La presse écrite française est en crise depuis près de 30 ans, mais pourquoi est-elle plus en difficulté que ses voisines européennes ? A l’issue des États généraux de la presse écrite, organisés d’octobre 2008 à janvier 2009, un Livre vert a réuni les propositions faites pour pallier cette situation. Le 23 janvier, le président de la République a présenté les mesures qu’il a retenues pour aider le secteur. Ce numéro de Regards sur l’actualité fait le point et s’interroge : ces mesures seront-elles suffisantes ? La situation de la presse est contrastée en France : si la presse quotidienne nationale est la plus touchée par la crise, la presse magazine se porte très bien. Les gratuits, comme le développement d’internet et de l’information en ligne ont bousculé les modèles économique et rédactionnel de la presse écrite. Cependant, ils ne suffisent pas à expliquer la crise. La « crise de la demande », caractérisée par la baisse inexorable des ventes et le vieillissement du lectorat, et la diminution des investissements publicitaires à destination de la presse écrite, y contribuent aussi largement…. comme dans tous pays occidentaux. En France, une « crise de l’offre » expliquerait l’acuité de la situation : par exemple, ses quotidiens nationaux sont plus chers et proposent une pagination réduite presque de moitié par rapport à celle de ses concurrents européens. C’est aussi une presse aidée par l’État. Si, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays européens ont eu recours au financement public pour relancer leur presse nationale, ces aides ont ensuite été suspendues. En France, elles atteignaient 1,4 milliard d’euros en 2005 (aides directes et indirectes), ce qui, pour certains observateurs, ne favorisent pas l’innovation. Pour remédier à cette situation, les États généraux ont proposé des pistes d’évolution dans tous les domaines : métiers du journalisme, processus industriel, presse et internet, presse et société. L’effort consenti par l’État représentera 200 millions d’euros par an pendant trois ans. Mais suffira-t-il à rétablir ce que certains appellent « l’homme malade de l’Europe » ? Au sommaire La presse en France depuis la Libération : histoire, organisation et enjeux (Patrick Eveno) Presse quotidienne française : « l’Homme malade de l’Europe (Bertrand Pecquerie) Les métiers du journalisme : quel avenir ? État des lieux et perspectives (Hervé Demailly) Pour régénérer le processus industriel de la presse écrite (Olivier Bonsart) Rapprocher la presse et la société : pluralisme, contenu, lectorat (Jean-Marie Charon) Au sommaire de ce numéro également L’État et les mémoires : où en est-on ? (Entretien avec Annette Wieviorka) La presse après les Etats généraux Collection Regards sur l’actualité n° 350 La Documentation française 112 pages, 16x24 cm ISSN : 0337-7091 7,80 euros