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18/08/25

mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou : Programmation Cinéma, Septembre → Décembre 2025

mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou
Programmation Cinéma
Septembre → Décembre 2025

mk2 Bibliothèque
Façade du mk2 Bibliothèque (BnF)
Photo © mk2

À partir de septembre 2025, et pendant les cinq années de rénovation du bâtiment historique du Centre Pompidou, les cinémas du Centre Pompidou et la Cinémathèque du documentaire à la Bpi s'installent au mk2 Bibliothèque.

Les précédentes collaborations entre le Centre Pompidou et mk2, notamment la rétrospective intégrale et exposition « Abbas Kiarostami, les chemins de la liberté » en 2021, ainsi que l’exposition « Corps à Corps, Histoire(s) de la photographie » en 2023, qui mettait en dialogue la collection de photographies du Centre Pompidou− Musée national d’art moderne et celle de Marin Karmitz, fondateur de mk2, ont naturellement conduit à ce partenariat.

Rebaptisé et habillé aux couleurs du Centre Pompidou, l’actuel mk2 Bibliothèque (entrée BnF) situé au cœur du bâtiment de la Bibliothèque nationale de France François−Mitterrand, face à l’entrée de la bibliothèque, devient mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou et accueille dans ses quatre salles et son atrium rétrospectives, cycles, festivals, avant-premières, rendez-vous réguliers, rencontres et masterclasses conçus par le Centre Pompidou et la Cinémathèque du documentaire de la Bibliothèque publique d’information. Ponctuellement, une partie de cette programmation prend également place au mk2 Bibliothèque, sur le parvis, à proximité immédiate. 

La pluridisciplinarité qui définit le Centre Pompidou s’y incarne en une programmation de lectures, performances, concerts, installations, et créations XR à partir des images en mouvement.

À l’image de la collection du Musée national d’art moderne qu’il conserve, enrichit et expose, le Centre Pompidou s’attache, pour sa programmation cinéma, à la mise en avant de la création moderne et contemporaine internationale et à ses interactions avec la société. La programmation au mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou est structurée par de grandes invitations à des cinéastes d’avant-garde, emblématiques comme moins repérés, à travers rétrospectives, commandes d’œuvres, expositions et publications, et ponctuée d’événements consacrés à des figures émergentes. Elle donne également une place importante à la Cinémathèque idéale des banlieues du monde, développée depuis 2020 par le Centre Pompidou et les Ateliers Médicis avec rendez-vous mensuels, avant-premières, restaurations, weekends dédiés, workshops et séminaires.

Comme elles le faisaient dans le bâtiment historique du Centre Pompidou, les images en mouvement dialoguent avec d’autres formes de pensée et de création au sein de rencontres, festivals, performances et concerts pour rendre compte du croisement des pratiques, de l’élan et de la vitalité qu’il insuffle au cinéma, un art en constante mutation. En préfiguration du Centre Pompidou 2030, la programmation au mk2 Bibliothèque continue d’explorer ces mutations et est un laboratoire de nouvelles manières d’imaginer et de faire vivre la programmation du cinéma et autour du cinéma, dans toute la variété de ses formes artistiques, en mobilisant les ressources de la pluridisciplinarité qui font l’identité du Centre Pompidou. Dans cette perspective, la proximité immédiate avec la BnF est aussi l’opportunité de collaborations inédites autour des programmes, des fonds et des ressources des deux établissements.


Radu Jude, Kontinental 25
Radu Jude, Kontinental 25
 
Ours d'Argent du Meilleur Scénario à la Berlinale 2025
Sortie en salle le 24 septembre 2025

RADU JUDE, CINÉASTE INTRANQUILLE
RÉTROSPECTIVE INTÉGRALE | AVANT-PREMIÈRES | MASTERCLASSE | RENCONTRES | LIVRE
23 septembre  11 octobre 2025

EN PRÉSENCE DU CINÉASTE ET DE NOMBREUX INVITÉS

L’oeuvre du réalisateur roumain Radu Jude est, à bien des égards, le secret le mieux gardé de la cinéphilie contemporaine. Sa profusion et son amplitude – 28 films de tous formats depuis le début des années 2000, fictions, documents et expérimentations – ne sont parvenues en France qu'en petite partie, dans le sillage de l’Ours d’Or attribué en 2021 à Bad Luck Banging or Loony Porn à la Berlinale. Et pour cause : Radu Jude construit à une vitesse ébouriffante une filmographie qui traverse tous les territoires avec une grande fluidité formelle, bousculant le cinéma en le confrontant aux impasses mémorielles et aux aberrations actuelles pour le porter, avec la vigueur de la farce, à son plus haut degré d'intranquillité. Radu Jude s’est rapidement imposé comme l’une des voix les plus stimulantes du cinéma européen. Une Europe post-communiste et post-capitaliste, vue depuis la Roumanie, qui est précisément au centre de son travail et sur laquelle il pose un regard décapant, libre de toute allégeance et de toute bienséance.

Aussi singulière qu’elle soit, son oeuvre échappe à la définition tant elle est à la fois d’une immense fureur politique, d’une implacable précision historique, dialectique et filmique mais aussi d’une grande drôlerie, toujours impertinente et farcesque – Radu Jude reprenant à son compte la célèbre formule de Karl Marx selon laquelle l’histoire se répète toujours « la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide ».

La clé, peut-être, pour appréhender cette oeuvre plurielle et fascinante est à chercher dans l’articulation de la colère intacte et palpable du cinéaste à son refus de tout cynisme, de toute paresse intellectuelle manichéenne comme de toute complaisance compassionnelle. Parce qu’il tient en haute estime le cinéma et ses spectateurs, il choisit plutôt de les confronter, avec un sérieux humour corrosif, à l’Histoire de l’Europe et à la mauvaise farce que joue un passé mal digéré – notamment dans ses documentaires et fictions sur le génocide des juifs par le pouvoir roumain pendant la Seconde Guerre mondiale, dont le remarquable Peu m’importe si l’Histoire nous considère comme des barbares en 2018. C’est avec la même curiosité et la même lucidité qu’il embrasse à la fois les inventions du présent et ses violences multiples comme peu de cinéastes le font aujourd’hui – N’attendez pas trop de la fin du monde, en 2023, mettait ainsi en vis-à-vis l’exploitation au travail et le défouloir sur les réseaux sociaux.

Dans un carton initial de Caricaturana, un court métrage réalisé en 2021, Radu Jude cite Baudelaire à propos du caricaturiste Honoré Daumier, dans un quatrain qui pourrait aussi bien servir de portrait du cinéaste :
« C’est un satirique, un moqueur ;
Mais l’énergie avec laquelle
Il peint le Mal et sa séquelle,
Prouve la beauté de son coeur »
Une rétrospective intégrale de son travail est présentée au mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou, en présence du cinéaste et de nombreux invités. Cette dernière s’ouvre sur l’avant première de Kontinental ‘25 (Ours d’Argent du Meilleur Scénario, Berlinale 2025) dont la sortie en salles est assurée dans la foulée le 24 septembre 2025 par Météore Films et se clôture sur Dracula, film encore inédit de Radu Jude, présenté en première française avant sa sortie en salle le 15 octobre.

The Film Gallery présente parallèlement une exposition autour de Sleep #2 et The Exit of the Trains sous forme d’installation multi-écrans du 22 septembre au 25 octobre 2025.

Un livre, publié par les éditions de l'OEil et le FIDMarseille, en partenariat avec Le Centre Pompidou, paraît à cette occasion, rassemblant des extraits du journal du cinéaste, un long entretien et divers textes.


Hervé Gloaguen
© Hervé Gloaguen

L’INVENTAIRE DELEUZE
CONFÉRENCES | PROJECTIONS | LECTURES | PERFORMANCES | ATELIERS | SÉANCES D’ÉCOUTE
7 novembre → 9 novembre 2025

« Un jour peut-être le siècle sera Deleuzien », écrivait Michel Foucault. Cent ans après la naissance de Gilles Deleuze, les échos de sa pensée sont au coeur des enjeux de l’époque, de la place des machines aux pulsations du désir, des devenirs-femmes émancipateurs à l’organisation des peurs par les néofascismes. À l’occasion de ce centenaire, le Centre Pompidou réunit aux côtés des lectrices et lecteurs de Deleuze de grandes voix de la création de tous horizons, français et internationaux.

S’inspirant de L'Abécédaire, série de dialogues télévisés avec Claire Parnet en fil rouge, l’inventaire des résonances contemporaines de l’oeuvre de Deleuze est dressé autour d’une programmation de conférences, projections, lectures, performances, ateliers et séances d’écoute. En parallèle, un colloque consacré à son ouvrage L’Image-temps dont c’est le quarantième anniversaire se déroule à l’université Paris 8 à partir du 5 novembre

Lecteur de Friedrich Nietzsche ou Baruch Spinoza, auteur avec Félix Guattari d’ouvrages où l’inconscient se fait révolutionnaire, Gilles Deleuze peuple la philosophie d’innombrables « personnages conceptuels ». Il y insuffle une inventivité dont la publication de ses cours fait aujourd’hui redécouvrir l’intensité vivante. Du vent de liberté né de mai 1968 à la lutte du peuple palestinien ou au développement de nouvelles formes de contrôle, sa pensée fut en prise directe avec les mouvements politiques de son temps : elle revient en boomerang interroger le nôtre.

Inspirateur d’innombrables artistes dans tous les domaines, cité tout autant par les peintres que par les musiciens ou les hackers, Gilles Deleuze fit du cinéma l’un des laboratoires de sa philosophie, et consacra deux grands livres au lien entre pensée et images – l’intervention qu’il donna à la FEMIS sur l’acte de création fit événement pour plus d’une génération de cinéastes. Quel meilleur cadre, alors, que des salles de cinéma pour faire résonner cet héritage et le conjuguer au futur ?

Aux côtés de L’Abécédaire et de la conférence à la FEMIS, d’autres films travaillant les archives audiovisuelles autour de Gilles Deleuze sont projetés – notamment ceux du duo d’artistes Silvia Maglioni et Graeme Thompson. L'artiste Frank Smith quant à lui, auteur de Deleuze Memories (2025), réalise un film spécialement pour l'occasion autour d'un texte de Deleuze. Il s’agit aussi d’explorer les concepts développés dans L’Image-temps et L’Image-mouvement à travers Europe 51 de Roberto Rossellini mais aussi des films contemporains (The Thoughts That Once We Had (2015) de Thom Andersen), de s’intéresser au contexte de certains moments clé de son parcours (l’université de Vincennes et la clinique de La Borde à travers des films documentaires) et enfin, de découvrir Gilles Deleuze acteur dans George qui ? de Michèle Rosier.


Rachid Djaidani
Rachid Djaidani, pour Rushes de cinéastes

LA CINÉMATHÈQUE IDÉALE DES BANLIEUES DU MONDE
LE GRAND WEEK END
PROJECTIONS | RENCONTRES | AVANT-PREMIERES
14 novembre → 17 novembre 2025

Du 14 au 17 novembre, la Cinémathèque idéale des banlieues du monde, portée depuis 2021 par les Ateliers Médicis à Clichy-Montfermeil et le Centre Pompidou, qui questionne la représentation des périphéries à travers l’image en mouvement – se déploie au mk2 Bibliothèque × Centre Pompidou en même temps qu’au tout nouveau cinéma Alice Guy, à Bobigny, pour un weekend composé de projections et de rencontres.

Au programme, des avant-premières et des inédits, des films récemment restaurés, et l’occasion de retrouver de grands invités et les personnalités qui ont marqué l’année de la Cinémathèque idéale des banlieues du monde.


Derek Jarman - Carravagio
Caravaggio
Derek Jarman, 1986 
© British Film Institute

Derek Jarman - The Last of England
The Last of England
, Derek Jarman, 1987 
© Malavida Films

DEREK JARMAN
RÉTROSPECTIVE INTÉGRALE | RÉÉDITION DE FILMS REMASTÉRISÉS | PERFORMANCES | RENCONTRES
28 novembre → 16 décembre 2025

AVEC LA PARTICIPATION DE TILDA SWINTON ET DE NOMBREUX INVITÉS

Peintre, cinéaste, écrivain, militant des droits homosexuels, pionnier de la culture queer et jardinier : l’oeuvre de Derek Jarman s’incarne en de nombreuses formes et perspectives, faisant preuve d’une érudition considérable et d’une vitalité toujours renouvelée. Inscrits dans un continuum de pensée, de vie et de création, réalisés à l’époque du conservatisme thatchérien, ses films sont autant d’objets flamboyants qui confrontent les questions esthétiques et les problématiques sociales, chargés d’une force politique demeurant intacte. Le Centre Pompidou propose une rétrospective de ses longs métrages remastérisés - dont cinq ressortent parallèlement en salle grâce à Malavida Films - et de nombreux de ses courts en super 8, présentant la diversité de son geste, de la fiction à des formes personnelles, diaristiques ou expérimentales.

Parallèlement, la maison d'édition Actes Sud publie la traduction française de l'un des journaux de Derek Jarman, Modern Nature.

Alors que l’artiste, incarnant une figure de l’avant-garde et de l’underground anglais, a travaillé de façon extrêmement collective, entouré d’amis et de collaborateurs de longue date, cette rétrospective se veut polyphonique, peuplée de la parole de proches, dont Tilda Swinton, de témoins et d’héritiers, qui accompagnent de nombreuses séances.

Né en 1942 à Northwood, dans le Middlesex, Derek Jarman étudie à la Slade School of Fine Art (University College de Londres) et développe en premier lieu une pratique du film expérimental en 8mm. Il y reviendra régulièrement tout en travaillant en parallèle à la réalisation de longs métrages, pour lesquels il explore notamment des trames plus narratives. À commencer par Sebastiane (1976), autour du martyr de Saint Sébastien, premier film britannique avec des images positives de la sexualité gay. Son succès le plus retentissant, Caravaggio (1986), cinquième de ses longs métrages, est largement diffusé et lui vaut un Ours d’argent à la Berlinale. Ce film inaugure également sa collaboration avec l’actrice Tilda Swinton, ils feront huit films ensemble. La même année, sa séropositivité est diagnostiquée. Il en fait publiquement état ainsi que des traitements et de la maladie même, qui entraîne une cécité. Son dernier long métrage, Blue (1992), associe une riche bande sonore à un écran monochrome bleu. Ce film fait partie de la collection du Centre Pompidou, ainsi que trois courts métrages du cinéaste.

Derek Jarman, décédé en 1994, laisse une empreinte remarquable sur la création actuelle avec une oeuvre post-punk s’intéressant tout autant à la musique qu’à la peinture, au théâtre, à la poésie, à l’histoire, à la religion ou à la philosophie. Outre ses films, ses peintures ont fait l’objet d’expositions telle que « Dead Souls Whisper » au CRÉDAC (Ivry-Sur-Seine) en 2021. L’artiste a également laissé quantité d’écrits rendant compte de l’étendue de ses passions et de ses connaissances – scripts de ses films, journaux, ou encore un fabuleux texte sur les couleurs et leurs imaginaires, Chroma, rédigé alors qu’il perdait la vue. Dernier et fameux versant de son travail, le Prospect Cottage et son jardin sur la côte venteuse anglaise, dans le Kent, à quelques centaines de mètres de la centrale nucléaire de Dungeness. Au fil du temps, l’aménagement du lieu – fleurs et plantes sélectionnées pour survivre à un climat rigoureux, pieux de bois flotté, outils de jardinage, tableaux, sculptures – devient un symbole de son combat contre la maladie. C’est aussi un endroit de travail pour lui et ses amis, racheté en 2020 grâce à un appel aux dons en vue de sa préservation.

CENTRE POMPIDOU, PARIS

08/12/21

Georges Méliès @ Mucem, Marseille - Un Ciné-dimanche Spécial Georges Méliès

Spéciale Georges Méliès
Mucem, Marseille
12 décembre 2021

Georges Méliès, Le Voyage à travers l'impossible
Georges Méliès
Le Voyage à travers l'impossible
© Lobster Films

Georges Méliès, Le Voyage à travers l'impossible
Georges Méliès
Le Voyage à travers l'impossible
© Lobster Films

Le Mucem présente une séance dédiée à l'oeuvre de Georges Méliès dans le cadre de Ciné-dimanche : chaque dimanche après-midi, à 15 h, l’auditorium du Mucem devient une salle de cinéma pour toute la famille (6€/4€).

Illusionniste, prestidigitateur, dessinateur, Georges Méliès (1861-1938) est le premier « magicien du cinéma ». A travers la projection d'une dizaine de courts-métrages, dont Le Voyage à travers l'impossible (1904), cette séance revient sur l’oeuvre de cet artiste à l’imagination sans limite, génie de l’invention, du trucage et de l’enchantement.

MUCEM

16/10/21

CinéMode par Jean Paul Gaultier, Cinémathèque française, Paris

CinéMode par Jean Paul Gaultier 
La Cinémathèque française, Paris 
6 octobre 2021 - 16 janvier 2022 

CaixaForum Madrid, 17 février 2022 - 5 juin 2022
CaixaForum Barcelone, 5 juillet 2022 - 23 octobre 2022 
CaixaForum Séville, 24 novembre 2022 - 19 mars 2023
CaixaForum Saragosse, 19 avril 2023 - 20 août 2023
CaixaForum Palma, 21 septembre 2023 - 24 janvier 2024 

CinéMode par Jean Paul Gaultier
CinéMode par Jean Paul Gaultier
à la Cinémathèque française, Paris
Affiche de l'exposition

Jean Paul Gaultier à la Cinémathèque française
Jean Paul Gaultier à la Cinémathèque française 
Photographie © Capucine Henry

Funny Face, Marlene Dietrich, Yves Saint Laurent : certains films, quelques comédiens et couturiers renommés nous rappellent immédiatement ce que le cinéma et la mode ont pu engendrer en termes de collaborations fécondes, de magie, de renouveau des corps et de leurs images. Jean Paul Gaultier fait partie de ces incontournables. Régulièrement, il place ses collections sous le signe du 7e art. Et Dieu créa l'Homme, Le Charme coincé de la bourgeoisie, James Blonde, Sleepy Hollow : leurs titres témoignent d'un mélange de genres, d'humour, de sexualisation, de cinéphilie et de pop culture. Un esprit dans lequel s'est retrouvé Pedro Almodóvar, auquel Jean Paul Gaultier est souvent associé en tant que costumier de cinéma. La pénétration de sa griffe dans l'espace diégétique de cinéastes s'est pourtant opérée à bien d'autres occasions et sous différentes formes : pour la première fois dans Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989) de Peter Greenaway, à travers Catherine Deneuve dans Au plus près du paradis (2002) de son amie et réalisatrice Tonie Marshall (1951-2020), à qui l'exposition est dédiée. Mais encore de manière explosive dans Le Cinquième Élément de Luc Besson (1997), où des créatures intergalactiques hors normes font tout particulièrement état de la vision de l'humanité du couturier. Il est peu de dire que les tenues de Jean Paul Gaultier sous-tendent en elles-mêmes tout un univers, incarné sur les podiums par des mannequins aux fortes personnalités et de tout type physique, comme autant de personnages sortant d'une intrigue. À l'instar d'autres couturiers stars des années 1980, le couturier a ainsi transformé le défilé de mode – construit sur un scénario, une orchestration sonore et une scénographie élaborés en un spectacle proprement cinématographique.

Nacho Pinedo
Pedro Almodóvar, Victoria Abril et Jean Paul Gaultier 
sur le tournage de Kika, 1994 
© Nacho Pinedo

William KLein
William Klein
Photographie en coulisses du film
Qui êtes-vous Polly Maggoo ?, 1966
© William Klein/ Films Paris New York

CinéMode par Jean Paul Gaultier : La mode vue par le grand écran

Deux films trouvent une place particulièrement importante dans l'exposition. En tout premier lieu Falbalas, mélodrame de Jacques Becker (1945) dont l’histoire se situe dans l’effervescence d’une maison de couture d’après-guerre. Première école, film séminal par excellence, dont Jean Paul Gaultier transformera les images découvertes à l'âge de 13 ans en créations de mode. « Sans le défilé de Falbalas, je n'aurais jamais fait ce métier », a-t-il souvent répété. Le deuxième long métrage est Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (1966) du photographe américain basé en France, William Klein. Regard aigu sur son époque, mise à nu de la téléréalité naissante, satire des délires égocentriques du milieu de la couture alors dominé par le Space Age : personne – du couturier misanthrope à la rédactrice en chef versatile – n'y est épargné. En 1970, Pierre Cardin, connu pour ses créations futuristes unisexes et précurseur de la figure du couturier-vedette, est alors au sommet de sa gloire. Il accueille le jeune Jean Paul Gaultier dans sa maison : c'est sa deuxième école de mode.

Blow-Up de Michelangelo Antonioni (1966), Barbarella de Roger Vadim (1968) et 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick (1968), entre autres, témoignent de ce mouvement utopique à la croisée du design, de la science et de la musique. Bien d'autres films s'amuseront à caricaturer les mannequins frivoles, la presse people ou les riches clientes des premiers rangs du catwalk : certains inoubliables comme The Women de George Cukor (1939), où le défilé de mode surgit comme une pause émerveillée en couleurs dans un film encore en noir et blanc.

CinéMode par Jean Paul Gaultier : Femme fatale, macho man

Loin d'une histoire exhaustive des relations entre la mode et le cinéma – l'exercice eût été difficile – CinéMode par Jean Paul Gaultier est aussi une plongée dans les représentations genrées, sur le grand écran et à travers les vêtements. Défilent ainsi les femmes fatales ultra-féminisées d'Hollywood, telles Mae West et Marilyn Monroe, dans leurs tenues ajustées aux décolletés vertigineux. Mais aussi la star française Brigitte Bardot, maintes fois accusée d'outrages aux bonnes mœurs et à l'avant-garde d'une mode prêt-à-porter simple, jeune et insouciante. Face à elles, les gangsters, cowboys et superhéros s'incarnent dans des virilités conquérantes : profondément macho chez John Wayne, brutalement musculaire chez Sylvester Stallone, plus ingénu chez les premiers interprètes de Superman au célèbre justaucorps. Parmi eux, Marlon Brando fait figure de véritable rupture : avec Un tramway nommé désir (Elia Kazan, 1951), il reste la figure la plus célèbre d'une nouvelle masculinité prolétaire à la fois menaçante et fortement érotisée, déplaisante et désirable. Icône de cinéma, l'acteur influence la mode de la rue masculine des années 1950 et toute une génération de jeunes férus de rock'n'roll qui – pour la première fois dans l'histoire des vêtements – ne s'habillent plus comme leurs parents.

CinéMode par Jean Paul Gaultier : Et tous les autres « freaks »

Sexualiser les corps, féminiser les silhouettes masculines, valoriser les femmes puissantes : tel est le credo du couturier empreint de culture camp anglo-américaine (de Rocky Horror Picture Show à Divine), en phase avec les avant-gardes émergentes et les mouvements d'émancipation. « Quand, en 1976, j'ai présenté ma première collection à Paris, j'ai été considéré comme un iconoclaste, en marge du bon chic parisien. D'ailleurs, seuls les journalistes anglais et japonais ont parlé et écrit de façon positive sur mon défilé. C'est vrai que je n'étais pas d'accord avec le diktat selon lequel les femmes doivent être à tout prix « hyper-féminines » (d'ailleurs ça veut dire quoi, au juste : porter des robes à volants, ou à motifs, avec des fleurs ou des petits oiseaux imprimés ? Pas mon genre !). À Londres, c'était l'inverse, je voyais des femmes aux attitudes rebelles. Il y en avait aussi au Palace, à Paris, mais à Londres, cette excentricité était partout : dans la rue, les allures étaient incroyables, avec un goût appuyé de la différence et toujours le sens de l'humour en plus ». À l'image de la marinière de Querelle (Rainer Werner Fassbinder, 1982), symbole homo-érotique, ou du look androgyne bohème de Jane Birkin, exacerbé dans Je t'aime moi non plus (Serge Gainsbourg, 1976), CinéMode par Jean Gaultier raconte comment les vêtements trouvent une magnifique chambre d'écho dans le cinéma, qui n'a cessé lui-même de briser des tabous. Le tout dans un grand brassage de références, de détournement de codes et de dissolution des frontières.

Texte de Florence Tissot 

Jean Paul Gaultier par Peter Lindbergh
Jean Paul Gaultier par Peter Lindbergh 
© Peter Lindbergh

Commissaire général de l’exposition : Jean Paul Gaultier
Avec la collaboration de Matthieu Orléan et Florence Tissot, commissaires associés

CinéMode par Jean Paul Gaultier
CinéMode par Jean Paul Gaultier
Couverture du catalogue de l’exposition
Coédition Flammarion / La Cinémathèque Française
Sous la direction artistique de Jean Paul Gaultier
et la direction d’ouvrage de Matthieu Orléan et Florence Tissot.
24 x 32 cm et 17,5 x 32, 300 images – 240 pages
Jean Paul Gaultier s’exprime avec impertinence et émotion sur les liens croisés entre la mode et le cinéma et se confie sur les films qui ont inspiré sa vocation de créateur couturier. Le livre réunit également des entretiens avec Pedro Almodóvar, William Klein et Josiane Balasko et des essais inédits de Hannah Morelle, Gérard Lefort, Nicole Foucher, Raphaëlle Stopin et Valerie Steele. Avec une bio-filmographie de Jean Paul Gaultier : « Ma vie en films ».
LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE
51 rue de Bercy, 75012 Paris

A lire également sur ce blogzine :
Jean Paul Gaultier, Grand Palais, Paris, 1er avril - 3 août 2015

25/05/09

Gobelins, L'Ecole de l'Image

Gobelins, l'école de l'image est, comme son nom l'indique, spécialisée dans les formations aux métiers de l'image. L'école forme des professionnels de l'ensemble de la chaine graphique, maîtrisant la relation clients et la gestion de projets. Gobelins accueille 700 élèves et apprentis en formation initiale. Gobelins a fait le choix de l'apprentissage dans une filière à fort renouvellement technologique : la communication et les industries graphiques, du Bac professionnel au Bac +3/4. Gobelins, l'école de l'image accueille également près de 1000 stagiaires en formation continue. Sa gamme de formation pour adultes recouvre en inter-entreprise 27 modules et 7 cursus dédiés à la communication graphique : multimédia, cinéma d'animation, photographie, graphisme, prépresse, impression ainsi que vidéo.

23/06/02

Robert Frank. HOLD STILL - Keep going. Oeuvres photographiques et cinématographiques, Musée canadien de la photographie contemporaine, Ottawa

Robert Frank. HOLD STILL - Keep going. Oeuvres photographiques et cinématographiques
Musée canadien de la photographie contemporaine, Ottawa
22 juin - 12 septembre 2002

Le Musée canadien de la photographie contemporaine (MCPC) propose d'explorer les oeuvres fascinantes du photographe et cinéaste Robert Frank. Avec l'exposition itinérante Robert Frank. HOLD STILL - Keep going. Oeuvres photographiques et cinématographiques, le MCPC est le seul musée en Amérique du Nord où est présentée cette exposition de l'un des photographes les plus importants et les plus influents du XXe siècle.

L'exposition HOLD STILL - Keep going est consacrée au travail de Robert Frank, un artiste qui a non seulement exercé une influence marquante sur la pratique photographique depuis la Deuxième Guerre mondiale, mais qui a largement contribué à la reconnaissance artistique et culturelle du cinéma et de la photographie. Cette exposition regroupe des images individuelles ou en séquences réalisées au début de sa carrière, des projets de livres photographiques, des films, des vidéos et des montages images-textes.

La photographie
Né à Zurich en 1924, Robert Frank s'installe à New York en 1947, et depuis 1970, partage son temps entre New York et Mabou, au Cap-Breton (N.-É.). Plusieurs de ses photographies traitent en fait du Cap-Breton et de la vie qu'il y mène. Robert Frank est le premier photographe européen à obtenir, en 1955, une bourse de la fondation Guggenheim. Il utilise celle-ci pour sillonner les États-Unis et prendre quelque 20 000 images sur tous les aspects de la vie américaine, dont 83 sont publiées à Paris, en 1958, par Robert Delpire, sous le titre Les Américains.

Les oeuvres photographiques de Robert Frank mettent en scène le concept de linéarité narrative et la fonction du photographe comme porteur de " vérité ". Robert Frank ne se borne pas à présenter une photographie par elle-même comme un commentaire sur le monde. Il fait plutôt surgir des images au sein d'autres images pour façonner un commentaire qui a plusieurs valeurs sur la réalité.

Le cinéma 
En 1959, Frank réalise Pull My Daisy, film marquant de la beat generation, et le cinéma le fascinera durant toute sa carrière. Il conjugue approches documentaires et éléments fictifs et subjectifs pour créer des œuvres intenses où les réalités publiques et privées s'entremêlent. " J'étais très intéressé par le passage de la photographie à la vidéo ", a confié Robert Frank à Ute Eskildsen, directrice de la collection de photographies et vice-présidente du Museum Folkwang, d'Essen, en Allemagne. " Le film me donnait l'occasion d'apprendre à communiquer. C'était probablement le plus important pour moi, sur le plan personnel. Et puis, le film nous aide à parler dans la vraie vie aussi ".

L'exposition HOLD STILL - keep going présente la vision complexe d'un artiste dont le travail souligne le pouvoir de la photographie et du cinéma à commenter et contester notre manière de percevoir la réalité, les présupposés qui en découlent et nos rapports à elle. Le regardeur participe ainsi à une interaction créatrice, teintée de curiosité, de l'image et du sujet, de l'image et des images, et des mots dans les images.

Robert Frank. HOLD STILL - Keep going. Oeuvres photographiques et cinématographiques est organisée par le Museum Folkwang, d'Essen, en Allemagne, en collaboration avec le Museo nacional centro de arte Reina Sofía, de Madrid, en Espagne. 

MCPC - MUSÉE CANADIEN DE LA PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE
1, Canal Rideau, Ottawa K1N 9N6
www.cmcp.gallery.ca