09/06/98

Eloge de la clarté, Musée Magnin, Dijon - Un courant artistique au temps de Mazarin (1640 - 1660)

Eloge de la clarté
Un courant artistique au temps de Mazarin (1640 - 1660)
Musée Magnin, Dijon 
9 juin - 27 septembre 1998

Créé en 1938 par Maurice et Jeanne Magnin, le musée conserve un ensemble exceptionnel de peintures françaises du milieu du XVIIe siècle qui témoigne d’un goût affirmé pour des artistes alors peu connus. La présence dans cette collection du magnifique Poliphile au bain avec les nymphes de Le Sueur et des deux Putti musiciens de La Hyre est à l’origine de ce projet qui regroupe, pour la première fois en France, un ensemble de peintures, sculptures et dessins d’artistes s’inscrivant dans un courant original de l’art français des années 1640-1660, connu sous le nom d’atticisme.

Autour d’une dizaine d’oeuvres du musée, dont certaines ont été restaurées pour l’occasion, une quarantaine de peintures, dessins et sculptures prêtés par les musées français permettent de mieux définir ce courant.

Durant la période politiquement agitée qui va de la mort de Richelieu en 1642 au début du règne de Louis XIV en 1661, l’art à Paris évoque, paradoxalement, l’harmonie, la pureté et la clarté. Entre les grands décors de Rubens pour Marie de Médicis et ceux de Le Brun pour Louis XIV, ce moment constitue une parenthèse “ classique ” typiquement française.

Plusieurs grands peintres français du milieu du XVIIe siècle se forment dans l’atelier de Simon Vouet, qui, après avoir séjourné quinze ans en Italie, est de retour à Paris en 1627. A son contact, qu’ils soient allés ou non en Italie eux-mêmes, ces peintres s’imprègnent de l’art italien ; ils sont aussi influencés par les artistes italiens ayant travaillé à Paris, comme Romanelli et Gentileschi, dont la belle Diane chasseresse (Musée des Beaux-Arts de Nantes) est présentée à l’exposition. Mais à partir des années 1630, les élèves de Vouet se détournent de son style et s’orientent vers une peinture plus sereine. En 1648, nombre d’entre eux participent à la création de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. L’arrivée au pouvoir de Louis XIV en 1661 marque une orientation nouvelle : Le Brun, nommé Premier Peintre du Roi, privilégie un art plus mouvementé qui vise à la magnificence.

Les artistes évoqués dans l’exposition travaillent à des décors destinés aux hôtels de riches particuliers qui affichent leur attachement aux arts, les commandes publiques ayant été interrompues par la Fronde entre 1648 et 1653.

Brillant élève de Vouet, Le Sueur, que l’on a comparé à Raphaël, réalisa une série consacrée au Songe de Poliphile. Sur les cinq peintures aujourd’hui connues appartenant à cette série, trois sont présentées : Poliphile au bain avec les nymphes (musée Magnin, Dijon) , Poliphile assiste au triomphe de Bacchus (musée de Tessé, Le Mans) et Poliphile s’agenouillant devant la reine Eleuthérilide (musée des Beaux-Arts, Rouen).

Grâce au prêt exceptionnel du Metropolitan Museum of Art, à New York, l’Allégorie de la Musique de La Hyre retrouve ici ses parties latérales, le Putto jouant de la viole et le Putto chantant du musée Magnin. La poésie de cet ensemble reflète admirablement la peinture parisienne du milieu du XVIIe siècle. Des oeuvres de Vouet, Dorigny, Perrier, Stella, Bourdon et Philippe de Champaigne témoignent de l’importance de ce courant qui fut aussi marqué par Poussin.

Présentée dans le cadre privilégié de l’Hôtel Lantin, édifié au XVIIe siècle, cette exposition constitue un hommage à Jeanne et Maurice Magnin pour célébrer les soixante ans de la création du musée.

Commissaires : Emmanuel Starcky, conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de Dijon, directeur du musée Magnin et Alain Mérot, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université de Lille III

Publication : Catalogue de l’exposition, 112 pages, 76 illustrations dont 16 en couleur, éditions RMN, 120 F environ

L’exposition sera présentée du 28 octobre 1998 au 31 janvier 1999 au musée de Tessé, au Mans.

Musée Magnin
4 rue des Bons Enfants, 21000 Dijon