Fernand Léger et la céramique
Musée national Fernand Léger, Biot
25 mars – 2 juillet 2000
Dès 1937, Fernand Léger s'intéresse à la décoration murale. Si il utilise la peinture pour Le transport des forces, commande de l'Etat pour le pavillon français de l'Exposition universelle, ou encore pour la maison de Rockfeller, ses décorations murales pour l'hôpital de Saint-Lô ou l'hostellerie La Colombe d'or à Saint-Paul de Vence son respectivement réalisées en mosaïque et en céramique. L'intérêt de l'artiste pour cette dernière technique ira croissant et à partir de 1950, Fernand Léger vient régulièrement à Biot où l'un de ses anciens élèves, Roland Brice, et son fils Claude, tous deux céramistes, sont installés. Une collaboration fructueuse s'établit entre le peintre et les céramistes.
L'exposition confronte les pièces en céramique de Fernand Léger avec les peintures antérieures de l'artiste dont elles sont inspirées.
L’une des préoccupations principales de Fernand Léger est l’intégration de la couleur dans la vie des cités : effacer la grisaille des murs par des polychromies. Il veut créer de nouveaux espaces par le jeu des couleurs. La céramique, qu’il considère avant tout décorative, est pour lui un nouveau moyen de mettre en pratique ses théories sur la couleur.
Ses premiers essais de céramique sont essentiellement des petits bas-reliefs d’après ses tableaux. Il met en pratique sa théorie des contrastes de formes et de couleurs et l’applique au relief de la céramique. Il joue avec la couleur vive des émaux qui ajoute à l’effet de contraste.
Fernand Léger travaille à partir de moules façonnés sur de la terre crue dans lesquels sera coulée la barbotine. Cette technique lui permet de réaliser plusieurs tirages dont il fait varier les couleurs en créant ainsi des pièces uniques (Visage aux deux mains, 1942, et Visage à la main sur fond rouge, 1949).
Lorsque ses motifs ont des formats trop importants pour être reproduits en bas-relief, il les simplifie pour n’en garder que les traits principaux. Ayant peint le motif, il le confie à Roland Brice qui l’agrandit par un procédé de mise au carreau et de report sur calque. La découpe est la partie délicate du travail puisqu’il faut éviter de trancher dans le motif, d’où des morceaux inégaux, comparables à un puzzle. Ainsi, Les femmes au perroquet, céramique inspirée d’une peinture réalisée lors de sa période américaine, est composée de 25 morceaux. Il en moulera deux exemplaires : l’un est actuellement à l’hostellerie de la Colombe d’Or, à Saint-Paul-de-Vence, et l’autre appartient au musée national Fernand Léger.
Ces grandes céramiques composées de plusieurs pièces lui permettent de créer à l’infini de nouvelles compositions en modifiant l’emplacement des éléments, ou simplement leur couleur.
Fragilisés par leur format, ces bas-reliefs peuvent se rompre à la cuisson, Fernand Léger puise alors une nouvelle inspiration dans les morceaux brisés pour concevoir d'autres créations.
A partir de 1952, toujours aidé par Roland Brice, il cherche à réaliser des céramiques en trois dimensions. Après quelques essais infructueux naît La fleur qui marche qui s’inspire de L’étoile (1936) et de La fleur polychrome (1937).
En 1954-1955, Fernand Léger, qui rêvait de voir l'art envahir les lieux publics, réalise une maquette de Jardin d’enfants : « On le placerait au bord de la mer, des enfants pourraient passer, courir à travers ou cracher dessus en douce… Pas un monument qu’on regarde mais un objet utile et spectaculaire dans la vie, et surtout pas de gardien autour ! » (revue Défense de la paix, novembre 1954). Cette sculpture-céramique sera réalisée dans les jardins du musée national Fernand Léger à Biot en 1960, peu après la mort de l'artiste.
Des bijoutiers et orfèvres du village ont créé pour l’occasion des bijoux de terre qui sont présentés en exclusivité à la boutique du musée.
Exposition réalisée par la Réunion des musées nationaux et le musée national Fernand Léger, Biot, dans le cadre de l'opération La céramique du XXe siècle à Biot, 1920-2000.
Commissaire : Brigitte Hedel-Samson, conservateur en chef du musée national Fernand Léger ; Nelly Maillard, documentaliste
Musée national Fernand Léger
Chemin du Val de Pome, 06410 Biot