01/02/10

Expo Julie Legrand Fourmillement 2010 Galerie Anton Weller

 

JULIE LEGRAND

Fourmillement

GALERIE ANTON WELLER
ISABELLE SURET

 Exposition jusqu'au 6 mars 2010


Julie  Legrand sculpte, fabrique, emboîte, assemble mais aussi chine et déniche les objets et les matériaux les plus divers. Tout est prétexte et occasion à transformer l’objet.

Entre ses mains, la matière devient lumière pour devenir aussi matière-corps. Lʼartiste donne vie aux objets. Ainsi, les liens et cordons jaunes nouant les sacs postaux se transforment en gigantesque boule ronde qui, telle une maternité, rend hommage à la fécondité, tout en évoquant dans son titre – Les Liens Coupés, 2005 - la fin des choses... Il n’est pas rare chez Julie Legrand que la vie et la mort se rencontrent dans une même œuvre, où, par un effet miroir, l’un et l’autre  se renvoient à eux-mêmes. Ainsi, avec  Rose (2007) jeu de couleurs, de légèreté et de beauté fugitive, lʼartiste rend hommage à Rose, sa grand-mère couturière défunte. Ici, le fil à coudre placé sur un socle en miroir tel un gisant incarne le corps dans sa lente dégradation... 

Néanmoins, la vie entre dans lʼœuvre de Julie Legrand, très loin avant la parfaite réalisation des pièces. Chaque sculpture, chaque objet, chaque installation est un vaste chantier élaboré comme pouvait l’être lʼatelier d’une couturière, celui d’un tisserand, ou d’un maçon, organisation du monde de lʼartiste en relation avec les matériaux qui constituent lʼœuvre en devenir. Toutes sortes de petites mains s’activent autour d’elle, dans un lien social unique, proche de ce que pouvait être la vie dans les ateliers de confection.

C’est lʼextravagance, mais aussi lʼextrême qualité des rapports qu’elle noue à tous les éléments organiques et vivants. Derrière une forme plastique  volontairement très esthétique par ces jeux de lumières, de couleurs, de formes rondes et sensuelles, le travail sʼarticule aussi dans lʼélaboration elle-même. Les objets et les matières prennent vie au fil des heures, des jours et des nuits passés méticuleusement et vaillamment à déposer le fil à coudre et à le composer, à souffler le verre, à travailler le plastique jusqu’à faire ressembler à des ventres, de simples vitrines  - Blow Up, 2008, Galeries Lafayette - à emboîter des récipients, des carafes et des bonbonnières jusqu’à lʼextrême limite du possible, du déséquilibre à lʼéquilibre...

Le corps de lʼartiste omniprésente, sʼinscrit alors dans les œuvres elles-mêmes. Lʼénergie et la lumière, mais aussi la fragilité de ses pièces possèdent son souffle, sa respiration, sa sueur et tous les fourmillements de son corps. Chaque morceau de verre, chaque matière et donc chaque assemblage, exige un contrôle et une minutie extrême.

Pour sa deuxième exposition personnelle Fourmillement, à la galerie Anton Weller, Julie Legrand a choisi de travailler essentiellement le verre. Soufflé par elle jusqu’à faire des formes protubérantes, posées au sol ou fixées au plafond  - Envol, 2007  - mais aussi verre choisi et récupéré auprès des Compagnons dʼEmmaüs (la pauvreté et le dénuement deviennent richesse et brillance, jusqu’au presque clinquant) sous forme de vases, coupelles, pots, boîtes à gâteaux, récipients de toutes sortes transparents ou colorés, la forme de ces œuvres reste organique et sensuelle : ventres, bouches, tétines et tétons... Le corps entier y est suggéré dans ses formes arrondies. Des bulles petites et grandes en verre soufflé jusqu’aux colonnes de verres assemblés  – Empilement, 2009  -  tout ressemble ici à des réceptacles masculins et féminins, lieux de la fécondité mais aussi du plaisir... Lʼartiste s’amuse et joue de  ses empilements dans la création de formes grotesques et ludiques. Certaines colonnes ont été baptisées le Clown, ou lʼExubérante, mais parlent aussi de voyage et de paysage, et sʼappellent lʼOrientale, la  Chinoise, le  Bleu du ciel et le Vert océan... Lʼarchitecture entière de la galerie participe de cette élaboration.

Mélange de sable et d’eau, matériau composite et liquide soufflé jusqu’à devenir solide, le verre est partout jusqu’au sol noir comme du charbon de la galerie, d’où semblent surgir d’étranges champignons – Pousse, 2008.

 

JULIE LEGRAND
Fourmillement

15 janvier - 6 mars 2010

Galerie Anton Weller
9, rue Christine
75006 Paris
Ouverture du mardi au samedi
de 14h à 19h et sur rdv

+33(0)1 43 54 56 32
info (at) anton-weller.com