25/03/19

Monet - Auburtin. Une rencontre artistique @ Musée des impressionnismes Giverny

Monet - Auburtin. Une rencontre artistique
Musée des impressionnismes Giverny
22 mars - 14 juillet 2019

MONET - AUBURTIN. Une rencontre artistique
Musée des impressionnismes Giverny
Affiche de l'exposition

En 2009, le nouveau musée des impressionnismes proposait une exposition inaugurale intitulée Le Jardin de Monet à Giverny : invention d’un paysage. En 2019, le musée fête les dix ans de son ouverture au public. A cette occasion, il a choisi de célébrer l’œuvre de Claude Monet (1840-1926), en la confrontant à celle de son contemporain, le peintre Jean Francis Auburtin (1866-1930). Réunissant un ensemble important de peintures et dessins d’Auburtin, ainsi que quelques-unes des œuvres les plus remarquables de Monet, l’exposition propose de montrer deux regards différents portés sur les mêmes paysages. Alors qu’il mène une carrière de grand décorateur pour les bâtiments publics qui durera jusqu’en 1924, Jean Francis Auburtin se révèle être aussi un peintre de chevalet qui excelle dans l’emploi conjugué de l’huile, de la gouache et du fusain. Pour composer le cadre idéal de ses fresques narratives, le peintre parcourt le littoral français, scrute inlassablement les paysages, qu’il finit par peindre pour eux-mêmes. Ainsi développe-t-il, en marge de ses grandes décorations, une peinture plus intimiste sur le motif, qui se construit au carrefour d’influence diverses entre impressionnisme, synthétisme, symbolisme et japonisme. Son admiration pour Claude Monet, qu’il rencontre vraisemblablement vers 1896-1897, transparaît dans le choix de ses motifs. Très certainement touché par les paysages de C. Monet, régulièrement exposés à Paris, vers 1889-1890, Jean Francis Auburtin s’initie également à la peinture de paysage sur le motif proposant une réponse très personnelle, empreinte d’une sensibilité fin-de-siècle. Tout comme lui, Jean Francis Auburtin pose son chevalet sur les rivages escarpés de Bretagne, de Normandie et de la côte méditerranéenne, là où ciel et mer se rejoignent. En 1894, il séjourne à Porquerolles où il se rend régulièrement. En 1895, un peu moins de 10 ans après Claude Monet, il découvre avec émerveillement Belle-Île où il revient à sept reprises. En 1898, il est sur les côtes normandes, à Etretat, à Pourville puis à Varengeville, où il choisit de représenter les sites peint par Claude Monet auparavant. Dans son approche intellectualisée du naturel, Jean Francis Auburtin n’est pas moins moderne que son aîné impressionniste. S’il pratique le travail en série, Jean Francis Auburtin s’attache moins à rendre les modulations atmosphériques et lumineuses chères à Claude Monet et préfère une construction solide, l’étagement des roches et le théâtre imposant de la nature.

De nombreuses œuvres de Claude Monet et de Jean Francis Auburtin exécutées durant les années 1880-1890 attestent d’une véritable convergence d’intérêts. Leurs vues respectives des côtes bretonnes, axées sur le contraste entre le ciel, la terre et l’eau traduisent cette confrontation, ce dialogue avec ce paysage. A Belle-Ile, alors que Claude Monet plante son chevalet au bord du vide, cherchant à traduire la sauvagerie de la nature, le temps sans cesse changeant, les surplombs vertigineux, Jean Francis Auburtin se laisse envahir par la monumentalité de ces roches millénaires. Alors que Claude Monet se concentre sur la bataille que se livrent les rochers et la mer, laissant peu de place au ciel, Jean Francis Auburtin exprime la pérennité de ces paysages maritimes sur cette île grandiose où tout semble échapper à l’homme.

Chez Jean Francis Auburtin, il y a comme une compréhension intuitive du paysage et une puissance d’expression qui se traduisent dans ses falaises, ses plages, ses ciels, ses nuages ou sa végétation. Les falaises d’Etretat, Pourville et Dieppe, les roches escarpées de Belle-Ile lui offrent ce qu’il affectionne tout particulièrement – la rencontre de l’eau et de la terre, l’affrontement de la paroi rocheuse verticale et de la vaste étendue marine, la permanence robuste des hautes falaises, balayées par le ballet continu des nuages. L’expérience de la nature se traduit également au travers d’effets spectaculaires de soleils couchants sur les falaises.

Ce n’est qu’en 1904, avec la découverte de Varengeville et la rencontre avec Guillaume Mallet (1859-1945), fondateur du Bois des Moutiers, que Jean Francis Auburtin trouve un souffle nouveau dans ses peintures et dessins. Il affirme alors son style et sa manière d’aborder, le paysage change. Il introduit, dans sa peinture de chevalet, les principes simplificateurs qu’il réservait jusqu’alors à la décoration murale. Il élargit l’horizon de ses compositions. Les couleurs savamment nuancées s’éloignent de l’imitation de la nature (roses et bleus phosphorescents) et témoignent d’un rapprochement avec le synthétisme hérité de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898). Jean Francis Auburtin est désormais parvenu à élaborer un style résolument personnel.

Commissariat scientifique : Géraldine Lefebvre, docteur en histoire de l’art.

Exposition organisée par le musée des impressionnismes Giverny avec le soutien exceptionnel du musée d’Orsay, Paris, de Francine et Michel Quentin et de l’association les Amis et descendants de Jean Francis Auburtin.

MUSEE DES IMPRESSIONNISMES GIVERNY
99, rue Claude Monet, 27620 Giverny
www.mdig.fr