22/04/18

François Rouan @ Musée du Palais de Compiègne - Exposition François Rouan, d’un château à l’autre

François Rouan, d’un château à l’autre 
Musée du Palais de Compiègne 
18 avril – 10 septembre 2018 

Pourquoi avoir invité François Rouan à Compiègne ? Installé dans l'Oise depuis plusieurs années, François Rouan s’intéresse à l'histoire de ce territoire. Par ailleurs, il a déjà travaillé dans des châteaux dont celui de Hautefort, en Dordogne, de 2013 à 2015. Accueillir un artiste vivant permet de renouveler le regard sur l'architecture, le décor et l'histoire de cet extraordinaire palais.
« L'invitation à intervenir dans la complexité architectonique et la splendeur du Palais royal et impérial m'est apparue d'abord comme un défi au regard de mes capacités modestes. Il m'a semblé pourtant nécessaire de ne pas me dérober à l'affrontement. La nature même et le feuilletage historique des décors du Palais contribuent pour moi à poser de manière originale la question du travail et de la fonction de l’art aujourd’hui. Seulement si l'on entend encore par là rechercher la possibilité d'une expérience partagée, par un travail discret du regard » François Rouan.
Dans la salle des Colonnes François Rouan pose huit peintures monumentales récentes, Sienna, Pavane, Sardanne... Deux peintures Stucke dessus-dessous insérées dans le sarcophage du grand escalier, lui redonnent sa fonction initiale.

Dans la salle des Gardes une installation Jardin du Souvenir réunit Fleurs de Picardie et Mille Antigone en hommage à Charlotte Delbo (1913 – 1985), femme de lettres, résistante déportée et rescapée des camps de la mort, et aux victimes de ces guerres.

L’antichambre double accueille un ensemble de photographies et de dessins réalisés depuis 2016, ainsi que L’envers des corps, film spécialement réalisé au palais par François Rouan. Des voiles imprimés de photographies superposées ponctuent le parcours des salons des appartements des souverains. Derrière le décor somptueux et impérial, il y a la présence des corps, filmés au Palais ou dans l’atelier. La multitude d’images crée un autre décor, subtil et vivant où le corps féminin se devine.

Dans l'antichapelle est exposé le carton du tapis commandé par le Mobilier National en 2005. Le tapis tissé aux Gobelins, est étendu sur le sol de la chapelle et visible depuis la tribune qui la surplombe.

Le visiteur attentif peut voir ou ne pas voir, la présence d’une œuvre qui se glisse ou s’oppose au décor. L’Histoire, les histoires, les dates, qui scandent, marquent, ponctuent les lieux, sont retenues en contrepoint. Le somptueux appelle l’élémentaire, le quotidien se patine par la répétition des gestes et le caché devient la trame obsessionnelle d’un vécu oublié.
François Rouan intègre du vivant, de l’humain, dessus, dessous, par bribes ou par fragments. Un nouveau décor ? peut-être, qui parle, qui dénonce, qui oblige à regarder, à se souvenir, des guerres, des violences, des morts, des horreurs insoutenables commises par mépris, fanatisme et démence. En face de cela, la beauté du vivant, de modèles nus au grain de peau lissé, est là superposée à la multitude de soiries aux couleurs audacieuses, omniprésentes dans le palais. L’élégance d’un geste, la rondeur d’un buste, la naïveté d’une main ou d’un pied, la candeur d’un visage, ou la brillance d’une chevelure s’imposent naturellement. Toutes les matières, toiles, papiers, photographies, pellicules, reprennent par le truchement des découpages, une trame de travail pour une création autre, nouvelle, une autre et encore une autre et encore une autre… La complexité des superpositions structure l’œuvre et le regard du visiteur se perd s’arrête, se fixe ou s’abstient. Brigitte Hedel-Samson, 2018. Publication François Rouan, Compiègne.
Pour la réalisation de ses œuvres, François Rouan utilise le croisement, le collage, la superposition d’images, et dès le début « le tressage ». Les œuvres se tressent, se croisent, se superposent, se reconstruisent autour de l'Histoire, des histoires et de la mémoire. 
« Qu’il s’agisse de peinture, de photographies ou d’images en mouvement, l’écriture de l’objet est toujours une fabrique de tressement. » François Rouan, 2005
Commissariat

Chef de projet et commissaire « François Rouan Compiègne »
Brigitte Hedel-Samson, conservateur en chef du patrimoine honoraire

Commissariat aux musées nationaux du Palais de Compiègne
Gilles Grandjean, conservateur en chef du patrimoine au Palais
Marc Desti, conservateur en chef du patrimoine au Palais

Musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne
Place du Général de Gaulle – 60200 Compiègne