18/06/19

Une journée avec Marie Vassilieff @ Fondation des Artistes, Nogent-sur-Marne & Villa Vassilieff, Paris

Une journée avec Marie Vassilieff
Fondation des Artistes, Nogent-sur-Marne
Jusqu'au 21 juillet 2019
Villa Vassilieff, Paris
Jusqu'au 20 juillet 2019

Marie Vassilieff
MARIE VASSILIEFF
Costume Arlequine pour le Bal banal, 1924
Photographie Pierre Delbo
Collection Claude Bernès

Un hommage à Marie Vassilieff
sous la forme d’une exposition en deux parties

Commissariat de Mélanie Bouteloup et Émilie Bouvard, en collaboration avec Camille Chenais

A la Fondation des Artistes à Nogent-sur-Marne MABA, Maison nationale des artistes, Bibliothèque Smith-Lesouëf : Mercedes Azpilicueta, Carlotta Bailly-Borg, Yto Barrada, Michel François, Christian Hidaka, Laura Lamiel, Mohamed Larbi Rahhali, Anne Le Troter, Flora Moscovici, Émilie Notéris, Liv Schulman, Thu-Van Tran, Marie Vassilieff

A la Villa Vassilieff à Paris
Liv Schulman, Marie Vassilieff

La Fondation des Artistes et la Villa Vassilieff s’associent pour rendre hommage à Marie Vassilieff qui installa son atelier au 21 avenue du Maine au début des années 1910 et choisit de passer les dernières années de sa vie, de 1953 à 1957, à la Maison nationale des artistes à Nogent‑sur‑Marne.

Une journée avec Marie Vassilieff emprunte son titre à A Day with Picasso (1997), un ouvrage de l’historien de l’art et ingénieur Billy Klüver dans lequel ce dernier tente de retracer, grâce à une série de photographies prises par Jean Cocteau, le parcours d’une après-midi de promenades de Pablo Picasso dans les rues de Montparnasse en compagnie, notamment, de Marie Vassilieff. Dans cette exposition, il s’agit de rendre hommage à la méthodologie de Klüver tout en décentrant notre regard, s’éloigner de Picasso pour s’attarder sur une figure presque située dans le hors-champ de l’histoire de l’art classique : Marie Vassilieff.

Marie Vassilieff fut une artiste centrale du Montparnasse de la première moitié du XXe siècle : par son travail plastique et par son rôle charismatique de médiatrice entre artistes, intellectuel·le·s et critiques du Paris artistique des années 1910-1930. La vie et l’œuvre de Marie Vassilieff sont notamment caractérisées par une volonté de décloisonnement permanent, entre l’espace domestique et l’espace public (elle transforme son atelier en académie puis en cantine) et entre beaux-arts et arts appliqués (elle traite avec le même soin son travail pictural et sa fabrication de poupées, de décors de théâtre ou de cache-bouteilles). Artiste, femme, apatride, Marie Vassilieff est, par ses recherches, sa démarche artistique et sa vie, résolument contemporaine.

C’est sur cette artiste rassembleuse, à l’art méconnu, qu’est porté un regard contemporain. Pour ce faire, l’auteure Émilie Notéris a écrit un texte la replaçant dans une histoire de l’art féministe. Son essai sert ainsi de fil conducteur au parcours de l’exposition où une douzaine d’artistes contemporain·e·s ont été invité·e·s à dialoguer avec l’œuvre de Marie Vassilieff en imageant des rencontres fictives avec l’artiste russe ou en faisant écho à sa pratique artistique.

Interventions artistiques contemporaines et œuvres de Marie Vassilieff empruntées à son collectionneur passionné Claude Bernès accompagnent notre déambulation dans les espaces de la Fondation des Artistes à Nogent-sur-Marne qui, dans un format inédit, les réserve dans leur ensemble à l’exposition, y compris la Bibliothèque Smith-Lesouëf récemment rénovée qui rouvre ses portes à cette occasion ; ainsi que dans ceux de la Villa Vassilieff située au cœur de Montparnasse.

MERCEDES AZPILICUETA

Mercedes Azpilicueta
MERCEDES AZPILICUETA
Soft Amor I, 2018
Chutes de cuir recyclées, rivets, 75 x 55 x 20 cm
Produit par la Villa Vassilieff / Pernod Ricard Fellowship 2017, Paris
Avec la contribution de Lucile Sauzet
Photo : Mathilde Assier
Courtesy de l’artiste

Le travail artistique de Mercedes Azpilicueta explore les liens invisibles mais pourtant bien sensibles qui relient un corps à son environnement. La performance et la vidéo constituent ses médiums privilégiés pour explorer la construction du langage, des mots et ce qu’ils produisent comme affects et relations vis-à-vis d’autrui. Ses œuvres sont une subtile articulation de son expérience personnelle dans l’espace et de ses relations interpersonnelles, avec de nombreuses références populaires et artistiques. Initié dans le cadre de sa résidence à la Villa Vassilieff en 2017, son projet à Nogent-sur-Marne représente une nouvelle étape de sa recherche qui consiste en la réalisation de costumes alliant design, mode et art visuel. Les formes hybrides ainsi produites déjouent notre perception du corps humain et en déploient ses limites. Par l’utilisation d’une variété de textiles et en développant un intérêt pour des pratiques artisanales tirées de la sphère domestique, Mercedes Azpilicueta souhaite rendre un hommage à Marie Vassilieff également reconnue pour sa création de poupées ou encore de costumes et décors pour les Ballets Suédois. 

CARLOTTA BAILLY-BORG

Carlotta Bailly-Borg
CARLOTTA BAILLY-BORG
Flat dance
Photo : Paul Nicoué
Courtesy de l’artiste

Le travail pictural de Carlotta Bailly-Borg rappelle que l’histoire de l’art se construit par interactions, influences et parfois même reproduction. Un schéma évolutif dont elle assume la position avec un style caractérisé par une accumulation de références artistiques, personnelles et populaires. Des mythologies grecques aux courants cubistes, en passant par les estampes érotiques japonaises, Carlotta Bailly-Borg emprunte à l’histoire de l’art ses formes et déjoue les chemins tracés. Sur ses toiles naissent des formes anthropomorphiques aux allures surréalistes, où les corps parfois déstructurés s’enlacent et se repoussent dans un même mouvement. Son travail s’étend également à des productions de céramique rappelant l’importance du travail artisanal pour Marie Vassilieff. Dans cette façon de croiser les regards et les époques, d’associer les idées et les styles, on peut voir un rapprochement avec l’expérience de l’exil comme confrontation, désorientation et perte de repère face à une nouvelle culture, que l’artiste exploite sous la forme d’une possible ressource créative résolument neuve et singulière. 

Carlotta Bailly-Borg (née en France en 1984) vit et travaille à Bruxelles. Elle est diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy en 2010 et a résidé au Pavillon du Palais de Tokyo entre 2012 et 2013. Ces dernières années, elle a exposé à la Galerie Sultana, Paris ; Baltic Triennial, South London Gallery et Tallinn ; DOC, Paris ; Studio Amaro, Naples ; Attic, Bruxelles ; CNEAI, Chatou ; Karma International, Los Angeles ; Espace II de la Galerie Nathalie Obadia, Paris ; Onomatopée, Eindhoven ; Palais de Tokyo, Paris ; Galerie Abilene, Bruxelles. 

YTO BARRADA

Que ce soit par la photographie, la vidéo, la sculpture, les installations ou les publications, le travail artistique mené par Yto Barrada (née à Paris en 1971) participe à la sauvegarde d’une mémoire collective qui tend à disparaître. Le Maroc, et en particulier la ville de Tanger, est au coeur de ses préoccupations : face aux transformations et mutations qui s’opèrent dans sa ville d’origine, elle souhaite partager ses craintes et interrogations sur le devenir d’une histoire et d’un imaginaire soumis à la violence des changements. C’est de notre rapport au temps dont il s’agit, de ce qu’il suscite comme sentiments et induit sur notre environnement. La série de tissus présentée dans l’exposition a été préalablement teinte par l’artiste. Ce projet poursuit les recherches menées lors de sa résidence à la Villa Vassilieff en 2018, où elle explorait les procédures de construction des textiles. Les nuances de couleur qui apparaissent témoignent des processus de vieillissement qu’ont subi les textiles. Face aux différents états d’un même produit, Yto Barrada nous donne à voir, par étape et avec sensibilité, le phénomène de la dégradation défini par un appauvrissement de la couleur et un déclin de la vivacité. Une matière qui vit donc, un indicateur du temps qui s’écoule, d’une histoire qui s’estompe mais qui pourtant ne s’efface pas entièrement. De la même manière que les tissus employés par Marie Vassilieff pour créer ses poupées, il subsiste encore une trace, un quelque chose d’indélébile qui survit au passage du temps.

Le travail d’Yto Barrada allie les stratégies du film documentaire à une approche métaphorique de l’imagerie dans ses oeuvres photographiques, cinématographiques et sculpturales. Son travail a été exposé à travers le monde dans des institutions telles que le Metropolitan Museum (New York), la Tate Modern (Londres), le MoMA (New York), la Renaissance Society (Chicago), le Witte de With (Rotterdam), la Haus der Kunst (Munich), le Centre Pompidou (Paris) et la Whitechapel Gallery (Londres). Yto Barrada est le directeur fondateur de la Cinémathèque de Tanger, un centre culturel dédié à la mise en avant des films et de l'histoire du cinéma à Tanger.

MICHEL FRANCOIS

Michel François
MICHEL FRANCOIS 
One Another (football), 2018
Chaise, veste en cuir, football, 2 parties
Photo : Trevor Good
Courtesy Michel François & Carlier | Gebauer, Allemagne

La matière, qu’elle soit d’origine végétale ou artificielle, est au cœur de la pratique artistique de Michel François. Il l’étudie pour ses propriétés sculpturales, faisant résonner dans un même élément les questions d’équilibre, de volume et d’espace. En relation avec son environnement, il l’intègre à d’autres médiums comme la photographie, la vidéo ou l’installation. De cette approche plurielle émerge une volonté de faire surgir des analogies formelles et des échos symboliques profondément personnels. Dans son film réalisé pour l’exposition, Michel François documente le quotidien d’un homme qui occupe ses journées à jouer au scrabble. Ce rituel pourrait sembler anodin s’il ne jouait pas avec des jetons abîmés, presque indéchiffrables. La répétition quasi machinale de cette action questionne le sens de notre réalité : et si nous reproduisions constamment les mêmes erreurs ? Comment le savoir sans être informé ? 

Michel François est né en 1956 à Saint-Trond en Belgique. Il vit et travaille à Bruxelles. Son travail a notamment été exposé à la Documenta IX, Kassel, 1992 ; au Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 1992 ; à la XXIIe Biennale de Sao Paulo, 1994 ; au Witte De With, Rotterdam,1997 ; à la Kunsthalle de Berne, 1999 ; à la Biennale de Venise de 1999 avec Ann Veronica Janssens ; à la Haus der Kunst, Munich, 2000 ; à la Art Pace Foundation, San Antonio, Texas, 2004 ; au SMAK, Gand, 2009 ; à l’IAC, Villeurbanne, 2010 ; au Mac’s, Grand Hornu 2012 ; au CRAC, Sète, 2012 ; à la Ikon Gallery, Birmingham, 2014. 

CHRISTIAN HIDAKA

Né d’une mère japonaise et d’un père britannique, Christian Hidaka est un artiste peintre qui se plaît à tisser un ensemble de relations entre les cultures. Dans ses toiles naissent des décors de théâtres parfois surréalistes construits selon la doxa de la renaissance italienne : des corps solides, une géométrie contrôlée et des ombres marquées. Seuls quelques détails picturaux viennent contrebalancer la lecture. L’absence de point de fuite donne l’impression d’un espace illimité, qui déborde du cadre pictural, tandis que le travail sur le coloris tend à rappeler l’esthétique pixélisée des jeux vidéo. Par cette réunion des époques et des styles, Christian Hidaka interroge les limites plastiques de la peinture comme espace de projection mentale. Familier avec le travail de Marie Vassilieff avec qui il partage l’hybridation culturelle et stylistique comme leitmotiv, il souhaite établir un rapport plus personnel avec l’artiste en reproduisant une fresque murale inspirée de ses personnages et de ses obsessions.

Né en 1977 à Noda, au Japon, Christian Hidaka vit et travaille à Londres. Il se forme à la Parsons School of Art and Design de New York, à la Winchester School of Art (1996-1999) puis à la Royal Academy de Londres (1999-2002). Peintre contemporain, son travail représente l’intersection du théâtre, de l'espace pictural et de la mémoire. Combinant des motifs intemporels et un esprit contemporain, Christian Hidaka crée une synthèse de la peinture occidentale et orientale, deux modes picturaux culturellement disparates. Récemment, il a étendu son travail à des peintures murales où le spectateur est entouré et confronté à des représentations à taille humaine. Parmi les expositions récentes figurent Décroche une étoile au MNAC de Bucarest, Chinese Whispers au MAK Vienna et Natural Pas Natural au Palais Fesch du Musée des beaux-arts de Corse.

LAURA LAMIEL

Laura Lamiel est une artiste qui questionne notre rapport à l’espace et par extension notre rapport aux autres. Ses installations sont le fruit d’un travail profondément intuitif mais qui font preuve d’une construction minutieuse et réfléchie. Réalisant ses oeuvres in situ, elle engage un dialogue avec l’espace environnant et porte une attention particulière à chaque détail, à chaque sentiment qui en découle. De cette approche architecturale, il en ressort des installations, aussi appelées « cellules », sortes d’espaces interconnectés qui paradoxalement s’opposent et se font écho. Intégrés dans les structures « minimalistes » à la surface blanche et brillante, parfois réfléchissante ou transparente, jonchent sur le sol des objets issus du quotidien, empreints d’un caractère personnel. S’opère alors un contraste évident, une réelle mise en tension troublante pour la perception mais fascinante de par les nouvelles visions produites. Son installation Avoir lieu (2019) agit dans ce sens-là, faisant ressortir une certaine sensibilité d’un espace apparemment neutre, évoquant la présence et le souvenir de Marie Vassilieff.

MOHAMED LARBI RAHHALI

Mohamed Larbi Rahhali
MOHAMED LARBI RAHHALI
Omri (my life)
Dessins et techniques mixtes sur boîtes d’allumettes
Vue de l’exposition de groupe Marchants of Dreams en
2016 au Brants, Odense, Danemark
Photo : Mathilde Assier
Courtesy de l’artiste

Artiste originaire de Tétouan (Maroc), Mohamed Larbi Rahhali a d’abord été pêcheur avant de se consacrer pleinement à l’art. Largement influencé par le travail manuel qu’implique ce genre de métier, il se plaît à concilier un savoir-faire artisanal avec des techniques artistiques plus académiques. Des fonds de boîtes d’allumettes deviennent un espace de création à part entière où s’inscrit des scènes de la vie quotidienne accompagnées de ses songes et ses pensées. Développant une esthétique singulière, Mohamed Larbi Rahhali porte son attention aux choses banales de la vie et opère ainsi un renversement des catégories préétablies. Par cette action, l’artiste incarne dans un même objet histoire personnelle et collective. Son installation présente une collection d’objets appartenant à Marie Vassilieff aux côtés d’objets trouvés, brouillant ainsi la frontière entre ce qui relève de l’art et de la vie.

Mohamed Larbi Rahhali (né en 1956, vit et travaille à Tétouan) est diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Tétouan en 1984, où il assiste Faouzi Laatiris dans l’atelier Volume et installation. Son oeuvre est profondément influencée par son métier de pêcheur ainsi que par la vie quotidienne dans la médina de Tétouan. Son travail embrasse cosmologie, ésotérisme et questions humaines et sociétales comme la survie ou l’entraide. Il met en lumière une mémoire collective entre le Maroc et l’Espagne, et témoigne de cette histoire coloniale partagée.

ANNE LE TROTER

Anne Le Troter
ANNE LE TROTER
Les silences après une question, 2017
Installation sonore, 25 min.
Assistant sonore : Philippe Roiron
Photo : Blaise Adilon
Courtesy de l’artiste

La pratique artistique d’Anne Le Troter se distingue par son utilisation du langage comme forme plastique. En récupérant des enregistrements d’enquêteurs téléphoniques ou des archives audio produites par les banques de sperme américaines, assemblés en une composition sonore, l’artiste pointe l’uniformité des modes de communication comme facteur dépersonnalisant dans notre société. Son travail se développe selon une logique propre : les pièces sonores sont matière pour l’écriture pour ensuite prendre la forme d’une pièce de théâtre. La voix, les mots et les silences qui définissent la parole viennent habiter un espace, en dessiner ses contours ou agrandir sa perception. Une parole à considérer comme matière brute et originelle des échanges, des rencontres et des histoires, parfois laissée sans réponse. C'est en réfléchissant sur les ami.e.s imaginaires en lien avec le personnage même de Marie Vassilieff que l'artiste s'est intéressée à des services proposés par des entreprises comme rent a friend ou family romance : la location d'ami.e.s et/ou la location d'affects. Ainsi, il est possible de louer des ami.e.s à l'heure mais aussi de se faire disputer, câliner… au téléphone. De là, l'artiste en tire un scénario pour une nouvelle installation vidéo et sonore. Anne le Troter propose, avec son installation sonore et vidéo Le climat de l’écriture (2019), de mettre en lumière la parole, si importante, de Marie Vassilieff et dont le rôle social au sein de Montparnasse jouait considérablement dans l’établissement de relations artistiques du siècle précédent.

Anne Le Troter (née en 1985) travaille, par cycles, sur les modes d’apparition de la parole d’un groupe déterminé en additionnant les expositions produisant, à la fin, des pièces écrites. Récemment sortie d’un cycle d’installations sonores autour de la figure de l’enquêteur téléphonique (Les mitoyennes à La BF15, espace d’art contemporain à Lyon, 2015 ; Liste à puces au Palais de Tokyo, 2017 et Les silences après une question à l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne, 2017), son travail prend aujourd’hui le chemin du genre de l’anticipation (The four Fs, Family, Finance, Faith and Friends, nommée au Vingtième Prix de la Fondation d’entreprise Ricard, 2018 et exposée à la Biennale de Rennes, 2018 en version augmentée).

FLORA MOSCOVICI

FLORA MOSCOVICI
Certaines peintures se promènent, 2018
Peinture acrylique et encre sur affiche Territoires Extra, Dinan
Photo : Cédric Martigny
Courtesy de l’artiste

Flora Moscovici est une artiste visuelle qui aborde la couleur au travers de ses propriétés sensorielles. Du sol au plafond, son travail pictural se déploie dans l’espace pour en changer sa perception sensible. L’interaction avec un environnement, quel qu’il soit, suscite chez l’artiste un imaginaire empreint d’émotions qu’elle cherche à transmettre par la couleur. Après un temps d’attention accordé à un lieu spécifique, à son architecture et à son histoire - ici la Maison nationale des artistes, dernier lieu de résidence de Marie Vassilieff - Flora Moscovici travaille à en révéler et à faire surgir toute la charge sensible qui l’habite. La peinture Vue de Nogent, réalisée à la Fondation des Artistes, confère une nouvelle existence à cet espace, traduisant le désir de l’artiste de déplacer le regard sur les choses invisibles du quotidien, de mettre en lumière les volets oubliés de l’histoire. Avec Sortie des eaux, Flora Moscovici s’est inspirée d’une anecdote citée dans les Mémoires de Marie Vassilieff et décide de créer une pièce à partir de ce qu’elle y décrit : « Un jour, nous étions partis nous baigner ; j'avais fabriqué une façon de cabine avec un chevalet recouvert de draps. Le mari de mon amie prenait son bain tout près de nous pour surveiller sa femme à qui il arrivait toujours quelque accident. Pendant que nous étions dans l'eau toutes deux, je lui dit : « Habille-toi la première, car la cabine est trop petite pour nous deux. » Elle sort, sa chemise mouillée pour tout costume, plaquée sur son beau corps, l'air, en vérité, d'une Vénus Anadje mère. Elle veut entrer dans la cabine, mais celle-ci se trouve trop petite pour elle. Elle cherche partout où se cacher au regard des passants ; elle prend son ombrelle et veut l'ouvrir devant elle et vlan ! d'un coup le vent la lui arrache et voilà l'ombrelle qui tournoie sur la plage, comme un ballon. » Enfin, continuant son dialogue imaginaire avec Marie Vassilieff, l’artiste fait une référence directe à son travail de costumière et présente l’une de ses créations antérieures : Tonight I’m a rainbow (2017).

Née en 1985, Flora Moscovici est une artiste française qui vit à Pantin et travaille à Paris. Diplômée de l’Ecole nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy, ses oeuvres ont été exposées dans plusieurs centres d’art, galeries et à l’occasion d’événements, en France, en Europe et au Canada. Elle aborde la peinture en utilisant les possibilités extrêmement variées de ce médium, y compris dans ses marges. Ses interventions modifient la perception de l’espace et convoquent différentes couches d’histoire.

EMILIE NOTÉRIS

Après l’écriture de deux romans CosmicTrip (IMHO, 2008) et Séquoiadrome (Joca Seria, 2011) puis d’un essai sur le Fétichisme Postmoderne (La Musardine, 2010), Émilie Notéris traduit l’ouvrage du défunt théoricien des médias canadien Marshall McLuhan, La Mariée mécanique (è®e, 2012), embrassant ensuite une carrière de traductrice (Malcolm Le Grice, Eduardo Viveiros de Castro & Deborah Danowski, Hakim Bey, Vanessa Place, Eileen Myles, Gayatri Chakravorty Spivak, Uzma Z. Rizvi, Sarah Schulman, Shulamith Firestone, Le Manifeste Xénoféministe…). Elle préface les anarchistes Voltairine de Cleyre et Emma Goldman (Femmes et Anarchistes, éditions Blackjack, 2014) et traduit des écoféministes (Reclaim !, Cambourakis, 2016). Son dernier ouvrage, La Fiction réparatrice, paru en 2017, met en pratique et en théorie l’art du kintsugi japonais pour proposer une transcendance queer des clivages binaires, à travers l’étude de fictions cinématographiques populaires. 

LIV SCHULMAN

Liv Schulman
LIV SCHULMAN
Still du film Le Goubernement, 2019
Courtesy de l’artiste
Épisode tourné à la Bibliothèque Smith-Lesouëf

Liv Schulman
LIV SCHULMAN
Still du film Le Goubernement, 2019
Courtesy de l’artiste
Épisode tourné à la Bibliothèque Smith-Lesouëf

Liv Schulman réalise des fictions filmées, des performances et produit des textes où elle place la parole au coeur de ses questionnements personnels et artistiques. En produisant des discours très denses, avec un vocabulaire tiré des théories économiques, marxistes ou psychothérapeutiques, elle tente de réintroduire une part d’affects grâce au corps et à son expression sensuelle. La remise en question de l’écriture de l’Histoire de l’art et de ses auteurs est au coeur de sa fiction documentaire présentée à la Fondation des Artistes. Avec Le Goubernement (2019), elle propose une histoire fictionnelle de la vie de quarante-six femmes exilées en France ayant eu une profession artistique entre 1920 et 1970. Récupérant des informations sur leur vie passée à Paris, notamment à partir du fonds Marc Vaux, l’artiste s’engage à faire revivre l’histoire de ces femmes réunies dans un espace-temps fictif où elles sont libres de s’exprimer.

Liv Schulman est née en 1985. Elle est la lauréate 2018 du Prix de la Fondation d’entreprise Ricard et de la Bourse de recherche ADAGP - Villa Vassilieff. Elle a grandi à Buenos Aires (Argentine) et vit et travaille à Paris. Elle a étudié à l’ENSAPC, Cergy, à la Goldsmiths University of London (Royaume-Uni), à l’UTDT, Buenos Aires et à l’ENSBA, Lyon. Elle a récemment participé à la Biennale de Rennes (2016) ; à des expositions à La Galerie CAC de Noisy-le-Sec (2017) ; à la National Gallery (SMK), Copenhague ; au PHAKT, Rennes ; au CCK, Buenos Aires ; à la Alt_Cph, Copenhague. Elle a bénéficié d’expositions personnelles, notamment à la galerie Big Sur, Buenos Aires (2015) ; à la Galeria Vermelho, Sao Paulo (2015) ; au SixtyEight Art Institute, Copenhague (2017) ; à la Zoo Galerie, Nantes (2017) ; à la Piedras Gallery, Buenos Aires (2018).

THU-VAN TRAN

Thu-Van Tran
THU-VAN TRAN
Notre mélancolie, 2017 (détail)
Bois, plâtre, cire
261,5 x 236,5 x 45 cm
Courtesy de l’artiste et Meessen De Clercq, Bruxelles

En prenant comme point de départ l’histoire de son pays d’origine, le Vietnam, Thu-Van Tran s’engage à réinvestir la mémoire et à interroger les modes d’écriture d’un récit parfois biaisé. Son travail artistique se distingue par l’utilisation de différents matériaux, tels que le bois, la cire ou encore le plâtre, dont la mise en forme évoque par métaphore les notions d’équilibre et de résistance.

Née en 1979 à Hô-Chi-Minh-Ville, Thu-Van Tran vit et travaille à Paris. Elle a étudié de 1997 à 2004 à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Elle est représentée par les galeries Meessen De Clercq (Bruxelles) et Rüdiger Schöttle (Munich). Son travail a été récemment montré au Centre Pompidou lors de l’exposition du Prix Marcel Duchamp 2018 pour lequel elle est nommée ; à l’occasion d’un duo-show avec Franz West à la galerie Nathalie Seroussi ; à la Cristallerie Saint-Louis dans le cadre d’une exposition hors-les-murs de la Synagogue de Delme, A Place in the Sun (cur. Marie Cozette) ; ou encore lors d’expositions collectives au Petit Palais, FIAC Projects (cur. Marc-Olivier Wahler) ; au MAMAC de Nice, Cosmogonies, au gré des éléments (cur. Hélène Guénin) ; ou encore au Carré d’Art de Nîmes, Un désir d’archéologie (cur. Jean-Marc Prévost), la même année. En 2017, elle participe à l’exposition internationale de la 57e Biennale de Venise, Viva Arte Viva (cur. Christine Macel) ainsi qu’à une exposition manifeste sur la question coloniale au Moderna Museet de Stockholm, Manipulate the world. Elle a réalisé des expositions personnelles à Ladera Oeste (Guadalajara) ; au n.b.k. Neuer Berliner Kunstverein (Berlin) ; au Macleay Museum (Sydney) ; aux Abattoirs (Toulouse) ou encore à la maison rouge - le patio (Paris) et à Bétonsalon (Paris). Elle fut, en 2014, co-commissaire avec Jean-Max Colard de l’exposition Duras Song dédiée à l’oeuvre et aux archives de Marguerite Duras, qui s’est tenue au Centre Pompidou (Bpi). Ses oeuvres font partie des collections du MNAM, du MAC VAL, de la Fondation Kadist, ou encore de la collection Gensollen et de la Fondation Vehbi Koç d’Istanbul.

FONDATION DES ARTISTES
14 rue Charles VII, 94130 Nogent-sur-Marne
www.fondationdesartistes.fr

VILLA VASSILIEFF
21 avenue du Maine, 75015 Paris
www.villavassilieff.net