01/06/04

Dianne Hagen, Galerie Nelson, Paris

Dianne Hagen
Galerie Nelson, Paris
5 juin - 31 juillet 2004

Avec ses compositions insolites, déroutantes, l’artiste hollandaise Dianne Hagen se laisse difficilement cloisonner. Ses oeuvres, que l’on peut qualifier de sculpturales, sont selon les matériaux utilisés (clous, raphia, tôle, plastique, silicone...) agressives, souvent organiques, toujours intrigantes. Ses travaux composites nous déconcertent au premier abord par leur forte présence physique, leur évocation à la corporalité. Les compositions de Dianne Hagen ne renvoient à rien de connu et restent indéfinissables. Elles intriguent, déroutent, séduisent, repoussent, mais il faut d’abord prendre le temps de les regarder. Chaque sculpture éveille d’étranges résonances en nous, parfois issues de l’enfance, ou encore de l’ordre de l’intime.

Dianne Hagen provoque pour mieux nous séduire et capter ainsi ce qui trouve une répercussion en nous. Son travail nous interpelle mais elle ne souhaite pas nous donner de pistes : “Si je donnais des titres à mes œuvres, c’est comme si je les labellisais, ou les catégorisais. Je restreindrais alors l’imagination des autres. Et par dessus tout, je réduirais l’autonomie de l’objet. Je pense que le public est capable d’interpréter les informations visuelles qu’on lui présente. La dualité existe déjà dans le terme d’objet. D'une part, l’objet est une chose; d’autre part, “objecter” est une protestation qui vient de l’objet lui-même. Cela nous renvoie à une lecture qui va au-delà du simple regard.”

Pour sa deuxième exposition personnelle à la Galerie Nelson, l’artiste présente une nouvelle série de sculptures/dessins en 3 dimensions : sur le principe du test de Rorschach, l’artiste reprend les 10 planches existantes du test, qui se lisent à la base dans un sens ou dans l’autre, et auxquelles elle donne un sens possible de lecture. Elle y ajoute ensuite des morceaux de peluche, de tissu, de plastique et ces extensions créent un réseau morphique où l’imaginaire prend le pas sur la raison. Ces extensions sont de l’ordre du symbole. D'autres pièces, en plâtre, sortent du mur et évoquent une difficulté à communiquer, représentée par l’aspect agressif d’un tesson de bouteille ou encore d’une chaussette bouchant un orifice pour empêcher l’autre de parler. Une autre, au contraire, se présente comme un bec grand ouvert, prêt à la conversation.

Mais Dianne Hagen ne s’arrête pas seulement sur ces connotations. Elle se joue de nous en abolissant les frontières entre les domaines: la vidéo devient alors sculpture, la sculpture devient tableau et ainsi de suite. Les objets sont eux aussi détournés de leur usage quotidien: une guirlande en plastique suspendue au plafond est éclairée de l’intérieur par un gyrophare, un projecteur met en lumière une sculpture. Désorienté, le spectateur n’a d’autre choix que de renoncer aux codes déjà établis pour renouer avec son imagination.
“Les pièces ne sont pas que des objets en eux-mêmes ; en hollandais, le mot est plus joli, “lijdend voorwerp”. “Lijdend” signifie souffrir, éprouver et “voorwerp” désigne l’objet. Je ne veux pas donner un fil conducteur, une ligne directrice pour déambuler dans le labyrinthe. Pour moi, l’art est pensé(e). L’objet et l’image naissent de notre expérience personnelle.” (Dianne Hagen)
GALERIE NELSON
40 rue Quincampoix, 75004 Paris
www.galerie-nelson.com