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29/08/25

Alina Szapocznikow @ Musée de Grenoble - Exposition "Alina Szapocznikow. Langage du corps"

Alina Szapocznikow
Langage du corps 
Musée de Grenoble
20 septembre 2025 - 4 janvier 2026

Alina Szapocznikow
Alina Szapocznikow. Langage du corps
Courtesy Musée de Grenoble

Aujourd’hui considérée comme l’une des artistes majeures du XXe siècle, Alina Szapocznikow (1926 à Kalisz, Pologne – 1973 à Paris, France) a rarement fait l'objet d'expositions dans son pays d’adoption, la France. Le musée de Grenoble présente, en partenariat avec le Kunstmuseum Ravensburg, un parcours de près de 150 oeuvres réalisées entre 1947 et 1973. L’exposition Alina Szapocznikow. Langage du corps permet d’appréhender toute la carrière de l’artiste en mettant l’accent sur la période de maturité des années 1960-70. Dans son oeuvre, mêlant érotisme et traumas, le corps est le principal sujet d’inspiration. Sculptrice, elle s’attelle à toutes sortes de matériaux, aussi bien classiques, que plus novateurs, résine de polyester et mousse de polyuréthane. Héritière du Surréalisme, contemporaine des artistes du Nouveau Réalisme, elle contribue avec indépendance, en seulement deux décennies, au renouveau de la sculpture.

Troublante, bizarre, baroque, existentielle, informe et érotique, l’oeuvre de la sculptrice polonaise Alina Szapocznikow, longtemps incomprise, échappe à la classification. Consacrant son oeuvre au corps, elle exprime à travers lui tant la puissance de l’érotisme que la fragilité de nos existences. L’exposition se déployant en 15 salles se subdivise en deux parties. La première est consacrée à ses années de création à Prague (1945-1951) et en Pologne (1951-1962). La deuxième est dédiée à celles passées dans le Paris des années 1960 entre 1963 et 1973.

Juive, Alina Szapocznikow survit, adolescente, à la Shoah et à sa détention dans les camps de concentration. Après la Seconde Guerre mondiale, elle mêle un langage formel marqué à la fois par le modernisme tchèque, le Surréalisme et l’art informel, à l’esthétique du Réalisme socialiste, répond à des commandes publiques, et donne corps à des créations marquées par une forme d’existentialisme.

Alina Szapocznikow réalise l’essentiel de son oeuvre de maturité en France où elle s’installe définitivement en 1962. Avec son mari le graphiste Roman Cieslewicz, elle s’attelle à déconstruire la figure humaine. Le corps fragmenté devient le coeur de sa production sculpturale et graphique. Inventant une forme de grammaire érotique, une mythologie personnelle où le désir côtoie la mort, l’artiste conjure ses peurs, exorcise ses traumatismes. A travers ses Lampes-bouches, la série des Desserts et des Ventres-coussins, elle développe une production en série formée de fragments corporels sensuels et troublants, interrogeant la place de la femme dans la société des années 1960. Son intérêt pour l’informe et le hasard s'incarne aussi dans l’ensemble des Photosculptures (1971) dans lesquelles des chewing-gums mastiqués par l’artiste elle-même sont photographiés comme des sculptures traditionnelles. 

A partir de 1969, atteinte d’un cancer du sein, Alina Szapocznikow, se focalise sur la mémoire, les traumas et la finitude dans sa série Souvenirs (1970-1971) puis dans celle des Tumeurs (1969-1972). Constituées de résine, de photographies froissées, de journaux et de la gaze, ces oeuvres évoquent la maladie. Elles témoignent aussi de l’inébranlable courage et de la vitalité artistique qui n’ont cessé d’animer l’artiste.

Par la singularité comme par l’érotisme qui imprègne son oeuvre, l’artiste a été comparée à Louise Bourgeois et à Eva Hesse. Il s’agit de mettre en lumière l’oeuvre d’une femme artiste pionnière longtemps négligée par l’histoire de l’art.

COMMISSARIAT

MUSÉE DE GRENOBLE
Commissariat général : Sébastien Gokalp, directeur du musée de Grenoble
Commissariat scientifique : Sophie Bernard, conservatrice en cheffe pour l'art moderne et contemporain du musée de Grenoble

KUNSTMUSEUM RAVENSBURG
Commissaires
Ute Stuffer, directrice du Kunstmuseum Ravensburg
Ursula Ströbele, Professeur d’histoire de l’art, HBK, Braunschweig

MUSÉE DE GRENOBLE
5 place Lavalette - 38000 Grenoble 

09/02/25

Exposition Modigliani / Zadkine @ Musée Zadkine, Paris - "Modigliani / Zadkine. Une amitié interrompue" - Présentation de l'exposition + catalogue

Modigliani / Zadkine
Une amitié interrompue
Musée Zadkine, Paris
14 novembre 2024 - 30 mars 2025

Amedeo Modigliani 
Cariatide, vers 1913-1914 
Dessin (graphite, lavis d’encre, pastel)
Paris, musée d’Art Moderne de Paris

Amedeo Modigliani 
La Bourguignonne, 1918 
Huile sur toile 
Collection particulière

Cette exposition au Musée Zadkine est la première à s’intéresser à une amitié artistique jamais explorée jusqu’alors, celle qui unit le sculpteur Ossip Zadkine au peintre Amedeo Modigliani

A travers près de 90 oeuvres, peintures, dessins, sculptures mais également documents et photographies d’époque, elle propose de suivre les parcours croisés de Modigliani et Zadkine, dans le contexte mouvementé et fécond du Montparnasse des années 1910 à 1920. Bénéficiant de prêts exceptionnels de grandes institutions - le Centre Pompidou, le musée de l’Orangerie, les musées de Milan, Rouen et Dijon - ainsi que de prêteurs privés, le parcours fait se confronter, comme au temps de leurs débuts artistiques, deux artistes majeurs des avant-gardes, et permet de renouer les fils d’une amitié interrompue. 

Ossip Zadkine rencontre Amedeo Modigliani en 1913 : les deux artistes, fraîchement débarqués à Paris, rêvent chacun de devenir sculpteurs et partagent alors le « temps des vaches maigres » comme l’écrira Zadkine dans ses souvenirs. Cette amitié, aussi brève que féconde sur le plan artistique, est interrompue par la Première Guerre mondiale. Modigliani abandonne la sculpture pour la peinture, sur le conseil de marchands. Zadkine s’engage comme brancardier en 1915, avant d’être gazé et d’entamer une longue convalescence. Les deux artistes se retrouvent brièvement au sortir de la guerre, avant que leurs voies ne divergent à nouveau. Modigliani connaît un succès croissant avec ses peintures, mais il meurt prématurément à 35 ans, en 1920, tandis que Zadkine entame une longue et fructueuse carrière de sculpteur. Zadkine n’oubliera pas Modigliani et conservera précieusement le portrait fait par son ancien camarade, dont la gloire posthume ne fait que croître, à tel point que « Modi » devient l’une des figures mythiques de l’art moderne. 

L'exposition se déroule en cinq parties :

Modigliani / Zadkine : des débuts à Paris sous le signe de la sculpture

L’exposition débute en présentant côte-à-côte une sélection d’œuvres de Modigliani et Zadkine réalisées entre leurs arrivées respectives à Paris – 1906 pour Modigliani, 1910 pour Zadkine – et les débuts de la Première Guerre mondiale. Lorsque Zadkine rencontre Modigliani en 1913, celui-ci s’adonne pleinement à la sculpture, depuis sa rencontre avec Brancusi en 1909. La parenté de leur quête artistique ne peut que rapprocher les deux artistes : tous deux veulent rompre avec l’esthétique académique et se tournent vers de nouveaux modèles, puisés dans l’Égypte ancienne, les arts khmers et africains. Modigliani cherche un type de visage idéal, à l’ovale accusé et aux yeux en amande dont Zadkine se souviendra encore dans les années 1920, lorsqu’il sculptera à son tour une magnifique série de têtes idéales. 

Modigliani / Zadkine : Une amitié interrompue (1918-1920)

Dessins et portraits peints de Modigliani, accompagnés d’une magnifique sélection de gouaches de Zadkine, illustrent ici les chemins divergents qu’empruntent Zadkine et Modigliani au sortir de la Première Guerre mondiale. La guerre met un terme brutal à l’amitié des deux artistes. Trop fragile pour s’engager, Modigliani est réformé et renonce définitivement à la sculpture, sur le conseil de son marchand Paul Guillaume. Zadkine s’engage dans la Légion étrangère : affecté à l’ambulance russe en 1915 comme brancardier, il est gazé en 1916, puis définitivement réformé en octobre 1917. Les chemins des deux artistes se croisent à nouveau brièvement à la fin de la guerre, avant la mort prématurée de Modigliani en janvier 1920. 

A Montparnasse, les affinités électives

Un magnifique ensemble de « portraits d’amitié » dessinés par Modigliani, met en scène les « Montparnos » que Zadkine et Modigliani fréquentèrent tous deux au temps de leur amitié, tels Max Jacob, Chana Orloff ou André Salmon. Modigliani était en effet célèbre pour les portraits qu’il croquait rapidement, à la terrasse des cafés, en échange d’un verre ou d’un café, ou simplement en gage d’amitié et de reconnaissance. Le portrait qu’il fit de Zadkine, l’un des chefs-d’œuvre de la collection, s’inscrit indubitablement dans cette veine et constitue l’un des fleurons de l’ensemble.

Zadkine et le mythe Modigliani

Ici, documents, films et photographies, témoignent de l’ampleur du « mythe Modigliani » et montrent la part active prise par Zadkine dans l’édification de la légende. La mort de Modigliani, emporté par une méningite tuberculeuse le 24 janvier 1920, constitue un traumatisme pour la communauté d’artistes installés à Montparnasse. Dès les années 1920, la légende s’empare de cet artiste au destin tragique. Ceux qui l’ont connu et admiré de son vivant, livrent tour à tour leur témoignage.

Zadkine ne fait pas exception : dès 1930, le sculpteur évoque son ami dans un numéro spécial dédié à Modigliani. Dans ses souvenirs, publiés un an après sa mort en 1967, Zadkine brosse un éloquent portrait, haut en couleurs, de « Modi » et apporte ainsi sa pierre à l’édification de la légende du « prince de Montparnasse ».

Pour évoquer cette amitié artistique, le plasticien Ange Leccia a choisi de réaliser un film, intitulé Adelia, Zadkine et Modigliani. Il met en scène une adolescente d’aujourd’hui en train de regarder des portraits photographiques des deux artistes, dont les images fantasmatiques se superposent et s’estompent, en écho à la légende qui entoure les deux artistes. 

Des extraits d’une émission de 1963 avec Blaise Cendrars et Ossip Zadkine évoquant leur jeunesse avec Modigliani viennent enrichir cette partie illustrant le mythe. 

Un temple pour l’humanité

Avec sa scénographie volontairement immersive et spectaculaire, la dernière partie met en scène le rapport qu’entretinrent chacun des deux artistes à l’architecture et au sacré, à travers le motif du Temple. Les têtes sculptées par Modigliani dans les années 1910 sont en effet conçues comme un ensemble décoratif devant s’intégrer dans un spectaculaire « temple de volupté » soutenu par des « colonnes de tendresse » (comme l’écrivait le marchand Paul Guillaume) qu’auraient symbolisé de souples femmes-cariatides. Ce motif de la cariatide, inlassablement dessiné par Modigliani est également repris à maintes reprises par Zadkine et donne lieu à certains chefs-d’œuvre du sculpteur, dont la réputation avant-guerre tient largement à ses grands bois sculptés, avatars modernes des divinités antiques. 

Modigliani / Zadkine vu par les artistes d’aujourd’hui

Afin d’ancrer le dialogue entre Modigliani et Zadkine dans l’actualité artistique, trois artistes ont été invités à contribuer au catalogue : Giuseppe Penone, qui possède dans sa collection personnelle une Cariatide attribuée à Modigliani, ainsi qu’Ange Leccia et Ivan Messac. 

COMMISSARIAT DE L'EXPOSITION

Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Zadkine
Thierry Dufrêne, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris Nanterre
Avec la collaboration d’Anne-Cécile Moheng, attachée de conservation au musée Zadkine

LE CATALOGUE DE L'EXPOSITION


Modigliani Zadkine
Une amitié interrompue
Edité par le Musée Zadkine et Paris Musées
L’ouvrage met l’accent sur l’amitié de deux artistes qui se sont croisés et influencés réciproquement dans le contexte mouvementé et fécond du Montparnasse des années 1910-1920, et prolonge cette évocation jusqu’à nos jours, par le regard de trois artistes contemporains. Sous la direction de Cécilie Champy-Vinas et Thierry Dufrêne. Avec les contributions de Diederik Bakhuÿs, Cécilie Champy-Vinas, Thierry Dufrêne, Flavio Fergonzi, Véronique Gautherin, Ange Leccia, Ivan Messac, Marianne Le Morvan, Maureen Murphy, Anne-Cécile Moheng, Giuseppe Penone. 16 x 24 cm, relié, 160 pages, 130 illustrations : 30 €
MUSÉE ZADKINE, PARIS
100 bis, rue d’Assas - 75006 Paris

Elsa Sahal @ Musée La Piscine, Roubaix - Exposition "Pool Dance"

Elsa Sahal : Pool Dance
Musée La Piscine, Roubaix
1er mars - 1er juin 2025
« J’ai adopté la terre tout de suite parce que c’est un matériau domestique, non autoritaire ; je n’aime pas la virtuosité technique, la séduction qu’elle exerce, la fascination de la maîtrise, qui freine la liberté. Le corps est inséparable de ce matériau. Comme si la terre était déjà du corps. »
Artiste confirmée, ELSA SAHAL (née en 1975) incarne le renouveau de la sculpture en céramique. Diplômée de l’Ecole des Beaux-arts de Paris, elle s’initie aux côtés de Georges Jeanclos (1933-1997) au modelage de la terre puis fréquente l’atelier du sculpteur suédois Erik Dietman (1937-2002) qui lui enseigne que l’art peut mêler humour et liberté d’expression.

L’artiste aime le travail de la terre, le côté laborieux et physique de ce matériau. Cette technique traditionnelle lui permet de multiples métamorphoses autour des thématiques du corps et du genre qui reviennent avec constance dans son parcours créatif. Elsa Sahal sculpte avec une grande liberté figurative des corps morcelés et hybrides assumant leur puissance érotique. Dans cette exploration intime et organique de l’anatomie des deux sexes, formes érectiles, seins multiples, jambes et fesses, associent des éléments tournés aux parties modelées.

L’histoire de la sculpture du XXe siècle a toujours nourri le travail d’Elsa Sahal. Initiée en 2015, la série des Pole Dance s’inspire des poses lascives et tournoyantes des adeptes de cette discipline aérienne autour d’une barre mais aussi de l’observation des Danseuses de Degas et des esquisses du sculpteur Auguste Rodin (1840-1917). Entre 1903 et 1912, ce dernier réalise une série de quatorze dessins et modelages en terre cuite de la danseuse et acrobate espagnole Alda Moreno.

Dans ce dialogue entre le présent et le passé, Elsa Sahal revisite le mythe grec de Léda et du cygne pour mieux le détourner. S’affranchissant du socle, ses Léda aux longs cous graciles et sinueux évoluent dans l’espace tels des acrobates en mouvement.

En écho au lieu, cette démonstration du travail de l’artiste sera enrichie de la sculpture Fontaine qui prendra place dans le bassin du musée et du grand bas-relief Eaux; enfin, le parcours est complété par la série plus récente des Maillots de bain.

Présentée dans l’écrin des cabines du musée, la sculpture décomplexée d’Elsa Sahal entre en parfaite résonance avec l’exposition  Rodin / Bourdelle. Corps à corps

Commissariat : Karine Lacquemant, conservatrice des collections arts-appliqués, La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent.

LA PISCINE, ROUBAIX
Musée d'art et d'industrie André Diligent

19/04/24

Exposition Richard Serra @ Galerie Lelong & Co., Paris - "Casablanca" - Suite de six oeuvres graphiques

Richard Serra : Casablanca
Galerie Lelong & Co., Paris
14 mars - 30 avril 2024

Richard Serra
RICHARD SERRA
Casablanca #1, 2022
Oilstick, encre et silice, 26 exemplaires. 152,4 × 167,6 cm
© Richard Serra. Courtesy Galerie Lelong & Co.

Depuis les années 80, la Galerie Lelong présente régulièrement à Paris l’œuvre gravé de Richard Serra, qui a constitué, d’années en années, un ensemble remarquable.

"Casablanca" (2022) est une suite de six œuvres graphiques réalisées en étroite collaboration avec le maître imprimeur Xavier Fumat à l’atelier Gemini G.E.L. de Los Angeles. Ces estampes sont spectaculaires par leur dimension et leur qualité plastique que l’on ne peut apprécier qu’en les voyant physiquement. L’artiste et l’atelier ont poussé à leur extrême limite ce que peut supporter une grande feuille épaisse presque entièrement recouverte de matière noire. Jouant sur papier avec l’idée de pesanteur et d’équilibre, ces gravures monumentales sont présentées dans un encadrement voulu par l’artiste, sans verre ni plexiglas ; les cinq premières mesurent 153 x 168 cm et la sixième 183 x 213 cm.

Plus que leur dimension, c’est leur matière exceptionnelle qui impressionne et même fascine. Très texturées, réalisées avec un mélange de bâton d’encre à l'huile appliqué à la main, d'encre pour gravure et de silice, elles sont, de la part d’un sculpteur, une autre face de l’expérience de l’"outrenoir" menée par le peintre Pierre Soulages.

Richard Serra a commencé à travailler à ce projet au début de l’année 2020, juste avant le premier confinement provoqué par la pandémie, qui a perturbé gravement l’activité de l’atelier. Le travail étant effectué par intermittence, les essais ont été expédiés à l’artiste à New York jusqu'à ce que le bon à tirer de chaque estampe soit signé. Obtenir ensuite les quantités d’encre et de papier nécessaires au projet, fut un autre défi. Ainsi, du début à la fin, cette entreprise aura pris près de 3 ans. La voici montrée à Paris pour la première fois.

Richard Serra (né en 1939 à San Francisco) est l'un des sculpteurs les plus importants du XXIe siècle. Il a exposé dans de grands musées et créé des œuvres in situ pour des lieux publics et privés à travers le monde. Son travail a fait l’objet de deux rétrospectives au MoMA, en 1986 et 2007. D’autres expositions récentes majeures ont eu lieu au Guggenheim de Bilbao (1999), au Musée d'art de Saint-Louis, Missouri (2003, 2014) au Musée archéologique national, Naples (2004). Ses dessins ont été exposés au Kunsthaus Bregenz (2008) puis au Metropolitan Museum of Art, et au San Francisco Museum of Modern Art (2011-12). On se souvient du spectaculaire "Promenade", dans le cadre de Monumenta au Grand Palais, Paris (2008) ; son œuvre "East-West/West-East" est installée en 2014 de manière pérenne dans le désert, à 70 km de Doha au Qatar.

Richard Serra a participé quatre fois à Documenta (1972, 1977, 1982 et 1987), et à la Biennale de Venise (1980, 1984, 2001, 2013). L’artiste vit et travaille à New York.

Galerie Lelong & Co.
13 rue de Téhéran, 75008 Paris

10/03/24

Damien Hirst @ Château la Coste, Le Puy-Sainte-Réparade - Exposition "The Light That Shines"

Damien Hirst: The Light That Shines
Château la Coste, Le Puy-Sainte-Réparade
2 mars – 23 juin 2024 

Pour la première fois depuis sa création en 2011, Château La Coste confie l’intégralité de son domaine à un artiste : DAMIEN HIRST. Pour l’occasion, des œuvres de l’artiste britannique sont réparties sur l’ensemble des 200 hectares du vignoble provençal et dans ses pavillons emblématiques dessinés par les plus grands architectes des XXe et XXIe siècles.

Intitulée The Light That Shines (La Lumière qui brille), cette exposition exceptionnelle comprend des sculptures et peintures de Damien Hirst - certaines devenues célèbres, d’autres inédites. Depuis le début de sa carrière prolifique, l’artiste explore les thèmes de la beauté, de la religion, de la science, de la vie et de la mort. Dans les années 1990, il se fait connaître à travers des animaux plongés dans des cuves de formol. Des œuvres majeures de cette série, intitulée Natural History, sont présentées dans le Pavillon Renzo Piano.

Le papillon est un autre motif récurrent dans l’œuvre de Damien Hirst. Une série de toiles inédites, The Empress est dévoilée dans la Galerie Richard Rogers. Portant chacune le nom de grandes figures féminines de l’histoire, ces œuvres reproduisent des formes kaléidoscopiques à l’aide d’ailes de papillons rouges et noires.

Également inédites, des toiles de la série Cosmos et des sculptures de la série Meteorites sont exposées dans la Galerie des Anciens Chais restaurée par Jean-Michel Wilmotte. Damien Hirst nourrit depuis longtemps l’idée de concevoir une exposition pour cet espace. Après avoir réalisé For the Love of God, son fameux crâne en diamants et envoyé l’une de ses peintures Spot sur Mars, il s’est mis en quête de reproduire la beauté des galaxies étoilées, capturée par le télescope Hubble Space dans les années 1990. C’est là tout l’objet de la série Cosmos pour laquelle l’artiste a cloué au sol de son atelier des toiles qu’il a entièrement peintes en noir avant de les recouvrir de couleurs.

Les sculptures de la série Satellites en bronze évoquent une certaine nostalgie. Damien Hirst s’est inspiré des moules des bronzes de Degas pour les réaliser et leur a apposé des étiquettes avec une écriture victorienne, leur donnant ainsi un aspect à la fois neuf et ancien. Une partie des Satellites a été produites en verre, en collaboration avec des artisans de Murano. L’exposition comprend également des Meteorites en bronze, inspirés par les fréquentes visites de l’artiste dans des musées d’histoire naturelle.

L'Auditorium Oscar Niemeyer accueille des sculptures et des négatoscopes (boîtes à lumière) de la série Treasures from the Wreck of the Unbelievable, exposées pour la première fois en 2017 à la Punta della Dogana et au Palazzo Grassi à Venise. Quant à la Galerie Bastide, elle abrite la série la plus récente de l’artiste, The Secret Gardens Paintings : des toiles représentant des fleurs éclatantes, recouvertes de formes abstraites aux couleurs vives.

Outre les expositions présentées dans les pavillons, l’exposition s’étend à l’ensemble du domaine de Château La Coste, sur lequel seront réparties des sculptures, y compris sur les sites du Pavillon de musique de Frank Ghery et du Centre d’art de Tadao Ando.
Selon Damien Hirst, « Ce que Paddy McKillen a accompli à Château La Coste est exceptionnel. Il en a fait un endroit unique et magique. Je suis ravi d’être le premier artiste à pouvoir exposer mes œuvres sur l’ensemble du domaine, notamment dans les magnifiques pavillons dessinés par Frank Gehry, Oscar Niemeyer et Richard Rogers. Paddy McKillen est un ami et j’admire son génie, sa vision pour créer des endroits où l’on se sent bien. C’est un immense honneur pour moi de prendre part à cette aventure ».

Paddy McKillen, fondateur de Château La Coste, a ajouté : « Damien et moi nourrissons l’idée de cette exposition depuis plusieurs années. Comme cela est souvent le cas avec Damien, le projet a évolué et pris forme au gré de nombreuses conversations, ponctuées de fous rires et de tasses de thé. Damien a tout planifié d’une main de maître : le choix de chaque œuvre a été pensé et mûri pour faire écho à l’art et à l’architecture du domaine, ainsi qu’à la lumière provençale si chère à Cézanne. La rencontre des toiles et des sculptures de Damien avec la nature environnante et nos galeries générera une œuvre à part entière. C’est une grande fierté et un immense privilège d’accueillir Damien et son équipe à Château La Coste et de pouvoir y exposer l’œuvre d’une vie. Nous nous réjouissons de partager ce projet avec le plus grand nombre ».
DAMIEN HIRST

Né à Bristol, Damien Hirst vit et travaille entre Londres et la région du Devon. Son travail est présent dans les collections de nombreux musées à travers le monde : le Museo d’Arte Contemporanea Donnaregina de Naples; le Museum Brandhorst à Munich; le Museum für Moderne Kunst de Frankfurt am Main; le Stedelijk Museum à Amsterdam; le Centro de Arte Dos de Mayo de Madrid; la Tate de Londres; l’Israel Museum de Jérusalem; le Astrup Fearnley Museet d’Oslo; la Gallery of Modern Art de Glasgow ; le Centre National d’Art contemporain de Moscou; le Museum of Modern Art de New York; le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington, DC; l’Art Institute of Chicago; The Broad à Los Angeles; le Museo Jumex à Mexico City; et le 21st Century Museum of Contemporary Art de Kanazawa au Japon.

Son travail a également fait partie de grandes expositions: Cornucopia au Musée océanique de Monaco (2010); Tate Modern, Londres (2012); Relics, Qatar Museums Authority, Al Riwaq (2013); Signification (Hope, Immortality and Death in Paris, Now and Then), Deyrolle, Paris (2014); Astrup Fearnley Museet, Oslo (2015); The Last Supper, National Gallery of Art, Washington, DC (2016); Treasures from the Wreck of the Unbelievable, Palazzo Grassi and Punta della Dogana, Venise (2017); Damien Hirst at Houghton Hall: Colour Space Paintings and Outdoor Sculptures, Houghton Hall, Norfolk (2019); Mental Escapology, St. Moritz (2021); Cherry Blossoms, Fondation Cartier, Paris (2021); et Archaeology Now, Galleria Borghese, Rome (2021). Damien Hirst a reçu le Turner Prize en 1995. 

Château la Coste 
2750 Route de la Cride, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade

19/11/23

Chana Orloff. Sculpter l’époque @ Musée Zadkine, Paris - Exposition + Catalogue

Chana Orloff. Sculpter l’époque
Musée Zadkine, Paris
15 novembre 2023 - 31 mars 2024

Le musée Zadkine présente la première exposition parisienne monographique dédiée à Chana Orloff, depuis 1971. Rassemblant une centaine d’œuvres, elle invite à (re)découvrir une artiste remarquablement célébrée de son vivant mais injustement méconnue aujourd’hui, dont l’oeuvre est pourtant bien représentée dans les collections françaises et internationales, notamment en Israël.

Le musée Zadkine situé à deux pas de l’atelier qu’occupa l’artiste rue d’Assas au début de sa carrière, semble tout indiqué pour lui rendre cet hommage : les sculptures de Chana Orloff dialoguent ponctuellement avec celles du maître des lieux, le sculpteur Ossip Zadkine, qui connaissait l’artiste dont il était l’exact contemporain. Leurs parcours présentent d’ailleurs de nombreuses similitudes : ils sont tous les deux d’origine juive et nés dans l’Empire russe, elle dans l’actuelle Ukraine et lui dans l’actuelle Biélorussie. Parisiens de coeur, familiers du quartier de Montparnasse, Chana Orloff et Ossip Zadkine ont mené une route parallèle et indépendante.

L’exposition Chana Orloff dévoile une figure féminine forte et libre, dont le travail emblématique de l’Ecole de Paris marqua son époque. Elle met en avant les grands thèmes chers à Chana Orloff : le portrait grâce auquel l’artiste s’est fait connaître et a acquis son indépendance économique, mais aussi la représentation du corps féminin et de la maternité – thèmes classiques de la sculpture occidentale dont elle propose une vision particulièrement sensible et actuelle. L’exposition offre également un aperçu du bestiaire sculpté par Chana Orloff, nourri par la symbolique et la culture juive. Elle se termine, dans l’atelier du jardin, par une évocation de l’œuvre d’après-guerre, marquée par l’horreur de la Seconde Guerre mondiale et la réalisation de grandes commandes monumentales pour l’État d’Israël.

CHANA ORLOFF (1888-1968) : 
Une artiste emblématique au parcours hors du commun

Rien ne prédestinait Chana Orloff, née en 1888 dans l’actuelle Ukraine, à devenir l’une des sculptrices les plus renommées de l’Ecole de Paris. Elevée dans une famille juive émigrée en Palestine, la jeune femme arrive à Paris en 1910, pour obtenir un diplôme de couture. Mais, dans une capitale en pleine effervescence, Chana Orloff se découvre une vocation pour la sculpture. Au contact des artistes de Montparnasse, dont beaucoup, tels Modigliani ou Soutine, deviennent ses amis, Chana Orloff se forge un style personnel et inimitable. Ce sont surtout ses portraits, à la fois stylisés et ressemblants qui lui assurent le succès : avec eux, l’artiste entend « faire l’époque ».

La réussite de Chana Orloff dans l’entre-deux-guerres est impressionnante : elle expose en France et à l’étranger et, en 1926 elle obtient la nationalité française après avoir reçu la Légion d’honneur l’année précédente. La même-année, elle se fait construire par l’architecte Auguste Perret une maison-atelier sur mesure, près du parc Montsouris dans le 14e arrondissement de Paris, qui se visite toujours aujourd’hui. Preuve de son renom, Chana Orloff est l’une des rares sculptrices à prendre part à la grande exposition des Maîtres de l’art indépendant organisée au Petit Palais à Paris en 1937.

Cependant, la Seconde Guerre mondiale vient interrompre brutalement son succès. Persécutée en raison de ses origines juives, Chana Orloff échappe de peu à la rafl e du Vel d’hiv avec son fils et parvient à fuir en Suisse. De retour d’exil en 1945, elle découvre sa maison-atelier saccagée. Elle se remet pourtant à la sculpture et partage sa vie entre la France et Israël où elle réalise plusieurs monuments, comme l’émouvante Maternité Ein Gev, dont le modèle à grandeur est présenté dans l’exposition. Elle disparait en 1968, un an après Zadkine.

L’exposition est conçue en partenariat avec les Ateliers-musée Chana Orloff et bénéficie du soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. 

Ariane Tamir et Eric Justman, commissaires associés et petits-enfants de Chana Orloff, qui veillent aux destinées de l’oeuvre de l’artiste, ont contribué activement à la réalisation de l’exposition, avec de nombreux prêts issus de la maison-atelier de l’artiste (signée Auguste Perret), ouverte ponctuellement à la visite.

En écho à l’exposition du musée Zadkine, le MAHJ organise une exposition-dossier (19 novembre 2023 - 19 septembre 2024) consacrée à la sculpture L’Enfant Didi, volée dans l’atelier de Chana Orloff en 1942 et tout juste restituée aux ayants-droits de l’artiste. Cet automne, le Petit Palais met également à l’honneur Chana Orloff à l’occasion de l’exposition Le Paris de la modernité (1905-1925) qui met en scène la folle créativité de la capitale au début du XXe siècle. Du musée Zadkine au MAHJ, en passant par le Petit Palais et les Ateliersmusée Chana Orloff, c’est ainsi une véritable « saison » qui consacre à nouveau l’artiste dans la capitale qu’elle a tant aimée et qui fut le creuset de sa création.

Chana Orloff. Sculpter l’époque
Éditions Paris Musées, 2023
Première publication scientifique d’envergure en français sur Chana Orloff et son oeuvre depuis 1991, le catalogue de l’exposition se compose de sept essais explorant les facettes les plus importantes de son travail et de sa vie, rédigés par des spécialistes de l’artiste et de la période. Textes de Paula Birnbaum, Emmanuel Bréon, Cécilie Champy-Vinas, Pauline Créteur, Itzhak Goldberg, Anne Grobot Dreyfus, Dominique Justman, Éric Justman, Anne-Cécile Moheng, Maxime Paz, Pascale Samuel, Didier Schulmann et Ariane Tamir. 16 x 24 cm, relié, 176 pages, 130 illustrations. En partenariat avec Les Ateliers-musée Chana Orloff et le musée d’art et d’histoire du Judaïsme. L’ensemble des oeuvres de l’exposition au musée Zadkine et au MahJ sont reproduites dans cette publication.
COMMISSARIAT
Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef, directrice du musée Zadkine
Pauline Créteur, chargée de recherches à la Bibliothèque nationale de France

COMMISSAIRES ASSOCIÉS
Eric Justman et Ariane Tamir, Ateliers-musée Chana Orloff

MUSÉE ZADKINE
100 bis, rue d’Assas - 75006 Paris

maj 09-02-2025

26/03/22

André Metthey (1871-1920) @ MUDO, Beauvais - Musée de l'Oise - La quête du feu et de la couleur

André Metthey (1871-1920) 
La quête du feu et de la couleur
MUDO - Musée de l'Oise, Beauvais
26 mars – 18 septembre 2022

André Metthey - Affiche de l'exposition
André Metthey
Affiche de l'exposition

André Metthey

André Metthey (1871-1920)
Bouteille : Héraclès et la biche de Cérynie, Vers 1911-1920
Terre vernissée
Collection particulière
Photographie © Alain Beulé

André Metthey
André Metthey (1871-1920)
Étude préparatoire d’assiette
Pastel, fusain et crayon sur papier fin
Paris, musée des Arts décoratifs, inv. 2015.166.21
© MAD, Paris - Photographie : Jean Tholance

Un siècle après la dernière rétrospective consacrée à André Metthey (ou Méthey) au Musée Galliera, le MUDO - Musée de l’Oise met à l’honneur l’ensemble de l’oeuvre de ce céramiste qui se distingue par sa diversité, sa complexité, mais aussi son ampleur. Le nom d’André Metthey est aujourd’hui rattaché à la « céramique fauve » et aux noms d’André Derain, Maurice Denis, Jean Puy ou Georges Rouault avec qui il collabore autour de 1907. Cette exposition monographique met en avant un ensemble représentatif de l’oeuvre d'André Metthey. Elle présente ses premiers grès, typiques des années 1900 et sa première collaboration avec des sculpteurs tels qu’Albert Marque, Alexandre Charpentier ou Denys Puech.

Denys Puech & André Metthey
Denys Puech (1852-1954), André Metthey (1871-1920)
Couple : Le Baiser, Vers 1903-1906
Grès
Collection particulière
Photographie  © Alain Beulé

Henri Matisse & André Metthey
Henri Matisse (1869-1954), André Metthey (1871-1920)
Assiette à tête de jeune femme, Vers 1907
Faïence stannifère
Grenoble, musée de Grenoble, inv. MG 2913-2
© Succession H. Matisse. 
Photo © Ville de Grenoble/ Musée de Grenoble – J.L Lacroix.

Georgette Agutte
Georgette Agutte
(1867-1922)
Cactus rouges (dans trois cache-pots de Metthey), Vers 1920
Huile sur fibrociment
Grenoble, musée de Grenoble, MG 2351
Photo © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble - J.L. Lacroix

Sa production la plus célèbre fait l’objet d’une recontextualisation inédite en montrant la diversité des pièces décorées par des peintres aussi variés qu’Henri Matisse, Louis Valtat, Aristide Maillol, Kees Van Dongen, Maximilien Luce ou encore Mary Cassatt. L’exposition fait également découvrir des aspects méconnus de son oeuvre comme son travail pour le grand décor ou ses dessins préparatoires qui mettent en lumière ses ambitions de coloriste. Les couleurs et les riches motifs jaillissent de ses terres cuites vernissées qui annoncent les prémices de l’Art déco. C’est grâce à cette production que Metthey connait un vif succès auprès de ses contemporains. Ses pièces se retrouvent ainsi dans les collections de Marcel Sembat, Jeanne Louise Guerin, André Gide ou encore celle du peintre Paul Signac. L’exposition permet d’entrer dans l’intimité de ce céramiste précurseur grâce à des photographies et archives inédites qui retracent son parcours singulier et sa brève carrière brisée par la tuberculose alors qu’il est au sommet de sa gloire. Il décède à Asnières, dans son atelier, le 31 mars 1920.

André Metthey
André Metthey (1871 -1920)
Chouette, Grès
Collection particulière 
Photographie © Alain Beulé 

André Metthey
André Metthey (1871 -1920)
Bouteille à décor d'oiseaux
Grès
Collection particulière 
Photographie © Alain Beulé 

André Metthey
André Metthey (1871 -1920)
Coupe à décor d'une frise de cinq
personnages féminins et d'oiseaux
Terre venissée
Collection particulière 
Photographie © Alain Beulé 

Cette exposition s’inscrit en lien étroit dans ce qui constitue l’identité du MUDO - Musée de l’Oise, reconnu notamment pour ses collections Art nouveau, Art déco et céramiques. Une sélection de près de 200 oeuvres issues de prestigieuses collections privées et publiques (Petit-Palais à Paris, Musée des Arts décoratifs de Paris, Musée d’Art moderne de Paris, Musée de Grenoble, Musée d’Art moderne de Troyes, Musée départemental Maurice Denis, Musée des Beaux-Arts d’Agen, Musée d’Orsay, Musée de l’Hôtel-Dieu) constitue ce parcours organisé selon une présentation chrono-thématique qui souligne l’évolution et la richesse de l’oeuvre d’André Metthey.

Parcours de l'exposition :
- André Metthey : De la sculpture à la tentation du grès
- André Metthey et les avant-gardes
- André Metthey et les Fauves
- André Metthey : dessinateur et décorateur
- André Metthey : De la couleur avant toute chose

Commissariat :
Adélaïde LACOTTE, doctorante en histoire de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Sylvain PINTA, attaché de conservation du patrimoine, chargé des collections céramiques au MUDO – Musée de l’Oise.

André Metthey - Catalogue

André Metthey  
La quête du feu et de la couleur
Co-édité par Lienart Éditions et le MUDO-Musée de l’Oise, Beauvais
23 x 28 cm, 216 pages, 220 illustrations, broché avec grands rabats
Date de publication : Avril 2022
34 € – ISBN : 978-2-35906-377-6

Catalogue de l'exposition sous la direction d’Adélaïde Lacotte, doctorante en histoire de l’art sur l’oeuvre d’André Metthey à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Sylvain Pinta, attaché principal de conservation du patrimoine, chargé des collections céramiques et chargé des collections XIXe et XXe siècles au MUDO-Musée de l’Oise à Beauvais. Avec les contributions de Dominique Forest, conservatrice en chef du département moderne et contemporain au musée des Arts décoratifs de Paris, Antoinette Le Normand-Romain, directrice générale honoraire de l’Institut national d’histoire de l’art, conservateur général honoraire du patrimoine, Léa Jaurégui, doctorante en histoire de l’art sur Les Usages de la sculpture et l’industrialisation à l’Université Libre de Bruxelles et Clémence Gaboriau, doctorante en histoire de l’art sur Maurice Denis, illustrateur à l’Université Paris-Sorbonne Paris IV.

MUDO - MUSÉE DE L’OISE
1 Rue du musée, 60000 Beauvais
www.mudo.oise.fr

14/06/21

Exposition Alberto Giacometti @ Monaco, Grimaldi Forum - Une rétrospective. Le réel merveilleux

Alberto Giacometti
Une rétrospective. Le réel merveilleux
Grimaldi Forum, Monaco
3 juillet - 29 août 2021

Alberto Giacometti
Alberto Giacometti 
Une rétrospective - Le réel merveilleux
Affiche de l'exposition

Le Grimaldi Forum présente pour la première fois à Monaco une grande rétrospective de l’oeuvre du sculpteur et peintre Alberto Giacometti, la plus importante de ces dernières années.

Organisée en association avec la Fondation Giacometti qui accorde ici un prêt exceptionnel, cette exposition fait la part belle à toutes les périodes de l’artiste et à tous les media auxquels il a eu recours.

Elle offre une vue complète de la création d’Alberto Giacometti, des oeuvres de jeunesse à la période surréaliste, du retour à la figuration à l’invention des icônes de l’après-guerre.

Rassemblant plus de 230 oeuvres, jalonnée de chefs d’oeuvres et accompagnée de photographies et de films, cette rétrospective propose aux visiteurs de merveilleuses découvertes dans le cadre d’un parcours orchestré par la commissaire Émilie Bouvard, directrice scientifique et des collections de la Fondation Giacometti.

GRIMALDI FORUM, MONACO
10 Avenue Princesse Grace, MC 98000 Monaco

08/04/21

Leonardo Drew @ Galerie Lelong & Co., Paris

Leonardo Drew 
Galerie Lelong & Co., Paris 
20 mai - 13 juillet 2021 

La Galerie Lelong & Co. présente la première exposition à Paris de l’artiste américain LEONARDO DREW (né en 1961 à Tallahassee, Floride).

Leonardo Drew a acquis une reconnaissance internationale grâce à ses oeuvres sculpturales abstraites et contemplatives qui jouent sur une tension entre l’ordre et le chaos. À la fois monumental et intime, sensuel et foisonnant, son travail a recours à des matériaux liés au passé industriel américain - bois, ferraille, coton – afin d’exprimer avec sensibilité et émotion les thèmes du temps, du cycle de la vie, de la décomposition et de l’érosion. Riche en références historiques et anthropologiques, l’oeuvre de Leonardo Drew évoque la vie urbaine, la relation de l’être humain et de la nature, la culture afro-américaine. L’artiste refuse délibérément de donner un titre à ses œuvres afin d’en laisser la libre interprétation.

Pour sa première exposition à Paris, Leonardo Drew a réalisé un mural monumental de plus de 6 mètres de long ainsi qu’un ensemble de 9 autres pièces, également murales, en bois peint et de 6 assemblages sur papier.

Les oeuvres de Leonardo Drew font partie de nombreuses collections d’institutions publiques d’envergure internationale dont le Metropolitan Museum of Art et le Musée Solomon R. Guggenheim de New York ; le LACMA de Los Angeles ; le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington DC ; la Tate de Londres. Pour sa première grande réalisation dans l’espace public, Leonardo Drew a mené un important projet, City in the Grass, pour le Madison Square Park de New York en 2019 tandis que le Wadsworth Atheneum Museum (Connecticut) et Power Plant (Toronto) lui consacreront une exposition en mai et à l’été prochains.

Leonardo Drew vit et travaille à Brooklyn, New York. 

GALERIE LELONG & Co.
13, rue de Téhéran, 75008 Paris

10/02/21

Antoine Renard @ Galerie Nathalie Obadia, Paris - AMNESIA

Antoine Renard, AMNESIA
Galerie Nathalie Obadia, Paris
Jusqu'au 24 mars 2021

La Galerie Nathalie Obadia présente pour la première fois l’oeuvre de l’artiste ANTOINE RENARD (né en 1984), que l’on a pu découvrir lors de l’exposition Futur, Ancien, Fugitif. Une scène française au Palais de Tokyo (2019). Diplômé de l’ENSA de Dijon, lauréat du Prix Occitanie de la Villa Médicis, d’une bourse de soutien du CNAP, du programme doctoral SACRe 2020 de l’université PSL et des Beaux Arts de Paris, l’artiste se consacre en parallèle de sa pratique à une thèse sur l’olfaction comme champ étendu de la sculpture. Il bénéficiera par ailleurs, en 2021, d’une exposition personnelle au CRAC de Sète.

Essentiellement sculpturale, l’œuvre d’Antoine Renard se situe là où « culture, science et politique peuvent se chevaucher et générer un dialogue ». A travers des environnements narratifs nourris de nombreuses recherches, Antoine Renard soulève des problématiques techno-politiques actuelles, conséquences d’un monde néolibéral dont il évoque, notamment, les manifestations et dérives dans la sphère du digital.

L’exposition AMNESIA réunit un ensemble de 27 sculptures olfactives, dans le prolongement de celles proposées en 2019 au Palais de Tokyo. Réalisées en céramique avec une imprimante 3D et directement inspirées de la petite danseuse de Degas, œuvre iconique et sulfureuse de l’art moderne, elles posent la question du corps objet comme condition proprement contemporaine.

Antoine Renard s’intéresse à la mémoire, à la fois corporelle, historique et olfactive. Opérant couche par couche à partir d’une modélisation numérique, l’impression 3D fonctionne elle-même comme un processus mémoriel qui, à la manière d’une longue sédimentation, donne corps à une projection virtuelle. Différentes temporalités semblent se côtoyer dans ces œuvres : là où l’impression 3D signe une esthétique contemporaine quelque peu surréelle, certaines aspérités et imperfections créent l’illusion d’une matière érodée, antique, et semblent incarner les stigmates d’une vie passée. La céramique ainsi stratifiée figure ce long processus historique qui a permis de lever le voile sur l’existence occultée de la jeune Marie Van Goethem, modèle de Degas, petit rat de l’Opéra aux conditions de vie misérables, soumise à la concupiscence des abonnés et au jugement intraitable de ses contemporains.

La dimension olfactive des œuvres s’inscrit pleinement dans ce travail autour de la mémoire, et la manière dont elle façonne les corps. Antoine Renard, qui a étudié lors de sa résidence à la Villa Médicis les pratiques ritualisées du parfum à Rome et suivi des guérisseurs parfumeros au Pérou, confectionne lui même chaque senteur à partir de plantes qu’il fait macérer ou de molécules de synthèse. La propension du parfum à susciter des souvenirs approfondit ce rapport à la vérité du modèle, à qui l’artiste redonne ainsi une présence, une identité. Ce travail sur les odeurs témoigne aussi du parti pris de la nuance et rend hommage à l’infinie complexité d’une personne, réduite, de son temps, à la caricature et au silence.

Avec les outils propres à son époque, Antoine Renard transpose l’histoire et l’attitude de cette jeune danseuse dans notre société, marquée par l’emprise du marché, des lobbies consuméristes et par la toute puissance des algorithmes. Mais il révèle surtout la pertinence de cette posture à la fois captive, rebelle et désireuse à l’heure où l’attention est devenue valeur monnayable, où tout individu est un potentiel consommateur. Vaste plateforme immatérielle qui concentre et décuple ces enjeux, le digital occupe une place cruciale dans l’œuvre de l’artiste. D’un point de vue formel, l’impression 3D, couplée aux recompositions qu’opère l’artiste, offre un rendu légèrement virtuel, qui n’est pas sans rappeler la silhouette vacillante d’un hologramme. Antoine Renard évoque ainsi la question du corps face au numérique, et plus largement de l’individu dans un système qui cherche constamment à capter l’attention, au prix d’une certaine déperdition de l’être. Visage en l’air, les yeux clos, cette jeune femme incarne un état de vulnérabilité, de réceptivité et de mise en scène de soi caractéristiques de cette forme d’aliénation contemporaine. Si l’industrie du parfum s’associe toujours à un concept phare, une image marketée, ici les multiples fragrances ramènent au contraire à une aura insaisissable et insufflent une plus grande densité dans le rapport à l’autre.

La scénographie conçue par l’artiste souligne par ailleurs l’attitude ambivalente du modèle, qui a contribué à sa postérité légendaire. Comme une armée de clones répartis selon un quadrillage précis et individualisés sur un socle, l’agencement des œuvres accentue l’affront, met en scène une résistance, à la fois personnelle et massive. En prenant pour sujet cette sculpture dont l’original, en cire, a fait l’objet de nombreuses copies en bronze disséminées dans les musées du monde entier, Antoine Renard démultiplie à nouveau, prolonge et renforce son message. L’ambiguïté de cette œuvre observe un dualisme aux échos très actuels, oscillant entre des valeurs associées traditionnellement au féminin et au masculin. Ses jeunes danseuses prennent ainsi corps en se détachant progressivement de leur base, tels des hauts-reliefs d’une époque lointaine en voie de prendre leur indépendance – l’évolution de la sculpture étant aussi, de concert, remise en perspective dans cette exposition.

GALERIE NATHALIE OBADIA
18 rue du Bourg-Tibourg, 75004 Paris
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05/12/20

Jean-Luc Moulène @ Galerie Chantal Crousel, Paris - Implicites & Objets

Jean-Luc Moulène
Implicites & Objets
Galerie Chantal Crousel, Paris
Jusqu'au 19 décembre 2020

Pour sa sixième exposition à la Galerie Chantal Crousel, Jean-Luc Moulène propose un paysage sculptural où l’abstraction se présente comme une force de pensée, d’imagination, évoluant conjointement avec une figuration forte et fixe dans un espace ritualisé.

Au centre de la première salle, un objet abstrait, la Montagne pourpre (2019) est installée sur son socle. Conçue à partir de modélisation 3D et produite par machine-outils, cette imposante sculpture abstraite en mousse dure est une surface remplie. Elle est conçue par l’artiste comme un monochrome en trois dimensions. Cette abstraction colorée est placée sous le regard d’un ensemble de sculptures inédites en béton, produites manuellement, les Implicites (2020). Assemblés autour de la Montagne pourpre et adossés au mur, ils l’observent à distance mais par cette observation, les Implicites sont également amenés à regarder leur propre intériorité. En effet, suivant le même protocole de production déjà utilisé pour la série des Tronches (2014-2017)*, ce sont des figures retournées, inversées, intériorisées puis remplies de béton - des effigies aux corps et faciès distordus.

L’aspect du béton diffère d’une sculpture à l’autre tant par sa couleur (nuances de gris) que par son traitement de surface (cire, époxy). La forme des corps et leurs attributs surgissent de leur propre effacement par l’action de remplissage. On peut parler ici de mise en scène de leur existence sensible.

Au coeur de la seconde salle, nous trouvons une sculpture totémique en bronze sur socle haut, Pyramid’os (2020). Ici, les os longs des membres du corps humain forment les arrêtes d’une pyramide et en délimitent les surfaces ou plutôt l’absence de surface puisque son cœur reste vide ; les articulations, quant à elles, en deviennent les sommets.

La Pyramid’os partage son espace avec un portrait dessiné (Tronche, 2020) et plusieurs autres objets dont une figure Implicite de taille réduite (Redux Implicite, 2020) également adossée au mur et présentée en hauteur sur le même plan et face à la pyramide.

En résonnance avec les oeuvres dont nous avons précédemment parlées, la troisième et dernière salle, latérale à la première, présente trois sculptures dont deux grandes abstractions posées sur tables. Reprenant les questions formelles soulevées par la Montagne pourpre, la Montagne blanche (2020) a une forme abstraite quelconque**. C’est un grand monochrome blanc qui garde en surface les traces de la peinture à l’huile. Toutes ces traces renvoient directement aux gestes visibles de l’artiste peignant sa toile. Autre variation, Nature Morte (2020) est également une peinture en relief, un volume avec des éléments réalistes et non dissimulés cette fois-ci, tels que des os et des cailloux.
« L'abstraction […] n'est pas simplement un thème, une technique ou un style, mais un protocole évolutif qui permet à la pensée de voir l'image d'elle-même du point de vue d'une matière qui la traque implacablement. »***
Enfin, ces deux abstractions côtoient une dernière sculpture posée sur une poutre de bois, Yeux bleus (2020). En position d’observateur, cet objet est composé de deux pierres trouvées, collées entre elles par de la pâte époxy. Sur sa partie supérieure, se répandent des centaines de Nazar boncuk, petites amulettes traditionnelles turques en verre destinées à protéger contre le mauvais œil. Non sans rappeler l’abstraction quelconque présentée à la Biennale de Venise en 2019 (Pale blue Eyes, 2019), ces yeux, qui semblent se multiplier, regardent la scène et épient tant les sculptures que les visiteurs.

Comme le disait très justement Philippe Vasset, on aime « s’attarder dans les expositions de Jean-Luc Moulène : pleines d’énigmes et de détails suggestifs, ce sont de véritables machines à fiction. »****

Au cours de ces deux dernières décennies, les oeuvres de Jean-Luc Moulène ont été présentées dans les plus grandes institutions et lors des plus importants évènements internationaux, parmi lesquels : les expositions More or Less Bone au SculptureCenter, New York, Etats Unis (2019) ; The Secession Knot à Secession, Vienne, Autriche (2017) ; Jean-Luc Moulène au Centre Georges Pompidou, Paris, France (2016) ; Il était une fois à la Villa Médicis, Rome, Italie (2015) ; Documents and Opus (1985 - 2014) au Kunstverein de Hanovre, Allemagne (2015) ; Jean-Luc Moulène . works au Beirut Art Center, Liban (2013) ; Jean-Luc Moulène au Modern Art Oxford, Oxford, U.K. (2012) ; Opus + One, Dia: Beacon, Beacon, New York, Etats Unis (2012) ; Jean-Luc Moulène au Carré d’art – Musée d’art contemporain de Nîmes, France (2010) ; ou encore Le Monde – le Louvre au Musée du Louvre, Paris, France (2005) ; et sa participation à de nombreuses biennales : 58ème Biennale de Venise, Italie (2019) ; Biennale de Taipei, Taïwan (2016) ; Biennale Internationale Design, Saint-Etienne, France (2015) ; Biennale de Sharjah, Émirat Arabes Unis (2011) ou encore la Biennale de Sao Paulo, Brésil (2002).

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* Jean-Luc Moulène travaille sur la série des Tronches entre 2014 et 2017. Ce sont des masques d’Halloween en latex, d’abord retournées à l’envers par l’artiste puis dans lequel il verse du béton. Quand ce dernier est sec, le latex est retiré, le béton ciré, le masque posé sur une couverture et exposé ainsi. Le béton est alors gris ou coloré. Un ensemble de Tronches fut notamment présenté dans l’exposition personnelle de l’artiste à la Villa Médicis en 2015.
** Le terme « quelconque » est fréquemment utilisé dans le lexique de Jean-Luc Moulène. Il s’agit de formes, de choses, quelconques dont nous ne connaissons ni l’organisation, ni la composition ni la transformation.
*** Reza Negarestani dans “Torture Concrete: Jean-Luc Moulène and the Protocol of Abstraction”, Sequence press editions, New York City, Etats-Unis, 2014, p.5 - traduction de l’anglais.
**** Philippe Vasset dans « Un rituel sans liturgie », catalogue de l’exposition Jean-Luc Moulène, éditions Centre Georges Pompidou et Dilecta, Paris, 2016, p. 108.

GALERIE CHANTAL CROUSEL
10 rue Charlot, 75003 Paris

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01/09/20

Léopold Chauveau @ Musée d'Orsay, Paris - Au pays des monstres

Au pays des monstres.
Léopold Chauveau (1870-1940)
Musée d'Orsay, Paris
Jusqu'au 13 septembre 2020

Médecin par obligation familiale, Léopold Chauveau s'est réfugié en autodidacte dans un univers artistique étrange et singulier. À la fois sculpteur, illustrateur et auteur de livres pour adultes et enfants, il est longtemps resté oublié de l'histoire de l'art, avant que plusieurs donations de son petit-fils au musée d’Orsay ne permettent sa redécouverte. Désormais riche de 465 dessins, 48 sculptures et d’archives liées à sa production artistique, le musée propose au public une immersion dans son oeuvre, en résonance avec ses sources d’inspiration et ses contemporains.

Les premières sculptures de Léopold Chauveau sont datées 1905, alors qu’il réside à Versailles, non loin du peintre et sculpteur Nabi Georges Lacombe. Les monstres deviennent rapidement un leitmotiv de sa production, en sculpture comme en dessin, avec la première série de la Maison des monstres (1910-1919). Hybrides, ses créatures sont souvent attachantes, maladroites et comme étonnées de leur propre présence. Semblant sortir de son inconscient, elles constituent pour Léopold Chauveau de véritables compagnons, le peuple d'un monde imaginaire dans lequel il trouverait refuge, loin de l’exerce de la médecine qu’il abhorre. Malgré leur singularité, les monstres sculptés de l'artiste peuvent s'inscrire dans une généalogie de l'histoire de l'art, on pense notamment aux gargouilles médiévales ou à des influences japonaises. Pendant la première guerre mondiale, Léopold Chauveau oeuvre comme chirurgien aux armées et doit faire face à une série de deuils. Durant l’année 1917, il envoie à ses enfants des cartes postales du front illustrées de monstres à la plume proches de ceux de la Maison des monstres.

Vers 1922, il abandonne la médecine et se consacre à sa production littéraire et artistique. Léopold Chauveau se lie alors avec des écrivains tels Roger Martin du Gard, André Gide ou encore Paul Desjardins. Il écrit puis illustre des recueils d’histoires pour enfants. Dépourvues de morale, ironiques et souvent cruelles, les histoires de Léopold Chauveau mettent en scène des animaux confrontés à des péripéties fantastiques. Il dessine également des Paysages monstrueux, étendues antédiluviennes et désertiques où évoluent des monstres biomorphes qui se plient à des activités étranges. Léopold Chauveau adopte un trait synthétique, précis et incisif pour créer ses personnages, d’un trait souple à l’encre de Chine dans un style naïf inspiré par l’univers enfantin, dans des décors simplifiés mais explicites. Léopold Chauveau a aussi illustré de grands classiques (L'Ancien et le Nouveau Testament, Les Fables de La Fontaine), dont il a même parfois revisité le texte (Le Roman de Renard). Au début des années 1930, Léopold Chauveau manifeste son antifascisme dans le roman illustré le Bouffon Babriot, qui conte avec humour noir et des moyens plastiques épurés la montée sur le trône d’un bouffon doté de bon sens, qui renverse la hiérarchie militaire et prône la paix. Cette exposition permet une complète redécouverte d'un oeuvre sans équivalent à son époque.

Commissariat :
Ophélie Ferlier-Bouat, conservatrice Sculpture au musée d’Orsay
Leïla Jarbouai, conservatrice Arts graphiques au musée d'Orsay
Avec Géraldine Masson, collaboratrice scientifique
Scénographie : Martin Michel

Cette exposition sera présentée à La Piscine, musée d'Art et d'Industrie André Diligent de Roubaix du 17 octobre 2020 au 17 janvier 2021.

Musée d'Orsay
1 rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris

30/05/20

Antony Gormley @ Galerie Thaddaeus Ropac, Paris - In Habit

Antony Gormley: In Habit
Galerie Thaddaeus Ropac, Paris
Jusqu'au 20 juin 2020
« Nous vivons simultanément dans trois endroits : le corps, le monde construit et notre planète. Le deuxième corps —le monde construit— est celui qui prend de plus en plus de contrôle sur nous. En concevant un habitus en rapport à un habitat, nous renforçons, à travers l'habitude, des modes de comportement qui à la fois nous protègent et nous séparent de la vie immédiate du corps, ainsi que de la vie cosmique de notre planète. » Antony Gormley (2020)
La Galerie Thaddaeus Ropac présente In Habit, une nouvelle exposition de sculptures et d’oeuvres sur papier d’Antony Gormley articulée autour d’une installation dynamisant l'espace. Constituée d’un simple tube d’aluminium carré déployé en continu, Run II cherche à éveiller notre conscience sur la manière dont nous nous déplaçons dans notre habitat construit. Les sections qui serpentent à 90 degrés activent et dynamisent l'espace principal de la galerie. Les sections horizontales nous rappellent la hauteur d’objets qui nous sont familiers dans notre environnement construit, celle d’une chaise ou d’une table, d’un plan de travail, d’une étagère, d’une porte ou d’un plafond.

Run II se déploie librement à travers la galerie, et interagissant avec  l'oeuvre, notre corps peut reconnaître ces formes et s’affranchir de ce que les Japonais appellent ‘la culture de la chaise’, en opposition à la ‘culture du sol’. Run II est donc, selon Antony Gormley « une zone de réflexivité dans laquelle la lumière, l'air, le volume et notre biomasse s’accordent dans un jeu de géométrie orthogonale qui reste libre. » En nous invitant à devenir nous-mêmes, c’est-à-dire des figures ancrées dans le sol, nous devenons nous-mêmes la personne qui est vue par les autres spectateurs et, ce faisant, nous pouvons utiliser l'espace de l'art comme un champ d’émergence. Gormley nous invite à nous arrêter et à repenser notre dépendance vis-à-vis de ce second habitat, celui « du corps de l'architecture », et à créer une conscience du sol lui-même, afin de nous y ancrer.

Dans son essai pour le catalogue de l’exposition, l’historien de l’art, Jonathan Wood revient sur cette nouvelle oeuvre : « Il n'est pas difficile de considérer Run II comme un tournant important dans la sculpture de Gormley... Un détachement du corps de l'artiste pour se tourner vers celui du spectateur. Run II s’inscrit aussi, il faut le dire, dans une continuité : l’oeuvre étend la portée d'un projet sculptural plus global qui s'est progressivement développé au cours des quarante dernières années,  avec pour élément central le corps humain —tant celui de l'artiste que celui du spectateur. C'est cette quête constante et inachevée qui donne à l'oeuvre de Gormley sa place unique dans l'histoire de la sculpture. »

Pour accompagner cette oeuvre de grande envergure conçue spécifiquement pour cet espace, Gormley présente une série d'oeuvres en fonte à échelle humaine intitulée Liners. Celles-ci sont constituées de simples lignes droites ouvertes, de lignes multiples et de lignes qui n’ont ni début ni fin. Elles explorent le volume intérieur du corps humain et rappellent le plan de métro londonien. Comme Run II, ces oeuvres sont également considérées par Antony Gormley comme des « instruments de diagnostic » qui s’évertuent à nous repositionner dans notre habitat naturel, c’est-à-dire notre corps : « Je ne veux pas illustrer une émotion ou une sensation, mais ces cartes rouillées pourraient être activées par la projection de ce que l'on ressent dans certaines positions; en se tenant debout sur les épaules de quelqu’un dans le cas de Fill ; en se tenant allongé sur le côté pour Level ; ou en équilibre sur les fesses tout en soulevant la tête et les pieds pour Float. Dans le cas de Nest, la sensation de notre relation avec la terre lorsque l’on se tient en équilibre sur nos pieds en serrant nos jambes aussi fort que possible contre notre corps. » A l'étage inférieur, deux Framers délicats font allusion à l'espace corporel en tant qu’espace architectural, et sont accompagnés d'une sélection de dessins spatiaux.

Pour Antony Gormley, la sculpture à l’ère numérique possède la capacité unique de nous renvoyer à une expérience primordiale et peut devenir le terrain sur lequel nos perceptions internes oubliées de notre être-au-monde pourrait nous amener à reconnecter avec nous-mêmes et avec notre planète. 

Un catalogue avec des textes du géographe Michel Lussault et de l’historien d’art Jonathan Wood a été publié à l’occasion de l’exposition. 

GALERIE TADDAEUS ROPAC
7 rue de Belleville, 75003 Paris
ropac.net
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02/11/19

Barbara Hepworth @ Musée Rodin, Paris

Barbara Hepworth
Musée Rodin, Paris
5 novembre 2019 - 22 mars 2020

Le musée Rodin, en collaboration avec la Tate, présente l’oeuvre de BARBARA HEPWORTH (1903-1975), figure majeure de la sculpture britannique du XXe siècle. Encore aujourd’hui trop méconnue en France, Barbara Hepworth, qui côtoyait Henry Moore, Picasso ou Mondrian, a pourtant révolutionné la sculpture et fait émerger une nouvelle sensibilité esthétique. Ses oeuvres abstraites, aussi pures que poétiques aspirent à un monde idéal et pacifique. Le musée Rodin rend hommage à cette femme artiste et présente ses oeuvres saisissantes, entre vide et plein, qui s’emparent du visiteur et ne le quittent plus. 

Après Rodin (1840-1917), l’éclosion d’une nouvelle sculpture émerge. En 1905, Maillol redonne à la statuaire densité et autonomie. A partir de 1909, Brancusi porte ce retour aux caractères fondateurs de la sculpture à sa plus grande épure. Le deuxième acte se déroule durant les années 1920, avec en Angleterre, Henry Moore et Barbara Hepworth. Loin de l’expressionnisme puissant de Rodin, Barbara Hepworth est en quête d’une nouvelle esthétique, privilégiant le langage des volumes et des formes. La nature est la grande source d’inspiration de la poésie du volume développée par Barbara Hepworth.

La sculpture organique de Barbara Hepworth est aussi une vision du monde: après la Première Guerre mondiale, la société trouve dans cette nouvelle sensibilité une vision pacifiée loin des atrocités de la guerre. Le vocabulaire de Barbara Hepworth s’oppose aux mondes du pathos, de la construction ou de l’univers machiniste. En 1934, elle écrit que son objectif est de « projeter dans un médium plastique un peu de la vision abstraite et universelle de la beauté ». Son art réside tout entier dans le jeu entre formes convexes et concaves, dans une constante opposition entre vide et plein. Sous les dehors silencieux des formes pleines, l’univers de la sculpteure devient le lieu d’une nouvelle aspiration à un monde idéal, pour éviter, selon Barbara Hepworth, de « s’abandonner au désespoir ».

Cette exposition permet d’avoir une vue d’ensemble de sa carrière et de son oeuvre sculptée peinte et dessinée, ainsi qu’un aperçu de ses méthodes de travail grâce à l’évocation de son atelier. De nombreuses photographies provenant de la famille complètent le parcours de l’exposition. 

Le public français connaît mal Barbara Hepworth qui était pourtant loin d‘être une inconnue de son temps. En France, avec son mari, le peintre Ben Nicholson, elle fréquente les milieux artistiques, visite Brancusi, Picasso, Braque, Mondrian et rencontre Arp, Calder, Mirò. Barbara Hepworth travailla à partir de 1939 en Cornouailles dont les paysages influencèrent son oeuvre. Plus encore, elle a de son vivant une aura immense en Angleterre: en 1965 elle faite « Dame » de l’Empire britannique. Dès 1936, l’œuvre Discs in Echelon entre dans les collections du MoMA de New York. Les expositions se succèdent : à la Biennale de Venise, San Francisco, Sao Paulo ou Tokyo...

Le musée Rodin est l’un des très rares lieux français dans lesquels Barbara Hepworth présente ses oeuvres de son vivant. Il revenait donc au musée Rodin, qui l’avait accueillie lors de manifestations collectives il y a plus de 60 ans, de faire découvrir au public français la quintessence de son univers poétique et saisissant.

Commissariat de l'exposition : Catherine Chevillot, conservateur général, directrice du musée Rodin et Sara Matson, conservateur à la Tate St Ives.

MUSÉE RODIN 
77 rue de Varenne, 75007 Paris
musee-rodin.fr

11/07/19

Stephan Balkenhol @ Le Portique, Le Havre

Stephan Balkenhol
Le Portique, Centre régional d'art contemporain du Havre
Jusqu'au 29 septembre 2019

STEPHAN BALKENHOL
Frau mit rotem Kleid, 2009
Bois d’abachi peint, 170 cm
Courtesy de l’artiste

Artiste internationalement reconnu, Stephan Balkenhol a conquis tant les espaces urbains que muséaux avec ses sculptures réalistes. On lui doit, par exemple, une statue de Jean Moulin érigée dans la gare de Metz ou encore une série de trois sculptures (Torwächter), au coeur d’un centre commercial berlinois (DomAquaré), représentant des « gardiens des portes », trois figures surdimensionnées et montées sur des piliers de bois.

Son travail, rejouant la statuaire traditionnelle, est immédiatement identifiable. Stephan Balkenhol a une signature: le travail du bois, son matériau de prédilection, dont il exhibe les imperfections et nervures.

La figuration contre l’art conceptuel
L’artiste allemand a choisi, dans les années 1980, de se confronter à la matière brute et authentique, d’engager son corps dans la pratique, par opposition à l’art conceptuel. Il n’a cessé d’explorer les nombreuses circonvolutions des arbres, de tenter de dompter la nature et de maîtriser le végétal avec ses outils et compagnons habituels : le maillet et le ciseau. Ses techniques sont immuables: le sculpteur taille ses personnages directement dans les troncs d’arbres.

De la reproductibilité du monde
Ce bois, plein de fissures et de noeuds, Stephan Balkenhol l’aime, le chérit : l’imperfection de la matière demeure visible, malgré l’intervention et le geste artistiques, tout comme l’imperfection des êtres, imperfection à la fois physique et morale, demeure inhérente à la comédie humaine qui se joue ici-bas. Le bois est imparfait, toute copie et toute reproduction, malgré la recherche de fidélité, est imparfaite: ainsi, le sculpteur fusionne fond et forme. Les défauts du bois sont un écho des défauts de l’homme, de l’impossible reproductibilité de la réalité par l’art. Si la taille, les coups ne sont pas gommés, le bois s’efface derrière les couleurs qui viennent se poser sur les corps en devenir. Polychromes, les sculptures revêtent un caractère quasi sacré, injectant du mystique dans le quotidien.

La comédie humaine
Dans ses oeuvres, Stephan Balkenhol privilégie la figuration et représente des anonymes qui, soudainement, accèdent au statut de personnalités éminentes car hissés sur un socle. Chez lui, socle et sculpture interagissent et ne font qu’un : ils sont indissociables, composant ainsi une unité, rappelant le bloc de bois auquel l’artiste s’est confronté dans son entièreté et soulignant la volonté d’ériger les anonymes au rang de célébrités. Tout en étant dans le monumental, l’artiste allemand « démonumentalise » la figure statufiée, redonnant humanité et simplicité à la sculpture.

Une narration secrète
Chez Stephan Balkenhol, on croise des hommes vêtus de chemise blanche et d’un pantalon noir, des femmes dans des robes courtes et de couleur... Sortes de stéréotypes d’une mode standardisée occidentale, ses sculptures constituent une forêt humaine, où se mêlent différents visages, différents protagonistes. Reste à écrire l’histoire : tout est possible.

« Mes sculptures ne racontent pas d’histoires. Il y a quelque chose du secret. Ce n’est pas à moi de le révéler, mais au spectateur de le découvrir », commente l’artiste, qui ne dévoile pas de piste narrative. Dans sa comédie humaine, peuvent se jouer différents actes entre les multiples personnages qui constituent cette foule anonyme. S’il affectionne la figuration et représente hommes et femmes en pied ou en portrait, Stephan Balkenhol a également constitué un bestiaire, se muant en fabuliste et s’appuyant sur les animaux pour dessiner un autre univers narratif.

Art et tradition
Stephan Balkenhol a réintroduit la figuration dans l’art contemporain et questionne la statuaire traditionnelle, mais aussi le geste artistique, célébrant le contact avec la matière et cette dimension physique. Travailler le bois, c’est renouer avec l’origine, la nature et un savoir-faire ancestral, qui fait, dans un même mouvement, penser à l’art médiéval et à l’art folklorique des pays d’Europe de l’est. Une façon de s’inscrire dans l’histoire de l’art et de la commenter, en la détournant et en l’interrogeant... Le sculpteur campe des figures en devenir, de potentiels générateurs d’histoires : à chacun de tisser un lien avec la figure et de la faire parler pour que s’animent ces formes, ces corps, instaurant un improbable dialogue avec le réel réactivé.

Stephan Balkenhol est représenté par les galeries Thaddeus Ropac (Paris), Deweer (Otegem, Belgique), Jochen Hempel (Leipzig, Allemagne) et Löhrl (Mönchengladbach, Allemagne).

LE PORTIQUE CENTRE REGIONAL D'ART CONTEMPORAIN DU HAVRE
30 rue Gabriel Péri, 76600 Le Havre
www.leportique.org