28/10/01

Au temps de Marcel Proust, la collection F.-G. Seligmann au musée Carnavalet, Musée Carnavalet, Paris

Au temps de Marcel Proust, la collection F.-G. Seligmann au musée Carnavalet
Musée Carnavalet, Paris
31 octobre 2001 - 20 janvier 2002

Eminent marchand d'art, François-Gérard Seligmann (1912-1999) avait placé sa collection, consacrée à la Belle Époque, sous le vocable de Marcel Proust, son auteur de prédilection. Soucieuse de préserver l'esprit de cet ensemble remarquable et la mémoire de son époux, Madame Françoise Seligmann a offert 160 oeuvres au musée Carnavalet qui bénéficie là d’un des gestes les plus généreux de son histoire. [voir sur Wanafoto le post Legs de la collection de Madame Seligmann à la Ville de Paris].

Infatigable découvreur de chefs d'œuvre pour les grands musées et les collectionneurs européens et américains, F.-G. Seligmann sut s'affranchir des modes du moment, n'hésitant pas à acquérir pour lui-même les créations d'artistes académiques à la réputation déclinante, convaincu que le talent d'un Luc-Olivier Merson ou d'un Léon Bonnat, serait un jour de nouveau reconnu. Au premier rang des peintres qu'il souhaitait remettre à l'honneur, figuraient Henri Gervex et Carolus-Duran. Lorsqu'une rétrospective consacrée à Gervex (1852-1929) fut montée au musée Carnavalet en 1992-1993, avec les musées des Beaux-Arts de Bordeaux et de Nice, F.-G. Seligmann fut le plus enthousiaste des prêteurs. Les visiteurs du musée retrouveront définitivement sur les cimaises de Carnavalet une douzaine de toiles parmi les plus séduisantes de l'exposition, dont l'immense et lumineuse Soirée au Pré-Catelan.

L'autre artiste qu'estimait particulièrement F.-G. Seligmann était le portraitiste Carolus-Duran (1837-1917). Comme Albert Besnard qui figure également dans la donation, Carolus-Duran fut dans ses dernières années directeur de la Villa Médicis et, comme lui, injustement décrié en raison du décalage entre son réel talent et les bouleversements rapides de l'art au début du XXe siècle. L'éblouissant Portrait de la marquise de Vaucouleurs ou celui de Marguerite et Robert de Broglie enfants s'imposent pourtant par leur acuité psychologique comme par le brillant de leur exécution. Ainsi, grâce aux pinceaux de Théobald Chartran, de Charles Chaplin, ou encore d'Ernest Duez renaît toute une série de figures mondaines, sans oublier des personnalités artistiques comme Sarah Bernhardt, par Louise Abbéma, ou Mary Cassatt, par le jeune Jacques-Émile Blanche.

Loin de se limiter aux gloires passées du portrait, F.-G. Seligmann fut aussi très sensible aux petits tableaux de genre de la Belle Époque, si rares dans les musées français. Au nombre de ces artistes au style léché dont les carrières sont plus difficiles à retracer, Jean Béraud a retrouvé une célébrité certaine comme un des meilleurs chroniqueurs de son temps. Deux scènes de café de ce dernier - dont une Absinthe - viennent ainsi rejoindre le bel ensemble d'œuvres de Béraud déjà réuni à Carnavalet. Quelques toiles ou aquarelles, acquises pour leur sujet et leur charme certain, sont encore anonymes, mais deux artistes à redécouvrir seront désormais en valeur au musée : le dessinateur Henri Somm, avec dix-sept figures d'élégantes des années 1890-1900, et Abel Truchet avec sept tableaux. Ce séduisant artiste, compromis entre Béraud et Toulouse-Lautrec, se distingue incontestablement par l'habileté de ses cadrages presque japonisants et la sensibilité de son coloris.

L'ensemble de la donation F.-G. Seligmann, complétée par les quelques scènes de plage et natures mortes que le musée Carnavalet a préféré ne pas retenir en raison de leur caractère non parisien, fera l'objet d'une publication exhaustive. Elle sera exposée dans son intégralité avant que la plupart des peintures ne rejoignent les salles permanentes et que les dessins ne gagnent les réserves où ils seront conservés à l'abri de la lumière. Une salle du musée portera le nom de François-Gérard Seligmann, en reconnaissance de la générosité de son épouse et de la personnalité exceptionnelle du collectionneur dont le souvenir chaleureux reste encore très présent pour tous ceux qui ont eu la chance de l'approcher.

Commissaires de l'exposition :
Jean-Marie Bruson, conservateur en chef au musée Carnavalet
Christophe Leribault, conservateur au musée Carnavalet

Catalogue :
Au temps de Marcel Proust
La collection F.-G. Seligmann au musée Carnavalet
Préface par Edmonde Charles-Roux, de l’Académie Goncourt
Introduction par Henri Loyrette
Edition Paris-Musées, 256 pages, 22 x 27 cm relié, environ 200 illustrations en couleur

MUSÉE CARNAVALET - HISTOIRE DE PARIS
23, rue de Sévigné, 75003 Paris
www.paris-france.org/musees/musee_carnavalet