.
" Ce temps m'en veut, je ne fais pas son affaire, je suis trop peu nationaliste, pas assez raciste. Le bruit m’effraie ; au lieu de jubiler quand rugit le « Heil », au lieu de lever le bras à la romaine, j'enfonce mon chapeau sur la tête."
Ernst Barlach, Lettre à Reinhard Piper, 11 avril 1933

" A présent, quand on travaille, c’est comme si on travaillait pour une époque qui n’existe pas encore ; pour tous les officiels d’aujourd’hui, on est un monstre et une abomination."
Otto Dix, Lettre à Israël Ben Neumann, 20 juin 1934
L'action  contre l'art « dégénéré » est une campagne menée par les nazies contre le modernisme dans l'art qui débute en 1933 avec l'accession au pouvoir d'Hitler et qui dure plus de dix ans, jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Ce sont plus de 1400 artistes qui sont visés.

« L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme. » étudie en particulier l’exposition de propagande « Entartete Kunst » (Art dégénéré), organisée en 1937 à Munich, montrant plus de 700 œuvres d’une centaine d’artistes, représentants des différents courants de l’art moderne, d’Otto Dix à Ernst Ludwig Kirchner, de Vassily Kandinsky à Emil Nolde, de Paul Klee à Max Beckmann, dans une mise en scène conçue pour provoquer le dégoût du visiteur.

Point culminant d’une série d’expositions infamantes mises en place dans plusieurs musées dès 1933 (Dresde, Mannheim, Karlsruhe…) pour dénoncer les avant-gardes artistiques comme une menace à la « pureté » allemande, « Entartete Kunst » s’inscrit dans le contexte d’une « purge » méthodique des collections allemandes. Plus de 20 000 œuvres, parmi lesquelles celles de Vincent Van Gogh, Marc Chagall ou de Pablo Picasso, cas exemplaire de l’« artiste dégénéré », sont ainsi retirées, vendues ou détruites. Au centre de cette histoire, le terme de « dégénérescence », émergeant au cours du XIXe siècle dans différentes disciplines (histoire naturelle, médecine, anthropologie, de l’art…) jusqu’à sa cristallisation au cœur de la « vision du monde » national-socialiste, sert de vecteur au déploiement des théories racistes et antisémites au sein de l’histoire de l’art.

A travers le rassemblement exceptionnel d’œuvres présentées à l’exposition de 1937 et plus largement de peintures et de sculptures confisquées aux musées allemands durant cette campagne, « L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme » permet de montrer l’étendue des esthétiques et des artistes visés. Chaque œuvre est ainsi le témoin direct de cette histoire et des vies d’artistes percutées par celle-ci. L’exposition présentera des artistes majeurs tels que George Grosz, Paul Klee, Oskar Kokoschka, Vassily Kandinsky ou encore Vincent Van Gogh et Pablo Picasso. Un ensemble d’œuvres sera consacré aux artistes juifs, qui figurent parmi les plus violemment attaqués, autour des deux peintures de Marc Chagall, présentes dans l’exposition de 1937, sont présentés les œuvres de Jankel Adler, Ludwig Meidner, Hanns Katz et Otto Freundlich (assassiné en 1943).

Commissariat de l'exposition :

Johan Popelard est conservateur du patrimoine, chef du département de la conservation et des collections au Musée national Picasso-Paris qu’il a rejoint en 2018. Il a été précédemment chargé d’études et de recherche à l'Institut national d'histoire de l'art à Paris et chargé de cours en histoire de l'art contemporain à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a été co-commissaire des expositions « Picasso et la bande dessinée » et « Picasso poète » au Musée Picasso en 2020 et de l'exposition « Picasso. Dessiner à l'infini » qui s'est tenue au Centre Pompidou en 2023.

François Dareau est chargé de recherche au Musée national Picasso-Paris, diplômé en histoire de l'art de la Sorbonne. Rejoignant les équipes du Musée Picasso en 2017, il a participé au développement de l'exposition « Picasso 1932 » (Musée Picasso, 2017 et Tate, 2018), puis a assuré le co-commissariat de « Diego Giacometti au Musée Picasso » (Musée Picasso, 2018) et de l'exposition itinérante nord-américaine « Picasso. Figures » (Frist Art Museum et Musée national des Beaux-Arts du Québec, 2021). En 2022-2023, il est commissaire de deux expositions d'artistes contemporains français, ORLAN et Pierre Moignard, explorant la réception et l'influence actuelle de l'œuvre de Picasso. Il est co-commissaire de « Picasso – Asia : A Conversation » (mars 2025) au M+ de Hong Kong. 

Catalogue de l'exposition :

L'art "dégénéré". Le procès de l'art moderne sous le nazisme
L’Art « dégénéré » 
Le procès de l’art moderne sous le nazisme
Sous la direction de Johan Popelard
Editions GrandPalais RMNEditions / Musée Picasso-Paris, 2025
256 pages - 39 euros

COLLOQUE « L’ART « DÉGÉNÉRÉ ». 
UNE HISTOIRE CROISÉE FRANCE / ALLEMAGNE »

Entartete Kunst Ausstellungsführer
Adolf Dressler (1898-1971),
Couverture du guide de l’exposition “Art” dégénéré, 
Entartete Kunst Ausstellungsführer 
(Guide de l'exposition "Art" dégénéré), 1937
Photo © mahJ / Christophe Fouin

En lien avec l’exposition et le programme Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation (RAMA) de l’Institut national d’histoire de l’art, le Musée national Picasso-Paris, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme et le Centre allemand d’histoire de l’art (DFK Paris) organisent un colloque international à Paris, les 27 et 28 mars 2025. Il réunira environ 25 participants venant de France, d’Allemagne et de Grande-Bretagne.

Les principaux thèmes abordés sont : 

- L’émergence et la diffusion de la notion de « dégénérescence » et son application en histoire de l’art.

- La position et la réaction des différents acteurs (artistes, critiques, historiens, personnels des musées…) face à la campagne contre « l’art dégénéré », notamment en France. Une attention
particulière sera portée aux réactions des artistes désignés comme « dégénérés » et transitant par
la France, face à cette campagne de dénigrement, de destruction, de dilapidation et d’effacement des avant-gardes.

- L’organisation des expositions « d’art dégénéré », la scénographie et le contenu de ces expositions, leur réception. Une attention sera également portée aux contre-projets d’exposition organisés en réaction à la campagne nazie.

- Le commerce de « l’art dégénéré » et notamment ses implications dans le contexte français.

- L’historiographie de la question de « l’art dégénéré » de 1945 et à nos jours. Les évolutions de ce champ d’études, la position des musées et des acteurs institutionnels face à cette question, et les perspectives nouvelles de recherches.

Le jeudi 27 mars à l'auditorium du Musée d'art et d'histoire du judaïsme et le vendredi 28 mars à l'auditorium de l'INHA, de 9h à 18h. Entrée libre dans la limite des places disponibles. 

MUSÉE PICASSO PARIS 
5 rue de Thorigny, 75003 Paris

Suzanne Valadon @ Centre Pompidou, Paris - Exposition, Oeuvres, Catalogue

Suzanne Valadon
Centre Pompidou, Paris
Jusqu'au 26 mai 2025

Suzanne Valadon, Oeuvre, 1914
Suzanne Valadon 
Le Lancement du filet, 1914 (Détail) 
Huile sur toile, 201 × 301 cm
Achat de l’État, 1937 
Paris, Centre Pompidou,
Musée national d’art moderne, Inv. AM 2312

Suzanne Valadon, Oeuvre, 1916
Suzanne Valadon 
Nu assis sur un canapé, 1916
Huile sur toile, 81,4 × 60,4 cm
Weisman & Michel Collection 
Photo © Christopher Fay

Suzanne Valadon, oeuvre, Les deux soeurs, 1928
Suzanne Valadon 
Les Deux Sœurs, 1928
Huile sur toile, 72 × 53 cm
Collection particulière 
Photo © Matthew Hollow

Le Centre Pompidou consacre une exposition monographique à SUZANNE VALADON (1865-1938), artiste emblématique et audacieuse, l’une des plus importantes de sa génération. À la marge des courants dominants de son époque – le cubisme et l’art abstrait sont en germe alors qu’elle défend avec ardeur la nécessité de peindre le réel – elle place le nu, féminin comme masculin, au centre de son œuvre, représentant les corps sans artifice ni voyeurisme. Suzanne Valadon n’a pas bénéficié de monographie, à Paris depuis celle que le Musée national d’art moderne lui avait consacré en 1967.
« J’ai dessiné follement pour que quand je n’aurais plus d’yeux j’en aie au bout des doigts »
Suzanne Valadon
Suzanne Valadon, Oeuvre, Le Bain, 1908
Suzanne Valadon 
Le Bain, 1908
Fusain et pastel sur papier, 60×49cm
Paris, Centre national des arts plastiques, Achat à l’artiste en 1916
En dépôt au musée de Grenoble, no DG 1920-9 - FNAC 5274
Photo © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble- Photo J.L. Lacroix

Suzanne Valadon - Oeuvre, Trois nus, 1920
Suzanne Valadon
Trois nus, 1920
Crayon gras sur papier, 55 x 44 cm
Collection Galerie de la Présidence
Photo © Galerie de la Présidence, Paris

Suzanne Valadon, Oeuvre, 1913
Suzanne Valadon 
Marie Coca et sa fille Gilberte,1913
Huile sur toile, 162 × 129,5 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts 1935-51
Crédit Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset

Suzanne Valadon, Oeuvre, La Poupée Délaissée, 1921
Suzanne Valadon 
La Poupée Délaissée, 1921
Huile sur toile, 135 x 95 cm
National Museum of Women in the Arts, Washington D.C,
Gift of Wallace and Wilhelmina Holladay, Inv. 1986.336
Photo © National Museum of Women in the Arts, 
Washington, D.C. 
Photograph by Lee Stalsworth

Cette exposition met en lumière cette figure exceptionnelle et souligne son rôle précurseur, souvent sous-estimé, dans la naissance de la modernité artistique. Elle révèle la grande liberté de cette artiste qui n’adhère véritablement à aucun courant, si ce n’est peut-être le sien. Le parcours de près de 200 œuvres s’appuie sur la richesse des collections nationales notamment celle du Centre Pompidou, la plus importante, mais aussi du musée d’Orsay et de l’Orangerie. Des prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Modern Art de New York ou encore de la Fondation de l’Hermitage et d’importantes collections privées le complètent. Il se concentre sur les deux médiums de prédilection de l’artiste, le dessin et la peinture. Particulièrement mise à l’honneur ici, son œuvre graphique fait l’objet d’une analyse approfondie, grâce à la présentation d’un grand nombre de dessins jusqu’alors rarement montrés. C’est également l’occasion d’explorer un moment artistique au cœur de la transition entre les collections du musée d’Orsay et de l’Orangerie et celles du Musée national d’art moderne.

L’exposition « Suzanne Valadon » retrace cet itinéraire unique, depuis ses débuts de modèle favorite du toutMontmartre, jusqu’à sa reconnaissance artistique, intervenue très tôt, par ses pairs et la critique. Véritable « passeuse » d’un siècle à l’autre, Suzanne Valadon embrasse la ferveur parisienne du tournant-de-siècle, ses cafés, bals musettes et cabarets et ses multiples révolutions artistiques, intellectuelles et sociétales. Elle met en évidence le caractère résolument moderne de l'œuvre de Suzanne Valadon, première femme à peindre en grand format un nu masculin de face. Cette plongée inédite dans son œuvre dévoile aussi bien ses relations amicales et artistiques avec les peintres de la bohème que son influence incontestable sur la scène artistique parisienne grâce au soutien actif de ses amis artistes et galeristes.

Suzanne Valadon - Oeuvre, 1923
Suzanne Valadon 
Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923
Huile sur toile, 64,6 × 91,8 cm
Lucien Arkas Collection
Photo © Hadiye Cangokce

Suzanne Valadon, Oeuvre La Boîte à violon, 1923
Suzanne Valadon 
La Boîte à violon, 1923 
Huile sur toile, 81 × 100 cm
Achat, 1937 Paris, musée d’art moderne de Paris, Inv. AMVP 1712
Crédit Photo: CCØ Paris Musées / Musée d’Art Moderne
de la Ville de Paris

Suzanne Valadon - Oeuvre, 1936
Suzanne Valadon 
Portrait de Geneviève Camax-Zoegger, 1936
Huile sur toile, 56 × 46 cm  
Italie, Bergame, collection particulière
Photo © Galleria Michelangelo

Cette exposition souligne l'étendue, la richesse et la complexité de son œuvre en s'articulant autour de cinq sections thématiques

Apprendre par l’observation 
Portraits de famille
« Je peins les gens pour apprendre à les connaître » 
« La vraie théorie, c’est la nature qui l’impose »
Le nu : un regard féminin. 

Une sélection d’œuvres de ses contemporaines, aux préoccupations picturales proches des siennes, comme Juliette Roche, Georgette Agutte, Jacqueline Marval, Émilie Charmy ou Angèle Delasalle complète cette proposition.

Le fonds d’archives exceptionnel légué en 1974 au Centre Pompidou par le docteur Robert Le Masle, médecin, collectionneur et ami proche de l'artiste, rassemblant de nombreuses photographies, des manuscrits et des documents aujourd’hui conservés à la Bibliothèque Kandinsky, constitue un témoignage essentiel de la personnalité frondeuse de Suzanne Valadon et de sa reconnaissance artistique précoce.

Après les expositions, Alice Neel, Georgia O’Keeffe, Dora Maar ou Germaine Richier, cette monographie s’inscrit dans le cadre de la démarche engagée du Centre Pompidou pour approfondir l’étude et la connaissance du travail et de l’œuvre d’artistes femmes, et accroître la part de leurs œuvres dans la collection.

Commissariat de l'exposition :
Nathalie Ernoult, attachée de conservation au Musée national d'art moderne 
Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz 
Xavier Rey, directeur du Musée national d'art moderne 

L’exposition « Suzanne Valadon » au Centre Pompidou est reprise et adaptée de l’exposition « Suzanne Valadon. Un monde à soi » conçue par le Centre Pompidou-Metz et présentée du 15 avril au 11 septembre 2023. Elle a également fait étape au Musée d’arts de Nantes du 27 octobre 2023 au 11 février 2024 et dans une version adaptée au Museu Nacional d’Art de Catalunya à Barcelone du 19 avril au 1er septembre 2024.

Suzanne Valadon - Catalogue - Centre Pompidou
Suzanne Valadon
Sous la direction Chiara Parisi
Catalogue de l’exposition
280 pages | 240 illustrations | 42 € | en français
Ce livre est l’édition augmentée du catalogue édité par le Centre Pompidou-Metz, aujourd’hui épuisé. Enrichi de 16 pages, il comporte deux essais supplémentaires et le corpus d’Oeuvres est aussi plus important et adapté à l’exposition parisienne. Le texte de Nathalie Ernoult est issu du colloque « Le clan Valadon » sur la question de Suzanne Valadon femme artiste, qui s’est déroulé au Centre Pompidou-Metz en 2023.
Sommaire du catalogue

Préface

Essais
Suzanne Valadon, un monde à soi, Chiara Parisi
Valadon, grand artiste en son temps, Xavier Rey
Valadon, la liberté à tout prix, Jean-Paul Delfino
La bohème et l’éducation moderniste de Suzanne Valadon, Phillip Dennis Cate
Revoir Suzanne Valadon, Daniel Marchesseau
Du modèle à l’artiste, Yelin Zhao

Focus
De Marie-Clémentine à Suzanne. Valadon et Toulouse-Lautrec, Florence Saragoza
Valadon et Puvis de Chavannes, Céline Le Bacon
Tentatrices, Stéphane Guégan
L’éloquence et la sensualité, Valadon dessinatrice, Gilles Genty
Dans l’Œil des artistes : Suzanne Valadon collectionnée par ses pairs, Gwendoline Corthier-Hardoin
Suzanne Valadon dans les collections nationales, Nathalie Ernoult
Au-delà du genre : Valadon, une artiste féministe ?, Magali Briat-Philippe
Suzanne Valadon, Le Lancement du filet, 1914, Sophie Bramly
Comme un homme ?, Louise Chennevière
André Utter, Scène érotique, 1911, Sophie Bramly
« Audacieux pas en avant », La réception et l’héritage de Suzanne Valadon, Paula J. Birnbaum
Suzani versus velours kuba, la possibilité d’un dialogue intérieur, Constance de Monbrison
Portraits bourgeois, Sophie Bernal
Suzanne Valadon, Femme artiste moderne, Claire Lebossé
L’autoportrait dans l’oeuvre de Suzanne Valadon : « Se regarder en face pour atteindre l’âme », Saskia Ooms
Mes rencontres avec la terrible Suzanne, Jeanine Warnod

Bibliographie sélective
Liste des Œuvres exposées

Également disponible :

Album de l’exposition
Suzanne Valadon sous la direction de Nathalie Ernoult
60 pages | 10,50 € | en français et anglais

CENTRE POMPIDOU, PARIS

Suzanne Valadon, Centre Pompidou, Paris, 15 janvier - 26 mai 2025

09/02/25

Exposition Modigliani / Zadkine @ Musée Zadkine, Paris - "Modigliani / Zadkine. Une amitié interrompue" - Présentation de l'exposition + catalogue

Modigliani / Zadkine
Une amitié interrompue
Musée Zadkine, Paris
14 novembre 2024 - 30 mars 2025

Amedeo Modigliani 
Cariatide, vers 1913-1914 
Dessin (graphite, lavis d’encre, pastel)
Paris, musée d’Art Moderne de Paris

Amedeo Modigliani 
La Bourguignonne, 1918 
Huile sur toile 
Collection particulière

Cette exposition au Musée Zadkine est la première à s’intéresser à une amitié artistique jamais explorée jusqu’alors, celle qui unit le sculpteur Ossip Zadkine au peintre Amedeo Modigliani

A travers près de 90 oeuvres, peintures, dessins, sculptures mais également documents et photographies d’époque, elle propose de suivre les parcours croisés de Modigliani et Zadkine, dans le contexte mouvementé et fécond du Montparnasse des années 1910 à 1920. Bénéficiant de prêts exceptionnels de grandes institutions - le Centre Pompidou, le musée de l’Orangerie, les musées de Milan, Rouen et Dijon - ainsi que de prêteurs privés, le parcours fait se confronter, comme au temps de leurs débuts artistiques, deux artistes majeurs des avant-gardes, et permet de renouer les fils d’une amitié interrompue. 

Ossip Zadkine rencontre Amedeo Modigliani en 1913 : les deux artistes, fraîchement débarqués à Paris, rêvent chacun de devenir sculpteurs et partagent alors le « temps des vaches maigres » comme l’écrira Zadkine dans ses souvenirs. Cette amitié, aussi brève que féconde sur le plan artistique, est interrompue par la Première Guerre mondiale. Modigliani abandonne la sculpture pour la peinture, sur le conseil de marchands. Zadkine s’engage comme brancardier en 1915, avant d’être gazé et d’entamer une longue convalescence. Les deux artistes se retrouvent brièvement au sortir de la guerre, avant que leurs voies ne divergent à nouveau. Modigliani connaît un succès croissant avec ses peintures, mais il meurt prématurément à 35 ans, en 1920, tandis que Zadkine entame une longue et fructueuse carrière de sculpteur. Zadkine n’oubliera pas Modigliani et conservera précieusement le portrait fait par son ancien camarade, dont la gloire posthume ne fait que croître, à tel point que « Modi » devient l’une des figures mythiques de l’art moderne. 

L'exposition se déroule en cinq parties :

Modigliani / Zadkine : des débuts à Paris sous le signe de la sculpture

L’exposition débute en présentant côte-à-côte une sélection d’œuvres de Modigliani et Zadkine réalisées entre leurs arrivées respectives à Paris – 1906 pour Modigliani, 1910 pour Zadkine – et les débuts de la Première Guerre mondiale. Lorsque Zadkine rencontre Modigliani en 1913, celui-ci s’adonne pleinement à la sculpture, depuis sa rencontre avec Brancusi en 1909. La parenté de leur quête artistique ne peut que rapprocher les deux artistes : tous deux veulent rompre avec l’esthétique académique et se tournent vers de nouveaux modèles, puisés dans l’Égypte ancienne, les arts khmers et africains. Modigliani cherche un type de visage idéal, à l’ovale accusé et aux yeux en amande dont Zadkine se souviendra encore dans les années 1920, lorsqu’il sculptera à son tour une magnifique série de têtes idéales. 

Modigliani / Zadkine : Une amitié interrompue (1918-1920)

Dessins et portraits peints de Modigliani, accompagnés d’une magnifique sélection de gouaches de Zadkine, illustrent ici les chemins divergents qu’empruntent Zadkine et Modigliani au sortir de la Première Guerre mondiale. La guerre met un terme brutal à l’amitié des deux artistes. Trop fragile pour s’engager, Modigliani est réformé et renonce définitivement à la sculpture, sur le conseil de son marchand Paul Guillaume. Zadkine s’engage dans la Légion étrangère : affecté à l’ambulance russe en 1915 comme brancardier, il est gazé en 1916, puis définitivement réformé en octobre 1917. Les chemins des deux artistes se croisent à nouveau brièvement à la fin de la guerre, avant la mort prématurée de Modigliani en janvier 1920. 

A Montparnasse, les affinités électives

Un magnifique ensemble de « portraits d’amitié » dessinés par Modigliani, met en scène les « Montparnos » que Zadkine et Modigliani fréquentèrent tous deux au temps de leur amitié, tels Max Jacob, Chana Orloff ou André Salmon. Modigliani était en effet célèbre pour les portraits qu’il croquait rapidement, à la terrasse des cafés, en échange d’un verre ou d’un café, ou simplement en gage d’amitié et de reconnaissance. Le portrait qu’il fit de Zadkine, l’un des chefs-d’œuvre de la collection, s’inscrit indubitablement dans cette veine et constitue l’un des fleurons de l’ensemble.

Zadkine et le mythe Modigliani

Ici, documents, films et photographies, témoignent de l’ampleur du « mythe Modigliani » et montrent la part active prise par Zadkine dans l’édification de la légende. La mort de Modigliani, emporté par une méningite tuberculeuse le 24 janvier 1920, constitue un traumatisme pour la communauté d’artistes installés à Montparnasse. Dès les années 1920, la légende s’empare de cet artiste au destin tragique. Ceux qui l’ont connu et admiré de son vivant, livrent tour à tour leur témoignage.

Zadkine ne fait pas exception : dès 1930, le sculpteur évoque son ami dans un numéro spécial dédié à Modigliani. Dans ses souvenirs, publiés un an après sa mort en 1967, Zadkine brosse un éloquent portrait, haut en couleurs, de « Modi » et apporte ainsi sa pierre à l’édification de la légende du « prince de Montparnasse ».

Pour évoquer cette amitié artistique, le plasticien Ange Leccia a choisi de réaliser un film, intitulé Adelia, Zadkine et Modigliani. Il met en scène une adolescente d’aujourd’hui en train de regarder des portraits photographiques des deux artistes, dont les images fantasmatiques se superposent et s’estompent, en écho à la légende qui entoure les deux artistes. 

Des extraits d’une émission de 1963 avec Blaise Cendrars et Ossip Zadkine évoquant leur jeunesse avec Modigliani viennent enrichir cette partie illustrant le mythe. 

Un temple pour l’humanité

Avec sa scénographie volontairement immersive et spectaculaire, la dernière partie met en scène le rapport qu’entretinrent chacun des deux artistes à l’architecture et au sacré, à travers le motif du Temple. Les têtes sculptées par Modigliani dans les années 1910 sont en effet conçues comme un ensemble décoratif devant s’intégrer dans un spectaculaire « temple de volupté » soutenu par des « colonnes de tendresse » (comme l’écrivait le marchand Paul Guillaume) qu’auraient symbolisé de souples femmes-cariatides. Ce motif de la cariatide, inlassablement dessiné par Modigliani est également repris à maintes reprises par Zadkine et donne lieu à certains chefs-d’œuvre du sculpteur, dont la réputation avant-guerre tient largement à ses grands bois sculptés, avatars modernes des divinités antiques. 

Modigliani / Zadkine vu par les artistes d’aujourd’hui

Afin d’ancrer le dialogue entre Modigliani et Zadkine dans l’actualité artistique, trois artistes ont été invités à contribuer au catalogue : Giuseppe Penone, qui possède dans sa collection personnelle une Cariatide attribuée à Modigliani, ainsi qu’Ange Leccia et Ivan Messac. 

COMMISSARIAT DE L'EXPOSITION

Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Zadkine
Thierry Dufrêne, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris Nanterre
Avec la collaboration d’Anne-Cécile Moheng, attachée de conservation au musée Zadkine

LE CATALOGUE DE L'EXPOSITION


Modigliani Zadkine
Une amitié interrompue
Edité par le Musée Zadkine et Paris Musées
L’ouvrage met l’accent sur l’amitié de deux artistes qui se sont croisés et influencés réciproquement dans le contexte mouvementé et fécond du Montparnasse des années 1910-1920, et prolonge cette évocation jusqu’à nos jours, par le regard de trois artistes contemporains. Sous la direction de Cécilie Champy-Vinas et Thierry Dufrêne. Avec les contributions de Diederik Bakhuÿs, Cécilie Champy-Vinas, Thierry Dufrêne, Flavio Fergonzi, Véronique Gautherin, Ange Leccia, Ivan Messac, Marianne Le Morvan, Maureen Murphy, Anne-Cécile Moheng, Giuseppe Penone. 16 x 24 cm, relié, 160 pages, 130 illustrations : 30 €
MUSÉE ZADKINE, PARIS
100 bis, rue d’Assas - 75006 Paris

30/01/25

Exposition Raoul Dufy @ Musée des Beaux-Arts Jules Chéret, Nice - « Le miracle de l’imagination »

Raoul Dufy 
« Le miracle de l’imagination »
Musée des Beaux-Arts Jules Chéret, Nice
Jusqu'au 28 septembre 2025

RAOUL DUFY
Portrait d’Émilienne Dufy, 1930
Huile sur toile
Nice, musée des Beaux-Arts Jules Chéret, N.Mba 2851
Don de Mme Émilienne Dufy en 1955
© Muriel Anssens – Ville de Nice

RAOUL DUFY
La Pêche, Vers 1919
Gouache sur papier
Nice, musée des Beaux-Arts Jules Chéret, N.Mba 6128
Achat de la Ville de Nice en 1986
© Muriel Anssens – Ville de Nice

RAOUL DUFY
Hommage à Claude Debussy, 1952
Huile sur toile
Nice, musée des Beaux-Arts Jules Chéret, N.Mba 5623
Legs de Mme Émilienne Dufy en 1962
© Muriel Anssens – Ville de Nice

RAOUL DUFY
Bateaux à l’Estaque, 1908
Huile sur toile
Nice, musée des Beaux-Arts Jules Chéret, N.Mba 5601
Legs de Mme Émilienne Dufy en 1962
© Muriel Anssens – Ville de Nice

Le Musée des Beaux-Arts Jules Chéret, à Nice, présente une nouvelle exposition consacrée à l’artiste Raoul Dufy.

RAOUL DUFY (1877-1953) est aujourd’hui connu pour sa palette aux couleurs vives et la gaité de ses sujets, dont est bannie toute forme de doute ou d’inquiétude. Cette exposition invite à découvrir son cheminement artistique, depuis la révélation de Luxe, Calme et Volupté d’Henri Matisse, où la nécessité de faire advenir le « miracle de l’imagination » lui apparaît pleinement, jusqu’à l’élaboration de sa touche en regard de celle de Paul Cézanne et enfin l’épanouissement de son langage pictural propre dans son atelier de Vence.

Son style singulier se déploie au fil du parcours de l’exposition dans les paysages de Normandie et de Provence, le motif de l’atelier, les vues de ports et les baigneuses ou encore la musicalité des fêtes et des réceptions. Et si le Normand est avant tout un peintre, il cherche aussi très tôt à transposer les motifs récurrents de son imaginaire dans l’illustration d’ouvrages, la création textile ou encore la céramique.

Cette exposition est l’occasion de redécouvrir la richesse de la collection Dufy du musée des Beaux-Arts, due principalement à la générosité de l’épouse de l’artiste, la Niçoise Eugénie Brisson, appelée Émilienne, selon son souhait.

Commissaires de l'exposition :

Johanne LINDSKOG
Conservatrice du patrimoine, directrice du musée des Beaux-Arts Jules Chéret

Jeanne PILLON
Responsable des expositions, de la documentation et des archives au musée des Beaux-Arts Jules Chéret

Musée des Beaux-Arts Jules Chéret
33 avenue des Baumettes, Nice 

Exposition Raoul Dufy - Le miracle de l’imagination
Musée des Beaux-Arts Jules Chéret, Nice
13 décembre 2024 – 28 septembre 2025

23/01/25

Exposition Le Corbusier @ Zentrum Paul Klee, Berne - "Le Corbusier. L'ordre des choses"

Le Corbusier. L'ordre des choses
Zentrum Paul Klee, Berne
8 février - 22 juin 2025

À l’occasion de son 20e anniversaire, le Zentrum Paul Klee consacre la première grande exposition temporaire de l’année à Le Corbusier avec "Le Corbusier. L'ordre des choses". L’exposition s’intéresse à l’élaboration du travail de cet artiste architecte, designer et urbaniste franco-suisse ainsi qu’à sa pensée plastique. Elle propose un large aperçu de l’ensemble de son œuvre à partir d’une perspective artistique à travers des pièces iconiques mais aussi des groupes d’œuvres encore peu connues.

L’élaboration du travail de Le Corbusier au cœur de l’exposition

Charles-Édouard Jeanneret, connu dans le monde entier sous le pseudonyme de Le Corbusier, compte parmi les pionniers de l’architecture moderne en Suisse. Figure centrale de la modernité internationale parmi les plus marquantes et influentes du monde, Le Corbusier (né en 1887 à La Chaux-de-Fonds, Suisse – mort en 1965 à Roquebrune-Cap-Martin, France) exerçait non seulement comme architecte, mais aussi comme artiste, urbaniste, designer, écrivain et théoricien. Depuis 2016, une partie de son œuvre architecturale est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Être moderne n’est pas une mode, c’est un état. »
Le Corbusier, extrait de : Jean Petit, Le Corbusier lui-même, Editions Rousseau, 1970, p. 184
Le Corbusier a marqué l’architecture moderne par son formidable entrain, ses projets radicaux et son éloquence impétueuse. Dans son œuvre, il ambitionne de repenser les habitations et l’espace urbain. Son approche réunit l’art, le design et l’architecture. Il aspire à créer un nouvel environnement de vie et à améliorer la qualité de vie des gens avec une architecture fonctionnelle et esthétique. Pour ce faire, il met à profit les nouvelles possibilités du progrès technique et les associe à des principes esthétiques classiques tels que le nombre d’or. Le Corbusier propose d’utiliser les produits des technologies modernes, à l’instar du paquebot, de l’avion et de l’automobile, comme modèles pour l’architecture, leur forme étant proportionnée à leur fonction. Dans ses bâtiments, il recourt au béton armé et élabore des méthodes pour utiliser de manière innovante les possibilités artistiques et sculpturales de ce procédé de construction moderne.
« Tout est dans l’intention, dans le germe. Rien n’est vu, apprécié, aimé que ce qui est si bien, si beau que du dehors on pénètre au cœur même de la chose par l’examen, la recherche, l’exploration. Ayant parcouru un chemin multiple, on trouve alors le cœur de la chose. »
Le Corbusier, extrait de : L’Atelier de la recherche patiente, 1960, p. 201
L’exposition met en évidence l’élaboration du travail de Le Corbusier, sa pensée plastique et ses expérimentations artistiques au sein de l’« Atelier de la recherche patiente », ainsi désignait-il sa démarche artistique. Elle révèle son approche par tâtonnement de la forme, mais aussi de la composition et de l’espace, de la lumière et de la couleur. La présentation rassemble de nombreux dessins et études provenant de son atelier. Pour Le Corbusier, le dessin a toujours été un moyen fondamental pour garder en mémoire ce qu’il avait vu et l’assimiler, ainsi que pour concevoir de nouvelles idées. Par ailleurs, l’exposition met en lumière les sources irriguant son processus de conception : d’objets qu’il trouvait sur la plage à l’architecture antique.

Le principe de l’ordre chez Le Corbusier

L’« ordre » jouait un rôle primordial pour Le Corbusier. Avec cette notion, l’exposition s’empare en outre d’un thème du champ de l’histoire de l’art et de la culture, intelligible et universel, remontant à l’Antiquité et toujours actuel. Dans les années 1920 en particulier, l’« ordre » constituait un concept clé de la pensée corbuséenne. Pour Le Corbusier, concevoir signifiait « ordonner » les choses. Comprendre le monde et l’organiser à travers l’ordre, était, selon lui, le devoir de l’art et de l’architecture. Ce n’est que par l’ordre, croyait-il, que l’individu peut s’épanouir intellectuellement et se libérer des caprices de la nature, du hasard et de l’arbitraire.
« Là où naît l’ordre, naît le bien-être. »
Le Corbusier, extrait de : Vers une architecture, 1923, p. 39
En architecture, le principe de l’ordre se réfère d’abord au souhait de créer un rapport harmonieux entre les formes et les couleurs, la lumière et l’espace. La conception de l’ordre selon Le Corbusier trouve son origine dans des traditions classiques de l’art et de l’architecture, à l’instar de l’art de la construction antique. L’intérêt de Le Corbusier pour l’ordre constituait en même temps une réaction aux défis de son époque : les mauvaises conditions de vie dans les villes industrielles, les destructions de la Première Guerre mondiale, les changements dans le quotidien induits par le progrès technique, les révolutions en Europe, ainsi que les crises économiques des années 1920.

Il partage avec l’avant-garde artistique de son époque l’élan radical de remettre en question les traditions et de repenser entièrement l’espace de vie des individus, de l’« ordonner ». Dans ce cas, l’ordre est une notion utopique mais aussi ambivalente : elle promet le calme et la sécurité tout en exigeant des règles et de la discipline. Elle comprend la conception des espaces et la structure des villes jusqu’à la question de l’organisation du vivre-ensemble. Elle relie l’art et l’architecture, la culture et la société. 

Le Corbusier : Art, architecture et recherche

L’exposition s’articule de manière thématique et chronologique autour de trois axes : l’art, l’architecture et la recherche. 

L’axe Art montre l’évolution artistique de Le Corbusier, de ses années de formation jusqu’à son œuvre tardive. Pour lui, l’art a toujours joué un rôle capital à la fois comme activité autonome et comme moteur pour l’architecture et le design. Cette partie de l’exposition commence avec des études de la nature, de paysage et d’architecture rarement présentées qui mettent en évidence la manière dont le jeune Charles-Édouard Jeanneret s’initie à l’espace et à l’architecture. S’ensuivent des peintures iconiques du « purisme » des années 1920 – mouvement avant-gardiste fondé par Le Corbusier et l’artiste Amédée Ozenfant à Paris. L’axe Art comprend, en outre, des dessins abstraits colorés, des sculptures étonnantes et des papiers collés de son œuvre tardive qui révèlent un aspect peu connu de Le Corbusier.

L’axe Architecture est consacré à la pratique de conception de Le Corbusier et à son intérêt pour les principes d’ordre en architecture. Cette section présente des études de projets réalisés et non-réalisés. Parmi les pièces exposées figurent de remarquables esquisses et dessins, des études et des projets en urbanisme, des maquettes et des visualisations dont le caractère artistique au premier plan souligne les parallèles étroits avec l’œuvre artistique de Le Corbusier. Les plans originaux de projets célèbres comme l’Unité d’Habitation à Marseille (1945-1952), la ville de Chandigarh en Inde (1950-1965) ou la chapelle Notre-Dame-Du-Haut de Ronchamp (1950-1955) sont également visibles. Les croquis novateurs presque cinématographiques des villas modernistes réalisées par Le Corbusier dans les années 1920 qui invitent à la « promenade architecturale » font également partie de l’exposition. De nombreuses photographies de Richard Pare permettent au public d’établir un lien entre les études architecturales et le bâti. L’exposition s’achève sur une installation vidéo grand format réalisée par l’artiste autrichien Kay Walkowiak (*1980) consacrée à l’état actuel de la ville de Chandigarh.

L’axe Recherche constitue le cœur de l’exposition. Cette section dédiée au concept de l’« Atelier de la Recherche Patiente » forme une passerelle entre l’architecture et l’art. Elle donne au public un aperçu du travail quotidien de Le Corbusier, dont l’activité était répartie entre deux ateliers parisiens : son bureau d’architecte rue de Sèvres et son atelier d’artiste situé rue Nungesser-et-Coli. L’axe Recherche montre, entre autres, la collection d’objets naturels de Le Corbusier qu’il considérait comme des « objets à réaction poétique » et qui formaient une source importante de son processus de conception. Une sélection de ses photographies est également présentée ici. Pour la première fois en Suisse, le Zentrum Paul Klee montre en outre la collection de cartes postales de Le Corbusier qui permet de s’immerger dans l’univers visuel à nul autre pareil de cet artiste architecte. Des livres de Le Corbusier ainsi que des brouillons de livres sont également visibles. Enfin, une salle est consacrée à ses légendaires dessins qu’il réalisa lors de conférences en présence du public. Ils proviennent de ses voyages et conférences à l’étranger et témoignent de sa ferveur à diffuser les idées modernistes.

Le Corbusier : Contextualisation historique

De nombreux textes muraux et explicatifs facilitent la compréhension de l’œuvre de Le Corbusier dans son contexte historique. L’exposition met également à disposition des informations sur le parcours de Le Corbusier, tandis qu’elle éclaire de manière scientifique son rapport controversé à la politique, ses positionnements idéologiques et son héritage culturel. À ce sujet, le Zentrum Paul Klee prend appui sur l’étude « Le Corbusier, les Juifs et les fascismes. Une mise au point » produite par l’historien Jean-Louis Cohen pour le compte de la ville de Zurich en 2012, ainsi que sur les connaissances actuelles de la recherche.

Inauguration le vendredi 7 février 2025, à 18:00. Ce soir-là, l’entrée à l’exposition sera libre.

Commissaire d’exposition : Dr. Martin Waldmeier, Zentrum Paul Klee

Assistante commissaire d’exposition : Amélie Florence Joller

Collaboration : L'exposition a été organisée en collaboration avec la Fondation Le Corbusier, Paris.

Le Corbusier. Die Ordnung der Dinge
Catalogue édité par Martin Waldmeier et Nina Zimmer
Avec des textes de Tim Benton, Marianna Charitonidou, Johan
Linton, Danièle Pauly, Arthur Rüegg, Amélie Joller et Martin
Waldmeier, de nombreuses reproductions ainsi qu’un glossaire
des concepts artistiques et architectoniques de Le Corbusier
Seulement disponible en allemand
ISBN 978-3-03942-220-3
256 pages, 240 reproductions, 18 x 24 cm
Éditions Scheidegger & Spiess, Zurich, 2025

ZENTRUM PAUL KLEE, BERN

07/11/24

Exposition Giacometti / Morandi @ Institut Giacometti, Paris - "Giacometti / Morandi. Moments immobiles" + Catalogue

Giacometti / Morandi 
Moments immobiles 
Institut Giacometti, Paris 
15 novembre 2024 - 2 mars 2025 

L’exposition Giacometti / Morandi. Moments immobiles propose la rencontre inédite des œuvres de deux artistes majeurs de l’après-guerre. Alberto Giacometti (1901-1966) et Giorgio Morandi (1890-1964), bien que contemporains, ne se sont jamais croisés, cependant de nombreux traits essentiels les rapprochent. Cette exposition est la première occasion d’interroger ces proximités : leur pratique singulière de l’atelier, l’attachement à un environnement et des modèles familiers, et une recherche originale née de l’attention portée au réel.

Alberto Giacometti (1901-1966) et Giorgio Morandi (1890-1964) sont des contemporains. Tous deux ont fait de leur atelier, chambre-atelier Via Fondazza à Bologne pour Morandi, atelier de la rue Hippolyte-Maindron dans le quartier du Montparnasse pour Giacometti, la matrice d’une œuvre dominée par la continuité d’une seule et même recherche dont le développement exprime le sens même de leur vie. Ils partagent la récurrence des mêmes modèles : les objets collectés par Morandi pour être peints, les figures centrales d’Annette et Diego, parmi un cercle étroit de personnalités qui va s’élargissant pour Giacometti.

Ils ont volontairement peu voyagé. La vie de Morandi se répartit entre Bologne, sa ville natale et Grizzana, village des Apennins où il va principalement l’été. Giacometti, installé à Paris depuis 1922, se rend presque chaque année à Stampa et Maloja, les maisons de son enfance dans le Val Bregaglia.

Artistes majeurs du XXe siècle, ils apparaissent comme des voix singulières qui, ayant traversé les avant-gardes, renouvellent des formes classiques : la nature morte et le paysage pour Giorgio Morandi, la figure humaine pour Alberto Giacometti, l’un et l’autre incarnant dans les années de l’après-guerre une vision de la condition humaine universelle.

Au moment où les débats entre figuration et abstraction font rage, où les artistes sont sommés de se ranger dans un camp ou l’autre, tous deux développent un art relié au réel, mais non réaliste et qui, à partir de la transcription du monde visible, vise à l’essence.

Cette exposition réunit les collections de la Fondation Giacometti à des prêts du Museo Morandi, Bologne et de collections privées européennes.

Elle propose une traversée de leurs carrières de 1913 à 1965 en quatre chapitres : L’Atelier ; Le Familier ; La traversée des avant-gardes ; Regarder le réel.

Commissaire : Françoise Cohen

En collaboration avec le Settore Musei Civici Bologna, Museo Morandi (Italie)

CATALOGUE

GIACOMETTI / MORANDI
MOMENTS IMMOBILES
Catalogue co-édité
par la Fondation Giacometti et FAGE éditions, Lyon
Bilingue français/anglais.
144 pages - Format 17 ×23,5 cm
Prix public : 26 € - ISBN 978 2 84975787 1

SOMMAIRE

Finalement, moi, je peins pour voir
Françoise Cohen

Giacometti et Morandi face à Cézanne
Laure-Caroline Semmer

Les Années de la Seconde Guerre mondiale, un exil à la maison
Alice Ensabella 

Mordre la réalité
Erik Verhagen

Art et vie dans les ateliers de Morandi et Giacometti
Alessia Masi

Institut Giacometti
5, rue Victor-Schœlcher, 75014 Paris

04/06/24

Exposition Paul Hémery @ La Piscine, Roubaix - "Paul Hémery (1921-2006). La lumière en liberté"

Paul Hémery (1921-2006)  
La Lumière en liberté  
La Piscine, Roubaix 
22 juin - 1er septembre 2024 


Paul Hémery
Paul Hémery
(1921-2006) 
Portrait, 1965.
Huile sur toile, 73,5 x 50 cm. 
Collection particulière 
Photo : Alain Leprince.

Paul Hémery (1921-2006) est l’une des figures importantes du Groupe de Roubaix, rassemblement informel d’amis, peintres et sculpteurs, ayant débuté leur carrière artistique au Salon des Artistes Roubaisiens et dans les galeries de la ville. Ensemble, ils éveillèrent la région Nord-Pas-de-Calais à l’art contemporain durant les Trente Glorieuses. 

C’est à Bruges, dès son plus jeune âge, que Paul Hémery s’essaye à la peinture qu’il se met à pratiquer sérieusement et apprend en autodidacte au sortir de la guerre, exposant ses oeuvres au Salon des Artistes Roubaisiens dès 1952. En 1953, il expose à la galerie roubaisienne Louis Parenthou en compagnie de Jean-Robert Debock, Jean Roulland et Michel Delporte, nouant avec ce dernier une solide et fraternelle amitié. En 1954, à Roubaix, il participe à l’exposition Douze peintres, premier accrochage du groupe, à la galerie Dujardin. En 1955, son déménagement à Mouvaux le rapproche de ses aînés, les peintres René Jacob et Maurice Maes, qui eurent à cœur d’aider la jeune génération d’artistes. La même année, le musée de Tourcoing lui offre ses cimaises ainsi qu’à Delporte, tandis que la galerie Dujardin présente ses oeuvres en 1956. Léon Renar, que Paul Hémery a incité à ouvrir une galerie à Roubaix, défend le travail du peintre dans plusieurs expositions personnelles en 1961, 1962, 1964 et 1966.

Il est soutenu à cette époque par l’industriel textile et collectionneur roubaisien Philippe Leclercq, rejoint plus tard par Anne et Albert Prouvost, à la tête du Peignage Amédée Prouvost à Roubaix, qui vont devenir de véritables mécènes. Ils lui proposent un atelier dans la ferme des Marguerites, située sur leur domaine et Paul Hémery leur soumet bientôt l’idée d’y ouvrir un lieu d’échanges artistiques : Septentrion, le centre artistique de Bondues-Marcq, est inauguré quelque temps plus tard et présentera de nombreuses expositions. En 1970, il reçoit la commande d’une décoration monumentale de 100 m2, La Naissance de la lumière, peinte et installée dans les ateliers du Peignage Amédée. L’artiste quitte alors son métier de fonctionnaire de police à Tourcoing pour se consacrer à la peinture. Fasciné par la collection de minéraux rassemblée par les Prouvost, il s’en inspire pour créer des toiles abstraites. C’est le début de sa période minérale qu’il présente à Paris dans la galerie Henri Bénézit en 1972. La suite de son cheminement sera faite de va-etvient entre figuration et abstraction, s’adonnant au pastel par des visions crépusculaires pour revenir plus tard à l’huile dans des compositions colorées rythmées par le jazz. 

Au fil du temps, La Piscine a rassemblé un fonds de référence grâce à divers dons, mais surtout au legs concédé par son ami le peintre Michel Delporte en 2001, et grâce à la générosité de l’artiste lui-même en 2000 et 2002. Le musée propose ainsi de redécouvrir une figure aussi essentielle que méconnue du paysage artistique septentrional de l’après-guerre.

Commissariat scientifique et général : Germain Hirselj, historien de l’art.
Commissariat exécutif : Adèle Taillefait, conservatrice en charge des collections beaux-arts, et Bruno Gaudichon, conservateur en chef, La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent.

Catalogue publié à l’occasion de l’exposition aux éditions Invenit.

LA PISCINE, ROUBAIX
Musée d'art et d'industrie André Diligent 
23 rue de l’Espérance, 59100 Roubaix