14/12/10

Expo Giraud Siboni Paris Galerie Loevenbruck

Fabien Giraud et Raphaël Siboni 
Galerie Loevenbruck, Paris 
Jusqu'au 15 janvier 2011 


Message en français - Post in english below


Ross BERTEIG, Caryatide
Image sous licence Ceative Commons 2.0
via la Galerie Loevenbruck

Y. TENNEVIN, Barrage de Malpasse
Image sous licence Ceative Commons 2.0
via la Galerie Loevenbruck

« Nous n’avons pas grandi dans une époque mais dans une condition. Le temps était un processus. Les espaces étaient des dispositifs. La Condition est le nom par défaut de ce présent d’avant. Parfois il était 15h22 et le clapot contre le rivage faisait des formes blanches. L’eau, la roche et l’air se mêlaient dans une écume crémeuse et on se demandait si ce désordre était rejoué. L’effroi, on le plaçait autant dans l’éternelle redistribution de ce brouillon que dans la possible répétition de son dessin. La torpeur de cet après-midi là  se confondait souvent avec d’autres que nous n’avions pas vécus. Notre moment, c’était le récit d’une autre après-midi, l’image d’un autre soleil, l’emprise des sensations sur d’autres corps. Tout était recouvert. Chaque instant, chaque lieu se drapait dans un autre. Et une bombe explosait sur le quai du RER B. Et on découvrait la planète Pegasi B. Le monde n’avait plus lieu. Tout était fluide. »

FABIEN GIRAUD et RAPHAËL SIBONI

S’inscrivant dans la droite ligne de leurs questionnements sur la redéfinition de la notion même d’expérience artistique, interrogations débutées avec The Abduction (2008) à la biennale de Santa Fe, prolongée en 2009 avec Sans Titre (The Outland), à la Force de l’Art ou le feu d’artifice d’une seconde pour l’ouverture de la FIAC (Sans Titre, 2009), Fabien Giraud et Raphaël Siboni révèlent le flux de notre condition, et envisagent, pour le dépasser, la possibilité d’un Barrage.

Le travail de Fabien Giraud et Raphaël Siboni considère un monde mouvant, fluide, un paysage hydraulique où tout coule, ruisselle et fuit. Cet univers, c’est celui de la rivière et du fleuve. Cet écoulement, c’est celui de notre condition. Ce symptôme, c’est celui de notre temps. 

Le postulat de leur travail est donc ce paysage liquide aux variabilités infinies. L’œuvre n’est plus qu’une variable dans un système nommé, selon le cas, exposition, institution, situation. La singularité n’est plus qu’une  fonction parmi d’autres de cet ensemble dynamique. 

Pour l’exposition La Condition à la galerie Loevenbruck, les artistes extraient de ce tout à la liquéfaction, deux voitures, compressées, puis décompressées à la main, et présentent une vidéo, flux continu d’images dont la durée équivaut à celle d’une journée d’ouverture de la galerie. Ainsi, dans l’exposition, 15h22 ressemblera toujours à 15h22. 

Dans ce paysage symptomatique des années 90 et du paradigme de la relation comme forme, Fabien Giraud et Raphaël Siboni envisagent malgré tout la possibilité d’un événement : interrompre la condition. En arrachant, pour le temps de l’exposition, deux voitures de leur logique ternaire de création, destruction, récupération, ils suspendent le mouvement du flux et instaurent les conditions d’une apparition. A la fin du temps qui leur est imparti, les sculptures, qui pour un temps se sont dressées, retourneront dans le flux du monde. Leur disparition ne sera que dissolution. La galerie deviendra le refuge d’une perception dont l’objet à percevoir aura définitivement disparu.   

CLAIRE DELTHEIL 

Les oeuvres présentées lors de cette exposition ont été réalisées dans le cadre de la résidence des artistes au CENTQUATRE.


IN ENGLISH
_____________________

FABIEN GIRAUD & RAPHAËL SIBONI
THE CONDITION
LOEVENBRUCK GALLERY, PARIS - FRANCE

“We didn’t grow up in an era, but in a condition. Time was a process. Space was a device. The Condition was the name by default of this beforehand present. Sometimes it was 3:22 and the lapping against the shore made white forms. Water, rock and air mingled with creamy foam and we wondered if this disorder was a reenactment. We placed our dread as much in the eternal redistribution of this draft as in the possible repetition of its drawing. The lassitude of this afternoon then blurred with others that we had not lived. Our moment was a tale of another afternoon, the image of another sun, and the sway of sensations on another body. Everything was overgrown. Each instant, each place, was wrapped in another. And a bomb exploded on the RER B platform. And we discovered the planet Pegasi B. The world hadn’t happen yet. Everything was in flux.”
-- FABIEN GIRAUD and RAPHAËL SIBONI

The work of Fabien Giraud and Raphaël Siboni takes into account a shifting world, a hydraulic landscape that gushes, trickles, and seeps. This is a universe of rivers and floods. This overflow is our condition. This is a symptom of our time. 

The premise of their work is this liquid landscape with infinite variations. The work is only a variable in a given system, according to the circumstance, exhibition, institution, or situation. Singularity is only one component amongst others in this dynamic whole.

For the exhibition La Condition at galerie Loevenbruck, the artists have sifted two cars out of this world in liquefaction, which they have compacted and then, by hand, decompacted. The artists show a video of continually fluctuating images that plays as long as the gallery’s hours of operation. Therefore, in the exhibition, 3:22 pm will always look like 3:22 pm. 

In this landscape – symptomatic of the 1990s and the paradigm of the relation as form – Fabien Giraud and Raphaël Siboni contemplate interrupting this condition despite all the risks of this event. By uprooting two cars from their logical site of creation, destruction and recuperation, for the duration of the exhibition, the artists freeze this movement in flux and establish the conditions of an apparition. At the end of their allotted time, the sculptures that stood momentarily return to a the world in flux. Their disappearance will not be dissolution.  The gallery will serve as a refuge for a perception detached from its object.

In sync with their quest to redefine the very concept of artistic experience – an interrogation that began in The Abduction (2008) in the Santa Fe Biennial, and developed in 2009 in Sans Titre (The Outland), at the Force de l’Art and a second-long firework show at the opening of the FIAC (Sans Titre, 2009) – Fabien Giraud and Raphaël Siboni reveal the fluidity of our condition and conceptualize the possibility of a Barrage in order to move beyond it.

CLAIRE DELTHEIL 

Through January 15, 2011

These artworks were produced during the artist residency program at CENTQUATRE (Paris).

FABIEN GIRAUD & RAPHAËL SIBONI
LA CONDITION
GALERIE LOEVENBRUCK, PARIS
6, rue Jacques Callot
75006 Paris - France


Horaires de la galerie / Opening hours : Mar - Sam, 11h-19h et sur rendez-vous / Tues-Sat, 11 a.m. - 7 p.m. and by appointment

10.12.2010 - 15.01.2011