21/01/07

Dado – Dubuffet. Le temps d’une rencontre, Exposition au Musée de Sérignan

Dado – Dubuffet
Le temps d’une rencontre
Musée de Sérignan
20 janvier - 15 avril 2007

Le 23 septembre 2006, la commune de Sérignan, située à 9 kilomètres au sud de Béziers, inaugurait le musée de Sérignan, premier musée d’art contemporain de l’Hérault. Ce musée présente sur près de 2500 m2 une collection permanente constituée principalement de dons d’artistes et des expositions temporaires.

Après A means to an end / un moyen une finalité - Lawrence Weiner (23 septembre 2006 - 7 janvier 2007), la seconde exposition temporaire du musée de Sérignan met en parallèle le travail des artistes Miodrag Djuric dit Dado et de Jean Dubuffet. 

Après la Seconde Guerre mondiale, quelques artistes, adeptes d’une peinture improvisée, ressentent la nécessité de profondes remises en question. Leur art, dit "informel", ne doit rien au passé et ne subit aucune influence. Jean Dubuffet fait partie de ces peintres dont l’objectif est de s’arracher de l’emprise de la tradition et d’explorer des territoires inconnus, afin de retrouver la "spontanéité ancestrale de la main humaine quand elle trace des signes". Arrivé en France en 1956, à l’age de 23 ans Dado travaille dans un atelier de lithographie où il rencontre Jean Dubuffet. Ce dernier lui fait rencontrer Daniel Cordier qui deviendra son marchand. De la fin des années cinquante à la fin des années soixante, les deux artistes vont s’influencer mutuellement aussi bien dans leur production picturale que dans leurs éditions. L’exposition s’attache à présenter un ensemble complet de leur rencontre et influences réciproques.

« En 1959, rue de Miromesnil, Daniel Cordier présente « Célébration du sol » : des topographies et « des texturologies » à la gloire de l’humble terre piétinée par les hommes (...). A la gouache, à l’huile, avec des collages, il imite la glaise et le goudron avec une remarquable exactitude » (Philippe Dagen). Au contact de ces œuvres, paysages et personnages de Dado apparaissent taillés dans une même matière inqualifiable. Dado ne cherche pas à reproduire le motif naturel et se soucie bien peu de l’exactitude ; il n’imite pas, il ne procède pas à un relevé, il imagine un monde irréaliste ou le nuage et la roche peuvent être de même substance. Les histoires monténégrines et la sensibilité d’enfant dont fait preuve Dado qui n’hésite pas à grossir monstrueusement certains détails, mélanger la réalité visible et la réalité racontée, faire côtoyer sans les distinguer l’horreur et le merveilleux semble directement marquer le travail de Jean Dubuffet. Le trait des œuvres de ce dernier, surtout ses gravures, acquiert un dessin volontairement malhabile, proche de la caricature ou du graffiti. Sa passion pour les dessins d’enfant, de malades mentaux ou encore de prisonniers confirme le trait du jeune artiste yougoslave. Dans les matériologies, Dubuffet n’inscrit ni de figures, à l’exception de rares dessins de personnages dans les paysages, ni d’éléments tragiques contrairement à Dado. Dubuffet s’attache à un sujet précisément circonscrit, il l’impose fortement par une représentation simplifiée et absolument explicite. Ce dernier n’hésitant pas à déclarer qu’il est « passionné d'être l'homme du commun du plus bas étage » car ses véritables maîtres sont les enfants, les gens du commun, les malades mentaux. Aucune équivoque également par les titres qui évitent au spectateur toute hésitation dans les œuvres de Dubuffet, « à l’inverse Dado, se satisfait le plus souvent d’un laconique « sans titre » qui laisse toute liberté, y compris celle de se perdre »  (Philippe Dagen).

La passion de Sérignan pour Dado est ancienne. En effet, en 1994 Dado investit le domaine des Orpellières, domaine vinicole désaffecté situé à Sérignan Plage. L’artiste y séjourne régulièrement jusqu’en 1999 – date de l’inauguration – et y réalise des peintures murales et des sculptures objets. L’ancien Espace d’art contemporain Gustave Fayet a consacré deux expositions temporaires au travail de l’artiste. Afin d’apporter un nouveau regard sur le travail du peintre monténégrin et de l’inventeur de l’art brut, le Musée de Sérignan a décidé de regrouper leur travail.

En parallèle, les vitrines expérimentales seront investies par les éditions Fata Morgana. A l’occasion des 40 ans de la maison d’édition languedocienne, le musée présente le travail de collaboration avec les artistes notamment avec des livres illustrés par Pierre Alechinsky, Bernard Dufour, Jean Messagier, Dado, Capdeville, Michel Tapiès, Geer Van Velde, Rougemont, Saura…

Exposition réalisée en collaboration avec la galerie Alain Margaron, la galerie Baudoin Lebon, Pierre et Marianne Nahon et les Editions Fata Morgana.

Musée de Sérignan
146 avenue de la Plage, 34410 Sérignan