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21/08/25

Exposition Ernst Ludwig Kirchner "Kirchner x Kirchner" @ Kunstmuseum Bern - Musée des Beaux-Arts de Berne

Kirchner x Kirchner
Kunstmuseum Bern, Berne
12 septembre 2025 - 11 janvier 2026

Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Farbentanz I (Entwurf für Essen) 
[Color Dance I (Project Essen)], 1932
Oil on canvas, 100 x 90 cm
Museum Folkwang, Essen, acquired in 1968 with the 
support of the Folkwang-Museumsverein and 
the Alfred und Cläre Pott-Stiftung
© Museum Folkwang Essen / ARTOTHEK

Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Esser [Eaters], 1930
Oil on canvas, 150 x 121 cm
Galerie Henze & Ketterer, Wichtrach/Bern
© Galerie Henze & Ketterer, Wichtrach/Bern

Avec Kirchner x Kirchner le Kunstmuseum Bern, Musée des Beaux-Arts de Berne, consacre une exposition exceptionnelle à l’expressionniste allemand Ernst Ludwig Kirchner (1880–1938). Elle s’articule autour de la grande rétrospective de 1933, organisée par l’artiste lui-même à la Kunsthalle Bern. Une démarche rare à l’époque, qui offre aujourd’hui de nouvelles perspectives.

L’exposition montre comment Kirchner a procédé à une sélection, un accrochage et un remaniement ciblés de ses oeuvres, tentant non seulement de (re)configurer sa carrière artistique, mais aussi de concevoir une expérience spécifique de l’espace. Quelque 65 oeuvres issues de toutes les phases de sa création, dont des prêts importants provenant de collections nationales et internationales prestigieuses, nous indiquent comment Kirchner se mettait lui-même en scène, incarnant à la fois le rôle de l’artiste et celui du concepteur de l’exposition.


Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Sonntag der Bergbauern 
[Mountain Peasants on Sunday], 1923-24/26
Oil on canvas, 170 x 400 cm
Federal Republic of Germany
© Bundesrepublik Deutschland

Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Alpsonntag. Szene am Brunnen 
[Sunday in the Alps. Scene at the Well], 1923-24/around 1929
Oil on canvas, with original painted frame,168 x 400 cm
Kunstmuseum Bern
© Kunstmuseum Bern

Pour la première fois, les deux oeuvres monumentales Alpsonntag. Szene am Brunnen (Dimanche sur l’alpe. Scène près de la fontaine, 1923-1924 / vers 1929, Kunstmuseum Bern) et Sonntag der Bergbauern (Dimanche des paysans de montagne, 1923-1924 / 1926, salle du cabinet de la Chancellerie fédérale, Berlin) sont à nouveau réunies et constitueront le point d’orgue de l’exposition. Les deux toiles inauguraient la rétrospective Kirchner à la Kunsthalle Bern en 1933, où elles étaient présentées côte à côte. Avec ces images puissantes, Kirchner exprimait sa façon de voir l’interaction entre monumentalité et aménagement de l’espace. Il voulait également prouver qu’il était capable de créer des oeuvres ayant un rayonnement public, des oeuvres qui dépassaient le cadre de l’espace d’exposition pour avoir un impact sur la société. Cela lui tenait particulièrement à coeur, car il avait longtemps envisagé de peindre la salle des fêtes du musée Folkwang à Essen mais, en 1933, ce projet avait définitivement échoué.

Bien que conçues comme des pendants, ces deux peintures monumentales n’ont plus jamais été exposées ensemble depuis 1933. Alpsonntag. Szene am Brunnen a été directement acheté par le Kunstmuseum Bern après l’exposition. Un acte symbolique s’il en est : il s’agissait du premier et unique achat d’un tableau par un musée suisse du vivant de l’artiste. Sonntag der Bergbauern a d’abord été prêté, puis finalement acquis en 1985 par la Collection d’art de la République fédérale d’Allemagne. Le fait que la Chancellerie fédérale allemande ait accepté de prêter ce tableau, accroché bien en vue, de manière permanente, dans la salle du Conseil des ministres, constitue à la fois une exception et un fait marquant.

Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Alpaufzug [Ascending the Alps], 1918/1919
Oil on canvas, 139 x 199 cm
Kunstmuseum St. Gallen, acquired 1955
© Kunstmuseum St. Gallen, photograph: Stefan Rohner

Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Berglandschaft von Clavadel 
[Mountain Landscape from Clavadel], 1925-26/27
Oil on canvas, 135 × 200,3 cm
Museum of Fine Arts, Boston, 
Tompkins Collection – Arthur Gordon Tompkins Fund
Photograph © 2025 Museum of Fine Arts, Boston

Parmi les autres points forts de l’exposition figurent des chefs-d’oeuvre tels que Rue, Dresde (1908/1919, Museum of Modern Art de New York), Rue avec cocotte rouge (1914/1925, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza de Madrid), Paysage de montagne de Clavadel (1927, Museum of Fine Arts de Boston), Danse des couleurs I [Projet pour Essen] (1932, Museum Folkwang Essen) ou Les mangeurs (1930, Galerie Henze & Ketterer, Wichtrach/Berne).

Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Strasse mit roter Kokotte 
[Street with Red Cocotte], 1914/25 
Oil on canvas, 125 x 90,5 cm
Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid
© Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid

Ernst Ludwig Kirchner
Ernst Ludwig Kirchner
Sich kämmender Akt 
[Nude Woman Combing Her Hair], 1913
Oil on canvas, 125 x 90 cm
Brücke-Museum, Berlin 
© Brücke-Museum, Ernst Ludwig Kirchner, 
CC-BY-SA 4.0

Ernst Ludwig Kirchner : le commissariat d’exposition comme acte artistique

L’exposition Kirchner x Kirchner montre à quel point Ernst Ludwig Kirchner avait conscience de son rôle de commissaire d’exposition : en 1933, en étroite collaboration avec Max Huggler (1903-1994), alors directeur de la Kunsthalle Bern et plus tard directeur du Kunstmuseum Bern, il organise la rétrospective la plus complète de sa carrière. Il ne se contente pas de sélectionner les oeuvres et de concevoir leur disposition, mais réalise également l’affiche et le catalogue de l’exposition ; il rédige même un texte d’accompagnement sous le pseudonyme de Louis de Marsalle. Kirchner structure ainsi sciemment son oeuvre, retravaille certaines toiles et utilise l’espace d’exposition qui fait partie intégrante de son message artistique. Une lettre adressée à Max Huggler le 21 décembre 1932 montre à quel Ernst Ludwig Kirchner considérait l’exposition comme un acte artistique :
« Accrocher une exposition en ajustant les couleurs et les formes, c’est comme créer un tableau. »
L’exposition du Kunstmuseum Bern met pour la première fois l’accent sur cette perspective curatoriale. Elle ne cherche pas à reproduire fidèlement la rétrospective historique de 1933 mais à mettre en lumière sa structure, ses intentions et son impact dans une perspective contemporaine. Pourquoi un artiste écrit-il sa propre histoire et pourquoi Kirchner choisit-il précisément cette forme de représentation en 1933 ? Ce sont les questions centrales qui se posent à nous. Quelles étaient ses intentions ? Et comment cette mise en scène ciblée influence-t-elle, aujourd’hui encore, la perception de son oeuvre ?
« La rétrospective de 1933 était bien plus qu’une exposition, c’était un manifeste artistique. Elle reflétait en les concentrant les efforts de Kirchner pour trouver son propre langage visuel ainsi que son besoin de se repositionner sur le plan artistique. » -- Nadine Franci, conservatrice du département des dessins et arts graphiques au Kunstmuseum Bern et commissaire de l’exposition.
En opposant l’interprétation établie de l’histoire de l’art à la vision que Kirchner avait lui-même de son oeuvre, l’exposition Kirchner x Kirchner propose une nouvelle approche de sa conception artistique et met en même temps en évidence sa volonté créatrice en tant que commissaire.

Contexte historique de la rétrospective de 1933

L’exposition à la Kunsthalle Bern eut lieu de mars à avril 1933, à un moment décisif pour Kirchner tant sur le plan politique que personnel. En Allemagne, après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, ses oeuvres font de plus en plus souvent l’objet de diffamation et sont retirées des musées. En Suisse, où il vit depuis 1917, il a l’occasion de donner une vue d’ensemble de son art.

Avec plus de 290 oeuvres, la rétrospective de 1933 fut l’exposition la plus complète jamais organisée du vivant de l’artiste. De nombreuses oeuvres provenaient de sa collection personnelle, mais Kirchner insista pour y inclure également des prêts provenant de collections publiques et privées. Il souhaitait ainsi donner l’image d’un artiste établi.
« Je pourrais facilement organiser toute l’exposition à partir de mes propres collections, mais ce serait mieux si certaines oeuvres provenant de collections publiques ou privées n’étaient pas à vendre [...]. » -- Ernst Ludwig Kirchner dans une lettre à Max Huggler, le 20 novembre 1932

 

Photographie de Ernst Ludwig Kirchner
Aura Hertwig-Brendel

Portrait d’Ernst Ludwig Kirchner, 1913/14

Photographie
Succession Ernst Ludwig Kirchner
© Nachlass Ernst Ludwig Kirchner,
courtesy Galerie Henze & Ketterer, Wichtrach/Bern
 
Kirchner x Kirchner : de l’époque de Die Brücke (1905-1913) aux oeuvres tardives de Davos (1917-1937)

Comme en 1933, Kirchner x Kirchner retrace le parcours de l’artiste, depuis ses débuts expressionnistes au sein du groupe Die Brücke jusqu’aux oeuvres tardives de Davos. Contrairement à l’exposition historique, les différentes phases de sa création sont aujourd’hui représentées de manière plus équilibrée. L’exposition montre également des travaux qui ne figuraient pas à Berne en 1933, soit parce que Kirchner les avait délibérément exclus, soit parce qu’ils n’étaient pas disponibles. Cela permet de comprendre les décisions prises par Kirchner à l’époque et les raisons qui les ont motivées.

La présentation s’organise selon différents thèmes, répartis sur cinq salles. Des oeuvres centrales ont donc été regroupées et mettent aussi en lumière la pensée curatoriale de Kirchner. La première salle est consacrée aux années passées à Dresde et à Berlin, avec des nus, des scènes de rue et l’univers du music-hall. Aujourd’hui encore, ces oeuvres sont considérées comme le sommet de son art. Elles n’étaient que peu représentées dans l’exposition de 1933 : Kirchner y montrait principalement des oeuvres qui lui avaient déjà valu une reconnaissance en Allemagne ou qui mettaient particulièrement en évidence ses innovations stylistiques.

En face, dans la dernière salle, se trouvent les oeuvres tardives, longtemps considérées comme moins importantes. Pour Kirchner cependant, elles marquaient en 1933 l’apogée de son évolution et occupaient donc une place prépondérante dans la rétrospective historique.

L’objectif de Kirchner était de mettre en valeur tout l’éventail de son style et de retracer son évolution à travers ses oeuvres. Il avait délibérément juxtaposé des oeuvres issues de différentes phases créatives et renoncé à un accrochage chronologique. Il avait même en partie retravaillé certaines oeuvres de ses débuts afin de mettre en évidence son évolution. Kirchner x Kirchner reprend cette approche afin que l’on puisse découvrir à la fois la diversité stylistique et les réflexions conceptuelles qui sous-tendent la présentation de l’artiste.

La grande salle principale est consacrée à la rétrospective historique. La démarche curatoriale de Kirchner a été reprise : paires d’oeuvres reconstituées, espaces intentionnellement ouverts sur d’autres salles et accent mis sur certaines couleurs. Parallèlement, le choix des oeuvres permet de retracer l’historique de l’acquisition de Alpsonntag. Szene am Brunnen (Dimanche sur l’alpe. Scène près de la fontaine) par le Kunstmuseum Bern, documentant ainsi une partie de l’histoire de la collection.

Les deux salles attenantes, plus petites, se concentrent sur les aspects formels et structurels. Une sélection d’oeuvres sur papier montre clairement que Kirchner a expérimenté la couleur, la surface, la ligne et le mouvement pendant des décennies et qu’il est resté fidèle à lui-même malgré l’évolution de son langage formel.

La sélection des oeuvres exposées, reliées au contexte historique, et le nouveau regard porté sur l’artiste font de l’ambitieux projet d’exposition Kirchner x Kirchner une expérience unique.

Kirchner x Kirchner - Catalogue
Kirchner x Kirchner
Catalogue édité par Nina Zimmer et Nadine Franci
Avec des contributions de Nadine Franci et Katharina Neuburger 
ainsi qu’une préface de Nina Zimmer
160 pages, env. 80 reproductions, 22 x 28 cm, broché,
Éditions Hirmer, 2025
Édition allemande: ISBN 978-3-7774-4642-4
Édition anglaise: ISBN 978-3-7774-4696-7

Vernissage
L’exposition sera inaugurée le jeudi 11 septembre 2025, à partir de 18:30. Ce soir-là, l’entrée sera libre.

Commissaire d’expositionNadine Franci, conservatrice du département des dessins et arts graphiques Kunstmuseum Bern

KUNSTMUSEUM BERN
Hodlerstrasse 8–12, 3011 Berne

10/11/23

Exposition Miroirs du sport. D’épreuves en libertés @ MUDO – Musée de l’Oise, Beauvais - Photaumnales 2023

Miroirs du sport. D’épreuves en libertés
MUDO – Musée de l’Oise, Beauvais
11 octobre 2023 - 15 janvier 2024

MUDO - Musée de l'Oise - Affiche de l'exposition
MUDO – Musée de l’Oise
Affiche de l'exposition

Georges Leroux
Georges Leroux 
Le Lanceur de javelot ou Athlètes à l'entraînement, vers 1936
Peinture  
© RMN-Grand Palais (MUDO - Musée de l'Oise) / Thierry Ollivier.

Le MUDO – Musée de l’Oise présente Miroirs du sport. D’épreuves en libertés dans le cadre du festival Les Photaumnales 2023 .

Tel un prélude aux Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 qui consacreront l’Oise comme terre de jeux, le MUDO - Musée de l’Oise nous invite à plonger dans les grandes heures de l’histoire du sport à travers le regard croisé des artistes des Beaux-Arts et des photographes des XIXe et XXe siècles.

La pratique sportive a, de tous temps, inspiré les peintres, les dessinateurs, les sculpteurs et les photographes à leur suite. Tantôt perçu comme un prétexte à fabriquer des corps empreints de l’idéal antique, ou comme un défi technique pour retranscrire le mouvement en deux dimensions, le sport s’est imposé comme un sujet de choix.

Jacques Gruber
Jacques Gruber
La natation, 1925 
Fusain; pierre noire; graphite sur calque 
MUDO-Musée de l’Oise (82.5). 
© Jean-Louis Bouché (MUDO-Musée de l’Oise)

Jacques Gruber
Jacques Gruber 
Le tennis, 1925 
Fusain; pierre noire; gouache sur calque, 
MUDO-Musée de l’Oise (85.6) 
© Jean-Louis Bouché (MUDO-Musée de l’Oise)

Il est aussi le reflet de l’Histoire et des profonds changements qui animent la société depuis la fin du XIXe siècle, des heures sombres de la montée des régimes totalitaires, où il est érigé en slogan patriotique et peut être synonyme d’enfermement, aux temps joyeux où l’exercice physique rime avec liberté et devient l’affaire de tous, notamment celle des femmes.

En écho à la 20ème édition du festival des Photaumnales, l’exposition met en lumière les différentes catégories de la photographie sportive. On y découvre comment l’auteur de l’image fait oeuvre d’émotions en saisissant l’étendue des passions humaines, dans la défaite comme dans la victoire, dans la douleur de l’exploit comme dans les valeurs partagées par les plus grands champions et les sportifs amateurs.

Le Commissariat a été assuré par Marie-Bénédicte DUMARTEAU, conservateur en chef du patrimoine.

La thématique du sport sera également visible dans l’ensemble du département de l’Oise, avec de nombreuses animations et expositions, à l’image du travail du photographe Marvin BONHEUR et de l’écrivain et sociologue Félix LEMAÎTRE qui vont sillonner les territoires ruraux à la rencontre des utilisateurs des city stades. Leur exposition intitulée Les Dieux des city stades sera visible à Fouilleuse.

MUDO - MUSÉE DE L’OISE
1 Rue du Musée, 60000 Beauvais

24/01/21

Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat @ Musée du Luxembourg, Paris

Peintres femmes, 1780-1830
Naissance d’un combat
Musée du Luxembourg, Paris
3 mars - 4 juillet 2021

Julie Duvidal de Montferrier

JULIE DUVIDAL DE MONTFERRIER
Autoportrait
Huile sur toile, 65 x 53,5 cm
Paris, Ecole nationale supérieure des Beaux-arts (ENSBA)

Parcours du demi-siècle qui s’étend entre les années pré-révolutionnaires jusqu’à la Restauration, l’exposition Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat comprend environ 70 oeuvres exposées provenant de collections publiques et privées françaises et internationales. L’exposition s’attache à porter à la connaissance du public une question peu ou mal connue : comment le phénomène alors inédit de la féminisation de l’espace des beaux-arts s’articule à cette époque avec la transformation de l’organisation de l’espace de production artistique (administration, formation, exposition, critique) et une mutation du goût comme des pratiques sociales relatives à l’art.

Entre le XVIIIe des Lumières et le second XIXe siècle, celui du Romantisme puis de l’Impressionnisme, la perception de la période est phagocytée par les figures de David et celles des « trois G. » (Gérard, Gros, Girodet). En ce qui concerne les peintres femmes, il en va de même : après le « coup de théâtre » de la réception à l’Académie royale de peinture d’Elisabeth Vigée-Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard en 1783, les noms le plus souvent cités sont ceux de Marie-Guillemine Benoît (et son célèbre Portrait d’une négresse — c’est le titre original), Angélique Mongez pour ces grandes machines historiques davidiennes, Marguerite Gérard qui a survécu stylistiquement au goût Rococo et à la renommée de Fragonard, dont elle fut l’élève puis la collaboratrice ou bien encore Constance Mayer dont le suicide semble l’avoir sauvée de l’oubli davantage que son oeuvre souvent réattribuée à Prud’hon, son compagnon de vie et d’atelier. Or, si on se plaît à rapporter souvent cet épisode tragique, c’est qu’il offre une explication commode à l’ « absence des femmes » et une occasion de s’en indigner pour ne pas pousser plus loin l’analyse historique de la période.

Un des enjeux majeurs de l’exposition est celui de la méthode historique, de l’interrogation de cette méthode et de la conscience critique que doit en avoir l’historien (comme le commissaire d’exposition) pour ne pas rompre le contrat de vérité qui le lie à son lecteur. Pour écrire et mettre en scène une histoire qui n’a pas été racontée (celle des peintres femmes), il apparaît essentiel de se doter de moyens nouveaux et, plus humblement d’interroger sans relâche ceux qui ont été mobilisés jusque-là pour écrire une histoire de l’art « sans femmes ».

On a souvent posé la question de l’absence des « grandes » femmes artistes et trouvé une réponse historique à cette absence et à l’ « empêchement » : l’interdiction faite aux femmes de pratiquer le nu et donc la peinture d’histoire, leur niveau moindre de formation, le numerus clausus à l’académie royale, la vocation matrimoniale, maternelle et domestique que leur attribuent les critères de genre, leur minorisation sociale et politique, la limitation de leur pratique à des genres « mineurs ». Tous ces arguments sont documentés, il n’est pas question de le nier. Le problème est qu’ils sont ceux-là même (arguments et documents) et seulement ceux que fournissent l’histoire de l’art traditionnelle et le récit historique dominant. Dans ce récit, on ne parle pas des peintres femmes parce qu’il n’y en a pas ou peu qui sont « grandes ». Parce que le « grand » (grand homme, grand genre, grande oeuvre, grande Histoire) y est un présupposé tout autant qu’une intention esthétique et politique qui détermine des choix, des omissions et des exclusions dans la recherche documentaire.

Un des intérêts de l’exposition est d’avoir déplacé l’origine du point de vue sur les productions des artistes femmes. Les livrets des salons (avec les commentaires des oeuvres, les noms des exposant-e-s), les articles de la presse en pleine expansion à cette époque, les oeuvres elles-mêmes (par qui ont elles été commandées ? achetées ? etc.), les témoignages contemporains constituent un paysage totalement différent de celui que l’histoire de l’art traditionnelle nous a transmis : il est beaucoup plus complexe, et le sort des artistes femmes y apparaît moins tributaire qu’on a voulu le dire du schéma manichéen opprimées/ oppresseurs, empêchées / favorisés, féminin /masculin. Il s’est donc agi de redonner toute sa place aux témoins et aux acteurs de l’époque dont la parole avait été occultée mais aussi aux oeuvres, à la démarche artistique.

Car à ne considérer les oeuvres des artistes femmes qu’à la lumière de leur statut de femme, qu’il s’agisse de démontrer comment elles en pâtirent, comment elles le transgressèrent ou comment elles le revendiquèrent, on ne fait que corroborer et maintenir les présupposés et les valeurs qui ont conduit le modèle historiographique dominant à oublier leur rôle, leur apport et leur place dans l’espace des beaux–arts entre 1780 et 1830 comme dans les importantes mutations que celui-ci enregistre alors — mutations déterminantes pour la seconde moitié du XIXe siècle. L’exposition est aussi un combat contre l’oubli.

Commissariat de l'exposition : Martine Lacas, Docteure en histoire et théorie de l’art, auteure, chercheuse indépendante
Scénographie : Loretta Gaïtis et Irène Charrat

MUSEE DU LUXEMBOURG
19 rue Vaugirard, 75006 Paris

28/02/18

Images en lutte @ Palais des Beaux-Arts, Paris - La culture visuelle de l ’extrême gauche en France (1968-1974)

Images en lutte. La culture visuelle de l’extrême gauche en France (1968-1974)
Palais des Beaux-Arts, Paris
Jusqu'au 20 mai 2018

Fosse qui ferme
Affiche sérigraphiée
70 x 50 cm
Coll. des Archives nationales

Fruit des regards croisés de deux disciplines souvent opposées, l’histoire de l’art et l’histoire, cette exposition propose une lecture documentée de ce moment particulier de l’histoire contemporaine, les années 1968-1974, où l’art et le politique, la création et les luttes sociales et politiques furent intimement mêlés.

L’exposition n’est pas une histoire visuelle du politique mais une histoire politique du visuel. Elle présente des affiches, des peintures, des sculptures, des installations, des films, des photographies, des tracts, des revues, des livres et des magazines, dont quelque 150 publications consultables dans le cadre d’une bibliothèque ouverte.

Poing levé
Affiche sérigraphiée de l’Atelier Populaire
Coll. des Beaux-Arts de Paris

Grève illimitée
Affiche sérigraphiée de l’Atelier Populaire
Coll. des Beaux-Arts de Paris

C’est donc un long cortège qui est ici dévoilé , qui commence dans les grandes manifestations contre la guerre du Vietnam, s’attarde dans l’Atelier populaire des Beaux-Arts en mai et juin 1968 pour, dans les années suivantes, parcourir les boulevards parisiens, occuper les usines, les mines, les universités, les prisons et tant d’autres lieux dans toute la France.

La mémoire collective des événements de mai 68 est largement liée aux affiches produites par l’Atelier Populaire, émanation de l’occupation de l’École des Beaux-arts de Paris à partir du 14 mai par ses étudiants et ses enseignants, bientôt rejoints par de nombreux artistes.

Mort pour la cause du peuple (Pierre Overney), 1972
Affiche, 60 x 50 cm
Coll. particulière

Merri Jolivet
Pompidou Overney, 1972
Technique mixte sur toile
115 x 148 cm
Coll. Jean-Claude Meunier

Ces affiches témoignent bien sûr de la mobilisation en France et à travers le monde de toute une génération dans cette révolte politique du tournant des années 1960-1970 ; mais ces affiches sont aussi porteuses d’une autre histoire, loin de celles des partis politiques désireux de participer au système parlementaire, mais proche de celles des organisations d’extrême gauche interdites dès juin 1968 et qui vont se multiplier pendant plusieurs années, changeant de noms au fil des opérations de police et des scissions, jusqu’à l’auto-dissolution de la Gauche prolétarienne (GP, maoïste) le 1er novembre 1973, un mois après le coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili.

Elles démontrent que ce soulèvement d’une génération, qui est allé jusqu’à l’épuisement des utopies dans le terrorisme, la découverte des massacres commis en leur nom en Extrême-Orient (Chine de la Révolution culturelle, Cambodge des Khmers rouges) et la possibilité de l’accession au pouvoir de la gauche de gouvernement (avec l’adoption du Programme commun par les socialistes, les communistes et les radicaux, en 1972), a partie liée avec les images et avec l’art d’avant-garde de cette époque – non sans contradictions. Elles ne sont en même temps que la partie la plus connue d’un foisonnement de la création, qui répond à une volonté de renverser radicalement les systèmes en place, dont la plupart des résultats, lorsqu’ils sont montrés aujourd’hui, le sont en mettant de côté leur signification politique, au profit d’une esthétisation réductrice.

Monique Frydman
Maquette pour l’affiche d’Histoires d’A.,
film de Charles Belmont et Marielle Issartel, 1973
Crayon de couleurs et feutre sur calque (4 feuilles)
50 x 32 chaque.
Courtoisie : Monique Frydman et Marielle Issartel

Pierre Buraglio
Exercice de Camouflage, 1968
Tissu de camouflage, toile peinte
100 x 100 cm
Courtoisie : galerie Jean Fournier, Paris
Crédit photo : Alberto Ricci

L’exposition IMAGES EN LUTTE, la culture visuelle de l’extrême gauche en France (1968-1974), entend redonner à la création portée par ces utopies révolutionnaires, sans distinguer a priori ce qui relève de l’art et ce qui tient de la propagande visuelle, leur soubassement et leur complexité, en même temps qu’elle souhaite interroger les contradictions et les ambiguïtés des rapports entre art et politique, en considérant, depuis une époque où ces rapports ont perdu de leur acuité, une période où une grande partie de la création ne pouvait se penser sans eux.

L’exposition est construite comme une suite de lieux successivement investis par l’extrême gauche et permettant ainsi de lire une chronologie événementielle dans l’exposition elle-même. Elle vise à appréhender la façon dont la volonté politique de changer profondément la société dans un cadre révolutionnaire, que celui-ci trouve son moyen dans le trotskysme, le maoïsme ou l’élan libertaire, affecte les images, aussi bien lorsque celles-ci relèvent du champ explicitement artistique que lorsqu’elles appartiennent au champ plus large de la communication et de la diffusion des luttes politiques.

Louis Cane
Sol/Mur rouge n°73 A 24, 1973
Acrylique sur toile
264 x 212 et 204 x 172 cm
Coll. MJS, Paris

Eduardo Arroyo
Nature morte, Burgos, 1970,
La table du colonel Ordovas, Président du tribunal militaire, 1971
Huile sur toile
Coll. H. Parienté

L’exposition présente donc des affiches, des peintures, des sculptures, des installations, des films, des photographies, des tracts, des revues et des publications, dont quelque 150 livres, brochures et magazines en consultation libre, choisis à la fois pour leur signification historique et pour leur qualité visuelle, sans prétendre à l’exhaustivité mais en opérant un choix guidé par l’efficacité et la participation à une bonne articulation du parcours ainsi tracé. Il importe en outre de laisser à chacun de ces types d’images une inscription dans un régime propre de visibilité et de diffusion, qui ne les aplatissent ni dans le sens d’une esthétisation généralisée, ni dans celui d’une neutralisation documentaire.

Avec les oeuvres de Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo, Pierre Buraglio, Louis Cane, Coopérative des Malassis, Noël Dolla, Gérard Fromanger, Monique Frydman, Michel Journiac, Julio Le Parc, Annette Messager, Olivier Mosset, Jean-Pierre Pincemin, Bernard Rancillac, Martial Raysse, Claude Rutault, Carole Roussopoulos, Nil Yalter...

Commissaires de l'exposition : 
Philippe Artières, directeur d’études au CNRS (Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain, EHESS)
Eric de Chassey, professeur d’histoire de l’art à l’ENS de Lyon, directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA).

Comité scientifique :
Jean-Michel Alberola, artiste, professeur aux Beaux-Arts de Paris ;
Françoise Banat-Berger, directrice des Archives nationales, Pierrefitte /Seine;
Emmanuelle Giry, conservatrice du patrimoine, Archives nationales, Pierrefitte /Seine;
Anne-Marie Garcia, conservatrice du patrimoine, responsable du service des collections aux Beaux-Arts de Paris ;
Pascale Le Thorel, responsable du service des éditions des Beaux-Arts de Paris ;
Nathalie Léger, directrice générale de l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC), Abbaye d’Ardenne ;
Marc Pataut, photographe, professeur aux Beaux-Arts de Paris ;
Valérie Tesnière, directrice d’études à l’EHESS, directrice de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Paris.

Cette exposition bénéficie d’un partenariat avec les Archives nationales et avec la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC).

La réalisation de cette exposition, ainsi que les évènements associés qui se dérouleront du 12 au 20 mai aux Beaux-Arts de Paris, sont rendus possibles grâce au soutien et à l’engagement de la Maison Sonia Rykiel et de son président Jean-Marc Loubier.

BEAUX-ARTS DE PARIS
beauxartsparis.fr

12/10/15

Les Voyageurs : Exposition des diplômés félicités des Beaux-Arts de Paris

Les voyageurs
Exposition des diplômés félicités des Beaux-Arts de Paris
Palais des Beaux-Arts, Paris
20 octobre 2015 - 3 janvier 2016



L’École nationale supérieure des beaux-arts présente l’exposition annuelle des jeunes artistes ayant obtenu le diplôme national supérieur d’arts plastiques (Dnsap) avec les félicitations du jury.

Commissaire : Hou Hanru, Directeur artistique du Musée national des arts du XXIème siècle - MAXXI, Rome
Le jury du diplôme était composé de Hou Hanru, président, Farah Atassi, artiste, Mounir Fatmi, artiste, Hélène Sirven, maître de conférences, Université Paris I.

Avec Violette Astier, Clarissa Baumann, Renaud Baur, Jessica Boubetra, Jeremy Demester, Léa Dumayet, Virgile Fraisse, Célia Gondol, Joris Henne avec la collaboration de Natasha Lacroix, Kieran Jessel, Maha Kays, Tarik Kiswanson, Antoine Liebaert, Ana Maria Lozano Rivera, Stefano Marchionini, Elena Moaty, Martin Monchicourt, Eleni Pratsi, Kevin Rouillard, Sarah Srage et Romain Vicari.

Célia Gondol
Célia Gondol, Slow

Elena Moaty
Elena Moaty, Sans titre

Renaud Baur
Renaud Baur, Système nerveux

« Le jury fut très intense. Pendant trois semaines nous avons vu environ cent étudiants. J’ai trouvé les étudiants très dynamiques, engagés, ouverts d’esprit et en regard sur le monde. Beaucoup des profils que nous avons retenus sont allés chercher différents langages, une diversité, dans un rapport au monde au-delà du quotidien. Nous avons été particulièrement enthousiasmés par le côté actif, mouvementé, performatif qui a donné une tonalité commune à partir de laquelle se tisse l’exposition « Les voyageurs ». Un esprit dynamique qui pousse à voyager que ce soit lors de véritables déplacements géographiques ou culturels, inspirés notamment par les expériences de certains Félicités au Brésil, en Thaïlande, ou au Vietnam … ou celui par lequel ils cherchent à s’affranchir des frontières entre les disciplines ou entre les différentes définitions d’une activité. Ils sont inspirés non seulement par les différences anthropologiques, mais aussi par une ré-évaluation du discours sur la modernité et comment ce discours se construit. Ces jeunes artistes ne présentent pas un regard exotique, mais proposent plutôt une forme de diversité dans un héritage culturel commun. Je trouve que cela est très beau, très juste, dans l’approche de ce genre de voyages. Ils prennent donc une position active, s’inscrivent dans le processus mondial. Ils ne sont pas spectateurs, ne regardent pas les choses avec un regard distancié ou touristique. Ils partagent, s’intègrent dans le projet de chaque endroit. Ce sont donc des voyageurs en profondeur… Les questions soulevées sont aussi celles du franchissement des frontières entre les disciplines, entre les différentes définitions d’une activité. Nous nous sommes donc attachés à des artistes qui produisent des films se situant entre fiction et recherche historique, entre documentaire et imaginaire… Ils cherchent toujours une forme d’instabilité, que je trouve très belle. Cela rejoint aussi une recherche sur le statut d’artiste vu au-delà de la stricte définition du métier. Au fond, la conclusion c’est de dire : aujourd’hui être artiste, c’est être voyageur. »
Hou Hanru

Soirée du vernissage (19 octobre, 18h00) :

Célia Gondol propose la performance Slow de 19h à 20h30 en déambulation dans les espaces d’exposition.
Interprètes: Élise Ladoué, Nina Santes

L’Ecole remet 7 prix aux Félicités issus de dons et legs, dits « Prix de Fondations ».
Lundi 19 octobre, 20h00, chapelle des Petits-Augustins.

Dans le cadre de la collaboration des Beaux-Arts de Paris avec la FIAC, l’exposition Les voyageurs fait partie du parcours privé.

Plan d’évasion / Plan d’invasion / Plan d’appropriation
Performance itinérante avec l’artiste Clarissa Baumann
HORAIRES : Du 20 au 25 octobre tous les jours à partir de 15h - Du 29 octobre au 22 novembre du jeudi au dimanche à partir de 15h

École nationale supérieure des beaux-arts
Palais des Beaux-Arts
13, Quai Malaquais, Paris
Ouverture du mardi au dimanche de 13h à 19h
Fermeture exceptionnelle les 25 décembre et 1er janvier.
Entrée libre
Métro ligne 4 : Saint-Germain des Prés ; ligne 1 : Louvre-Rivoli