26/09/99

Didier Courbot, Galerie Nelson, Paris

Didier Courbot: Perfect days
Galerie Nelson, Paris
25 septembre - 6 novembre 1999

Le travail de Didier Courbot se caractérise par sa capacité à utiliser des objets et des procédés du quotidien qui parviennent à transporter le spectateur aussi bien mentalement que sensoriellement et émotionellement, du contexte de l’exposition ou d’une installation dans une pièce, vers d’autres situations que chacun de nous a vécues ou imaginées. Le processus par lequel il effectue ces déplacements se réalise par le biais d’images, vidéos et objets.

Les images semblent banales. Elles ressemblent à des instantanés de vacances, bien que le sujet de la photo reste indéfinissable. Les objets représentés dans chaque image sont identifiables et sous-entendent une narration qui néanmoins nous échappe. Elle reste mystérieusement au delà de notre capacité à la saisir ou accessible seulement à travers notre propre imagination ou notre propre mémoire. Ces objets sont montrés individuellement, par ensemble ou sous la forme d’un livre d’images sans texte, où la encore, la succession des images suggérerait un récit. La seule véritable histoire qui peut en découler n’est autre que celle des souvenirs imparfaits de l’observateur.

Les vidéos sont aussi simples, mais elles introduisent la notion de temps. Dans “Long Distance”, un moniteur, positionné comme les écrans d’informations des banques ou des aéroports, visionne un bout d’aile filmé de la fenêtre d’un avion. L’image est par elle-même quelconque et statique. Seuls le passage occasionnel d’un nuage ou une vibration éventuelle prouvent qu’il ne s’agit pas d’une image fixe. L’image n’est pas ce qui importe le plus, mais plutôt les sentiments qu’on y associe tels que l’ennui, l’attente, la libération et le rêve qui accompagnent souvent cet état de transit entre deux endroits distants. Cette pièce est en fait la description presque parfaite du fonctionnement des oeuvres de Didier Courbot. Elles transportent le spectateur de la réalité à un état de fiction ou d’imagination, fondé sur sa propre expérience réelle ou non.

En raison de leur nature et de leur présence dans l’espace, les objets se prêtent d’eux-mêmes à un rôle plus théâtral. Plusieurs paires de chaussures de luxe sont dispersées dans la galerie. Ce sont de beaux objets. La chaussure est un objet de fétichisme depuis très longtemps, mais ici, au lieu de la griffe d’un célèbre cordonnier ou designer frappée à l’intérieur de la chaussure, on y lit le nom d’une personne. Tous ces noms appartiennent à des personnes célèbres dans leur domaine mais certains restent inconnus du grand public. Par ce simple retournement, Didier Courbot a transformé la chaussure, objet de fascination qui attirent et concentrent le regard, en point de départ d’une fiction.

Le dernier élément de l’exposition fait partie d’un domaine rarement exploité dans les arts visuels, celui de l’odorat. De toutes les sensations physiques, l’odorat est réputé être le plus fort stimulant de la mémoire. Didier Courbot a ainsi installé un vaporisateur dans la galerie, accessible aux visiteurs qui ont la possibilité de diffuser du parfum dans l’air, créant ainsi une atmosphère olfactive. Il ne s’agit pas du parfum douceâtre qu’on utilise dans la vie quotidienne, mais d’une odeur d’humidité de villa romaine.

Le voyageur est ainsi arrivé avant même d’être parti. Le contexte de la destination a été établi avant que le déplacement réel n’ait eu lieu. Le véritable voyage est l’oeuvre.

GALERIE NELSON
40 rue Quincampoix, 75004 Paris
www.galerie-nelson.com