06/07/09

John Batho, Le champ d’un regard, Bnf

Photo (c) John Batho - Série Parasols
Exposition de Photographies de John Batho
à la Bibliothèque nationale de France,
jusqu'au 6 septembre 2009
Entre gloire de la couleur, interrogation sur l’effacement et mélancolie de la disparition, Le Champ d’un regard présente quelque cent cinquante images du photographe français John Batho. Des pièces les plus célèbres aux récentes séries moins connues, l’exposition permet de redécouvrir le travail de ce grand artiste qui fonde son oeuvre sur les enjeux de la photographie et ceux de la couleur.
« Avec John Batho, la photographie en couleur nous plonge dans l’émerveillement et la délectation du visible. Nous nous réjouissons qu’une partie de son travail vienne à cette occasion enrichir nos collections grâce à une donation de l’artiste », précise Bruno Racine, président de la BnF.
Né en 1939, John Batho commence à photographier en 1961. A une époque où prédomine le noir et blanc, il concentre sa recherche sur la question de la couleur en photographie. Au-delà du factuel, de l’anecdote et des sujets, son oeuvre se fonde sur la couleur considérée pour elle-même, sur son pouvoir d’attraction, sur sa manière de perturber ou de surprendre la perception. « La couleur n’est pas vraiment saisie, elle saisit plutôt celui qui la regarde. Originale, elle ne se réduit pas à l’image d’elle-même. Elle se photographie pourtant, le photographe en rapporte les effets, en prolonge la vibration ».
Auteur de célèbres séries (les Parasols, les Manèges, les Nageuses), John Batho a mis rapidement à profit l’invention de l’impression numérique. La liberté et la précision qu’elle offre, lui ont permis, à partir de 1993, de développer son oeuvre dans de nouvelles directions et de parfaire des travaux précédents. L’exposition présente également un autre aspect moins connu de son oeuvre, son récent travail en noir et blanc tiré en grand format.
Le parcours mène le visiteur d’une méditation sur la lumière et l’ombre, le passage du temps et le vertige de l’espace, à un suspens devant la présence des choses, leur matière, leur forme et leur contingence. Sans être une rétrospective, l’exposition retrace le cheminement rigoureux né d’un foisonnement de questions. Qu’ajoutait la couleur à ce médium ? Quel champ spécifique Batho allait-il lui offrir, alors que le noir et blanc était encore largement dominant ? Comment l’impression jet d’encre, avec la précision qu’elle autorise, a–t-elle amené le photographe à réinterpréter l’ensemble de son travail ? « Le point de départ est l’étude de la couleur et de son effet sur le regard » écrivait Kandinsky (Du spirituel dans l’art, 1912). Retournant la situation, se plaçant à contrecourant de cette première phase de son oeuvre, John Batho nous offre, de surcroît, la primeur de ses séries récentes, en noir et blanc, voire en « faux » noir et blanc.
Prix Kodak en 1977, John Batho sera à partir de cette date représenté par la Galerie Zabriskie à Paris et New York. De nombreuses expositions ont été consacrées à son travail, en France et à l’étranger, entre autres au musée d’Art moderne de la ville de Paris (1977), au musée Fratelli Alinari à Florence (1987) et récemment au musée Nicéphore Niepce (2000 et 2001) et au Musée des Beaux-Arts de Dijon (2008). Son travail fera également l’objet d’une exposition à Paris à la Galerie Nicolas Silin en novembre 2009.
Le Champ d’un regard présente près de cent cinquante photographies en couleur et noir et blanc, allant de formats 40 x 60 cm, au format 209 x 134 cm. Quel que soit le mode de prise de vue originel, qu’elles soient encadrées ou présentées « à cru », sans verre ni cadre, toutes les images exposées sont des impressions jet d’encre. John Batho a souhaité faire donation d’un large choix de ses oeuvres au département des Estampes et de la photographie. Une partie de cette donation est montrée à la faveur de cette exposition.
Le parcours de l’exposition propose des aires visuelles propres à chacune des recherches du photographe. Quiétude et mystère des études sur l’ombre et la lumière répondent au dynamisme, à la vibration, au volume né de la couleur. Parmi les photographies exposées au travers de deux mosaïques de la série Ombres (1999 et 2000), John Batho tente, à une époque où la photographie en couleur prend une place quasi exclusive, une expérience liée à la pure présence de la lumière. Tirées en noir et blanc, sur toile, non encadrées, les oeuvres de la série Présents & absents (1998) sont issues d’une commande réalisée à Vilnius (Lituanie). Postés face à une cabine camera obscura munie d’un verre de grand format couvert de buée, les modèles sont des passants anonymes, visiteurs du Centre d’art contemporain de la ville. L'exposition présente également des oeuvres des séries Photocolore (1974-1992), Papiers froissés (1987-1990), Papiers lumière (1988-1992), Surfaces (1994-1996), Cartes (2008), Nuages peintures (1998) qui utilise la technique de la double exposition, Manèges (1980) avec des temps de pose longs qui amène produisent une dilution des couleurs, Parasols (1981-2002) dont une partie d'une photo est représentée sur l'affiche de l'exposition, Nageuses (1990), Visages (1998), Neige (2004).
Commissaire de l'exposition : Anne Biroleau, conservateur général au département des Estampes et de la Photographie de la BnF, avec la collaboration de l’artiste
Coordination : Annie Gay, BnF, service des Expositions Scénographie : Hélène Lecarpentier, Agence NC - Nathalie Crinière
John Batho
Le champ d’un regard
Jusqu'au 6 septembre 2009
BnF - Site Richelieu
Galerie de photographie
58 rue de Richelieu - Paris IIe
Métro : Bourse, Palais Royal, Pyramides
Bus : 20, 21, 27, 85, 74, 39
Du mardi au samedi 10h-19h
Dimanche 12h-19h
Fermé lundi et jours fériés
Entrée : 7 euros, TR : 5 euros
Réservations FNAC au 0892 684 694
(0,34 euros TTC/mn) et sur fnac.com
Visites guidées :
Renseignements et réservations
au 01 53 79 49 49