19/03/00

Exposition Rembrandt au Musée du Louvre, Paris - Gravures et dessins

Rembrandt (1606-1669)
Gravures et dessins
Musée du Louvre, Paris
17 mars 2000 - 19 juin 2000

Le musée du Louvre présente quatre vingt dix des plus belles gravures de Rembrandt, issues de la collection Edmond de Rothschild, une quinzaine de dessins du Cabinet des dessins en rapport avec ces gravures et un cuivre prêté par la Fondation Custodia (collection Frits Lugt). Autoportraits, portraits, paysages, scènes religieuses, scènes de genre... c'est à la découverte de ces oeuvres rares, eaux fortes pour la plupart, qui tiennent dans le travail de l'artiste une place aussi importante que la peinture qu'invite l'exposition. Une sélection présentée pour la première fois depuis trente ans.
« Rembrandt, surnommé par ses contemporains le hibou, se complaît dans la solitude et cherche au creux des ténèbres la lumière de l'invisible. Le clair-obscur, principe général de l'illusionnisme extérieur, devient pour lui le langage intérieur, celui de l'âme, car il recèle un pouvoir inédit de révéler et de cacher, ce qui est l'essence même du mystère religieux » Maurice Sérullaz, Rembrandt et son temps, 1970.
Fils d'un meunier aisé, Rembrandt commence son apprentissage, qui durera trois ans, chez le peintre leydois Jacob Isaacsz van Swanenburch. En 1624, il étudie à Amsterdam avec le peintre d'histoire Pieter Lastman (1583-1638) qui lui apprend vraisemblablement la technique de l'eau-forte. Puis il retourne à Leyde ouvrir son propre atelier. Pendant ces années il grave et peint ses premiers autoportraits. A la fin de l'année 1631, Rembrandt s'installe à Amsterdam et se marie en 1634 avec Saskia Van Uylenburg. Il connaît rapidement la notoriété comme portraitiste, peintre d'histoire et graveur, obtenant de nombreuses commandes et enseignant à plusieurs élèves. Collectionneur passionné, Rembrandt remplit sa très belle demeure achetée en 1639 de curiosités et d'oeuvres d'art. En 1641, naît son fils Titus, qui deviendra peintre à son tour. En 1642, Saskia meurt de tuberculose et d'épuisement. Après une fulgurante ascension sociale et une très grande renommée, il va peu à peu connaître la faillite et l'opprobre : banqueroute en 1656, vente de ses collections en 1657 et de sa maison en 1658, procès intenté par sa première maîtresse engagée pour s'occuper de Titus, concubinage avec Hendrickje Stoffels blâmée par l'église réformée en 1654. Il mourra modeste, tandis qu'au delà des frontières hollandaises, dans les cours européennes et chez les amateurs d'art, sa gloire demeure immense.

Le génie de Rembrandt s'est exprimé avec une force égale dans la peinture et dans la gravure. L'oeuvre gravé de Rembrandt se caractérise par une pratique expérimentale et une exploitation de toutes les possibilités esthétiques de la pointe sèche et surtout de l'eau-forte, une technique récente au XVIIe siècle, apparue au début du XVIe dans le cercle de Dürer. Au lieu d'entailler la surface de la plaque de cuivre, l'artiste l'enduit uniformément de cire ou de vernis; sur cette préparation, il exécute son dessin à l'aide d'une aiguille. Partout où passe la pointe, la cire est pénétrée et dénude le cuivre. Ainsi, lorsque la plaque est plongée dans l'acide celui-ci attaque le métal aux endroits où il a été mis à nu. Le dessin s'inscrit alors en creux sur la plaque. Le plus souvent Rembrandt n'exécutait pas ses eaux fortes en une seule fois, mais les remaniait à plusieurs reprises. Aucun autre artiste n'apportait autant de changements d'un état à l'autre : « Les modifications données à ses eaux fortes lui apportait de la gloire et du profit, en particulier l'astuce consistant à effectuer de petits changements et ajouts, suite à quoi la même pièce pouvait être vendue une nouvelle fois.» A. Houbraken (1660-1719).

Son oeuvre gravé témoigne de l'originalité de son approche et de sa profonde indépendance. Il s'attacha en effet non seulement à revivifer les thèmes iconographiques traditionnels mais multiplia les inventions en présentant sous un jour nouveau les scènes, en renouvelant le choix des sujets cherchant à traduire plastiquement l'intériorité, la direction et l'épaisseur de ses hachures engendrant des effets de lumière d'une grande virtuosité. Les oeuvres de jeunesse Le vendeur de mort aux rats (1632), La Résurrection de Lazare ou L'Autoportrait à la casquette (1634) sont encore empreintes d'un pathétique ou d'une théâtralité qui laissent progressivement place à une expression plus intérieure et à une plus grande liberté de style. Dès 1639, Rembrandt offre un Autoportrait appuyé, considéré comme le plus beau autoportrait de son oeuvre gravé. Puis il grave des pièces célèbres d'une grande franchise technique conçues comme des tableaux et présentant le plus souvent plusieurs états comme autant de témoignages d'un fiévreux effort pour accuser à l'extrême les intentions : paysages (Les trois arbres, 1643), portrait (Rembrandt dessinant, 1648), scènes religieuses, scènes de genre (Mendiants à la porte d'une maison, 1648), ou encore Les trois croix (1653), l'une des plus grandioses compositions gravées par Rembrandt dont 3 états seront présentés dans l'exposition. Durant les dix dernières années de son activité de dessinateur et de graveur, Rembrandt se tourne à nouveau vers l'étude du nu féminin (Femme au bain), insistant sur le jeu subtil de l'ombre et de la lumière. A partir de 1665, il n'a plus exécuté aucune eau-forte.

L'exposition permet, par ailleurs, d'établir une liste complète des estampes composant une section prestigieuse de la collection Edmond de Rothschild, en essayant de rétablir certaines dates, certains états et même certaines attributions d'après les recherches récentes, et de relever, par la bétaradiographie, les filigranes qui font actuellement l'objet d'études dans les collections étrangères.

Catalogue :
Pierrette Jean-Richard, Editions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 2000.
180F, 180 pages, 30 ill. n.b. et 106 ill. couleur, format 21x30cm.

Exposition organisée par le département des Arts graphiques du musée du Louvre.

Commissaire de l'exposition : Pierrette Jean-Richard, chargée de la Collection Edmond de Rothschild.

Musée du Louvre, Paris
Aile Sully, salle de la Chapelle
Entrée par la pyramide