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03/09/25

Tursic & Mille @ Galerie Max Hetzler, Paris - Exposition "Lavis en Rose"

Tursic & Mille - Lavis en Rose
Galerie Max Hetzler, Paris
6 Septembre – 11 Octobre 2025

Tursic & Mille
Tursic & Mille 
Lavis en Rose, 2025 
© Tursic & Mille, photo: I & W, 2025

« Le sujet, dans la peinture de Tursic & Mille, est un leurre à tous les sens du terme : il trompe et il appâte... Car le véritable sujet de leurs œuvres est la peinture, dans une tradition classique qui va de Picabia à Christopher Wool. » 1 
Eric Troncy

La galerie Max Hetzler, Paris, présente Lavis en Rose, une exposition de Tursic & Mille, la sixième avec la galerie Max Hetzler et la première dans la galerie parisienne.

Avec un partenariat artistique qui s'étend sur plus de deux décennies, les peintres Tursic & Mille, mènent une réflexion profonde sur la peinture et sur la notion de représentation. À travers une pratique empirique d’une peinture ouverte à toutes les possibilités conceptuelles et matérielles, aux accidents constitutifs du médium, ils abordent la peinture, aussi bien en tant qu’objet que comme sujet. Réinventant sans cesse leur pratique, s’intéressant autant au concept, au process, à la matérialité de la peinture, qu’à l’utilisation de l’imagerie, ils développent une manière singulière de penser en peinture aujourd’hui.

Lavis en Rose, commence donc, avec son titre, par une homophonie, un jeu de mot, un malentendu : Lavis / La vie. Ainsi, un cliché, une promesse du bonheur se transforme en simple procédé technique à dominance rose (rose étant l’anagramme d’Éros). Ce malentendu est peut-être aussi celui qu’ils traquent dans l’idée même de peinture figurative, avec l’éternelle conflictualité interne image/peinture.

Le Rose, ici, agit comme élément perturbateur, tel un filtre à double usage : physiquement, il ajoute une couche matérielle au tableau (le poussant parfois à la limite du monochrome), sémantiquement enfin, en instillant une distance, une sensation d’instabilité qui agit tel un voile qui simultanément perturbe tout en affirmant le caractère complexe de la perception et de la représentation. Lavis en Rose est une traversée, aussi douce qu’incendiaire, d’un monde en tension.

L’exposition commence par un tableau programmatique. Un portrait d’une jeune femme, qui regarde ses doigts tachés de peinture rose. Mi-surprise, mi-dégoutée, elle semble se demander ce qu’elle va en faire, quoi en faire. « Ce tableau pourrait servir de portrait à n'importe quel peintre au travail, confronté à son démon, ces pigments dilués dans l'huile, incontrôlables, collés aux doigts, corps et âme, entêtants et rebelles aux coups de pinceau qui prétendent avoir tout pouvoir sur eux. Et pourtant, la peinture fait ce qu'elle veut : elle surgit de nulle part, gâchant l'image autant qu'elle la trace ». 2

Dans la première salle, deux paysages se font face. Un paysage lointain, un ciel étoilé rose, l’infiniment grand, en vis-à-vis, un ciel plus proche, ciel traversé par des fusées, l’infiniment humain. Sur les murs latéraux, deux petits panneaux de bois peints, deux natures mortes où figurent des mégots de cigarettes.

Au centre de l’exposition, l’Hallali inversé, se déroule sur trois tableaux. Utilisant plusieurs sources iconographiques, différents imaginaires, différents styles de peinture, différentes temporalités, comme si la scène provenait d’un souvenir parsemé de confusion. Dans un sous-bois en proie à des flammes symboliques, des animaux, ensemble, cèdent à une fuite panique, face à une menace non identifiée, qui n’est plus localisée, mais qui infuse au-delà de la composition. En opposition à ce mouvement, statique, une femme peintre est assise devant son chevalet, palette à la main, pinceau suspendu. À côté d’elle, un homme en costume, cigarette à la main, observe nonchalamment, comme s’il assistait à une scène ordinaire. Tursic & Mille interrogent la nature anachronique du medium en opposant la frénésie et l’urgence au temps long de la peinture.

Paysage Rose, un diptyque dans lequel une maison pavillonnaire est dévorée par des flammes qui s’élèvent dans un ciel rose délavé. Cette œuvre s’inscrit dans une série initiée en 2005, où le feu, omniprésent, devient une figure métaphysique : moins un évènement qu’un état latent, il habite le paysage et altère la lumière. Le lavis rose qui recouvre toute la surface adoucit et voile l’image, le rendant quasiment irréel et plus troublant. Le tableau est ici divisé en deux, scindant ainsi la temporalité interne de la composition en deux événements possibles.

Un portrait d’une jeune femme fixe le spectateur d’un regard vague, elle pose dans un canapé au milieu d’une clairière embrasée, habitant étrangement la composition. La forêt qui l’entoure est en flammes, pourtant, la scène reste étonnamment calme, tout est placé avec soin, comme dans un catalogue de décoration. Cette fusion de l’espace domestique à l'espace sauvage, cette uniformisation créée par le recouvrement d’une couche transparente rose, installe un trouble, une ambiguïté existentielle.

En parallèle, au 46 rue du Temple, est présenté une sélection de peintures sur papier issues de Papers 2018-2022, révélant l’aspect empirique de leur pratique. Ces œuvres accidentelles et inconscientes accumulées pendant plus de vingt ans donnent à voir le travail en train de se faire et créent in fine des peintures abstraites involontaires, des matérialisations de la pratique même de la peinture, un émerveillement constant et brut de la couleur. Les pigments dilués dans l'huile, incontrôlable. Et pourtant, la peinture fait ce qu'elle veut.

Ida Tursic (née en 1974 à Belgrade, en Serbie) et Wilfried Mille (née en 1974 à Boulogne-Sur-Mer, en France) vivent et travaillent à Mazamet, en France. Les œuvres de Tursic & Mille ont été présentées, entre autres, dans des expositions personnelles le FRAC – Fonds régional d'art contemporain de Normandie, Caen (2023); le Musée Consortium, Dijon (2022); Le Portique, Le Havre (2021); le Muzeum Sztuki, Łodz (2020); la Fondation d'Entreprise Ricard, Paris (2017); le Musée des Beaux-Arts, Dole (2011); le FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand (2011) et le Musée de Serignan (2008-2009). Le duo d'artistes a reçu le prix de la Fondation Simone et Cino Del Duca en 2020 et le prix de la Fondation d'Entreprise Ricard en 2009. Ils ont été nominés pour le prix Marcel Duchamp en 2019.

Les oeuvres de Tursic & Mille font partie des collections permanentes de la Collection Berardo, Lisbonne; du Centre Pompidou, Paris; de la Fondation Louis Vuitton, Paris; le FNAC – Fonds National d'Art Contemporain, Paris; le FRAC – Auvergne, Clermont-Ferrand; le FRAC – Bourgogne, Dijon; le FRAC – Le Plateau, Paris; Le Consortium, Dijon; le Musée des Beaux-Arts de Dôle; et le Musée Régional d'Art Contemporain de Sérignan, entre autres.

_________
1 Eric Troncy dans le dossier de presse pour Tursic & Mille - Tenderness, Consortium Museum
2 Judicaël LavradorLibération, 15 mars 2022 

GALERIE MAX HETZLER, PARIS
46 & 57, rue du Temple, 75004 Paris

03/08/25

Guillaume Bresson @ Musée de Grenoble - "En regard" des collections permanentes du musée

Guillaume Bresson. En regard
Musée de Grenoble
Jusqu'au 28 septembre 2025

Guillaume Bresson - Musée de Grenoble
© Courtesy Musée de Grenoble

Dans le cadre du cycle « En regard », le Musée de Grenoble propose à des artistes contemporains de se confronter à ses collections permanentes. Après Pierre Buraglio et sa rencontre avec Philippe de Champaigne, c’est au tour de Guillaume Bresson d’explorer les chefs-d’oeuvre du musée. 

Né en 1982 à Toulouse et formé aux Beaux-Arts de Paris, GUILLAUME BRESSON est une figure majeure de la peinture française. Vivant à New York après Paris et Berlin, le peintre est connu pour ses toiles hyperréalistes dans lesquelles il met en scène, de manière très chorégraphiée, des personnages en proie à des combats dans des scènes de rue. S’il s’inspire de la peinture classique avec des références à la peinture religieuse et d’histoire, il ancre son oeuvre dans le présent, en raccrochant ses créations à des problématiques sociales actuelles. Pour parvenir à cette précision photographique, le peintre commence son travail par des séances de photographie préparatoires avec modèles dans son atelier. Ceux-ci se prêtent à la mise en scène de leurs corps, proposant des poses et des mouvements théâtralisés qui évoquent la peinture baroque. À travers un travail de montage, l’artiste isole et détache ensuite les corps avant de les réagencer en groupe. Guillaume Bresson construit ainsi des tableaux dans lesquels le langage corporel occupe une place centrale dans la création du récit.

Après s’être confronté aux peintures d’Horace Vernet du Château de Versailles, Guillaume Bresson a répondu à l’invitation du Musée de Grenoble où il propose un dialogue avec les tableaux historiques et modernes de la collection. À travers une trentaine d’oeuvres qui jalonnent le parcours permanent du XVIIe siècle à nos jours, l’artiste a soigneusement composé l’accrochage, en correspondance, tissant des liens à la fois formels et thématiques, une rencontre qui selon les siècles, est furtive, en continuité ou conflictuelle.

Commissaire de l'exposition : Sébastien Gokalp, Directeur du musée de Grenoble

Une exposition organisée en partenariat avec la Galerie Nathalie Obadia , Paris/Bruxelles.
Avec le soutien de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.

MUSÉE DE GRENOBLE
5 place Lavalette - 38000 Grenoble 

Guillaume Bresson. En regard
Musée de Grenoble, 14 juin - 28 septembre 2025

26/07/25

Eija-Liisa Ahtila @ Galerie Marian Goodman, Paris - Exposition "On Breathing"

Eija-Liisa Ahtila, On Breathing 
Galerie Marian Goodman, Paris
5 septembre – 4 octobre 2025

Eija-Liisa Ahtila
Eija-Liisa Ahtila
On Breathing, 2024 
Single channel installation. Image 4K UHD 
Audio 2.0. 9 min. 45 sec. en boucle. Crystal Eye 2024 
© Eija-Liisa Ahtila, courtesy Galerie Marian Goodman
Un arbre peut-il être un protagoniste ou un espace ? Comment, à travers l'action, cela affecterait-il les règles de la narration ?—Eija-Liisa Ahtila
La Galerie Marian Goodman présente une nouvelle exposition d’Eija-Liisa Ahtila qui dévoile pour la première fois en France deux grandes œuvres vidéo, On Breathing et APRIL ≈ 61°01’ 24°27’ (2024). Reconnue internationalement pour ses installations cinématographiques, Eija-Liisa Ahtila remet en question la notion de perspective dans l'image en mouvement et construit une expérience où plusieurs temporalités et espaces coexistent. Dans le prolongement de ses recherches menées au cours de la dernière décennie, les œuvres de l'exposition explorent chacune à leur manière des formes de narration et de modes de présentation conçues autour de la nature et du vivant. Abandonnant un point de vue anthropocentrique, Eija-Liisa Ahtila cherche à rendre visible le monde non-humain et en particulier les arbres. Alors que On Breathing dépeint les entrelacs délicats d’un arbre et de la brume matinale, APRIL capture le passage silencieux d'une saison à une autre, à travers des déplacements subtils de l’espace entre les arbres et l’observation attentive de la forêt. 

Au rez-de-chaussée de la galerie, On Breathing (2024), une projection d’une durée de 9 minutes, s’apparente à un poème visuel qui met l'accent sur le mouvement lent et hypnotique de la brume s’évapororant autour d’un chêne. Ce phénomène matinal est typique des conditions automnales et hivernales, lorsque la mer demeure plus chaude que l'air et le sol environnants. Le déplacement de la brume et le son qu'elle produit dans les branchages évoquent poétiquement une respiration végétale. « L'air autour du chêne semble tangible, et l'espace à l'intérieur devient réel, comme si, pour un instant, la respiration de l'arbre devenait perceptible », explique l’artiste.

Eija-Liisa Ahtila, qui recourt fréquemment de plusieurs écrans et split-screens pour révéler simultanément différents aspects d'un même récit, utilise ici des incrustations vidéo afin de superposer des temporalités distinctes. La dérive du brouillard et son interaction avec les feuilles, le rythme et les plans de la caméra ; tout concourt à composer un tableau animé singulier.

Envisageant ses œuvres récentes comme un continuum, l'artiste remarque que chaque processus créatif la conduit naturellement vers le suivant. Depuis 2011, elle a ainsi progressivement remplacé les protagonistes humains par des arbres ou d’autres organismes vivants, donnant naissance à une série d'œuvres qui abordent « le récit écologique de l'image en mouvement ». Cette nouvelle orientation remet en question la relation contemporaine entre nature et humanité, ainsi que la frontière artificielle séparant les êtres humains et le reste du vivant. « J'ai tenté de développer des approches visuelles et des méthodes de narration qui pourraient nous montrer une voie pour sortir de l'anthropocentrisme et permettre la présence d'espèces non humaines dans notre imaginaire », affirme Eija-Liisa Ahtila.

Au niveau inférieur de la galerie, APRIL ≈ 61°01’ 24°27’(2024), exposée pour la première fois au musée Kröller-Müller aux Pays-Bas, immerge les visiteur·euse·s dans la forêt du parc naturel d'Aulanko, en Finlande, à proximité de la ville natale de l’artiste. Connue comme un environnement naturel encore préservé de l'activité humaine, cette forêt a été filmée pendant deux années consécutives, en 2022 et 2023, entre la fin mars et le mois de mai. Si le titre de l'œuvre se réfère au mois d’avril associé à la régénération de la nature, l'installation longue de près de 12 mètres et composée de huit écrans de projection, montre la transition subtile entre la fin de l'hiver et l’arrivée de l’été. Les huit séquences sont agencées de manière chronologique : de gauche à droite, la forêt apparaît d’abord aux premiers moments de la fonte des neiges, jusqu'à l'arrivée prématurée de l'été.

L'échelle et l’horizontalité de l'installation évoquent Horizontal (2011), oeuvre emblématique de l’artiste, née de sa volonté de représenter un sapin géant dans son intégralité. Pour éviter les distorsions liées à l’usage d’un objectif grand angle, Eija-Liisa Ahtila avait choisi de capturer l’arbre en plusieurs sections horizontales, avant de le présenter lui aussi sous la forme horizontale sur une série de six écrans de projection.

Avec APRIL, la forêt envisagée comme un écosystème où les arbres et une multitude d'organismes interagissent en permanence, est pour la première fois au centre de l'attention de l'artiste. La source de l'œuvre est la vie sylvestre, où chaque être singulier est un élément intégré de l'ensemble et où cet ensemble existe en retour dans cet être singulier. Pour créer un langage cinématographique adapté au sujet, les mouvements de caméra dans chacune des huit sections sont fluides et asynchrones, alternant ralentis et arrêts momentanés. « Le thème d'APRIL est la spatialité de l'être, le changement constant et la prise de forme de la forêt, qui est sa qualité fondamentale », explique Eija-Liisa Ahtila.

Eija-Liisa Ahtila est née à Hämeenlinna, en Finlande, en 1959. Elle a reçu de nombreux prix au cours des deux dernières décennies, dont récemment le titre de Commandeur de première classe de l'Ordre de la Rose blanche de Finlande (2020). Elle vit et travaille à Helsinki.

Les oeuvres d'Ahtila sont largement exposées depuis le début des années 1990. L'exposition « The Power of Trees », incluant Horizontal, est visible jusqu'au 14 septembre 2025 à la Shirley Sherwood Gallery of Botanical Art, Kew Gardens, Richmond, près de Londres. Récemment, elle a présenté des expositions personnnelles au Serlachius Manor en Finlande (2024) ; au Kröller-Müller Museum aux Pays-Bas (2024) ; à l'Ulrich Museum of Art à Wichita aux États-Unis (2022) ; à la National Gallery of Art à Vilnius en Lituanie (2021) ; au M Museum à Louvain en Belgique (2018) et au Serlachius Museum Gösta à Mänttä en Finlande (2018). Précedemment son travail a fait l’objet d’expositions monographiques dans de nombreuses institutions telles que l'Australian Centre for the Moving Image à Melbourne (2017) ; Guggenheim Bilbao en Espagne (2016) ; Albright-Knox Gallery à Buffalo aux Etats-Unis (2015) ; Oi Futuro à Rio de Janeiro au Brésil; Kiasma à Helsinki en Finlande (2013) ; Moderna Museet à Stockholm en Suède (2012); le Carré d’Art à Nîmes (2012) ; Museo del Palacio de Bellas Artes à Mexico au Mexique (2012) ; Art Institute of Chicago aux Etats-Unis (2011) ; Parasol Unit à Londres au Royaume-Uni (2010) ou encore le Jeu de Paume à Paris (2008). Eija-Liisa Ahtila a été membre du jury au Festival du film de Venise en 2011 et présidente du jury du FIDMarseille en 2013. 

GALERIE MARIAN GOODMAN 
79 rue du Temple, 75003 Paris

25/06/25

Vija Celmins @ Fondation Beyeler, Riehen / Bâle

Vija Celmins
Fondation Beyeler, Riehen / Bâle
15 juin – 21 septembre 2025

Vija Celmins Art
Vija Celmins
Snowfall #1 (Chute de neige #1), 2022-2024
Huile et alkyde sur lin, 132 x 184 cm 
Glenn and Amanda Fuhrman Collection, New York City, États-Unis 
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery, 
Photo: Aaron Wax, Courtesy Matthew Marks Gallery

Vija Celmins Art
Vija Celmins
Astrographic Blue (Bleu astrographique), 2019-2024
Huile sur toile, 50 x 33 cm 
Matthew Marks Gallery
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery, 
Photo: Aaron Wax, Courtesy Matthew Marks Gallery

Vija Celmins Art
Vija Celmins 
Untitled (Web #1) [Sans titre (Toile #1)], 1999
Fusain sur papier, 56,5 x 64,9 cm, Tate, 
ARTIST ROOMS, Londres, Royaume-Uni 
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery, 
Photo: Tate

La Fondation Beyeler présente l’une des plus importantes expositions personnelles jamais consacrées à l’artiste américaine VIJA CELMINS (*1938, Riga) en Europe. Connue pour ses peintures et ses dessins envoûtants de galaxies, de surfaces lunaires, de déserts et d’océans, Vija Celmins nous invite à ralentir, à observer de près et à nous immerger dans les surfaces captivantes de ses œuvres. Telles des toiles d’araignée, elles nous happent et nous incitent à contempler les tensions entre surface et espace, proximité et distance, immobilité et mouvement. Organisée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition réunit environ 90 œuvres, principalement des peintures et des dessins, de même qu’un petit nombre de sculptures et d’œuvres graphiques.

Née à Riga (Lettonie) en 1938, Vija Celmins fuit son pays natal en 1944 avant d’émigrer avec sa famille aux États-Unis en 1948. Elle grandit à Indianapolis puis part suivre des études d’art à Los Angeles, avant de s’installer au Nouveau-Mexique, à New York et enfin à Long Island, où elle vit et travaille aujourd’hui. Son travail, tenu en très haute estime, est prisé tant par les musées que par les collections privées de tout premier plan. Cependant, les occasions de face-à-face approfondi avec ses œuvres sont extrêmement rares, dû entre autres au fait qu’au fil de sa carrière l’artiste n’a réalisé qu’environ 220 peintures, dessins et sculptures. Vija Celmins a toujours travaillé à son propre rythme, refusant de se plier aux courants dominants du monde de l’art et maintenant une attention résolue à sa pratique minutieuse.

L’exposition propose un aperçu très complet d’une carrière remarquable qui s’étend sur six décennies, présentant des ensembles soigneusement sélectionnés de peintures, de dessins, d’œuvres graphiques et de sculptures. S’ouvrant sur une sélection d’importantes peintures d’objets du quotidien datant des années 1960, l’exposition culmine avec une salle de magistrales peintures récentes de neige tombant d’un ciel nocturne, qui évoquent tout le mystère du cosmos.

Vija Celmins Art
Vija Celmins 
Lamp #1 (Lampe #1), 1964
Huile sur toile, 62,2 x 88,9 cm
Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery
Photo: Aaron Wax 

Vija Celmins Art
Vija Celmins
Clouds (Nuages), 1968
Graphite sur papier, 34,9 x 47 cm
Collection Ayea + Mikey Sohn, Los Angeles
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery
Photo: McKee Gallery, New York

L’exposition débute avec les peintures réalisées par Vija Celmins de 1964 à 1968, lorsqu’elle vivait dans un atelier sur Venice Beach à Los Angeles. À la différence de nombreux·ses artistes travaillant dans la ville dans les années 1960, Vija Celmins n’était pas attirée par la lumière et les couleurs éclatantes de Californie. Son univers personnel était principalement d’ordre intérieur. En 1964, elle réalise un ensemble de tableaux représentant chacun un objet ou un appareil du quotidien, parmi eux une assiette, un radiateur, une plaque chauffante et une lampe. Inspirée par les œuvres de Giorgio Morandi et Diego Velázquez vues lors d’un voyage en Italie et en Espagne en 1962, et prenant ses distances avec les couleurs vives du pop art, elle utilise une palette sourde de bruns et de gris, agrémentée d’occasionnels éclairs de rouge électrique.

Pendant les deux années suivantes, de 1965 à 1967, Vija Celmins réalise plusieurs peintures basées sur des images de la Seconde Guerre mondiale et d’autres conflits trouvées dans des livres et des magazines ; des bombardiers suspendus dans un ciel gris ou écrasés au sol, un homme en feu s’enfuyant d’une voiture embrasée, les émeutes raciales de Los Angeles en couverture du magazine Time. Silencieux et statiques, ces tableaux inquiétants évoquent à la fois la mémoire de la guerre et une réalité plus récente, dans laquelle l’omniprésence des images produit un effet de distanciation.

Vija Celmins Art
Vija Celmins 
Untitled (Big Sea #2) [Sans titre (Grand océan #2)], 1969
Graphite sur fond acrylique sur papier, 85,1 x 111,8 cm
Collection privée
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery

Vija Celmins Art
Vija Celmins 
Untitled (Coma Berenices #4) 
[Sans titre (Coma Berenices #4))], 1973
Graphite sur fond acrylique sur papier, 31,1 x 38,7 cm 
UBS Art Collection 
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery

Vija Celmins Art
Vija Celmins
Untitled (Regular Desert) 
[Sans titre (Désert régulier)], 1973
Graphite sur fond acrylique sur papier, 30,5 x 38,1 cm 
Collection privée 
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery, 
Photo: Kent Pell

Vija Celmins Art
Vija Celmins 
Desert Surface #1 ( Surface du désert #1), 1991
Huile sur bois, 45,7 x 54,9 cm 
Mary Patricia Anderson Pence 
© Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery

De 1968 à 1992, Vija Celmins se consacre presque exclusivement au dessin. Elle continue de travailler à partir de photographies, trouvées dans des livres et des magazines ou prises par elle-même. Ses sujets sont les nuages ainsi que la surface de la lune, du désert et de l’océan. Elle commence avec un ensemble de dessins de paysages lunaires basés sur des images prises à la fin des années 1960 par les sondes lunaires américaines, qui rapportent dans les foyers de nombreux·ses habitant·e·s de la planète des gros plans d’un lieu jusqu’alors inaccessible. En 1973 s’ensuivent de premiers dessins de galaxies basés sur des images des télescopes de la NASA. Ces photographies incitent Vija Celmins à créer des images qui transforment en expérience visuelle la tension entre la profondeur de ces espaces et la surface de l’image – un élan qui anime encore et toujours son travail.

Pendant ses années de résidence à Los Angeles, Vija Celmins arpente les déserts de Californie, du Nevada et du Nouveau-Mexique, où elle réside également plusieurs mois. Fascinée par ces paysages démesurés, elle commence à représenter par le dessin le silence et la sensation de temps suspendu qui les caractérisent. Vers la fin des années 1970, Vija Celmins crée une sculpture qui donne une forme nouvelle à sa confrontation avec la réalité. To Fix the Image in Memory I-XI, 1977–1982, comprend onze pierres différentes ramassées dans le désert du Nouveau-Mexique, présentées côte à côte avec leurs doubles ; onze copies de bronze, peintes de telle manière que l’original et sa réplique puissent à peine être distingués à l’œil nu.

Les images de Vija Celmins sont basées sur des photographies ou, dans le cas de ses rares sculptures, sur des objets servant de modèles. Celmins use de ces matrices comme d’un outil, qui lui permet de ne pas avoir à se soucier de questions de composition et de cadrage. Cependant, elle ne réalise pas de copie d’un original ; il ne s’agit pas de photoréalisme. On pourrait plutôt dire que Vija Celmins recrée ou reconstitue l’original. Ses images sont construites d’innombrables couches de graphite ou de fusain sur papier et de peinture à l’huile sur toile. C’est comme si Vija Celmins cherchait à saisir et à tracer l’inconcevable immensité à la main. Ceci apparaît tout particulièrement dans ses nombreuses peintures de ciels nocturnes étoilés, un motif qui fascine Vija Celmins depuis ses débuts.

En 1992, Vija Celmins tombe sur des illustrations de toiles d’araignée dans un livre. Attirée par leurs fils fragiles et leurs formes concentriques, elle réalise un ensemble de peintures et de dessins au fusain. Cette exploration se poursuit avec des peintures d’objets aux surfaces texturées ; la couverture d’un livre japonais, l’émail craquelé d’un vase coréen, la surface éraflée d’ardoises dénichées dans des brocantes à Long Island, la forme grêlée d’un coquillage travaillé par l’érosion – chacune de ces peintures proposant une méditation exquise sur le passage du temps.

Dans la dernière salle de l’exposition, cette méditation se poursuit avec les tableaux les plus récents de Veja Celmins, qui sont parmi les plus vastes qu’elle ait jamais réalisés. Basés sur des photographies de flocons de neige illuminés dans un ciel nocturne, ils véhiculent un sens profond de silence et de révérence émerveillée.

Pour accompagner l’exposition, la Fondation Beyeler présente « Vija », un court-métrage des cinéastes de renom Bêka & Lemoine. En 30 minutes, le film dessine un portrait tout en spontanéité de l’artiste, qui partage ses réflexions sur la pratique de toute une vie, ouvrant les portes de son atelier et les tiroirs de ses archives. Le portrait entraîne les spectatrices et les spectateurs dans un voyage au fil des formes, des images et des pensées qui nourrissent la sensibilité incomparable de Vija Celmins.

L’exposition « Vija Celmins » est placée sous le commissariat de Theodora Vischer, Chief Curator de la Fondation Beyeler, et de l’écrivain et commissaire d’exposition James Lingwood.

Un catalogue richement illustré, réalisé sous la direction de Theodora Vischer et James Lingwood pour la Fondation Beyeler et conçu par Teo Schifferli, est publié au Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 208 pages, il réunit « Notes » de Vija Celmins et de brèves contributions de Julian Bell, Jimena Canales, Teju Cole, Rachel Cusk, Marlene Dumas, Katie Farris, Robert Gober, Ilya Kaminsky, Glenn Ligon et Andrew Winer, avec une introduction de James Lingwood.

FONDATION BEYELER
Baselstrasse 101, 4125 Riehen

14/06/25

Exposition Wolfgang Tillmans @ Centre Pompidou, Paris - "Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait"

Wolfgang Tillmans 
Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait
Centre Pompidou, Paris 
13 juin - 22 septembre 2025

Wolfgang Tillmans Portrait
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025
© Centre Pompidou

Wolfgang Tillmans
WOLFGANG TILLMANS
Moon in Earthlight, 2015
Courtesy Galerie Buchholz,, Galerie Chantal Crousel, Paris, 
Maureen Paley, London, David Zwirner, New York

Wolfgang Tillmans
WOLFGANG TILLMANS
it's only love give it away, 2005
Courtesy Galerie Buchholz,, Galerie Chantal Crousel, Paris, 
Maureen Paley, London, David Zwirner, New York

Wolfgang Tillmans
WOLFGANG TILLMANS
paper drop (star), 2006
Courtesy Galerie Buchholz,, Galerie Chantal Crousel, Paris, 
Maureen Paley, London, David Zwirner, New York

Le Centre Pompidou donne carte blanche à l’artiste allemand Wolfgang Tillmans qui imagine un projet inédit pour clôturer la programmation du bâtiment parisien. Il investit les 6000 m2 du niveau 2 de la Bibliothèque publique d’information (Bpi) et y opère une transformation de l'espace autour d’une expérimentation curatoriale qui met en dialogue son œuvre avec l’espace de la bibliothèque, le questionnant à la fois comme architecture et comme lieu de transmission du savoir.

L’exposition explore près de 40 ans de pratiques artistiques à travers divers genres photographiques, une rétrospective dont l’ordre et la logique se réalisent en réagissant à l’espace de la bibliothèque. Son œuvre s’y décline en des formes très variées et joue sur la verticalité des murs et l’horizontalité des tables, défiant ainsi toute tentative de catégorisation. Outre son travail photographique, Wolfgang Tillmans intègre dans cette vaste installation des œuvres vidéo, musique, son et textes, dans une scénographie qui joue avec les dispositifs d’une bibliothèque pour y découvrir enfin des analogies entre son travail d’artiste et ce lieu des savoirs. Plus que jamais l’artiste fera preuve de son don d’intervenir dans l’espace – une qualité qui distingue ces expositions depuis 1993.

Wolfgang Tillmans
WOLFGANG TILLMANS
Empire (US/Mexico border), 2005
Courtesy Galerie Buchholz,, Galerie Chantal Crousel, Paris, 
Maureen Paley, London, David Zwirner, New York

Wolfgang Tillmans
WOLFGANG TILLMANS
My 25 Year Old Cactus, 2023
Courtesy Galerie Buchholz,, Galerie Chantal Crousel, Paris, 
Maureen Paley, London, David Zwirner, New York

Wolfgang Tillmans
WOLFGANG TILLMANS
Intermodal Container In Mongolian Landscape, a, 2023
Courtesy Galerie Buchholz,, Galerie Chantal Crousel, Paris, 
Maureen Paley, London, David Zwirner, New York

Wolgang Tillmans
WOLFGANG TILLMANS
Silver 258, 2017
Courtesy Galerie Buchholz,, Galerie Chantal Crousel, Paris, 
Maureen Paley, London, David Zwirner, New York

Au cours de sa carrière artistique, Wolfgang Tillmans (né en 1968 à Remscheid, en Allemagne) a repoussé les frontières du visible, captant et révélant la beauté fragile du monde physique. Proposant de nouvelles façons de faire des images, il explore la profonde transformation des médiums et supports d’information de notre époque. Il a ainsi façonné un univers esthétique distinctif, né de l’esprit de la contre-culture du début des années 1990. Une œuvre multiple, par laquelle il s’est engagé dans la quête d’un nouvel humanisme et de voies alternatives du vivre ensemble, influençant durablement la création contemporaine. Son travail est profondément ancré dans l’« Ici et Maintenant » : il dresse un panorama des formes de savoir et propose une expérience sincère et libre du monde, scrutant la condition contemporaine de l’Europe tout en explorant les techniques de reproduction mécanique.

En rapprochant les archives de l’artiste de ses œuvres les plus récentes, l’exposition du Centre Pompidou met en exergue les dialectiques qui traversent le monde depuis 1989 : les avancées sociales et les libertés autrefois établies, aujourd’hui en péril, les nouvelles manières de faire communauté ou encore les évolutions des expressions de la culture populaire et modes de diffusion de l’information. Wolfgang Tillmans conçoit cette exposition comme un ensemble et crée des œuvres spécifiquement pour le lieu.

L’un des aspects les plus originaux du travail de Wolfgang Tillmans est son regard égalitaire sur le monde. Alors que l’histoire de l’art repose souvent sur une hiérarchie des genres (le portrait noble, la nature morte modeste, la grandeur du paysage, etc.), Tillmans renverse cette logique. Dans ses expositions, des portraits d’amis ou d’amants côtoient des natures mortes banales, des photos de manifestations politiques ou encore des vues abstraites de plis de tissus, de corps ou de ciel.

Ce geste est profondément démocratique : chaque sujet, aussi ordinaire ou marginal soit-il, mérite d’être montré. Il adopte souvent un style documentaire, mais sans jamais céder à la tentation du sensationnalisme ou du voyeurisme. Il s'agit d'une photographie qui regarde avec respect, qui observe avec attention, sans juger. Cette approche sensible produit une éthique de l’image fondée sur la proximité plutôt que sur la domination.

Ce qui distingue également  Wolfgang Tillmans, c’est sa manière de questionner le médium photographique lui-même. Il ne se contente pas de produire des images : il interroge ce que signifie faire une image, ce que c’est qu’une photographie. Il explore les possibilités techniques et matérielles du médium. Dans sa série Freischwimmer, par exemple, il crée des œuvres sans appareil photo : il expose directement du papier photo à des sources lumineuses en chambre noire. Le résultat : des formes organiques, flottantes, abstraites, qui évoquent des corps ou des fluides, sans jamais les représenter.

Il assume également les erreurs techniques : poussières, traces, flous, surexpositions deviennent des éléments esthétiques à part entière. Il refuse ainsi l’illusion d’une image parfaite, contrôlée, lisse. Chez Tillmans, la photographie n’est pas une fenêtre transparente sur le monde, mais une surface haptique, matérielle, expressive.

Chez Wolfgang Tillmans, l’image ne se limite jamais à elle-même : elle s’inscrit toujours dans une composition spatiale, dans une mise en relation. Ses expositions ne suivent ni une logique thématique, ni chronologique. Il joue avec les formats, les échelles, les supports. Certains tirages sont accrochés à même le mur avec de simples bandes adhésives, d’autres sont encadrés, parfois surdimensionnés.

Cette diversité crée une polyphonie visuelle, une narration ouverte, fragmentaire. Le spectateur ne suit pas un parcours imposé, il doit tisser lui-même des connexions entre les images, inventer son propre chemin. En ce sens, la mise en exposition fait partie intégrante de son œuvre : elle devient un acte de création à part entière, et non un simple dispositif de présentation. Par ce geste, Wolfgang Tillmans remet en question les conventions muséales et propose une nouvelle manière de faire l’expérience de la photographie dans l’espace.

Bien qu’il ne se revendique pas comme un artiste politique au sens classique du terme, l’œuvre de Wolfgang Tillmans est profondément engagée. Son engagement passe par les sujets qu’il aborde : la communauté LGBTQ+, la sexualité, l’épidémie du sida, la jeunesse, les migrations, l’Europe, le climat. Mais il ne traite jamais ces sujets sur un mode spectaculaire ou militant. Il les évoque avec délicatesse, à travers des gestes simples, des regards, des fragments de vie.

Son activisme devient plus explicite lors du référendum sur le Brexit : en 2016, il lance sa propre campagne visuelle (“Say you’re in if you’re in”), mêlant graphisme et photographie pour défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Dans les années suivantes, il continue à mêler images et textes dans des installations qui prennent position sans dogmatisme, avec un souci constant de nuance et de proximité humaine. Ainsi, Wolfgang Tillmans pense le politique comme une affaire de sensibilité, comme un art de la relation, de l’écoute, de la présence au monde.

Ces dernières années, Wolfgang Tillmans a fait l’objet de rétrospectives majeures dans de grandes institutions, notamment à la Tate Modern de Londres en 2017 et au MoMA de New York en 2022. Il a également présenté une importante exposition itinérante sur le continent africain intitulée « Fragile » (2018 − 2022 à Kinshasa, Nairobi, Johannesburg, Addis Ababa, Yaoundé, Accra, Abidjan, Lagos). L’exposition au Centre Pompidou est la première monographie institutionnelle à Paris depuis son ambitieuse installation au Palais de Tokyo en 2002. Elle est accompagnée d’un catalogue et de la publication d’une version augmentée et traduite en français du Tillmans’Reader, regroupant divers textes et entretiens de l’artiste.

Commissariat de l'exposition : Florian Ebner, conservateur en chef, cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne − Centre Pompidou

Commissaires associés
Olga Frydryszak-Rétat, Matthias Pfaller, attaché(e)s de conservation au cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne − Centre Pompidou

ACCÈS LIBRE PAR CELINE
Partenaire Principal de l’exposition, la maison CELINE s’associe au Centre Pompidou, pour la première fois, au travers des journées « ACCÈS LIBRE par CELINE » : plusieurs journées d’accès gratuit imaginées comme une invitation ouverte à tous les publics. Ce projet a été pensé comme une initiative unique de partenariat qui offre à chacun l’occasion de découvrir l’univers de Wolfgang Tillmans tout en profitant, avant sa fermeture, du Centre Pompidou et de ses espaces.

CENTRE POMPIDOU, BEAUBOURG, PARIS
Niveau 2

24/05/25

Exposition Steve McQueen @ Schaulager, Münchenstein - "Bass"

Steve McQueen: Bass 
Schaulager, Münchenstein
15 juin - 16 novembre 2025

Steve McQueeen
Steve McQueen
 
Bass, 2024
LED Light and Sound 
Courtesy the artist 
Co-commissioned work by Laurenz Foundation, Schaulager Basel 
and Dia Art Foundation 
Photo: Irma Boom

La Fondation Laurenz, Schaulager présente Bass (2024), l’une des oeuvres les plus récentes de Steve McQueen, artiste plusieurs fois primé et réalisateur oscarisé. Douze ans après son exposition novatrice, conçue comme une ville de cinémas avec plus de vingt installations vidéo et cinématographiques offrant un aperçu du travail de Steve McQueen, l’artiste revient à Münchenstein, au Schaulager, avec cette fois son oeuvre la plus abstraite à ce jour. Bass est une gigantesque réalisation, spécialement conçue selon l’architecture du bâtiment, et fortement inspirée par l’intérêt que Steve McQueen porte à la lumière, à la couleur et au son mais aussi par leur influence sur notre perception physique de l’espace et du temps.
« Ce que j’aime dans la lumière et le son, c’est leur fluidité, ils peuvent se couler dans n’importe quelle forme. Comme une vapeur ou un parfum, la lumière et le son peuvent se glisser dans tous les recoins, dans toutes les cachettes. Et j’aime ce point de départ, où quelque chose n’a pas encore de forme concrète, mais englobe pourtant tout. »

Steve McQueen, 2025
Bass est à la fois immersif et radicalement immatériel et n’est constitué, précisément, que de couleurs et de sons : des fréquences basses, graves donc, résonnent dans l’espace – tantôt fortement, tantôt plus faiblement, audibles sous forme de sons individuels ou comme le fil d’une mélodie. Dans le même temps, l’espace est inondé d’une lumière colorée qui traverse lentement, presque imperceptiblement, tout le spectre de couleurs perceptible, du rouge profond à l’ultraviolet quasiment. Il suffit d’entrer dans le Schaulager pour être aussitôt captivé par la lumière et le son. L’effet imposant de l’oeuvre est multiplié par la seule ampleur de son étendue : Bass investit intégralement l’intérieur monumental du Schaulager, dans toute sa hauteur et toute la largeur des espaces d’exposition. Ce faisant, le volume spatial devient le corps de résonance d’une intervention temporaire qui incite à s’engager pleinement dans une expérience immédiate et puissante.

La bande originale de Bass a été créée en collaboration avec un groupe intergénérationnel de musiciennes et musiciens de la diaspora noire, dirigé par Steve McQueen et le célèbre bassiste Marcus Miller, lequel a fait appel à d’autres sommités : Meshell Ndegeocello et Aston Barrett Jr. (basses électriques tous les deux), Mamadou Kouyaté (ngoni, instrument à cordes traditionnel d’Afrique de l’Ouest) et Laura-Simone Martin (contrebasse acoustique). La fascination de Steve McQueen pour la basse ne relève pas du hasard : enracinée dans la musique noire, l’instrument symbolise un lien profond avec une histoire et identité culturelle propres.

Elle permet d’articuler des émotions difficiles à mettre en mots et, en tant que socle de nombreuses compositions, elle apporte de la stabilité et une gravité perceptible.

Bass est une oeuvre commandée conjointement par la Fondation Laurenz, Schaulager et la Dia Art Foundation de New York. En 2022, Steve McQueen a été invité à concevoir un nouveau projet, qui serait exposé d’abord dans l’une des salles de la Dia Art Foundation, puis au Schaulager. Inspiré par la colonnade du sous-sol de Dia Beacon, Steve McQueen a décidé, contre toute attente, de ne pas faire de film, mais de créer une intervention temporaire composée exclusivement de lumière et de son. Après sa présentation pour la première fois au Dia Beacon en 2024, Bass est présenté dans l’impressionnante architecture du Schaulager.

Publications

La présentation est accompagnée de deux livres : Steve McQueen. Bass (2024), publié en collaboration entre la Fondation Laurenz et la Dia Art Foundation. La deuxième publication porte essentiellement sur la présentation de Bass à Schaulager et paraîtra en été 2025. Les deux ouvrages ont été développés en étroite collaboration avec l’artiste et la graphiste Irma Boom. L’intensité immatérielle de Bass trouve une transposition unique au fil des pages des deux publications.

A propos de Steve McQueen

Le réalisateur et cinéaste britannique Steve McQueen (né à Londres en 1969, il vit et travaille à Londres et à Amsterdam) s’est forgé, au cours des vingt dernières années, une réputation exceptionnelle pour son travail. Son oeuvre primée a fait l’objet de grandes expositions dans des musées du monde entier, notamment à la Dia Art Foundation (2024), au Pirelli Hangar Bicocca de Milan (2022), à la Tate Modern (2020), à l’Institute of Contemporary Art de Boston (2017), au Museum of Modern Art de New York (2017), au Schaulager (2013) et à l’Art Institute Chicago (2012). En 2019, son projet Year 3 est présenté à la Tate Britain. En 1999, Steve McQueen reçoit le Turner Prize et en 2009, il représente la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise. En 2014, l’université de Harvard lui décerne la médaille W.E.B. Du Bois pour ses mérites particuliers dans le domaine des études africaines et afro-américaines, et en 2016, il est lauréat du Prix Johannes Vermeer du gouvernement néerlandais. Il a produit cinq longs métrages : Hunger (2008), Shame (2011), 12 Years a Slave (2013), Widows (2018) et récemment sorti, Blitz (2024). En 2020, il a réalisé Small Axe, une anthologie de cinq films sur la communauté antillaise de Londres, et, en 2021, Uprising, un documentaire en trois parties avec James Rogan, sur l‘incendie de New Cross à Londres en 1981. En 2014, Steve McQueen a remporté l’Oscar du meilleur film en tant que producteur pour 12 Years a Slave. Pour ses services rendus à l’art et au cinéma, Steve McQueen a été nommé Officer of the Order of the British Empire (OBE) en 2002, a reçu en 2011 le rang de Commander of the Order of the British Empire (CBE) et le titre de Knight Commander of the Order of the British Empire (KBE) en 2020. Récemment, Steve McQueen et son épouse Bianca Stigter ont reçu un doctorat honoris causa de l’université d’Amsterdam en reconnaissance de leur projet commun Occupied City (2024).

SCHAULAGER
Ruchfeldstrasse 19, 4142 Münchenstein

25/04/25

Sophie Calle @ Galerie Perrotin, Paris - Exposition "Catalogue raisonné de l’inachevé. SÉANCE DE RATTRAPAGE"

Sophie Calle
Catalogue raisonné de l’inachevé
SÉANCE DE RATTRAPAGE
Galerie Perrotin, Paris
26 avril - 24 mai 2025

Please scroll down for English Version
« En 2023, pour une exposition intitulée “À toi de faire, ma mignonne”, j’ai investi le musée Picasso.
Le Catalogue raisonné de l’inachevé occupait le dernier étage.
J’avais commencé par dresser la liste de tous les projets réalisés depuis mes débuts, afin d’établir une sorte de bilan de ma vie professionnelle.
Puis, je me suis demandé ce qu’il adviendrait, quand ma vie s’interromprait, des idées qui piétinent, qui attendent leur heure dans des tiroirs, des boîtes… des cercueils?
J’ai donc décidé d’inventorier et d’analyser les ébauches, les tentatives, les abandons.
Donner vie aux intentions. Achever l’inachevé.
Seulement, soit il y avait trop à lire dans les trois premiers étages, soit le musée allait fermer, et certains visiteurs ne sont jamais parvenus au quatrième.
C’est pourquoi j’ai souhaité organiser à la galerie Perrotin Paris, une séance de rattrapage. Sophie Calle  

“In 2023, for an exhibition entitled ‘À toi de faire ma mignonne’, I took over Picasso museum.
The project Catalogue raisonné de l’inachevé occupied the top floor.
I began by listing all the projects I had completed since the start of my career—taking stock of my professional life.
Then I asked myself: What happens, when life ends, to the ideas that remain dormant—languishing in drawers, boxes…and coffins?
So I decided to inventory and analyze the sketches, the attempts, the abandonments.
To give life to intentions. To finish the unfinished.
However, either there was too much to read on the first three floors or the museum was about to close—but some visitors never made it to the fourth floor.
That’s why I wanted to organize a catch-up session at Perrotin Paris.” Sophie Calle 

GALERIE PERROTIN PARIS
76 rue de Turenne, 75003 Paris

22/03/25

Exposition Frank Bowling @ Hauser & Wirth Paris - « Frank Bowling. Collage »

Frank Bowling. Collage
Hauser & Wirth Paris
22 mars – 24 mai 2025

« Frank Bowling. Collage », la première exposition personnelle de l’artiste en France, s’intéresse à sa pratique du collage en tant qu’outil à la fois conceptuel et technique. Cette exposition rassemble des oeuvres réalisées depuis le début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui — de fait, à l’âge de 91 ans, Frank Bowling continue de peindre quotidiennement. L’exposition s’articule autour de quatre nouvelles peintures monumentales, présentées dans la galerie du rez-de-chaussée. Ces oeuvres de grand format, dont l’impressionnante « Skid » (2023) de 4,4 mètres de haut, composées de plusieurs panneaux, renouvellent son usage des toiles collées et du marouflage, des techniques qui occupent depuis longtemps une place importante dans son processus artistique. L’exposition s'accompagne d’un programme éducatif, le premier du genre pour la galerie parisienne de Hauser & Wirth. Porté par la passion commune de l’artiste et de Hauser & Wirth pour l’éducation et la pédagogie, ce programme propose une journée d’étude le lundi 28 avril 2025 dans les espaces de la galerie, ainsi que des ateliers dédiés aux élèves des écoles de la région parisienne. (voir ci-dessous).

L’attirance de Frank Bowling pour le collage s’inspire en partie des découpages d’Henri Matisse, qu’il découvre pour la première fois à la fin des années 1950, puis à nouveau lors de la rétrospective organisée par le MoMA à New York en 1992. Dans un article paru dans le numéro d’hiver 1999 de « Modern Painters », Bowling est invité à réfléchir sur sa carrière et à sélectionner une oeuvre ayant profondément nourri, voire transformé sa vision artistique. Il choisit « L’escargot » (1953) de Matisse, dont il rend hommage à travers plusieurs de ses collages qui font directement référence au motif en spirale, notamment « Back to Snail » (2000). 

Les premières expériences conceptuelles de Frank Bowling avec le collage se retrouvent dans ses créations dès les années 1960. En évoquant ses ambitions matérielles, il explique : « Je voulais marier tous ces éléments disparates – la couleur, le maniérisme, le lieu où l’on peint, ce fandango de styles – pour composer une oeuvre puissante qui rassemble des aspects de la peinture, de la sculpture et de l’architecture [...] s’associant pour former quelque chose de nouveau ». 

Les oeuvres sélectionnées pour cette exposition témoignent également de l’évolution de l’intégration d’objets trouvés dans la pratique de Bowling. Depuis les années 1980, divers matériaux, tels que des jouets d’enfants ou du matériel médical, ont été incorporés dans ses peintures. Dans « Skid », par exemple, on distingue des fragments découpés dans un sac en plastique médical, un tube en relief, des ficelles et des bandes de toile détachées. Ces éléments, extraits d’un quotidien spécifique, offrent un premier point d’accès à l’oeuvre, tout en portant une signification personnelle pour Bowling, dessinant ainsi une sorte de document autobiographique. Ces objets, intégrés directement à la surface plane de l’image avec la fluidité translucide du gel acrylique et de la peinture, rompent et jaillissent de la toile. « J’ai envie d’y jeter des détritus et de les regarder nager avant qu’ils ne se fixent », confie Bowling, « cela me donne l’impression d’avoir une vue d’ensemble sur ce que j’ai traversé dans ma vie ». 

Programme éducatif

L’exposition sera accompagnée d’un programme éducatif, dans le cadre des activités d’éducation globales de Hauser & Wirth. Coorganisée par les universitaires Altair Brandon-Salmon et Ed Kettleborough, cette journée d’études s’articulera autour de trois tables rondes thématiques consacrées à plusieurs facettes de l’œuvre de Frank Bowling : la peinture et le processus, un art transatlantique et le modernisme. Des spécialistes tels que Ben Bowling, Leon Wainwright, Indie A. Choudhury, Ana Teles, Kate Keohane et Artie Foster interviendront au cours de ces discussions tandis que le public sera encouragé lui aussi à s’exprimer librement en présence des peintures exposées.

Cet évènement est la première rencontre académique dédiée à Frank Bowling depuis sa rétrospective à la Tate Britain à Londres en 2019. Elle représente une opportunité précieuse d’enrichir les perspectives de l’histoire de l’art sur son travail.

Dans un souci d’accessibilité et de sensibilisation à l’art, des ateliers destinés aux élèves de cinquième et quatrième des écoles de la région seront organisés dans le cadre de l’exposition. Animés par Susi Sahmland, responsable des programmes éducatifs du Frank Bowling Studio, en collaboration avec l’équipe éducative de Hauser & Wirth, ces ateliers stimuleront la réflexion et l’expérimentation artistique en lien avec l’œuvre du peintre. 

Frank Bowling - Brève biographie

Sir Frank Bowling OBE RA est reconnu comme l’un des grands peintres contemporains. Né au Guyana en 1934, il arrive à Londres en 1953 et obtient la médaille d’argent en peinture au Royal College of Art en 1962. Dès le début des années 1960, Bowling se distingue sur la scène artistique londonienne, en développant un style singulier alliant figuration, symbolisme et abstraction.

Après s’être installé à New York en 1966, son adhésion au modernisme le conduit à se concentrer davantage sur le matériau, le processus et la couleur, si bien qu’en 1971, il abandonne le recours à l’imagerie figurative. Les emblématiques « Map Paintings » (1967-1971), qui présentent des étendues terrestres reconnaissables d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Australie peintes au pochoir, figurent sa transition vers l’abstraction pure. Il expose six de ses grandes « Map Paintings » dans le cadre d’une exposition personnelle au Whitney Museum of American Art en 1971. De 1973 à 1978, Bowling expérimente avec les notions de hasard et d’« accidents contrôlés » avec ses saisissantes « Poured Paintings », réalisées en déversant la peinture d’une hauteur de deux mètres.

Frank Bowling devient membre de la Royal Academy en 2005, reçoit l’Ordre de l’Empire britannique pour sa contribution aux arts en 2008 et est nommé chevalier à l’occasion de l’anniversaire de la Reine en 2020. Ses œuvres figurent dans une soixantaine de collections à travers le monde et ont fait l’objet de nombreuses expositions collectives et individuelles, notamment l’exposition itinérante « Mappa Mundi » de 2017 à 2019, la très populaire rétrospective à la Tate Britain en 2019 et l’exposition magistrale « Frank Bowling: Americas », qui a voyagé du MFA Boston au SFMOMA entre 2022 et 2023. En 2022, il est lauréat du prix Wolfgang Hahn, qui récompense des artistes d’exception de la scène de l’art contemporain.

Aujourd’hui, la grande maîtrise de Frank Bowling en matière de peinture et ses explorations de la lumière, de la couleur et de la géométrie intègrent l’utilisation innovante d’ammoniaque et de lavis multicouches. Son incessante réinvention de la surface peinte se poursuit dans ses œuvres récentes, expérimentant avec des empâtements texturés, des gels acryliques, des collages, des toiles cousues ainsi que des pigments métalliques et nacrés. Travaillant quotidiennement dans son atelier du sud de Londres, Frank Bowling demeure inlassablement animé par sa fascination pour les possibilités infinies et radieuses offertes par la peinture.

HAUSER & WIRTH PARIS
26 bis rue François 1er, 75008 Paris

21/03/25

Rinko Kawauchi, M/E, Delpire & Co - Livre de Photographies

Rinko Kawauchi
M/E 
Delpire & Co, 2025 

Rinko Kawachi
Rinko Kawauchi
M/E
© Edité par Delpire & Co
Relié, toilé avec marquage argent
216 pages, 22 x 28,5 cm
EAN: 979-10-95821-80-9
Ouvrage bilingue français – anglais
En librairie le 27 mars 2025

Rinko Kawauchi
Rinko Kawauchi
Image issue de M/E (delpire & co, 2025)
Photographie © Rinko Kawauchi

Rinko Kawauchi
Rinko Kawauchi
Image issue de M/E (delpire & co, 2025)
Photographie © Rinko Kawauchi
Abeille et les dieux

Abeille au cœur des fleurs
Fleurs dans les jardins
Jardins entourés de murs en terre
Murs dans les villages
Villages au cœur du Japon
Japon dans le monde
Monde au sein des dieux
Puis, puis… les dieux
Au cœur des frêles abeilles

Misuzu Kaneko
Ce poème de Misuzu Kaneko, poétesse japonaise du début du XXe  siècle injustement oubliée et redécouverte par le grand public japonais au moment de la catastrophe de Fukushima (ses poèmes étaient lus à la télévision), a inspiré à Rinko Kawauchi ce nouveau livre. Rendant hommage à cette autrice, la photographe explore notre rapport au monde nous incitant à reconsidérer nos liens en tant qu’êtres humains avec la nature.

Rinko Kawauchi a baptisé son livre M/E en référence à Mother/Earth mais n’en a gardé que les initiales (me en anglais) pour souligner le lien qu’elle entretient avec la terre-mère. Elle pose son regard singulier, empreint de douceur, sur le monde vivant pour en capter la beauté fragile : celle d’une goutte de rosée sur une feuille ou le front gigantesque d’un glacier devant lequel lévite le halo blanc d’un nuage de vapeur provoqué par l’effondrement de la glace dans la mer.

La démarche de l’artiste est très intuitive, ses images ne sont pas construites, elles « arrivent ». Le résultat : des images presque méditatives, comme issues d’un rêve. Elles peuvent être poétiques, mystérieuses, voire même bizarres. D’ailleurs elles ne sont pas parfaitement nettes. Rinko Kawauchi cherche l’éphémère, elle capture cet instant fugace qui précède l’accommodation de l’œil.

Rinko Kawauchi
Rinko Kawauchi
Image issue de M/E (delpire & co, 2025)
Photographie © Rinko Kawauchi

Rinko Kawauchi
Rinko Kawauchi
Image issue de M/E (delpire & co, 2025)
Photographie © Rinko Kawauchi

L’artiste saisit aussi bien son environnement immédiat et sa famille que des sujets plus spectaculaires. Elle propose dans ce livre un dialogue entre des images d’Islande et du Japon, principalement autour de l’eau : nuages, pluie, arc-en ciel, glace, neige, torrents, brume... L’ouvrage est construit en jouant avec l’idée de transparence qui lui est chère. Les images sont imprimées sur un papier japonais très fin et se dévoilent progressivement. Des pages blanches, comme des silences, ponctuent les séquences. La couverture est, quant à elle, comme éclaboussée d’éclats d’argent qui reflètent la lumière.

Pour citer Teju Cole, l’auteur du texte qui clôt le livre : « les grands livres de photographie sont ceux qui modifient nos perceptions ». Celui-ci en fait assurément partie.

La photographe japonaise Rinko Kawauchi (née en 1972), connue pour ses images aux couleurs douces et lumineuses s’attache à dévoiler le mystère, la fragilité et la force de la vie sous toutes ses formes. Connue en France depuis son exposition à la fondation Cartier pour l’art contemporain en 2005, son œuvre fait partie de nombreuses collections publiques et privées à travers le monde. Son travail a été présenté cet été aux Rencontres d’Arles dans le cadre de l’exposition « Femmes photographes japonaise ». Attachant une grande importance au livre, elle a publié une vingtaine d’ouvrages. M/E est le cinquième à paraître en France.

DELPIRE & CO
13, rue de l’Abbaye - Paris

17/03/25

Alberto Giacometti / Petrit Halilaj @ Institut Giacometti, Paris - Exposition « Nous construisions un fantastique palais la nuit... »

Alberto Giacometti / Petrit Halilaj
« Nous construisions un fantastique palais la nuit... »
Institut Giacometti, Paris
14 mars - 8 juin 2025

L’exposition « Nous construisions un fantastique palais la nuit... », présentée à l’Institut Giacometti, met en dialogue les œuvres et installations originales du plasticien contemporain Petrit Halilaj et un choix d’oeuvres d’Alberto Giacometti. Marqué par son enfance dans un Kosovo en guerre, Petrit Halilaj développe une pratique où les histoires individuelles et collectives se nouent dans des espaces de liberté, non dénués de jeu et de légèreté. Le dessin d’enfant nourrit son travail dans lequel il ouvre un horizon onirique, voire magique, à la sculpture ; un espace onirique qui fait écho à la part de l’enfance souvent discernable dans l’oeuvre de Giacometti. 

Prenant appui sur une pensée de Giacometti à partir de son oeuvre Le Palais à 4h du matin (1932), le titre et les oeuvres de l’exposition explorent la force des constructions fantasmatiques et fragiles que sont les oeuvres des artistes. Dans une installation originale pensée par Petrit Halilaj, l’exposition tisse un réseau subtil de lignes entre les oeuvres de Giacometti. Rêves, espoirs, mais aussi craintes et peurs s’y lient dans des structures fragiles qui emportent et témoignent d’une capacité à communiquer de puissants imaginaires. Face au sentiment d’un monde précaire, les oeuvres d’Halilaj et de Giacometti mobilisent une capacité salvatrice d’invention.

En près d’une trentaine d’oeuvres produites spécifiquement pour l’exposition, Petrit Halilaj explore dans le vocabulaire enfantin de ses « Abetare » une forme de dessin dans l’espace qui est devenu un moyen d’expression propre. L’exposition, nourrie du rapport intense d’Halilaj au dessin d’enfant comme témoignage du monde contemporain, révèle de manière inédite un intérêt et un usage proche chez Alberto Giacometti, déployant les thèmes riches de l’enfance, du rêve, des associations d’idées, du rapport à la merveille.

Un catalogue sous la direction d’Hugo Daniel, richement illustré, en édition bilingue français / anglais, coédité par la Fondation Giacometti, Paris, et FAGE éditions, Lyon, accompagne l’exposition.

PETRIT HALILAJ

Né en 1986 à Kostërrc, Kosovo, Petrit Halilaj vit et travaille entre l’Allemagne, le Kosovo, l’Italie et la France. Il a étudié à l’Académie des beaux-arts de Brera à Milan. Il est actuellement professeur à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, en France, avec son partenaire et collaborateur artistique, Álvaro Urbano. Il est membre de l’Akademie der Künste der Welt.

Petrit Halilaj a représenté le Kosovo dans son premier pavillon national à la 55e  Biennale de Venise en 2013. En 2021, la Tate St Ives a présenté son exposition personnelle «Very volcanic over this green feather». En 2024, Petrit Halilaj a ouvert une installation in situ dans le cadre de la commission pour le jardin sur le toit du Met, New York. En 2025, Petrit Halilaj présentera une exposition personnelle au Hamburger Bahnhof, à Berlin. Petrit Halilaj a présenté des expositions individuelles au Musée Tamayo au Mexico, au Musée de la Croix et du Croissant-Rouge, Genève ; au Fries Museum, Leeuwarden, Pays-Bas ; à la Tate St Ives, UK ; au Palacio de Cristal, Museo Reina Sofía, Madrid ; au New Museum, New York ; à la Fondazione Merz, Turin, Italie ; au Hammer Museum, Los Angeles, USA ; au Paul Klee Zentrum, Berne ; au Pirelli HangarBicocca, Milan, Italie ; au Kölnischer Kunstverein, Cologne, Allemagne ; à la Bundeskunsthalle, Bonn, Allemagne ; à la Fondation d’Entreprise Galeries Lafayette, Paris ; à la National Gallery of Kosovo, Pristina ; à la Kunsthalle Sankt Gallen, Suisse ; à la Kunsthalle Lissabon, Lisbonne ; et au WIELS, Bruxelles. Son travail a été présenté dans le cadre d’expositions collectives à la 15e Biennale de Lyon ; au Louisiana Museum, Danemark ; au Palais de Tokyo, Paris ; au MAK Center for Art and Architecture, Los Angeles, USA ; au Palazzo Grassi, Pinault Collection, Venise, Italie ; à NEON, Mykonos, Grèce ; et au Westfälischer Kunstverein, Münster, Allemagne.

Petrit Halilaj a reçu le Kunstpreis Berlin de l’Akademie der Künste en 2023 et a été honoré par la Smithsonian Artist Research Fellowship (SARF) en 2018. En 2017, il a obtenu le prix Mario Merz ainsi qu’une mention spéciale du jury lors de la 57e Biennale de Venise. Avant cela, il a suivi le programme de bourses MAK-Schindler aux Mackey Apartments (Los Angeles, 2016) et a participé à des résidences à la Villa Romana (Florence, 2014) et à Fürstenberg Contemporary (Heiligenberg, 2012).

Commissaire de l'exposition : Hugo Daniel

INSTITUT GIACOMETTI
5 rue Victor-Schoelcher, 75014 Paris

11/03/25

Gautier Willaume : Peintures abstraites, 2025 - "Lignes verticales irrégulières" - 15 peintures en ligne

Gautier Willaume
Lignes verticales irrégulières
Peintures abstraites, 2025

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste


L'artiste GAUTIER WILLAUME (né en 1968) présente, sur Wanafoto, une série de peintures en cours. 

Les peintures de cette séries sont peintes à l'acrylique appliquée au rouleau à encrer (ceux-ci sont normalement utilisés pour la réalisation de gravures ou de lithographies). La démarche de Gautier Willaume repose sur une part de hasard dans le tracé et les "imperfections" qui en découlent et qui font le charme de ces peintures. 

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste


Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Dans ses travaux précédents, Gautier Willaume, peintre abstrait, avait plutôt travaillé sur des peintures aux lignes bien tracées. Si l'abstraction est au coeur de l'ensemble de son travail d'artiste, cette série innove, par exemple, par rapports à ses peintures aux formes géométriques ou encore celles de la série "Théodore Géricault" d'inspiration pop art. 

La série présentée dans ce post est constituées de petit formats (feuilles 300 gr. A 4) alors que les autres peintures de Gautier Willaume sur papiers sont, pour la majorité d'entre elles, au format 50 x 65 cm (format Vigne) et ses toiles au format 60 x 80 cm. On peut donc imaginer que ces peintures sont des travaux préparatoires à des oeuvres de plus grande dimension.

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

Gautier Willaume - Peinture abstraite
Gautier Willaume
Série Lignes Verticales Irrégulières, 2025
Acrylique sur papier, 21 x 29,7 cm
© Gautier Willaume, courtesy de l'artiste

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