Giuseppe Penone
Musée de Grenoble
Jusqu'au 22 février 2015
Giuseppe PENONE n’a plus fait de grandes expositions dans un musée français depuis sa rétrospective au Centre Georges Pompidou en 2004. Pour son exposition au musée de Grenoble, il conçoit un parcours très libre qui mêle œuvres anciennes et créations nouvelles, sculptures et réalisations murales, pièces monumentales et œuvres intimistes. A la manière de Bachelard, il offre une rêverie sur les éléments, rêverie sensuelle et poétique qui conduit incidemment à une approche renouvelée de la relation de l’homme à la nature, des liens profonds et indéfectibles qui les unissent.
L’exposition se développe en cinq sections. La première évoque le toucher. De la préhension première du nourrisson qui cherche à saisir ce qu’il sent et voit autour de lui, au geste du sculpteur qui saisit la matière pour lui donner un sens nouveau. La deuxième s’attache à la peau. A cette frontière perméable entre extérieur et intérieur qui renferme et protège les fluides vitaux : sang, eau, sève, résine... La troisième porte sur le souffle. Souffle du vent qui traverse les feuillages, souffle de la respiration qui anime les corps. Cette mise en résonnance du corps et du végétal, rappel de la métamorphose de Daphné d’Ovide, illustre les liens qui unissent l’homme à la nature. La quatrième explore, à travers des empreintes magnifiées, les passages incessants et multiples entre les différents règnes : le minéral, le végétal et l’animal. La cinquième est un chant à la nature retrouvée, chant d’amour à la beauté des arbres, à leur puissance singulière et unique qui, à l’image des corps, conservent en eux l’histoire et le temps.
Bois, marbre, bronze, mais aussi végétaux, soie, cuir, graphite donnent formes à un nombre important de sculptures ainsi qu’à une réalisation in-situ. Elles sont accompagnées d’une sélection de dessins, dont de nombreux inédits, qui viennent éclairer leur genèse.
« Evoquer l’œuvre de Giuseppe Penone conduit invariablement à parler de la nature, au sens plein et primordial du mot, comme origine et source toujours renouvelée de son inspiration. Le terme même d’inspiration paraît ici un peu faible, tant les liens qui unissent l’artiste aux éléments ont de puissance. On rappelle souvent, en guise de commentaire, l’importance décisive de ses origines paysannes, l’influence de ses années d’enfance passées au contact étroit des champs et des forêts, enfin, durant sa formation artistique, la naissance et les premiers développements du Land Art aux Etats-Unis. Il n’empêche que, benjamin des protagonistes de l’Arte Povera, il entame dès 1968 – il n’a alors que vingt et un ans – l’un des œuvres les plus intenses et les plus riches de ces quarante dernières années. Son approche de la nature s’appuie avant tout sur la connaissance immémoriale inscrite en chacun de nous, dans chaque cellule de notre corps, durant la longue chaîne de l’évolution humaine. Connaissance intuitive, infraverbale, que nos sens nous transmettent lorsque soudain ils reconnaissent une sensation tactile, une odeur, une image, une saveur ou un son, et qui marque de son sceau l’alliance, chaque fois renouvelée, de l’homme avec l’univers.
Aussi l’artiste se fait-il avant tout réceptacle : corps ouvert au monde, aux forces qui l’animent, aux énergies qui le traversent. Pour être ensuite celui par qui s’exprime la nature dans ses manifestations les plus imperceptibles (la croissance, le souffle, l’érosion...), en des gestes simples et primordiaux, des formes d’une étrange familiarité, essentielles et belles.»
Guy TOSATTO, conservateur en chef, directeur du musée de Grenoble
Prochaine exposition au musée de Grenoble : De Picasso à Warhol - Une décennie d'enrichissement des collections du musée de Grenoble, 7 mai - 30 août 2015
Musée de Grenoble
5, place de Lavalette - 38000 Grenoble