30/12/15

Amedeo Modigliani, LaM, Villeneuve d'Ascq : une rétrospective

Amedeo Modigliani, L'oeil intérieur : une rétrospective
LaM - Lille métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut, Villeneuve d’Ascq
26 février - 5 juin 2016

Amedeo Modigliani
AMEDEO MODIGLIANI
Femme assise à la robe bleue, 1917-1919. 
Collection Moderna Museet, Stockholm
Donation d'Oscar Stern, 1951
© Photo : Moderna Museet, Stockholm

Le LaM présente au printemps 2016, en collaboration avec la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, une importante rétrospective consacrée à l’œuvre d’Amedeo Modigliani.

Le musée conserve l’une des plus belles collections publiques françaises du célèbre artiste de Montparnasse : pas moins de 6 peintures, 8 dessins et une rare sculpture en marbre réunis par Roger Dutilleul et Jean Masurel, fondateurs de la collection du LaM. Collectionneur passionné, Roger Dutilleul croise la route de Modigliani en 1918, moins de deux ans avant la mort prématurée de l’artiste. Autour de cette rencontre et de ce fonds exceptionnel, le LaM orchestre une exposition-événement qui réunit plus de 120 œuvres, parmi lesquelles près d’une centaine de Modigliani (43 dessins, 5 sculptures et 49 peintures) – dont de nombreux prêts inédits en France –, mises en dialogue avec une sélection d’œuvres d’art extra- occidental et d’œuvres de certains de ses contemporains et amis: Constantin Brancusi, Moïse Kisling, Jacques Lipchitz, Pablo Picasso ou encore Chaïm Soutine.

L’exposition propose une traversée de l’œuvre d’Amedeo Modigliani en explorant trois aspects d’une carrière tout à la fois brève et féconde. En premier lieu, l’exposition mettra en lumière le dialogue que le jeune artiste italien, de formation classique, a entretenu avec la sculpture antique et extra-occidentale. Autre dimension centrale de son œuvre, sa pratique du portrait occupera une place prépondérante dans le parcours. Seront mis en exergue les portraits qu’il fit de ses amis, pour la plupart acteurs eux aussi de l’avant-garde parisienne. Enfin, l’exposition sera l’occasion de mieux comprendre la relation singulière qui lie l’œuvre de Modigliani au collectionneur Roger Dutilleul : entre 1918 et 1946, ce dernier fit l’acquisition d’une trentaine de tableaux et de très nombreux dessins de l’artiste, toutes périodes confondues, ce qui fait de lui, avec le Docteur Arnold Netter, l’un des plus importants collectionneurs de l’œuvre du peintre.

AUX SOURCES DE LA SCULPTURE

Après avoir suivi l’enseignement de plusieurs écoles d’art à Florence et Venise, Amedeo Modigliani quitte l’Italie pour Paris en 1906. Il y fait la connaissance de Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso, André Derain et Diego Rivera. À la fin de l’année 1907, il rencontre le Docteur Paul Alexandre, qui devient son mécène et lui ouvre les portes de sa colonie d’artistes. Encouragé par sa rencontre avec Constantin Brancusi vers 1908, Modigliani se concentre sur la sculpture. Visiteur assidu des musées du Louvre et du Trocadéro, il regarde avec attention les reliefs de l’Égypte antique, les statuettes de la Grèce archaïque, les masques de Côte d’Ivoire et les fragments du temple d’Angkor. Le patient travail d’analyse et d’absorption qu’il opère alors – allonger ou aplatir la figure, moduler les traits du visage, jouer sur le déhanchement ou les ornements – se révèle à travers ses études en séries. Pour rendre compte de ce long travail d’élaboration, l’exposition réunira un ensemble significatif de sculptures et d’études de têtes et caryatides, motifs qui occupent presque exclusivement Modigliani de 1910 et 1914. Ces œuvres prendront place auprès d’une Tête de femme sculptée – seule version en marbre connue à ce jour – acquise par Jean Masurel. 

AMEDEO MODIGLIANI, PORTRAITISTE DE L’AVANT-GARDE

L’état de santé de Modigliani, ainsi que des soucis financiers, l’obligent à renoncer à la sculpture en 1914 ; il se consacre alors exclusivement au dessin et à la peinture. Les années de guerre lui permettent de se rapprocher des autres artistes d’avant-garde restés à Paris, en particulier ceux du cercle de Picasso. L’un d’entre eux, l’écrivain Max Jacob, le présente au marchand Paul Guillaume en 1915. Le portrait reprend alors la première place dans son travail. Croquant sans relâche, Modigliani utilise la physionomie des artistes qui l’entourent pour mettre au point un vocabulaire du portrait radicalement nouveau. Bien que parfaitement reconnaissables, les visages s’unifient en masques symétriques où, souvent, l’un des yeux apparait sans pupille. Il parvient à combiner avec maîtrise la véracité du portrait – exécuté de mémoire – et un style tout à fait personnel. Cette période constructive fut particulièrement prisée de Roger Dutilleul : les portraits de Moïse Kisling, Viking Eggeling et Jacques Lipchitz font partie de la collection du LaM. Ils donnent un aperçu d’un ensemble qui comprenait aussi ceux d’Henri Laurens et Léopold Survage. Au- delà des relations amicales, ces portraits révèlent parfois des échanges artistiques dont témoignera une sélection d’œuvres réalisées par les peintres et sculpteurs qui furent aussi les modèles de Modigliani.

LES DERNIÈRES ANNÉES

Dès 1916, le poète d’origine polonaise et courtier amateur Léopold Zborowski met toute son énergie à faire connaître l’œuvre de Modigliani. Après une série de nus, exposés à la galerie Berthe Weill en décembre 1917, Amedeo Modigliani, dont la santé décline, passe l’année 1918 à Nice. Il y poursuit son travail de portraitiste et perfectionne le style qui fera son succès : le cadre s’élargit, la palette s’éclaircit sous l’influence de Cézanne, la matière s’allège, toute contenue dans une ligne qui serpente, tandis que la composition s’unifie dans une peinture apaisée. Pendant ces quelques années, Lunia Czechowska, amie du peintre, Hanka Zborowska, épouse de son marchand, et sa célèbre compagne Jeanne Hébuterne, la mère de sa fille, sont ses modèles privilégiés. C’est au début de cette période que Dutilleul fait la connaissance de Modigliani, par l’intermédiaire de Zborowski. L’amateur éclairé devient l’un des de ses principaux acheteurs, réunissant plusieurs nus et portraits de la période niçoise, avant de constituer une collection plus exhaustive dans les années qui suivent. Il devient aussi l’un de ses modèles en 1919, lorsqu’il prend la pose pour un portrait qui appartient aujourd’hui à une collection privée américaine et que le LaM présentera à nouveau dans ses salles.

Exposition organisée par le LaM et la Réunion des musées nationaux – Grand Palais. 

LaM - Lille métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut, Villeneuve d’Ascq