20/02/05

Richard Lindner (1901 - 1978) - Musée de la Vie romantique, Paris

Richard Lindner (1901 - 1978), Adults only. Peintures, aquarelles et dessins
Musée de la Vie romantique, Paris
15 février - 12 juin 2005

Le musée de la Vie romantique rend hommage à Richard Lindner, figure emblématique de la modernité européo-américaine. Cet évènement est le premier consacré à Paris à ce peintre figuratif majeur (mort en 1978) depuis sa rétrospective au musée national d’art moderne en 1974.

En marge des courants du XXème siècle, Richard Lindner, d’origine juive, né en 1901 à Hambourg, s’est formé à l’école des arts appliqués de Nuremberg. Il s’impose comme graphiste d’abord à Berlin en 1927, puis à Munich en 1929. L’expressionnisme germanique de ses aînés George Grosz, Otto Dix, Christian Schad etc. ainsi que le théâtre de Berthold Brecht et Kurt Weill, le marquent profondément, comme en témoignent ses premières caricatures et affiches. En 1933, il fuit l’Allemagne nazie et s’installe à Paris, foyer fondateur où il découvre l’oeuvre fondamentale de Fernand Léger. Citoyen allemand, il est interné (comme le fut Max Ernst) par la police française dans un camp près de Blois, avant de pouvoir s’enfuir pour l’Amérique, en mars 1941.

Installé désormais à New York, Richard Lindner, illustrateur reconnu, choisit, à partir de 1950, de se consacrer à la peinture. Pendant quelques trente années, il va donner à voir un monde imaginaire fortement expressif et coloré qui sera déterminant, dès les années soixante, pour de nombreux jeunes artistes contemporains, d’Andy Warhol à Helmut Newton, des nouveaux réalistes à Niki de Saint-Phalle.

L’Amérique, sa nouvelle patrie, et la ville de New York en particulier, sont les inspiratrices fécondes de son imagerie plastique. Son imaginaire personnel très solitaire se nourrit d’abord de réminiscences européennes des années vingt et trente. Naissent ainsi les étranges enfants de la série des « wunderkinder » Boy with machine, des walkyries héroïques sanglées en corset, The corset et quelques portraits de figures emblématiques américaines (Marilyn Monroe, Allen Ginsberg…). Fasciné par le monde de la nuit il fréquente les night-clubs de Broadway et Times Square… « A New York tout le monde est acteur, la ville est une énorme scène 24 heures par jour » (1969).

Participant de la « beat generation », il affirme avec éclat son goût du fétichisme à l’endroit du corps de la femme masquée : provocante call-girl dominatrice en cuissardes et talons aiguilles, délibérément sexy, mystérieuse Vénus à la fourrure, jouant d’accessoires en vinyle aux couleurs stridentes. L’image de la femme apparaît tout à la fois séductrice et prédatrice, en quête d’un érotisme policé sans vulgarité. Comme dans certains plans cinématographiques, il cadre des couples, étrangement murés dans leur incommunicabilité.

Dix ans après sa première exposition à la galerie de Betty Parsons à New York en 1954, Richard Lindner est enfin pleinement reconnu. Il partage alors son temps entre ses ateliers de New York et Paris, jusqu’à sa mort en 1978.

Sur les cimaises du musée de la Vie romantique claquent les couleurs éclatantes d’une vingtaine de toiles, depuis les premières peintures des années cinquante jusqu’aux larges compositions des années soixante dix. Une trentaine de grandes aquarelles complètent cet ensemble chromatique puissamment évocateur. Des dessins préparatoires révèlent enfin le processus de création de ce grand artiste du XXème siècle, applaudi à l’étranger et trop méconnu, en France, sa deuxième patrie d’adoption.

La passion charnelle de Richard Lindner a renouvelé complètement, il y a déjà un demi siècle, la question ambiguë d’un romantisme moderne qui trouve aujourd’hui sa place dans l’histoire.

Commissariat de l'exposition :
Daniel Marchesseau, Directeur du musée de la Vie romantique
Catherine de Bourgoing, Adjointe au directeur

Musée de la Vie romantique
Hôtel Scheffer-Renan
16 rue Chaptal - 75009 Paris