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07/07/24

Chefs-d’oeuvre du Musée Langmatt, Boudin, Renoir, Cézanne, Gauguin… @ Fondation de l'Hermitage, Lausanne

Chefs-d’oeuvre du Musée Langmatt
Boudin, Renoir, Cézanne, Gauguin…
Fondation de l'Hermitage, Lausanne
28 juin - 3 novembre 2024

En 2024, la Fondation de l’Hermitage fête ses 40 ans et présente une exposition exceptionnelle en partenariat avec le Museum Langmatt de Baden. Constituée des trésors – majoritairement impressionnistes – rassemblés pour l’essentiel entre 1908 et 1919 par le couple de collectionneurs Jenny et Sidney Brown, cette somptueuse collection, habituellement montrée à la Villa Langmatt, fera escale à l’Hermitage pour sa première présentation hors-les-murs. Quarante ans après son exposition inaugurale L’impressionnisme dans les collections romandes, la Fondation dévoiler ainsi l’une des plus prestigieuses collections impressionnistes de Suisse allemande. Cette présentation-événement permet aussi de célébrer les 150 ans de l’impressionnisme, qui s’est cristallisé en 1874 autour de la première exposition collective d’un groupe de jeunes artistes indépendants, adeptes d’une « nouvelle peinture ».

Tous deux issus de familles de grands entrepreneurs basés à Winterthour, Jenny Sulzer (1871-1968) et Sidney Brown (1865-1941) se marient en 1896. C’est pendant leur voyage de noces à Paris qu’ils achètent leur première oeuvre, un paysage d’Eugène Boudin représentant des lavandières près de Trouville. Ce tableau scelle d’emblée un attrait pour la peinture française, et en particulier pour la couleur et les effets de lumière.

Au tournant du 20e siècle, les Brown effectuent maints voyages pour découvrir la création de leur temps et soutenir des artistes. Dominée par les paysages et les natures mortes, la collection réunit des oeuvres de Pierre Bonnard, Eugène Boudin, Mary Cassatt, Camille Corot, Paul Cézanne, Edgar Degas, Henri Fantin-Latour, Paul Gauguin, Henri Matisse, Claude Monet, Camille Pissarro, Odilon Redon, Pierre-Auguste Renoir, ou encore Alfred Sisley, constituant ainsi l’une des premières et plus significatives collections impressionnistes de Suisse.

Ces chefs-d’oeuvre sont désormais conservés à la Villa Langmatt, que le couple a fait construire dans le style Art nouveau par l’architecte Karl Moser (1860-1936) entre 1899 et 1901. La demeure, inspirée de l’architecture rurale anglaise, est actuellement fermée pour d’importants travaux de rénovation. L’exposition de la collection Langmatt à la Fondation de l’Hermitage réunit plus de 60 oeuvres parmi les plus remarquables de cet ensemble : une occasion unique d’admirer ces trésors hors de leur écrin habituel. L’exposition fera ensuite étape au Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud, à Cologne, puis à la Österreichische Galerie Belvedere, à Vienne.

ARTISTES EXPOSÉ·E·S

Pierre BONNARD (1867-1947)
Eugène BOUDIN (1824-1898)
Eugène CARRIÈRE (1849-1906)
Camille COROT (1796-1875)
Mary CASSATT (1844-1926)
Paul CÉZANNE (1839-1906)
Gustave COURBET (1819-1877)
Edgar DEGAS (1834-1917)
Julius EXTER (1863-1939)
Henri FANTIN-LATOUR (1836-1904)
Jean-Honoré FRAGONARD (1732-1806)
Paul GAUGIN (1848-1903)
Henri MATISSE (1869-1954)
Claude MONET (1840-1926)
Max OPPENHEIMER (1885-1954)
Camille PISSARRO (1830-1903)
Odilon REDON (1840-1916)
Pierre-Auguste RENOIR (1841-1919)
Alfred SISLEY (1839-1899)
Victor VIGNON (1847-1909)

COMMISSARIAT
Sylvie Wuhrmann, Directrice de la Fondation de l’Hermitage
Aurélie Couvreur, Conservatrice de la Fondation de l’Hermitage
Corinne Currat, Conservatrice adjointe de la Fondation de l’Hermitage

CATALOGUE
L’exposition est accompagnée d’un ouvrage richement illustré, placé sous la direction de Markus Stegmann, directeur du Musée Langmatt, et publié en co-édition avec les éditions Snoek à Gand.

FONDATION DE L’HERMITAGE 
Route du Signal 2, 1018 Lausanne 

21/11/21

Julie Manet @ Musée Marmottan Monet, Paris - La mémoire impressionniste

Julie Manet. La mémoire impressionniste
Musée Marmottan Monet, Paris
19 octobre 2021 - 20 mars 2022

Le musée Marmottan Monet consacre la première exposition jamais dédiée à Julie Manet (1878-1966). Plus d’une centaine d’œuvres: peintures, sculptures, pastels, aquarelles, gravures, … provenant des musées du monde entier et de collections particulières dont de nombreuses pièces présentées pour la première fois au public retracent la vie de Julie Manet, fille unique de la première impressionniste Berthe Morisot et nièce de l’illustre peintre Édouard Manet. Le propos de l’exposition n’est pas seulement d’évoquer la jeunesse de Julie Manet parmi les impressionnistes mais aussi de lever le voile sur sa vie de femme, d’évoquer l’amour de l’art qu’elle reçoit en héritage, de présenter l’extraordinaire collection qu’elle réunit avec son époux, Ernest Rouart et de mettre en évidence ce qui fut l’engagement de sa vie: faire reconnaitre l’œuvre de sa mère et de son oncle. Pour retracer huit décennies d’une vie sans pareil et révéler ses multiples facettes, l’exposition se déploie au-delà des espaces habituellement dédiés aux manifestations temporaires et comprend également les galerie Rouart situées au premier étage, donnant une envergure exceptionnelle à l’événement.

Rez-de-jardin: Julie Manet, de l’éducation à la mémoire impressionniste

La première partie de l’exposition évoque la jeunesse de Julie Manet. Une première section intitulée une éducation impressionniste présente certains des portraits les plus illustres de celle que l’on peut qualifier de modèle-née. Elle sera le modèle de prédilection de sa mère qui la croque à l’aquarelle dans l’herbe (Paris, musée Marmottan Monet), à Bougival (Paris, musée Marmottan Monet) près de son père, Eugène Manet pour une toile montrée aux expositions impressionnistes. Elle pose seule à 8 ans en 1886 pour le Jersey bleu, Rêveuse en 1894. Renoir lui dédie plusieurs tableaux. L’enfant au chat (Paris, musée d’Orsay) est le plus ancien et sans doute le plus connu. Il est présenté ainsi que deux esquisses, au crayon, au format tableau exposés pour la première fois. Sont également présentés un portrait de Julie Manet l’un peint et la représentant seule (Paris, musée Marmottan Monet) et l’autre au pastel avec Berthe Morisot (Paris, musée du Petit Palais). Après la mort de cette dernière, Renoir veille sur Julie et ses deux cousines Jeannie et Paule Gobillard. Toutes trois posent pour le maître. Julie et Jeannie, inséparables sœurs-cousines, posent de concert pour Le chapeau épinglé (collection particulière). Paule, plus âgée de dix ans, fait l’objet d’une sanguine montrée pour la première fois (collection particulière). Deux tableaux évoquent les passions des nièces de Berthe Morisot. Berthe Morisot qui enseigna à Paule, la présente en peintre (Paule Gobillard peignant, Paris, musée Marmottan Monet) tandis que Julie dépeint dans une harmonie de tons pastel et irisés, Jeannie en pianiste virtuose (collection particulière). Faisant face à ces portraits une section est dédiée à Stéphane Mallarmé. Son portrait par Manet (Paris, musée d’Orsay), un coffret du poème d’Edgar Poe, Le Corbeau (collection particulière) traduit par le poète et illustré par le peintre témoigne de leur complicité. Le bateau de Mallarmé, dit La voile Blanche, peint sur la Seine à Valvins par Berthe Morisot témoigne quant à lui des liens qui uniront la première impressionniste à l’homme de lettre. C’est lui qu’elle choisit pour être le subrogé tuteur de Julie, c’est lui qui offre à sa pupille sa levrette Laërtes que peint sa mère en 1893, lui encore qui compose d’après l’ultime portrait de Julie ébauché par l’impressionniste (collection particulière) le sonnet: Julie au chapeau Liberty.

Orpheline à seize ans, Julie endosse le triste titre de dernière représentante de la branche Manet, aux côtés de la veuve du peintre, sa tante Suzanne Leenhoff. Leur relation est évoquée par son portrait par Manet, La femme au chat (Londres, Tate) présenté non loin des dessins et croquis de Manet qu’elle lui offre, pour ses seize ans notamment. Ces papiers sont présentés pour la première fois. Un tableau spectaculaire, Baigneuses en Seine (São Polo, MASP) que Julie reproche à sa tante d’avoir authentifié, le fond ayant été repris selon elle vers 1899, illustre les divergences d’opinion des deux femmes quant à l’exercice du droit moral de l’artiste. Vient ensuite, le moment de la rencontre amoureuse. À l’instar de sa mère qui avait rencontré Manet au Louvre, Julie y fait, en 1897, la connaissance de son futur époux, le peintre Ernest Rouart. La Vierge au lapin (Paris, musée du Louvre) Jupiter et Antiope (Paris, musée Marmottan Monet) copiés par Manet d’après Titien, Le repas chez Simon esquissé par Berthe Morisot d’après Véronèse (Paris, musée Marmottan Monet) et la copie entreprise par Ernest d’après Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu de Mantegna (Paris, musée d’Orsay) toutes exécutées au Louvre illustrent la place singulière du musée dans l’histoire familiale. Le 31 mai 1900, Julie Manet épouse Ernest Rouart. Julie pose dorénavant pour son époux dont on présente plusieurs portraits tels Portrait de Julie Manet peignant (collection particulière), Portrait de Julie Manet (collection particulière) et L’heure du thé. L’engagement du couple au service de l’art est exemplaire. Julie conserve pieusement l’important patrimoine artistique qu’elle a hérité tels les portraits de M. et mme Auguste Manet (Paris, musée d’Orsay) et deux portraits de sa mère par Manet (Lille, Palais des Beaux-Arts et Paris ; musée Marmottan Monet) et celui de son père, Eugène Manet par Alphonse Legros qui est présenté pour la première fois. Dès le début du siècle, Julie s’attache à promouvoir l’œuvre de sa mère. Par l’intermédiaire de ses proches, elle convainc plusieurs musées d’accepter le don de tableaux de Morisot. L’été est offert au musée Fabre de Montpellier, Sur le banc au musée des Augustins de Toulouse, La fleur aux cheveux au Petit Palais à Paris, Pasie cousant dans le jardin de Bougival au musée de Pau et – grâce à l’entregent des proches de Renoir - Paysanne niçoise est acquis par le musée de Lyon. En 1912, le couple se porte acquéreur d’importantes œuvres provenant de la collection du beau-père de Julie, Henri Rouart (1833-1912). Leurs achats portent aussi bien sur les XVIIe et XVIIIe avec Poussin, Fragonard et Hubert Robert que sur le XIXe avec Delacroix, Corot, Jongkind, Daumier, Puvis de Chavannes, Degas… Redon ou encore Gauguin. Sans attendre, Julie Manet et Ernest Rouart procèdent – en accord avec les autres enfants d’Henri Rouart – à des dons majeurs en faveur du Louvre: La Dame en bleu de Corot (Paris, musée du Louvre), Crispin et Scapin de Daumier (Paris, musée d’Orsay) lui sont offertes en 1913. En 1930, Julie réalise l’un des vœux les plus chers de sa mère faire entrer au Louvre La Dame aux éventails de Manet que Morisot avait acquis en 1884 à cet effet. Il aura fallu 46 ans de patience, deux générations de femmes, la détermination d’une mère et de sa fille, pour mener à bien ce projet. Femme de conviction, Julie est aussi une femme de foi. Membre du tiers Ordre dominicain au même titre que son époux, sa cousine Jeannie devenue Madame Paul Valery, son cousin germain Gabriel Thomas et Maurice Denis dont elle admire le Magnificat (collection particulière) et le Baptême du Christ (collection particulière). Posant pour son époux, elle prend le pinceau pour faire le portrait de ses petitsenfants et réalise pour l’ainé Jean-Michel un touchant catéchisme manuscrit et aquarellé. Au soir de sa vie, Julie Manet reste fidèle à elle-même, offre en 1943 en mémoire de son défunt mari, Tivoli, Les jardins de la villa d’Este de Corot (Paris, musée du Louvre) et conserve la copie que sa mère en avait fait dans sa jeunesse (collection particulière). Porteuse d’une mémoire impressionniste, elle reste fidèle à ses amis de toujours et acquiert en 1957 un grand Nymphéa de Monet. Julie Manet incarne bien la mémoire impressionniste.

Galeries Rouart: Julie Manet, peintre et diariste

On ne peut évoquer Julie Manet sans aborder la question de sa peinture et de son célèbre Journal. L’un et l’autre sont présentés au premier étage. Si la fille de Berthe Morisot ne s’est jamais considérée comme un peintre à part entière, elle maniera crayon et pinceau toute sa vie. Les peintures au musée Marmottan Monet se concentrent principalement sur la période 1895-1900 alors que Julie travaille sous la houlette de Renoir. Citons Femme avec Laërtes exposé au Salon des Indépendants en 1898, Avant le bal peint rue de Villejust où l’on aperçoit dans l’embrasure de la porte son cousin Edmé Pontillon. Les Cygnes et La cueillette des pêches reprennent un thème cher à sa mère, et se rapproche de son travail par la facture. Les différentes éditions du Journal de Julie Manet composé entre 1893 et 1899 et publié en 1979 sont présentés aux côtés du tapuscrit original et d’un manuscrit inédit signé de Jeannie Gobillard. 120 feuillets évoquent la genèse des fiançailles jusqu’au double mariage, dans lequel Jeannie Gobillard y décrit tout ce que Julie Manet n’a pas écrit: les déclarations chez M. Degas, la visite au cimetière de Passy et le rôle des Impressionnistes dans le dessein de leurs vies de femmes. Cet ouvrage fait l’objet d’une publication préfacée, annotée et illustrée de photos inédites, coéditée avec les éditions des Cendres. Au mur, des vues du Mesnil signée de son époux et de sa cousine Paule illustrent l’atmosphère bucolique et chaleureuse que Julie sut donner au château du Mesnil, autre patrimoine qu’elle tint de ses parents.

Julie Manet
Julie Manet. La mémoire impressionniste
Catalogue de l'exposition
Coédition musée Marmottan Monet / Éditions Hazan
Broché, 22×28,5 cm, 324 pages, 250 illustrations / Prix 45 euros
ISBN: 9782754112314
Ouvrage sous la direction de Marianne Mathieu, Historienne de l’art, Directeur scientifique du musée Marmottan Monet
Les auteurs : Marianne Mathieu, Dominique d’Arnoult, Docteure en histoire de l’art et Claire Gooden, attachée de conservation au musée Marmottan Monet
Le catalogue est édité en français et en anglais.
MUSÉE MARMOTTAN MONET 
Académie des Beaux-Arts
2 rue Louis-Boilly, 75016 Paris

24/07/19

Berthe Morisot @ Musée d'Orsay, Paris

Berthe Morisot (1841-1895)
Musée d'Orsay, Paris
Jusqu'au 22 septembre 2019

Berthe Morisot (1841-1895)
Affiche de l'exposition

Pour la première fois depuis son ouverture en 1986, le musée d’Orsay consacre une exposition à l’une des figures majeures de l’impressionnisme, Berthe Morisot (1841-1895). C'est aussi la première manifestation monographique consacrée à l’artiste par un musée national depuis la rétrospective de 1941 à l’Orangerie.

Née en 1841 dans ce que son ami Renoir qualifiait de « milieu le plus austèrement bourgeois », mais ouvert aux arts, Berthe Morisot affiche très tôt un goût de l’indépendance. Elle s’affranchit d’une pratique amateure, où la peinture est considérée comme un talent d’agrément, et affirme, à rebours des usages de son milieu, l’ambition de travailler en professionnelle. Ainsi, elle expose au Salon, manifestation officielle essentielle pour qui veut faire carrière, place des oeuvres sur le marché et, surtout décide de participer à la première exposition dite impressionniste de 1874. Elle est alors la seule femme à prendre part à cette manifestation et, l’une des rares avec Pissarro, qui restera fidèle à la stratégie de l’indépendance, c’est-à-dire au développement d’une carrière en marge des circuits officiels. Figure centrale du mouvement, elle participe à toutes les expositions du groupe, sauf celle de 1879, affaiblie par la naissance de sa fille Julie. Mariée à l’un des frères d’Edouard Manet, Eugène, Berthe Morisot travaille jusqu’à sa mort prématurée en 1895, laissant un ensemble d’un peu plus de 400 tableaux. Toute sa vie, elle a été au coeur des avant-garde artistiques et littéraires, engageant des échanges artistiques féconds avec Manet, Degas, Renoir, Monet ou Mallarmé pour ne citer que quelques noms.

Cette exposition veut marquer une nouvelle étape dans la diffusion et la connaissance de Berthe Morisot en proposant et suscitant de nouvelles approches, tout en déjouant les clichés d’une peinture « féminine » encore attachés à son oeuvre. Ainsi, le choix a été fait d’explorer une facette essentielle de sa création, les tableaux de figures et les portraits.

Dans l’édition de 1919 de son histoire des peintres impressionnistes, Théodore Duret distinguait les paysagistes et les peintres de figures. Berthe Morisot se range assurément dans cette dernière catégorie, aux côtés de Renoir, Degas ou Cassatt. Sur les 423 peintures répertoriées par le plus récent catalogue raisonné, 69,5 % sont donc consacrées à la figure, qu’il s’agisse de portraits, de scènes d’intérieur ou de plein air avec des personnages. C’est également la part de son oeuvre que l’artiste a choisi de montrer en priorité : de son vivant, on peut estimer qu’elle a exposé quatre-vingt-dix-huit tableaux de figures et portraits, contre trente-six paysages et trois natures mortes.

Pour Berthe Morisot, portraits et tableaux de figures sont autant de scènes de la vie moderne. Peindre d’après modèle lui permet en effet d’explorer plusieurs thématiques de la vie de son temps, telles que l’intimité de la vie bourgeoise de l’époque, le goût de la villégiature et des jardins, l’importance de la mode, le travail domestique féminin, tout en brouillant les frontières entre intérieur/extérieur, privé/public ou fini/non fini. Pour Morisot en effet, la peinture doit s’efforcer de « fixer quelque chose de ce qui passe ». Sujets modernes et rapidité d’exécution ont donc à voir avec la temporalité de la représentation, et l’artiste se confronte inlassablement à l’éphémère et au passage du temps. Ainsi, les dernières oeuvres de Berthe Morisot, aux accents symbolistes, caractérisées par une expressivité et une musicalité nouvelles, invitent à une méditation souvent mélancolique sur ces relations entre l’art et la vie. Souvent réduite à des scènes de la vie quotidienne, ces tableaux de figures et portraits se caractérisent au contraire par ce que la grande historienne de l’art américaine, récemment disparue, Linda Nochlin, appelait de « stimulantes ambiguïtés ». Ces « ambiguïtés », ce mystère, s’expriment tant du point de vue des modèles que des espaces mis en jeu et en scène et d’une technique audacieuse et énergique, qui vise à suggérer plutôt qu’à décrire. C’est à cette exploration qu’invitent l’exposition et le catalogue, à la fois en renouvelant le corpus et en croisant les approches.

Près de la moitié des tableaux réunis sont issus de collections particulières et certains n’ont pas été vus en France depuis plus de cent ans. Le parcours, chronologique et thématique, invite à s’interroger sur les sujets représentés (la mode, la toilette, le travail), qui traduisent en effet le statut de la femme au XIXe siècle, mais aussi sur la technique unique de Berthe Morisot (le plein air, l’intérieur, l’importance des espaces intermédiaires tels fenêtres, le fini). Ses tableaux sont une exploration de l’identité moderne que Berthe Morisot a délibérément voulu ambiguë, en équilibre fragile, à la fois paisible et intranquille, limpide et mystérieuse, mais toujours exigeante et profondément novatrice. L’exposition met ainsi en valeur les choix, la détermination sans faille d’une artiste qui affirmait dès l’âge de vingt-ans ne pouvoir obtenir son indépendance « qu’à force de persévérance et en manifestant très ouvertement l’intention de [s]’émanciper ».

Cette exposition est organisée par les musées d’Orsay et de l’Orangerie, Paris, le Musée des beaux-arts, Québec, la Fondation Barnes, Philadelphie, et le Dallas Museum of Art, Dallas.

Commissaires de l'exposition : Sylvie Patry, conservatrice générale, directrice de la conservation et des collections du musée d'Orsay. 
Nicole R. Myers, The Barbara Thomas Lemmon Senior Curator of European Art au Dallas Museum of Art.
Assistante pour la présentation au musée d’Orsay, Lucile Pierret, chargée d’études documentaires.

Berthe Morisot
Catalogue de l’exposition
Sous la direction de Sylvie Patry
Coédition Musées d’Orsay et de l’Orangerie / Flammarion
304 pages – 22,5 x 30 cm – 200 ill.
ISBN : 978-2-35433-288-4

Sommaire du catalogue de l'exposition

Berthe Morisot aujourd’hui : « ambiguïtés stimulantes »
Sylvie Patry, Conservatrice générale et directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay

La modernité vue de l’intérieur
Anne Higonnet, Ann Witney Olin Professor, Barnard, Columbia University

Peindre la vie moderne
« Mettre une figure en plein air »
Femmes à leur toilette
La « beauté de l’être en toilette »
Fini / non-fini : « Fixer quelque chose de ce qui passe »
Femmes au travail
Fenêtres et seuils
Un atelier à soi
Sylvie Patry, Conservatrice générale et directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay

Une artiste en devenir
Marianne Mathieu, Directrice scientifique du musée Marmottan Monet

Morisot et la femme moderne
Nicole R. Myers, The Barbara Thomas Lemmon Senior Curator of European Art, Dallas Museum of Art

Morisot sur le seuil
Cindy Kang, Conservatrice adjointe à la Fondation Barnes, Philadelphie

Peintre pour peintres
Bill Scott, Peintre et graveur abstrait

Annexes
Chronologie, Amalia Wojciechowski, Doctorante au Bryn Mawr College
Les carnets de Berthe Morisot, Samuel Rodary, Chercheur indépendant en histoire de l’art
Expositions tenues de son vivant et posthume, Liste des oeuvres exposées, Liste des images de comparaison, Bibliographie

MUSEE D'ORSAY
1 rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris
www.musee-orsay.fr

25/03/19

Monet - Auburtin. Une rencontre artistique @ Musée des impressionnismes Giverny

Monet - Auburtin. Une rencontre artistique
Musée des impressionnismes Giverny
22 mars - 14 juillet 2019

MONET - AUBURTIN. Une rencontre artistique
Musée des impressionnismes Giverny
Affiche de l'exposition

En 2009, le nouveau musée des impressionnismes proposait une exposition inaugurale intitulée Le Jardin de Monet à Giverny : invention d’un paysage. En 2019, le musée fête les dix ans de son ouverture au public. A cette occasion, il a choisi de célébrer l’œuvre de Claude Monet (1840-1926), en la confrontant à celle de son contemporain, le peintre Jean Francis Auburtin (1866-1930). Réunissant un ensemble important de peintures et dessins d’Auburtin, ainsi que quelques-unes des œuvres les plus remarquables de Monet, l’exposition propose de montrer deux regards différents portés sur les mêmes paysages. Alors qu’il mène une carrière de grand décorateur pour les bâtiments publics qui durera jusqu’en 1924, Jean Francis Auburtin se révèle être aussi un peintre de chevalet qui excelle dans l’emploi conjugué de l’huile, de la gouache et du fusain. Pour composer le cadre idéal de ses fresques narratives, le peintre parcourt le littoral français, scrute inlassablement les paysages, qu’il finit par peindre pour eux-mêmes. Ainsi développe-t-il, en marge de ses grandes décorations, une peinture plus intimiste sur le motif, qui se construit au carrefour d’influence diverses entre impressionnisme, synthétisme, symbolisme et japonisme. Son admiration pour Claude Monet, qu’il rencontre vraisemblablement vers 1896-1897, transparaît dans le choix de ses motifs. Très certainement touché par les paysages de C. Monet, régulièrement exposés à Paris, vers 1889-1890, Jean Francis Auburtin s’initie également à la peinture de paysage sur le motif proposant une réponse très personnelle, empreinte d’une sensibilité fin-de-siècle. Tout comme lui, Jean Francis Auburtin pose son chevalet sur les rivages escarpés de Bretagne, de Normandie et de la côte méditerranéenne, là où ciel et mer se rejoignent. En 1894, il séjourne à Porquerolles où il se rend régulièrement. En 1895, un peu moins de 10 ans après Claude Monet, il découvre avec émerveillement Belle-Île où il revient à sept reprises. En 1898, il est sur les côtes normandes, à Etretat, à Pourville puis à Varengeville, où il choisit de représenter les sites peint par Claude Monet auparavant. Dans son approche intellectualisée du naturel, Jean Francis Auburtin n’est pas moins moderne que son aîné impressionniste. S’il pratique le travail en série, Jean Francis Auburtin s’attache moins à rendre les modulations atmosphériques et lumineuses chères à Claude Monet et préfère une construction solide, l’étagement des roches et le théâtre imposant de la nature.

De nombreuses œuvres de Claude Monet et de Jean Francis Auburtin exécutées durant les années 1880-1890 attestent d’une véritable convergence d’intérêts. Leurs vues respectives des côtes bretonnes, axées sur le contraste entre le ciel, la terre et l’eau traduisent cette confrontation, ce dialogue avec ce paysage. A Belle-Ile, alors que Claude Monet plante son chevalet au bord du vide, cherchant à traduire la sauvagerie de la nature, le temps sans cesse changeant, les surplombs vertigineux, Jean Francis Auburtin se laisse envahir par la monumentalité de ces roches millénaires. Alors que Claude Monet se concentre sur la bataille que se livrent les rochers et la mer, laissant peu de place au ciel, Jean Francis Auburtin exprime la pérennité de ces paysages maritimes sur cette île grandiose où tout semble échapper à l’homme.

Chez Jean Francis Auburtin, il y a comme une compréhension intuitive du paysage et une puissance d’expression qui se traduisent dans ses falaises, ses plages, ses ciels, ses nuages ou sa végétation. Les falaises d’Etretat, Pourville et Dieppe, les roches escarpées de Belle-Ile lui offrent ce qu’il affectionne tout particulièrement – la rencontre de l’eau et de la terre, l’affrontement de la paroi rocheuse verticale et de la vaste étendue marine, la permanence robuste des hautes falaises, balayées par le ballet continu des nuages. L’expérience de la nature se traduit également au travers d’effets spectaculaires de soleils couchants sur les falaises.

Ce n’est qu’en 1904, avec la découverte de Varengeville et la rencontre avec Guillaume Mallet (1859-1945), fondateur du Bois des Moutiers, que Jean Francis Auburtin trouve un souffle nouveau dans ses peintures et dessins. Il affirme alors son style et sa manière d’aborder, le paysage change. Il introduit, dans sa peinture de chevalet, les principes simplificateurs qu’il réservait jusqu’alors à la décoration murale. Il élargit l’horizon de ses compositions. Les couleurs savamment nuancées s’éloignent de l’imitation de la nature (roses et bleus phosphorescents) et témoignent d’un rapprochement avec le synthétisme hérité de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898). Jean Francis Auburtin est désormais parvenu à élaborer un style résolument personnel.

Commissariat scientifique : Géraldine Lefebvre, docteur en histoire de l’art.

Exposition organisée par le musée des impressionnismes Giverny avec le soutien exceptionnel du musée d’Orsay, Paris, de Francine et Michel Quentin et de l’association les Amis et descendants de Jean Francis Auburtin.

MUSEE DES IMPRESSIONNISMES GIVERNY
99, rue Claude Monet, 27620 Giverny
www.mdig.fr

02/01/15

Impression, soleil levant, l'histoire vraie du chef d'oeuvre de Claude Monet

Impression, soleil levant, l'histoire vraie du chef d'oeuvre de Claude Monet
Musée Marmottan Monet, Paris 
Jusqu'au 18 janvier 2015 

Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872 
Huile sur toile - 50 x 65 cm - Musée Marmottan Monet, Paris 

© Christian Baraja - Ancienne collection Ernest Hoschedé - Ancienne collection Georges de Bellio

Impression, soleil levant, la toile qui a donné son nom à l’impressionnisme et qui est le fleuron des collections du musée Marmottan Monet, est l’une des peintures les plus célèbres au monde. Cette œuvre n’a pourtant pas fait l’objet d’une étude approfondie jusqu’à ce jour. Au contraire, depuis près de quarante ans, le mystère semble grandir autour du chef-d’œuvre : que représente véritablement le tableau ? Un soleil levant ou un soleil couchant ? Quand fut-il peint ? En 1872 ou en 1873 ? Qu’est-il advenu du tableau à l’issue de la première exposition impressionniste ? Pourquoi a-t-il rejoint, en 1940, les collections du musée Marmottan, un établissement initialement dédié à l’Empire et qui n’abritait alors aucune peinture impressionniste ? Pourquoi à cette date ? Dans quelles circonstances ? Le musée Marmottan Monet répond à ces questions dans cette exposition.

Cette vue du port Havre dans les brumes, signée et datée en bas gauche « Claude Monet 72 », est exposée pour la première fois en 1874 dans les anciens ateliers de Nadar qui accueillent l’exposition de la Société anonyme des peintures, sculpteurs, graveurs. Désignée au livret sous le titre Impression, soleil levant, elle inspire au critique Louis Leroy, du journal satirique Le Charivari, le terme « impressionniste » qui désignera par la suite le groupe d’artistes réuni autour de Monet. Si le terme se diffuse rapidement, l’œuvre et son histoire sont peu à peu oubliées. En mai 1874, le collectionneur Ernest Hoschedé l’acquiert pour 800 francs. Le tableau est revendu quatre ans plus tard, 210 francs dans l’indifférence générale et sous le titre Impression, soleil couchant. Son propriétaire, le docteur Georges de Bellio, le lègue à sa fille Victorine, qui en fait don au musée Marmottan en 1940. Entre 1940 et 1959, l’œuvre apparaît encore dans les inventaires de l’institution – comme dans de nombreux ouvrages – sous le titre Impression ou Impression, soleil couchant. Elle n’y prend le titre d’Impression, soleil levant qu’en 1965. Dix ans plus tard, l’auteur du catalogue raisonné de l’œuvre de Monet, Daniel Wildenstein - faute de documents biographiques retraçant la vie de Monet en 1872, date l’œuvre du printemps 1873, date avérée d’un séjour de Monet en Normandie.

Dans le cadre du 80e anniversaire de l’ouverture du musée Marmottan au public et à l’occasion du 140e anniversaire de la première exposition d’Impression, soleil levant, le musée Marmottan Monet a décidé d’ouvrir l’enquête et d’organiser, du 18 septembre 2014 au 18 janvier 2015, la première exposition jamais dédiée à l’œuvre fondatrice de l’impressionnisme.

Autour d’Impression, soleil levant, l’exposition présente une sélection rigoureuse de vingt-six œuvres de Claude Monet, trente-cinq œuvres d’Eugène Delacroix, Gustave Courbet, Eugène Boudin, Johan Barthold Jongkind, William Turner, Berthe Morisot, Alfred Stevens, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley, des photographies anciennes par Gustave Le Gray, Emile Letellier, ainsi qu’une quarantaine des documents d’époque dont beaucoup sont inédits. Les œuvres proviennent des plus grands musées français (Musée d’Orsay, Paris ; Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Paris ; Musée d’art moderne André Malraux, Le Havre ; Musée des Beaux-Arts de Lille, Musée des Beaux-Arts de Nancy...) et étrangers (National Gallery, Londres ; The Philadelphia Museum of Art, Philadelphie ; Städelsches Kunstinstitut, Francfort- sur-le-Main ; National Museum Wales, Cardiff) et de collections particulières. La bibliothèque nationale, la bibliothèque historique de la ville de Paris, les archives de Paris, la bibliothèque et les archives du Havre se sont également activement associées au projet.

L’exposition retrace l’histoire du tableau. Delacroix, Courbet, Boudin, Jongkind ouvrent le parcours avec une série de marines, de soleils levant et de soleils couchant peints avant 1872. Turner, que Monet découvre à Londres en 1870-71, vient ensuite et permet de mieux appréhender la formation et l’œuvre de Monet au début des années 1870 et la genèse d’Impression, soleil levant. Impression, soleil levant est présenté dans la section suivante qui regroupe un ensemble unique de vues du port du Havre. Citons, le prêt exceptionnel par une collection particulière américaine de l’Avant port du Havre, effet de nuit de Monet, un rarissime nocturne peint à la même date qu’Impression, soleil levant. Les peintures et les documents exposés dans cette section (photographies, plans et documents anciens) ont permis de mener la première étude iconographique d’Impression, soleil levant. Cette approche, conduite par des équipes française et américaine, s’est appuyée sur des données topographiques, météorologiques et astronomiques. Elle a non seulement permis de confirmer quel moment Monet a choisi de peindre : un soleil levant ou un soleil couchant, mais aussi de proposer une datation affinée de l’oeuvre, c’est-à-dire à l’année, au mois et au jour près.

Le parcours se poursuit avec la première exposition impressionniste évoquée à travers deux chefs d’œuvre de Monet présentés aux côtés d’Impression, soleil levant en 1874 : Le Déjeuner (Städel Museum, Francfort-sur-Main) une toile de 232 x 151 cm et Le Boulevard des Capucines (Nelson Atkins Museum, Kansas City). Le livret de l’exposition et l’original du Charivari sont également présentés. Dix-neuf peintures issues des deux seules collections où figura Impression, soleil levant : celle d’Ernest Hoschedé et celle Georges de Bellio continuent le parcours. Chaque œuvre est commentée et resituée par rapport à l’œuvre fondatrice de l’impressionnisme. Des documents rares dont de nombreux inédits illustrent également le propos. Il apparaît ainsi qu’Impression, soleil levant loin d’occuper une place centrale au sein de ces collections fut longtemps oublié et sous estimé. 

La dernière partie du parcours révèle une page tout à fait inconnue de l’histoire d’Impression, soleil levant. Les recherches menées à l’occasion de l’exposition on permis de retracer les circonstances de l’entrée du tableau dans les collections du musée Marmottan. Le dépôt de l’œuvre au musée le 1er septembre 1939 pour «risque de guerre», son évacuation à Chambord avec les collections du Louvre où elle est entreposée à l’insu de tous durant six ans, son don au musée Marmottan décidé le 23 mai 1940, quelques jours seulement après le passage des Ardennes par l’armée allemande le 10 mai et le début de l’occupation allemande. L’exposition se termine autour de Soleil couchant sur la Seine à Lavacourt (Paris, Petit Palais) qui illustre la pérennité du thème chez Monet et présente les premiers ouvrages de l’après guerre qui érigèrent Impression, soleil levant au rang d’œuvre fondatrice de l’impressionnisme. 

Commissariat de l’exposition : Marianne Mathieu, adjointe au directeur en charge des collections du musée Marmottan Monet Dominique Lobstein, historien de l’art.

Musée Marmottan Monet, Paris

04/01/14

Les Impressionnistes en privé, Musée Marmottan Monet, Paris : Cent chefs-d'oeuvre de collections particulières

Les Impressionnistes en privé. Cent chefs-d'oeuvre de collections particulières 
Musée Marmottan Monet, Paris
13 février - 6 juillet 2014 

Ouvert pour la première fois au public en 1934, le musée Marmottan Monet célèbrera son quatre-vingtième anniversaire en 2014. En moins d’un siècle, le musée a bénéficié de legs et de donations d’une envergure sans égale faisant de lui le dépositaire du premier fonds mondial d’œuvres de Claude Monet et de Berthe Morisot. Sans la générosité des collectionneurs et des descendants d’artistes, il ne serait pas devenu un haut lieu de l’impressionnisme. Conscient de cet héritage, le musée souhaite débuter les cérémonies de son anniversaire en rendant hommage aux collections privées.

Berthe Morisot
Berthe MORISOT 
Le Piano, 1888 
Collection particulière

Le musée Marmottan Monet présente ainsi du 13 février au 6 juillet 2014 une exposition intitulée : Les Impressionnistes en privé. Cent chefs-d'oeuvre de collections particulières, réunissant exclusivement des œuvres en provenance de collections particulières. L’historienne de l’art, Claire Durand-Ruel Snollaerts et Marianne Mathieu, adjointe au directeur du musée Marmottan Monet chargée des collections, assurent le commissariat de cette exposition.

Cinquante prêteurs se sont associés avec enthousiasme à ce projet et ont accordé des prêts en provenance de France, des Etats-Unis, du Mexique, de Suisse, de Grande-Bretagne et d’Italie. Cette exposition offre l’opportunité unique au public de découvrir des tableaux pour la plupart jamais vus. Une centaine de chefs-d’œuvre impressionnistes constituent un ensemble d’exception. Quatre-vingt peintures et une vingtaine d’œuvres graphiques par Jean-Baptiste-Camille Corot, Eugène Boudin, Johan Barthold Jongkind, Edouard Manet, Frédéric Bazille, Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir, Edgar Degas, Camille Pissarro, Alfred Sisley, Gustave Caillebotte, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Paul Cézanne, Mary Cassatt, Eva Gonzalès et Auguste Rodin permettent de retracer une histoire de l’impressionnisme à travers des œuvres inédites. 

Armand Guillaumin
Armand GUILLAUMIN 
Quai de la Rapée, 1873 
Collection particulière

Le parcours de l’exposition présente d’abord les prémices de l’impressionnisme. Il continue avec son éclosion vers 1874, puis avec les années 1880-1890 quand le groupe des impressionnistes se disloque pour laisser place au génie créatif de chacun de ses membres. Enfin, l’œuvre ultime de maîtres tels Pierre-Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley et Claude Monet, qui, par bien des égards se situe au-delà de l’impressionnisme, ouvre une fenêtre sur l’art moderne et clôt la manifestation.  

L’accrochage, chronologique, commence par des paysages de Jean-Baptiste-Camille Corot, Johan Barthold Jongkind et Eugène Boudin, dont, de ce dernier, La Plage de Bénerville, d’un format hors du commun.  Le Bar aux Folies Bergères d’Édouard Manet d’une part, et La Terrasse à Méric de Frédéric Bazille d’autre part concluent cette première partie. Chaque impressionniste est ensuite représenté à travers une dizaine de peintures couvrant l’ensemble de sa carrière. 

Edgar Degas
Edgar DEGAS 
Mary Cassat au Louvre, 1879-1880 
Collection particulière

Sur les planches de Trouville, hôtel des Roches Noires de Claude Monet (1870), en passant par cette jeune inconnue portraiturée par Berthe Morisot en 1871,  une Meule de Camille Pissarro (1873)  ou Le Jardin de Maubuisson de Paul Cézanne (c. 1874), sont quelques exemples éblouissants de la section dévolue aux années 1870. 

Le Tournant du Loing à Moret d’Alfred Sisley (1886), Les Jeunes filles au bord de la mer d’Auguste Renoir (vers 1890), le double portrait de Pagans et le père de l’artiste d’Edgar Degas (vers 1895) ou Les Dahlias, le jardin du Petit-Gennevilliers de Gustave Caillebotte (1893), sont en revanche des travaux typiques de la fin du XIXème siècle. 

Auguste Renoir
Pierre-Auguste RENOIR 
Le chapeau épinglé, première planche, 1897 
Collection particulière

Paul CEZANNE 
Les grands baigneurs, Vers 1896-1898 
Collection particulière

A côté de ces toiles, l’exposition dévoile deux exceptionnelles sculptures, La Petite danseuse de 14 ans par Edgar Degas et Le Penseur, en terre cuite, d’Auguste Rodin, représentatifs d’une sélection digne des plus grands musées.

Cette exposition, unique et incontournable, témoigne de la présence et de l’engouement toujours vifs des maîtres impressionnistes au sein des collections privées.

MUSEE MARMOTTAN MONET 
2 rue Louis-Boilly - 75016 Paris
www.marmottan.fr 

06/12/13

Expo Caillebotte à Yerres -Essonne-91- à la Propriété Caillebotte

Caillebotte à Yerres, au temps de l'impressionnisme 
Propriété Caillebotte, Yerres, Essonne - 91
5 avril - 20 juillet 2014


GUSTAVE CAILLEBOTTE
Pêche à la ligne, 1878 
Huile sur toile - 157 x 113 cm 
Collection particulière

A 20 minutes de Paris, Yerres, l’autre capitale de l’impressionnisme

Pour la première fois, près de 40 chefs d’œuvre de Gustave Caillebotte vont être présentés dans sa propriété yerroise, où ils ont été peints. Ce grand rendez-vous de l’impressionnisme est d’autant plus exceptionnel, que ces œuvres n’ont, pour la plupart, jamais ou très peu été exposées au public.

Les plus grands musées du monde se sont associés à cet évènement culturel majeur de l’année 2014. Ainsi, près de 40 tableaux issus des collections de la National Gallery de Washington, du Art Museum de Milwaukee, de l’Indiana University Art Museum de Bloomington, du Musée des Beaux-Arts de Rennes et des Musées d’Orsay et Marmottan Monet à Paris seront présentés aux côtés des œuvres prêtées par la famille même de l’artiste et par des collectionneurs privés. 

GUSTAVE CAILLEBOTTE 
Baigneurs, bords de l’Yerres, 1878 
Huile sur toile 157 x 117 cm 
Collection particulière 

GUSTAVE CAILLEBOTTE 
Périssoires sur l’Yerres, 1878 
Huile sur toile 157 x 113 cm 
Musée des Beaux-Arts, Rennes

La propriété Caillebotte, foyer de l’impressionnisme

Gustave Caillebotte a 12 ans lorsque ses parents s’installent dans la propriété yerroise qui sera leur résidence d’été. De 1875 à 1879, il peindra quelques-uns de ses tableaux les plus importants dans cette propriété familiale où l’on trouve une maison de maître, de nombreuses dépendances, un grand parc longeant la rivière, des fabriques et un potager.

Ce lieu a été fondamental dans l’inspiration de l’artiste, lui offrant aussi bien des motifs à peindre avec le parc, la rivière, le potager que des sujets de composition avec l’activité des canotiers et les loisirs de la rivière. C’est à ce moment que se définit le style de Caillebotte, fait de sujets modernes représentés d’une façon nouvelle et qui l’ont fait devenir l’un des peintres impressionnistes les plus originaux.

GUSTAVE CAILLEBOTTE 
Allée dans le parc, Yerres

GUSTAVE CAILLEBOTTE 
Jardin à Yerres

Les tableaux qu’il a réalisés dans la propriété familiale d’Yerres constituent une partie essentielle de la révolution artistique apportée par les impressionnistes. Ce sont ces oeuvres qui seront montrées, à Yerres, sur les lieux mêmes qui les ont inspirés et où ils ont été peints.

La propriété appartient depuis 1973 à la commune d’Yerres, qui l’a entièrement restaurée et lui a ainsi permis de retrouver son aspect du temps de Caillebotte avec sa grande maison blanche ornée de colonnades, appelée le Casin, sa ferme, dite « Ferme Ornée » qui sert de lieu d’exposition, son orangerie, sa glacière, son potager et le parc de 11 hectares bordé par la rivière.

La Propriété est inscrite à « l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques » et labellisée en 2012 « Maison des Illustres » par le ministère de la Culture.

GUSTAVE CAILLEBOTTE 
Yerres, sur l’étang : nymphéas

Le mot du commissaire de l’exposition, Serge Lemoine, Professeur émérite à la Sorbonne et Ancien président du Musée d’Orsay

L’exposition qui va se tenir dans la « Ferme Ornée » de la Propriété Caillebotte montrera une quarantaine de tableaux de l’artiste, notamment le très célèbre triptyque peint en 1878, composé de Pêche à la ligne, Baigneurs, bords de l’Yerres et Périssoires sur l’Yerres, qui symbolise tout l’art du peintre et traduit sa philosophie. On y admirera également Partie de Bateau (dit aussi Canotier au chapeau haut de forme) dans sa pose inoubliable, de nombreuses vues du parc et du potager. L’exposition permettra aux visiteurs de se rendre ensuite dans tous les endroits de la propriété et au bord de l’eau pour y voir les motifs et sujets qui ont été peints par l’artiste. La Propriété Caillebotte à Yerres est l’équivalent de l’atelier de Monet avec son jardin à Giverny : elle est un haut-lieu de l’impressionnisme que la ville d’Yerres a entrepris de faire connaître et de révéler au public.

Propriété Caillebotte
8, rue de Concy - 91330 Yerres (Essonne - 91)
En RER D à 20 minutes de Gare de Lyon
www.yerres.fr

29/06/13

Expo Impressionnistes, MBA Caen : Un été au bord de l’eau : loisirs et impressionnisme

Un été au bord de l’eau : loisirs et impressionnisme
Musée des Beaux-Arts de Caen
Jusqu'au 29 Septembre 2013

C'est l'une des plus grandes expositions de l'été 2013. Il suffirait pour s'en convaincre de jeter un coup d'oeil à la liste des artistes exposés (reproduite en fin de post) pour s'en convaincre. Les artistes impressionnistes ont bouleversé la peinture, et l'art en général, en la faisant entré dans la modernité. Et cette exposition au musée des Beaux-Arts de Caen nous les présente sur un de leur thème de prédilection. Un vrai bonheur.

Parmi les grandes mutations dont le 19e siècle fut témoin, le prodigieux essor des villégiatures et des loisirs de plein air est un phénomène qui concerne également l’histoire de l’art. Toute une société, qui se déplace volontiers en train, part à la conquête de nouveaux territoires : la côte, la plage, la mer… La Normandie mais bien d’autres régions également, vont prendre une part essentielle à cet engouement. Pour la première fois l’atelier du peintre quitte la ville, se transposant dans la nature même, signe marquant et prometteur. Désormais, avec les Impressionnistes, le sujet des tableaux ne se trouve plus dans les livres ou dans l’imaginaire des peintres mais au cœur de la réalité et de la vie, dans ces territoires nouvellement conquis, ces lieux de détente et de loisirs qu’offrent en si grand nombre les bords de l’eau.

L’exposition Un été au bord de l’eau : loisirs et impressionnisme décline son propos en quatre chapitres qui illustrent les différents modes d’exploration de ces thèmes par le peintre, depuis les scènes de plage, les paysages de bord de mer et leurs infinies variations atmosphériques, jusqu’à l’incursion des corps dévêtus dans un paysage marin ; devenus sujets exclusifs d’étude du peintre, ces corps solaires consacrent la métamorphose du nu académique, conjuguant tradition et modernité.

Les impressionnistes sur le sable

La plage devient naturellement un espace privilégié par les premiers vacanciers à la découverte des plaisirs de la mer. Sous le Second Empire, les villages de pêcheurs deviennent en quelques années de mondaines stations balnéaires, voyant apparaître riches villas et luxueux hôtels. A la recherche de dépaysement et de pittoresque, les vacanciers s'appliquent paradoxalement à reconstituer la société parisienne sur les plages normandes qui deviennent bientôt le « boulevard d'été de Paris ». 

MARY CASSATT
Enfants jouant sur la plage, 1884
Huile sur toile ; 97,4 x 74,2 cm
Washington, National Gallery of  Art, Alisa Mellon Bruce Collection
© National Gallery of Art, Washington

PAUL-CESAR HELLEU
Madame Helleu lisant sur la plage, 1896
Huile sur toile ; 81 x 65 cm
Bayonne, Musée Bonnat-Helleu, legs Howard-Johnston 2009
© Musée Bonnat-Helleu, Bayonne / photo A. Vaquero

JOAQUIN SOROLLA
Instantanea, Biarritz, 1906
Huile sur toile ; 62 x 93,5 cm
Madrid, Musée Sorolla
© Fondation Museo Sorolla, Madrid

Lors de leurs séjours, Edouard Manet, Claude Monet, Berthe Morisot, Edgar Degas, vont réaliser des scènes de plages suggestives, conçues comme des esquisses libres et spontanées. Sous l'influence de Boudin, Claude Monet peint les plages de Trouville et de Sainte-Adresse, inaugurant un genre enrichi par les expériences de Manet à Boulogne ou Gauguin en Bretagne… Cette séquence évoquera aussi les peintres réalistes et descriptifs tels Prinet, Blanche, Helleu, qui mènent aux interprétations lumineuses de Maurice Denis, séduisant metteur en scène de sa famille lors de ses séjours réguliers à Perros-Guirec. Gardons-nous aussi d’oublier les importantes contributions des peintres étrangers tels que Kroyer, Liebermann, et l’espagnol Joaquin Sorolla…

Les impressionnistes et le spectacle de l’eau
Sous l’effet du tourisme, la côte se transforme et les plages se couvrent de cabines de bain, abri indispensable pour se préparer à affronter les vagues. On se baigne et on se promène vêtu, avec une ombrelle, par décence mais aussi parce que le teint clair demeure la fierté des classes aisées. Les peintres plantent leur chevalet le long des promenades ou directement sur la plage, à l’affut de sensations nouvelles. On a retrouvé du sable dans la pâte des tableaux de Monet. Le genre qu’est devenue la marine se régénère avec la présence de promeneurs en quête de panoramas dégagés. La promenade en mer offre des points de vue inédits, certains peintres comme Monet ou Bonnard, représentent des scènes depuis les embarcations elles-mêmes.

BERTHE MORISOT
Vue du petit port de Lorient, 1869
Huile sur toile ; 43,5 x 73 cm
Washington, National Gallery of Art, Alisa Mellon Bruce Collection
© National Gallery of Art, Washington

Les impressionnistes : Barques et voiles

Simples barques, voiliers, yachts, vont captiver les peintres, pour eux-mêmes mais surtout pour les activités qu’ils permettent, courses, régates, promenades. L’installation de Monet à Argenteuil, au bord de la Seine, en 1871, est décisive ; les nombreux artistes qui le rejoignent vont offrir à l’impressionnisme l’un de ses chapitres les plus créatifs. 

FRANCOIS BOCION
La promenade devant Chillon, 1868
Huile sur bois ; 29,5 x 45 cm
Lausanne, Fondation de soutien à l’Hermitage, Don du Dr Michel Bugnion, 2000
© Fondation de l’Hermitage, Lausanne / photo Arnaud Conne, Lausanne

CLAUDE MONET
Voiliers en mer, 1868
Huile sur toile ; 50 x 61 cm
Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Legs de Mlle Edwige Guyot
© Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne / photo J-C. Ducret

JOHN SINGER SARGENT 
Deux femmes endormies dans une barque sous les saules, 1887
Huile sur toile ; 58 x 68,5 cm
Lisbonne, Museu Calouste Gulbenkian
© Musée Calouste Gulbenkian / photo Catarina Gomes Ferreira

Les impressionnistes au bain… A l'eau !

Cette dernière section, point d'orgue de l'exposition, rassemblera de grandes illustrations du thème, aux compositions souvent ambitieuses. Cette séquence nous éloignera des rivages normands, rappelant que l’Impressionnisme possède un volet méditerranéen. En cherchant la confrontation avec le grand genre et sa tradition séculaire, les peintres s’approprient le traitement académique du nu pour le transcender et peindre les corps en pleine lumière, sous le soleil, au sein d'une nature triomphante. On retrouve là Frédéric Bazille, Edgar Degas avec ses étranges Petites paysannes se baignant à la mer vers le soir, baigneuses nues privées de toute inhibition, Georges Seurat (remarquable série d’ébauches pour son chef-d’œuvre, Baignade à Asnières), Henri-Edmond Cross, un inattendu Frantisek Kupka, et bien sûr Auguste Renoir, Paul Cézanne, les plus assidus dans ce genre. Tous deux s’efforcent de placer la figure au centre de leur pensée et de leur esthétique: plénitude solaire et voluptueuse chez Renoir, recherches de structures et de rythmes chez Cézanne. Souvenons-nous qu’avec ses séries des Baigneurs, ce dernier allait marquer un jalon essentiel dans l’aventure de la modernité, passant magistralement le relais à Matisse, Picasso…

EDGAR DEGAS
Petites paysannes se baignant à la mer, vers le soir, 1875-1876
Huile sur toile ; 65 x 81 cm 
Collection privée 
© Photography Bryan Rutledge B.A.

FREDERIC BAZILLE
Pêcheur à l’épervier, 1868
Huile sur toile ; 134 x 83 cm 
Arp Museum Bahnhof  Rolandsec, collection Rau pour l’UNICEF
© Collection Rau pour l’UNICEF / photo Peter Schälchli, Zurich

AUGUSTE RENOIR
Baigneuse aux cheveux longs, Vers 1895
Huile sur toile ; 82 x 65 cm
Paris, musée de l’Orangerie
© Rmn-Grand Palais / Franck Raux 

Catalogue de l’exposition
22 x 28 cm, 144 pages, 100 illustrations, broché 
Editions de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Paris 2013

Sommaire du catalogue de l'exposition : 

Essais 
L’atelier du peintre, par André Rauch, professeur émérite de l’Université de Strasbourg
Plages impressionnistes : sujet moderne et tradition, par Sylvie Patry, conservateur en chef du patrimoine, musée d’Orsay
Salons… avec vue sur les plages, par Dominique Lobstein, historien de l’art, ancien responsable de la Bibliothèque du Musée d’Orsay
Oeuvres exposées, catalogue établi par : 
Patrick  Ramade,  commissaire  de  l’exposition  et  directeur  du  Musée  des  Beaux-Arts  de  Caen 
Alice Gandin, conservateur du Patrimoine, Musée de Normandie, Caen 
Christophe Marcheteau, attaché de conservation, Musée des Beaux-Arts, Caen 
    Prélude
    Sur le sable
    Le spectacle de l’eau
    Barques et voiles
    A l’eau !
    Epilogue
Notes
Liste des œuvres exposées
Bibliographie

Commissaire de l'exposition : Patrick Ramade, Directeur du musée des Beaux-Arts de Caen

Liste des peintres exposés :
Louise Abbéma (Etampes, 1853 - Paris, 1927)
Charles Théophile Angrand (Criquetot-sur-Ouville, 1854 - Rouen, 1926)
Frédéric Bazille (Montpellier, 1841 - Beaune-la-Rolande, Loiret, 1870) 
Jacques-Emile Blanche (Paris, 1861 - Offranville, 1942)
François Bocion (Lausanne, Suisse, 1818 - Lausanne, 1890) 
Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867 - Le Cannet, 1947)
Eugène Boudin (Honfleur, 1828 - Deauville, 1898)
Mary Cassatt (Allegheny City, Etats-Unis, 1844 - Mesnil-Théribus, 1926)
Paul Cézanne (Aix-en-Provence, 1839 - Aix-en-Provence, 1906) 
Henri-Edmond Cross (Douai, 1856 - Saint-Clair, 1910) 
Edgar Degas (Paris, 1834 - Paris, 1917) 
Maurice Denis (Granville, 1870 - Saint-Germain-en-Laye, 1943)
Louis-Alexandre Dubourg (Honfleur, 1821 - Honfleur, 1891)
Ernest-Ange Duez (Paris, 1843 - Bougival, 1896)
Paul Gauguin (Paris, 1848 - Atuona, îles Marquises, 1903)
Paul-César Helleu (Vannes, 1859 - Paris, 1927)
Peder Severin Krøyer (Stavanger, Norvège, 1851 - Skagen, Danemark, 1909) 
František Kupka (Opočno, République Tchèque, 1871 - Puteaux, 1957)
Lucien Laurent-Gsell, dit Laurent-Gsell (Paris, 1860 - Paris, 1944) 
Eugène-Modeste-Edmond Poidevin, dit Le Poittevin (Paris, 1806 - Auteuil, 1870)
Max Liebermann (Berlin, Allemagne, 1847 - Berlin, 1935)
Edouard Manet (Paris, 1832 - Paris, 1883)
Henri Matisse (Cateau-Cambrésis, 1869 - Nice, 1954)
James Abbott Mc Neill Whistler (Lowell, Etats-Unis, 1834 - Londres, Royaume-Uni 1903)
Claude Monet (Paris, 1840 - Giverny, 1926)
Berthe Morisot (Bourges, 1841 - Paris, 1895)
Charles Mozin (Paris, 1806 - Trouville-sur-Mer, 1862)
Edward Henry Potthast (Cincinnati, Etats-Unis, 1857 - New York, 1927)
René-Xavier Prinet (Vitry-le-François, 1861 - Bourbonne-les-Bains, 1946)
Pierre-Auguste Renoir (Limoges, 1841 - Cagnes, 1919) 
John Singer Sargent (Florence, Italie, 1856 - Londres, Royaume-Uni, 1925) 
Georges Seurat (Paris, 1859 - Paris, 1891) 
Joaquín Sorolla y Bastida (Valence, Espagne, 1863 - Cercedilla, 1923)
Carl Spitzweg (Unterpfaffenhofen, Allemagne, 1808 - Munich, 1885)
Alfred Stevens (Bruxelles, Belgique, 1923 - Paris, 1906)
Félix Valloton (Lausanne, Suisse, 1865 - Neuilly, 1925) 
Théo van Rysselberghe (Gand, Belgique, 1862 - Saint-Clair, 1926)
Jacques-Emile Villon (Damville, 1875 - Puteaux, 1963)
Otto von Thoren (Vienne, Autriche, 1828 - Paris, 1889)
Jens Ferdinand Willumsen (Copenhague, Danemark, 1863 - Cannes, 1958)

Un été au bord de l’eau : loisirs et impressionnisme est organisée par la Ville de Caen / Musée des Beaux-Arts de Caen et la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Paris, dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste. Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / Direction générale des patrimoines / Service des musées de France. 

Horaires : tous les jours de 10h à 18h.

Musée des Beaux-Arts de Caen
Le Château, 14000 Caen
Site internet : www.mba.caen.fr

29/09/10

Exposition Monet-Rodin au Musée Rodin, Paris

Monet-Rodin. Rien que vous et moi
Musée Rodin, Paris

Commissariat général : Dominique Viéville
Commissaires de l’exposition : Nadine Lehni et Véronique Matiussi
1er octobre 2010 - 30 janvier 2011



En marge de la rétrospective qui sera consacrée à Monet à l’automne 2010 au Grand Palais, le musée Rodin propose une exposition-dossier à partir d’un des chefs-d’oeuvre de ses collections : la peinture représentant Belle-Île, par CLAUDE MONET.

Photographie de Claude Monet par Adolphe Braun Photographie de Claude Monet par Adolphe Braun
Courtesy Musée Rodin, Paris

Claude Monet, Belle-Ile-en-Mer
CLAUDE MONET, Belle-Ile-en-Mer
Courtesy Musée Rodin, Paris

Cette peinture fut probablement donnée vers 1888 par le peintre à AUGUSTE RODIN, en remerciement ou en échange de La Jeune Mère à la grotte que le sculpteur venait de lui offrir.

Deux ans auparavant, à l’automne 1886, CLAUDE MONET s’était isolé durant dix semaines pour peindre la côte rocheuse de Belle-Ile luttant alternativement contre le soleil, le vent, la pluie et les tempêtes pour réaliser en un travail déjà sériel et d’une grande virtuosité, trente-neuf toiles de cette falaise sauvage. Le plus grand des impressionnistes et le sculpteur le plus célèbre de son temps partagent un réel attachement à la nature qui les unit dans cette quête vers un même idéal artistique. Leurs rencontres lors des célébrations officielles et mondaines ou plus intimes, dans la campagne de Giverny sont régulières. Cette exposition-dossier évoque à travers quelques plâtres, manuscrits et autres documents la relation particulièrement riche et longue entre les deux hommes dont l’exposition commune en 1889, à la galerie Georges Petit constitue un événement marquant. Ensemble mais sur l’initiative de Monet, ils contribuèrent à l’organisation de cette exposition retentissante, qui allait célébrer, avant l’heure, ces deux précurseurs. Désormais en possession des clés pour établir leurs propres règles ils allaient explorer certaines des voies les plus fécondes, à l’origine de la modernité.

« Ils devaient se grouper. L’un semble compléter l’autre – écrivait-on dans la presse au lendemain du vernissage – Rodin ne pouvait trouver de meilleur cadre à sa sculpture que la peinture de Claude Monet… A première vue, on voit que les deux artistes ne relèvent que d’eux-mêmes. On est bien réellement chez eux, et la nature y est bien chez elle. C’est à elle seule qu’ils se sont adressés, bannissant impitoyablement toute réminiscence étrangère. Résultat : étonnement, nouveauté, originalité… Ce qu’ils ont trouvé, c’est la vie. »

Catalogue de l’exposition : Editions du musée Rodin / Flammarion

Commissariat général
Dominique Viéville, Conservateur général du patrimoine, Directeur du musée Rodin

Commissaires de l’exposition
Nadine Lehni, Conservateur en chef chargée des dessins et des peintures
Véronique Matiussi, Service de la recherche, de la documentation, de la bibliothèque et des archives, Adjointe au responsable de service

Musée Rodin, Paris
www.musee-rodin.fr

30/06/10

Monet, Pissarro et Gauguin à Rouen - Exposition au Musée des Beaux Arts de Rouen

Une ville pour l’Impressionnisme  : 
Monet, Pissarro et Gauguin à Rouen
Musée des Beaux-Arts de Rouen
Commissariat  : Laurent Salomé, Directeur des musées de Rouen
Jusqu’au 26 septembre 2010

Le rôle joué par Rouen dans l’histoire de l’art à la fin du XIXe siècle est considérable. Si la ville n’a cessé d’attirer les artistes depuis la Renaissance, la fascination qu’elle exerce atteint son apogée à l’époque impressionniste, alors que se mêlent les prestiges de son essor industriel, de son site spectaculaire et de son patrimoine architectural intact. Cette ville que Camille Pissarro trouve « aussi belle que Venise » devient dès lors un lieu emblématique de la peinture moderne.

Une centaine de chefs-d’oeuvre de Claude Monet, Paul Gauguin, Camille Pissarro et d’autres grands peintres de la fin du XIXe siècle, sont réunis pour explorer l’un des derniers grands thèmes de l’histoire de l’impressionnisme qui n’ait pas fait l’objet d’une exposition  : la cité normande comme laboratoire de la nouvelle peinture, entre agitation urbaine et ruralité, vieilles pierres et industrie galopante, le tout vibrant des reflets de la Seine.

Une destination pour les peintres voyageurs du XIXe siècle

Bénéficiant d’une situation privilégiée sur la Seine, entre Paris et la côte normande, Rouen est une ville prisée par les paysagistes dès le début du XIXe siècle. L’exemple donné par le peintre anglais Richard Parkes Bonington, dont le style résolument moderne s’exprime dans des œuvres aux qualités atmosphériques saisissantes, a profondément changé l’appréhension du paysage par les peintres français. Ayant parcouru la Normandie à ses côtés, Paul Huet, initiateur du paysage romantique, offre des vues de la campagne rouennaise en rupture avec le courant classique, tandis que Jean-Baptiste Camille Corot privilégie lui aussi le travail sur le motif et sur la lumière. Considéré par beaucoup comme « le premier des impressionnistes », Johan Barthold Jongkind livre également des vues de Rouen marquées par un sens aigu de la lumière et une recherche manifeste de l’effet pur. C’est néanmoins avec Joseph Mallord William Turner que Rouen devient un motif d’étude à part entière, ce dont témoigne un grand nombre d’esquisses et d’aquarelles. Non seulement les oeuvres qu’il réalisa sur les bords de la Seine lui valurent ensuite l’admiration de Claude Monet et Camille Pissarro, mais on note aussi que les Cathédrales de Monet ne sont pas sans évoquer les vues de cet illustre prédécesseur.

Une ville sur l’eau : reflets impressionnistes

Installée dans une boucle de la Seine, Rouen offrait aux peintres de nombreux motifs à explorer. La Seine, d’abord, devient le motif même de nombreuses toiles  ; à l’image de Claude Monet lors de son premier séjour en 1872 ou de Camille Pissarro en 1883, l’attention des peintres se porte principalement sur le fleuve, animé parfois des tours de la cathédrale gothique et de grands voiliers. La Seine se prête en outre à des études d’atmosphère particulièrement prisées par les peintres de la mouvance impressionniste ; Armand Guillaumin devait développer à Rouen un art du paysage teinté d’un certain romantisme, manifeste notamment dans les représentations enneigées des rives du fleuve. C’est ensuite l’effervescence du port que les peintres mettent à l’honneur dans leurs toiles. Claude Monet et Camille Pissarro certes, mais encore Albert Lebourg, se sont attachés à rendre compte de l’industrialisation de la ville. Enfin cette silhouette même de « ville aux cent clochers » se prêtait particulièrement bien aux variations impressionnistes ; quelques sites de la ville, particulièrement pittoresques, à l’image de la Rue de l’Épicerie, ont plus particulièrement retenu l’attention des artistes.

Une ville au coeur de la campagne normande

La campagne rouennaise offrait également aux peintres de nombreux motifs propres à stimuler leurs recherches esthétiques d’un nouveau genre. Parmi d’autres, Charles Angrand fut l’un de ces peintres de plein air qui mirent la lumière au cœur de leurs œuvres. De façon plus significative encore, la parenthèse rouennaise de Paul Gauguin, en 1884, est à l’origine d’une trentaine de tableaux, parmi lesquels une majorité de paysages. Dans ces vues peintes au rythme des saisons, de janvier à novembre, Paul Gauguin réalise des œuvres impressionnistes denses et équilibrées, dans lesquelles se lisent les influences conjointes de Paul Cézanne et de Camille Pissarro. De même, Alfred Sisley, qui séjourne chez François Depeaux en 1894, met à profit la proximité immédiate de l’eau et d’une végétation luxuriante pour traduire dans une gamme très diversifée d’effets colorés la richesse de la nature normande.

Rouen, objet de séries d’oeuvres

La série des Cathédrales de Rouen par Claude Monet constitue l’un des sommets de l’impressionnisme. Mené en deux campagnes distinctes dont les détails sont bien connus, ce travail est une étape majeure dans la disparition du motif, certes toujours identifié mais dissout dans l’étude atmosphérique. Chaque jour, le peintre, qui mène plusieurs toiles de front, se trouve confronté à d’importantes difficultés, inhérentes au motif lui-même, cette dentelle de pierre gothique animée de jeux de lumière en perpétuel mouvement. Ce sont incontestablement ces œuvres, dont la juxtaposition est saisissante, qui ont fait de Rouen un motif significatif de modernité et un jalon important de l’histoire de l’art.

C’est à Rouen, en 1896, que Camille Pissarro lança ses premières vraies séries de paysages urbains. L’influence picturale de Claude Monet joua probablement un rôle dans le choix de Rouen, que Camille Pissarro arpenta en 1895 juste après la présentation de la série des Cathédrales à la Galerie Durand-Ruel. A son tour, il produit en tout trente-huit vues de la ville en 1896, dix-neuf en 1898, caractérisées par une large touche et une rapidité d’exécution inédite. Pour la première fois, toutes les oeuvres de la série sont centrées autour de la Seine, sujet éminemment pictural autant que poétique.

Un attachement durable des artistes à Rouen 

La permanence des motifs impressionnistes caractérise un large pan de la production picturale des années 1890-1920. Qu’il s’agisse de Charles Angrand, de Paul Signac ou de Raoul Dufy, nombreux sont les peintres à s’installer à Rouen, pour une période plus ou moins longue, mais toujours pour s’approprier à leur tour un site peint par d’illustres aînés. Le fleuve, les ponts qui le traversent et le port qui l’anime, ainsi que la ville et ses clochers, restent au début du XXe siècle des sources d’inspiration fécondes. On peut lier à cet attachement le développement spectaculaire de « l’école de Rouen »  : les « mousquetaires » (Charles Angrand, Charles Frechon, Joseph Delattre, Léon-Jules Lemaître), ont produit dès les années 1880 un certain nombre d’authentiques chefs-d’œuvre, et la génération suivante apporte d’autres grandes figures, dominées par Robert Antoine Pinchon qui, après une période fauve au tournant du siècle, prolongent le rayonnement de l’impressionnisme au-delà de la première guerre mondiale.

Musée des Beaux-Arts de Rouen
4 juin - 26 septembre 2010