30/09/05

Péquignot et Girodet : une amitié artistique, Musée Magnin, Dijon

Péquignot et Girodet : une amitié artistique
Musée Magnin, Dijon 
27 septembre - 31 décembre 2005 

Jean-Pierre Péquignot (Baume-les-Dames, 1765 – Naples, 1807) effectue ses premières études d’art à Besançon, mais c’est probablement à Joseph Vernet qu’il doit son goût pour la peinture de paysage. Parti étudier à Rome, l’artiste y retrouve Anne-Louis Girodet-Trioson (Montargis 1767 – Paris 1824) qu’il fréquenta à Rome et surtout à Naples, de janvier 1793 à avril 1794. et à qui il transmit sa passion pour la peinture de paysage.

Les propos enflammés et connus de Girodet sur le paysage montrent qu’il en fut intensément marqué, notamment ce passage extrait d’une lettre envoyée de Naples à Madame Trioson le 1er mars 1793 : « C’était aux environs de Rome que je devais, cette année, me livrer à l’étude du paysage, genre de peinture universel, et auquel tous les autres sont subordonnés, parce qu’ils y sont renfermés. »

Et cet autre passage, d’un long poème intitulé Le Peintre, extrait de ses Œuvres posthumes, publiées en 1829 : 
Vois-tu ces monts lointains dont l’azur peint la cime,
Jeune artiste ? C’est là que des sites montagneux
T’offrent, tout composés, de sublimes tableaux.
C’est Vietri, c’est la Cave et Salerne et Nocère,
Beaux lieux, amours du ciel, délices de la terre,
Où les vieux chantres grecs, dans les siècles anciens,
Eussent voulu placer leurs Champs-Elyséens…
Mais, pour oser les peindre, il faut être un Virgile,
Un Guaspre, un Péquignot, un Saint-Pierre, un Delille
Le propos de cette petite exposition est d’essayer de comprendre :
- pourquoi « l’aspiration » d'Anne-Louis Girodet au paysage ne l’a pas incité à produire davantage dans ce genre pictural ;
- et pourquoi le dithyrambe que ce grand artiste fait de Jean-Pierre Péquignot n’a en rien changé la très modeste notoriété de ce dernier.
Une première section permet de confronter pour la première fois des dessins et petits tableaux de paysages de Girodet et de Péquignot. Elle sera particulièrement intéressante puisque plusieurs attributions sont aujourd’hui controversées et l’un des buts de ce dossier sera de les éclaircir. L’étroite amitié que les deux peintres ont entretenu durant au moins une année à Naples, faite de sorties communes assorties de séances de dessins in situ et d’échanges d’idées, peuvent expliquer les emprunts stylistiques de Girodet, peintre d’histoire confirmé, à Péquignot, peintre de paysage dont le caractère non-conformiste plaisait à un Girodet critique à l’égard des principes académiques. En particulier, l’extrême minutie du rendu de la végétation des premiers plans des paysages de Péquignot gêne aussi bien la doxa académique, fondée sur l’étude de la nature, que le sens de l’économie et la valeur morale que le néo-classicisme accorde au dessin.

A la faveur d’œuvres redécouvertes au cours des dernières années, la deuxième section permet d’explorer pour la première fois un corpus significatif d’œuvres peintes d’un artiste marginal, resté très méconnu depuis le discrédit qui suivit sa mort. Outre le raffinement de la facture, le style de Jean-Pierre Péquignot s’affirme dans l’insertion de figures ou scènes antiquisantes dans d’élégiaques « scénographies » qui inscrivent l’œuvre dans la tradition du paysage classique français (et italien) du XVIIème siècle. L’ensemble présenté sera l’occasion d’apprécier l’originalité d’un artiste, dont les œuvres, par la subtile progression des passages entre les plans et l’atmosphère idyllique créée par des lointains vaporeux, se distingue des compositions moins oniriques et plus compactes de ses compatriotes italianisant contemporains Bidault, Dunouy, Bertin ou Simon Denis.

Commissaire : Rémi Cariel, conservateur au musée Magnin

Musée Magnin, Dijon
4, rue des Bons-Enfants, 21000 Dijon