Julia Pirotte,
photographe et résistante
Mémorial de la Shoah, Paris
9 mars - 30 août 2023
photographe et résistante
Mémorial de la Shoah, Paris
Affiche de l'exposition
Mindla Diament photographiée par sa soeur Julia Pirotte.
France, avant 1944. © Julia Pirotte/Mémorial de la Shoah.
Fillette tenant une tasse, camp de Bompart, Marseille (Bouches-du-Rhône).
France, 1942. © Julia Pirotte/Mémorial de la Shoah.
JULIA PIROTTE (1907-2000), née Gina Diament, grandit entre Konskowola et Lublin en Pologne, dans une famille juive pauvre, son père est mineur. Arrêtée à 17 ans pour son engagement dans la jeunesse communiste polonaise, elle passe quatre ans en prison. En 1933, elle fuit la Pologne pour rejoindre sa sœur Mindla, réfugiée en France. Tombée malade en Belgique, soignée par le Secours rouge international, elle commence ensuite à travailler comme ouvrière. A Bruxelles, elle épouse l’ouvrier et syndicaliste Jean Pirotte et elle rencontre la future résistante Suzanne Spaak. C’est elle qui l’encourage à entreprendre une carrière de photojournaliste et qui lui offre un Leica Elmar 3, dont Julia Pirotte ne se séparera plus jamais. Parmi ses premiers reportages, elle réalise une enquête sur les mineurs polonais à Charleroi ainsi qu’un voyage aux Pays Baltes pour l’agence de presse Foto WARO.
En mai 1940, suite à l’invasion de la Belgique par l’Allemagne nazie, elle prend le chemin de l’exode. Elle se fixe à Marseille où elle retrouve sa sœur et arpente la région pour les journaux le Dimanche illustré, la Marseillaise, le Midi Rouge.
Julia Pirotte met la photographie au service des causes qu’elle défend.: les conditions de vie précaires des habitants du Vieux-Port et les enfants juifs du camp de Bompard et les maquis de la Résistance. Résistance qu’elle rejoint très tôt tout comme sa sœur Mindla. Agent de liaison pour les FTP-MOI, elle transporte tracts et armes et fabrique des faux-papiers.
Le 21 août 1944, présente au plus près des combattants, elle documente par ses photographies l’insurrection et la libération de Marseille.
Insurrection de Marseille du 21 août 1944.
Marseille, France, 21 août 1944.
© Julia Pirotte/ La contemporaine, Bibliothèque,
Archives, Musée des mondes contemporains.
Manifestation de la liberté, après la libération de la ville de Marseille.
France, Marseille, 29 août 1944.
© Julia Pirotte/ La contemporaine, Bibliothèque,
Archives, Musée des mondes contemporains.
Après la guerre, elle retourne en Pologne. Elle y pose un double regard : un pays où l’antisémitisme n’est pas mort et un pays en reconstruction. En 1946, elle est l’une des seules photographes présente à Kielce juste après le pogrom et elle réalise l’un de ses reportages les plus poignants, témoignage de l’antisémitisme toujours virulent. La même année, elle accompagne les convois de rapatriement de mineurs polonais de France et, en 1948, elle couvre le Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw auquel participent, entre autres, Pablo Picasso, Irène Joliot-Curie, Aimé Césaire, elle prend d’eux des portraits empreints d’humanisme.
Cette exposition est une invitation à parcourir la vie et la carrière de Julia Pirotte à travers des interviews d’elle, ses reportages photographiques les plus connus (Bompard, l’insurrection de Marseille, le pogrom de Kielce), mais également son regard humaniste et universaliste qu’elle porte sur les femmes, les enfants et les hommes rencontrés sur son chemin.
Une attention particulière sera portée sur les femmes, engagées et militantes, qui ont été déterminantes pour son parcours : sa sœur Mindla, exécutée en 1944 à Breslau par les nazis, Suzanne Spaak, nommée Juste parmi les Nations pour avoir sauvé de nombreux enfants juifs à Paris, Jeanne Vercheval, féministe et pacifiste belge.
L’exposition, à visiter gratuitement, présente une centaine de tirages originaux et modernes conservés dans les fonds du Mémorial de la Shoah, de La contemporaine de Nanterre, de l’Institut historique juif de Varsovie et du Musée de la Photographie de Charleroi.
Commissariat de l'exposition : Caroline François, chargée des expositions et Bruna Lo Biundo, chercheuse indépendante.
MÉMORIAL DE LA SHOAH
17 rue Geoffroy l’Asnier, 75004 Paris