31/01/12

Exposition Cézanne et Paris, Musée du Luxembourg. L'artiste entre Provence et Paris, Bords de Marne...


Cézanne et Paris 
Musée du Luxembourg, Paris
Jusqu'au 26 février 2012

Si Paul Cézanne (1839-1906) est à juste titre associé à la Provence, l'exposition Cézanne et Paris nous rappelle qu'on ne saurait l'y restreindre. En effet, plus de la moitié de son temps, à partir du moment où il se consacre à la peinture, se passe à Paris et en région parisienne. Il fait le voyage Aix-en-Provence - Paris plus de vingt fois. Bien entendu, les raisons de sa venue ne sont pas les mêmes à vingt et soixante ans. Après 1890, l’artiste déjà âgé, encore incertain de son œuvre (« je fais de lents progrès » écrit-il à la fin de sa vie)  se retire sur les bords de la Marne ou du côté de Fontainebleau pour peindre quelques paysages apaisés ainsi que des portraits. Il n’est plus le jeune homme, ambitieux  de « conquérir » Paris avec la volonté d’entrer à l’école des Beaux-Arts et de présenter des œuvres au Salon. 

A Paris, Cézanne se confronte tout autant à la tradition qu’à la modernité. Pour employer le vocabulaire de Zola,  il trouve  les « formules » de la nouvelle peinture avant de les exploiter en Provence. Le va-et-vient entre Provence et Ile de France devient constant même si les rythmes évoluent. En tout cas après 1890, les critiques, les marchands, les collectionneurs commencent à s’intéresser à son œuvre et Cézanne se montre attentif à cette reconnaissance parisienne qui facilite celle de son oeuvre de génie de la peinture. Ainsi imprime-t-il plus que tout autre sa marque dans l’art moderne : des post-impressionnistes à Kandinsky, l’avant-garde le considèrera comme un précurseur, « notre père à tous », selon la formule de Pablo Picasso

Cette exposition du Musée du Luxembourg (Sénat) est organisée par la Rmn-Grand  Palais, en collaboration avec le Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Elle bénéficie en particulier de prêts exceptionnels du Musée d’Orsay.


Paul Cézanne, Le Quartier du Four à Auvers-sur-Oise (détail), vers 1873 
Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, USA 
The Samuel S. White 3rd and Vera White Collection, 1967 
Huile sur toile - 46,3 x 55,2 cm 
© The Philadelphia Museum of Art 

PARCOURS DE L'EXPOSITION AUTOUR DE 80 TABLEAUX DE PAUL CEZANNE

CEZANNE MONTE A PARIS SUR LES PAS DE ZOLA
Poussé et soutenu par Zola, ami rencontré à Aix-en-Provence au collège Bourbon, déjà installé à Paris, Paul Cézanne rejoint la capitale en 1861, contre la volonté de son père, pour devenir « artiste ». Il fréquente l’académie Suisse où il rencontre d’autres peintres tels Pissarro et  Guillaumin, avec lesquels il se lie d’amitié. Paris, où l’académisme s’impose par le Salon, est alors le lieu de la révolte et de l’avant-garde. Durant ces années d’études, Paul Cézanne s’approprie les traditions anciennes et modernes : ses carnets de dessin attestent d’un regard attentif sur les grands maîtres de la peinture, tels Rembrandt, Poussin, Delacroix…, et de la sculpture antique, classique et baroque, avec des copies de Michel Ange et Puget principalement. Dans le même temps, il participe au mouvement impressionniste sans vraiment y adhérer. Bien qu’il se soit construit picturalement à Paris, où il revient jusqu’en 1905, Cézanne a finalement peu représenté la ville dans son œuvre. Il n’évoque jamais les sites célèbres, mais dessine ce qu’il voit de sa fenêtre ou d’une terrasse sur les toits... Il faut une exception, ce sera le tableau  La Rue des Saules. Cézanne a posé son chevalet dans une rue de Montmartre mais la rue est déserte…  

CEZANNE ET PARIS HORS LES MURS, DU COTE D'AUVERS-SUR-OISE
Installé dans la capitale, Paul Cézanne ne cesse de s’y déplacer et d’en sortir.  Ainsi lui connaît-on près de vingt adresses différentes. Il travaille la peinture de paysage, en plein air, « sur le motif »,   se mettant à  l’école de peintres comme Pissarro et Guillaumin,  lesquels participent au mouvement impressionniste. Ils entendent reprendre la tradition du paysage après Courbet, Corot et les peintres de Barbizon qui voulaient représenter, à travers la campagne parisienne, une certaine identité française. Mais très vite Cézanne s’impose comme un maître faisant « de l‘impressionnisme une chose solide et durable comme l’art des musées ». Le tableau Le pont de Maincy en est l’expression autour des années 1880.  

CEZANNE ET LA TENTATION DE PARIS 
De même que chez Gustave Courbet ou Auguste Renoir, le nu est une préoccupation majeure de Paul Cézanne. Il peint plusieurs versions de La Tentation de saint Antoine entre 1870 et 1877, vraisemblablement après une lecture de Flaubert. Dans les mêmes années, les tableaux à caractère érotique se multiplient : Une Moderne Olympia,  L’Orgie, La Lutte d’amour… Plus tard, d’après le témoignage du marchand d’art Vollard, Cézanne travaille sur une grande toile de Baigneuses au moment où il exécute son portrait en 1899 : il ne recherche plus la dimension érotique du corps, mais construit une nouvelle expression du nu et invente son propre langage pictural.  

CEZANNE, LES NATURES MORTES ET LES PORTRAITS 
Pour Paul Cézanne, la « nature morte » est un motif comme un autre. Equivalent d’un corps humain ou d’une montagne, elle  se prête particulièrement bien à des recherches sur l’espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes : « Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude » disait  l’artiste. Sur quelque 1000 tableaux répertoriés, on compte près de 200 natures mortes. Parfois associées à des thèmes érotiques ou à des portraits, elles « disent » Paris autant que le ferait un paysage. Parmi ces portraits, dont les toiles de fond représentent souvent des papiers peints, figurent les amis emblématiques des séjours parisiens : Victor Chocquet, son premier collectionneur, ou Ambroise Vollard, « le » marchand qui organise ses premières expositions.  

CEZANNE ET LES VOIES DU SILENCE 
A partir de 1888, Paul Cézanne fait plusieurs séjours en région parisienne après être resté plusieurs années en Provence (de 1882 à 1888). S’il vient un été peindre au-delà d’Auvers, à Montgeroult, s’il rend visite à Monet à Giverny en 1894, ses lieux de prédilection dans les années 1890 sont les bords de la Marne vers Maison-Alfort ou Créteil, et la région de Fontainebleau  jusqu’à  Barbizon ou Marlotte. La rivière l’enchante, il y trouve fraîcheur, calme et sérénité et ses toiles expriment le « silence » de la nature. A Paris, les tons s’apaisent autour des bleus et des verts tandis qu’en Provence, il travaille la symphonie des ors des Sainte-Victoire. Ayant conquis sa place dans la capitale et acquis la maîtrise de son art, il se retire définitivement sur ses terres provençales pour lesquelles son attachement n’a cessé de grandir.  

Commissariat général de l'exposition : Gilles Chazal, directeur du Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Commissariat scientifique de l'exposition : Denis Coutagne, conservateur honoraire du patrimoine, Président de la Société Paul Cézanne ; Maryline Assante di Panzillo, conservateur du patrimoine  au département des Peintures, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Publications :  
 - Catalogue de l’exposition Cézanne et Paris, Editions de la Rmn-Grand Palais, Paris, 2011, 25 x 29 cm, 224 pages, broché à rabats, 250 illustrations, 39 €
- Album de l’exposition, Editions de la Rmn-Grand Palais, Paris, 2011, 48 pages, 9 €
Cézanne et l’argent, Editions Rmn-Grand Palais, Paris, 2011, 140 pages, broché, 9,90 € 

MUSEE DU LUXEMBOURG, PARIS