01/05/06

Musée de l'Orangerie à Paris et Collection Jean Walter et Paul Guillaume


Musée de l’Orangerie, Paris
Réouverture au public le 17 mai 2006
et nouvelle présentation des Nymphéas de Claude Monet

Agrandi et entièrement rénové, le musée de l’Orangerie invite le public à contempler les célèbres Nymphéas de Claude Monet et les chefs-d’œuvre de la collection Jean Walter et Paul Guillaume, collections mises en valeur par un projet scientifique et culturel renouvelé et servi par des transformations architecturales fondamentales.

La nouvelle muséographie des Nymphéas de Claude Monet
Après d’importants travaux de réaménagement et de restauration, le musée offre désormais à ses visiteurs une nouvelle scénographie articulée autour deux transformations majeures. Les Nymphéas de Claude Monet retrouvent leur place initiale, au centre du bâtiment qu’ils occupaient dans le bâtiment lors de leur installation, en 1927, et la lumière naturelle de la verrière, dont ils étaient privés depuis les années soixante. Le vestibule et les entrées multiples aux salles oblongues sont restitués, offrant de nouveau une libre circulation et l’intégration de l’ensemble monumental à son environnement, entre le jardin des Tuileries et la Seine. Les Nymphéas ont bénéficié à cette occasion d’une importante campagne de conservation préventive et de restauration, menée par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF).

La Collection Walter-Guillaume

L'appellation  « Collection  Jean Walter  et  Paul Guillaume »  désigne  le magnifique  ensemble  constitué  par  le marchand  et  collectionneur Paul Guillaume  et  par  sa  veuve,  Juliette  Lacaze,  dite  « Domenica », remariée en secondes noces à l'architecte et industriel Jean Walter.

Paul Guillaume (1892-1934) est au rang des grands marchands d’art parisiens engagés dans  la promotion de l’art moderne. Moins connu mondialement qu’un Paul Durand-Ruel ou qu’un Daniel-Henry Kahnweiler, disparu très tôt à l’âge de 42 ans, il n’en reste pas moins l’un des découvreurs les plus importants du 20e siècle. Outre les  artistes  tels Matisse,  Picasso, Derain, Modigliani, Utrillo,  Le Douanier Rousseau  ou  encore  Soutine  qu’il défend particulièrement, il s’intéresse également très tôt aux arts premiers.

Histoire de la constitution de la collection Jean Walter et Paul Guillaume
Paul Guillaume  incarne  le  glissement  qui  s’opère  chez  certains marchands (tels Durand-Ruel, Vollard  ou  les frères Bernheim), entre le statut de commerçant et le statut de collectionneur privé. Ainsi s’inscrit-il dans la lignée des « marchands-collectionneurs»,  une nouveauté au début du 20e siècle tant elle représente le mariage jusque là  contre  nature  entre  l’homme  d’argent  –  voire  le  spéculateur  –  et  le  collectionneur  qui  se  targue  de désintéressement, et plus loin réalise l’ascension d’une classe sociale à l’autre – le second statut étant l’un des signes, à l’époque, de l’appartenance à une élite.

La  vie de Paul Guillaume, qui n’a pas hérité de la haute position  sociale à laquelle il aspire,  se nourrit de  ce
double statut. Véritable amateur et connaisseur, il sut allier avec génie les relations commerciales (comme par
exemple en conseillant le Docteur Barnes) tout en gagnant la reconnaissance des milieux intellectuels et de ses pairs. Toutes ces activités sont bien sûr intimement liées : il fonde par exemple en 1918 une revue de grande qualité, « Les Arts à Paris », qui mêle débats critiques, actualités du monde artistique et promotion remarquable de sa propre affaire et des œuvres de sa collection.

Constituée  en  parallèle  avec  ses  activités  de marchands,  la  collection manifeste  le  grand  dessein  de  Paul Guillaume, qui très vite, la conçoit comme un patrimoine « public ». Insatisfait – comme beaucoup d’autres alors – par la faible visibilité de l’art moderne dans les institutions françaises, il entend remédier à la défaillance de l’Etat en constituant un ensemble exemplaire pour le donner à voir à la communauté. En 1929, ses œuvres sont exposées chez Bernheim-Jeune, sous le titre ambitieux de « La grande peinture contemporaine à la collection Paul Guillaume ».  Il  songe  d’ailleurs  à  aménager  ses  appartements  de  l’avenue  de Messine  pour  ouvrir  un « hôtel-musée », accessible à tous. Pourtant il déménage à l’avenue Foch en 1930, sans que le musée annoncé ne  voie  le  jour. A la place, il  se rapproche de l’administration des Beaux-Arts et déjà, l’on imagine une future donation au profit de l’Etat. Mais le décès précoce de Paul Guillaume en 1934 coupe court aux spéculations et, finalement,  Domenica  hérite  de  l’inestimable  ensemble.  Elle  continuera  d’ailleurs  de  le  compléter  selon  ses propres orientations, alors qu’elle a épousé l’architecte Jean Walter, devenu riche industriel.

La collection Jean Walter et Paul Guillaume compte aujourd’hui 144 œuvres et constitue un ensemble majeur, témoignage prestigieux de l’effervescence de la scène artistique parisienne de la fin du 19e siècle au début du 20e.  Si  l’ambition  de  Paul  Guillaume  était  bien  d’œuvrer  pour  la  découverte  et  la  reconnaissance  de  l’art moderne,  ses  choix  n’en  sont  pas moins  ceux  d’un  individu  talentueux  et  visionnaire,  choix  qui reflètent  des préférences et des engagements, non une totale objectivité.

La collection compte ainsi des chefs-d’œuvre de l’avant-garde acquis par Paul Guillaume dès 1914 – 1918, à ses débuts : Derain, Matisse, Picasso, Modigliani... D’autres œuvres les rejoignent sans que leurs auteurs soient à ce moment  encore  à  la  pointe  de  la  création,  tels  le  Douanier  Rousseau,  Cézanne,  Utrillo,  Renoir,  Soutine, Laurencin… reflétant  ainsi  l’aspiration  ambiante  pour  un  modernisme  déjà  devenu  « classique »  et  le  goût toujours vivant pour l’Impressionnisme. Paul Guillaume s’est ainsi concentré sur une douzaine d’artistes dont il possède  plusieurs œuvres  et  propose  de  la  sorte  sa  propre  lecture  des  avant-gardes  au  travers  d’un  brillant ensemble.

La Collection Jean Walter et Paul Guillaume et le musée de l’Orangerie
Finalement, Domenica  concrétisera  le  souhait  de  son  premier mari  de  voir  sa  collection  honorée  au  titre  de l’intérêt public. Par deux actes successifs, en 1959 puis 1963, Domenica cède à l'Etat, à la condition qu'il soit intégralement présenté à l'Orangerie, l'essentiel de la collection. Elle en conserve cependant l'usufruit jusqu'à sa mort.

Sur ses directives, l'architecte en chef du Palais du Louvre, Olivier Lahalle, conçoit la transformation du bâtiment pour lui permettre d'accueillir la collection. L'entrée reçoit un escalier monumental, avec une rampe en fer forgé de Raymond Subes. Un étage est  construit  sur toute la longueur du bâtiment, étage qui prive par ailleurs les Nymphéas de l'éclairage naturel et qui détruit le vestibule elliptique dessiné par Monet.

Après  une  première  présentation  de  la  collection,  en  1966,  et  en  attendant  de  l'accueillir  définitivement, l'Orangerie  continue  à  présenter  d'importantes  expositions,  comme Georges  de  La Tour  en  1972, Braque  en 1973, ou La peinture allemande à l'époque du Romantisme en 1976.

Après  la mort  de Domenica Walter  en  1977,  le musée  de  l'Orangerie  ferme  pour  un  toilettage  de  l'existant. Devenu musée national de plein exercice et rouvert en 1984, il présente de manière permanente la collection Jean  Walter  et  Paul  Guillaume,  ainsi  que  les  Nymphéas,  bien  que  placés  en  position  accessoire  par  les aménagements successifs.

Une nouvelle présentation de la Collection Jean Walter et Paul Guillaume au Musée de l'Orangerie
Les  nouveaux  espaces  de  l'Orangerie  vont  enfin  permettre  de  dégager  l'identité  historique  et  l'originalité esthétique  de  la  collection  Jean Walter  et Paul Guillaume. Directement  accessible  depuis  le  hall  d'accueil,  la galerie où elle sera présentée, située sous le jardin, le long de la façade nord, bénéficiera d'un éclairage naturel provenant d'une verrière pratiquée sur toute la longueur du bâtiment.

L’ensemble  de  l’exposition  a  pour  vocation  de  restituer  le  caractère  profondément  intimiste  de  la  collection. Citons notamment un dispositif muséographique original qui restitue à taille réelle l’univers du collectionneur.

Le projet architectural a été conçu et mené à bien par l’Agence Brochet/Lajus/Pueyo sous la maîtrise d’ouvrage de la Direction des musées de France et de son mandataire, l’EMOC (Etablissement public de maîtrise d’ouvrage des travaux culturels).

La première exposition temporaire aura lieu de novembre 2006 à mars 2007 et aura pour titre : Orangerie 1934 : les peintres de la réalité. Elle mettra en perspective la célèbre exposition « Les peintres de la réalité en France au 17e siècle », qui, organisée en 1934, fut à l’origine de profonds changements dans l’histoire de l’art et du goût, en renouvelant notamment le regard porté sur l’art français. 

Site web du Musée national de l'Orangerie, Paris : www.musee-orangerie.fr