Alain JOSSEAU
Little wars
Galerie Claire Gastaud, Clermont-Ferrand
6 octobre - 10 novembre 2016
Galerie Claire Gastaud
5-7 rue du Terrail – 63000 Clermont-Ferrand
www.claire-gastaud.com
Little wars
Galerie Claire Gastaud, Clermont-Ferrand
6 octobre - 10 novembre 2016
Alain Josseau investit la galerie Claire Gastaud, à Clermont-Ferrand, pour son second solo show « Little wars », titre d'un livre de H.G. Wells de 1913 sur les jeux de guerre. Une vingtaine d’oeuvres récentes de l’artiste seront exposées avec pour thème principal, un sujet hautement actuel : la guerre, le traitement de ses images et leur manipulation à travers trois séries récentes « War Map », « War Games » et « Poussières » ainsi que l’oeuvre très grand format inédite de la série des « Time Surface » Time surface 11 : Collateral Murder 2.
Par ses différentes observations et recherches sur le sujet, Alain Josseau pose la question, avec War Map, de la création d’une confusion entre la réalité et la virtualité liée à l’apparition des nouvelles technologies. « Cette série de dessin n'est pas sans nous rappeler les « map » ou un niveau de jeu dans les jeux vidéo(…) mais il ne s'agit pas ici d'un jeu vidéo, chacune des zones correspond à une zone réelle de bombardement par l'armée américaine du nord de l'Irak et de la Syrie. Les photogrammes visibles dans ce dessin sont tous issus de vidéos capturées sur les sites de l'U.S. Central Command et du Military.com video center. ». Pour Alain Josseau, la guerre est devenue un jeu vidéo généralisé dans son mode d'action et de visualisation... visualisation par écran et dispositif multi caméra, visualisation multi vue, action par joystick, mouvement en vol d'oiseau...Ce dessin nous montre la confusion existant entre réalité et monde virtuel.
Avec War Games, Alain Josseau reprend -comme précédemment dans sa série des géographes- la tradition des aquarellistes militaires du 19e siècle et propose une réflexion sur les collusions entre les différents niveaux de simulacre. En superposant dans War Games, des images extraites de centres d’entrainements immersifs développés sous contrat avec des sociétés de jeux vidéo pour l’armée américaine aux images du jeu vidéo « Call of Duty », Josseau ne reconduit pas le débat éculé d’une confusion entre le réel et le virtuel. Il entend plutôt tirer les lignes de cette confusion vers un procédé de sublimation, où le fond flou issu du jeu, servant de paysage aux soldats équipés de capteurs, se fait l’écho de l’état gazeux, sans gravité ni consistance d’une réalité « qui n’a d’existence que dans le jeu infini des combinaisons algorithmiques ». De l’espace clos à l’espace infini, c’est le vertige et le débordement provenant non tant d’un univers sans règles que du dérèglement d’un univers à règles, où le play se pare des oripeaux du game, qui semble s’esquisser.
Dans la série Poussières Alain Josseau « prélève » des images quelconques d’internet pour les manipuler et leur donne l’aspect des images thermographiques leur imprimant ainsi un caractère guerrier rappelant les images de drônes ou des systèmes TADS. La série Poussières traite ainsi la représentation de la guerre et de l’influence du traitement et des effets dans notre compréhension de l’image. « Par ces effets, ces images (que rien ne « prédisposait » à cela) deviennent guerre, c’est à dire que l’effet, les effets, deviennent la guerre elle-même, sa représentation. Ce qui par définition est produit par une cause, s’inverse, et c’est l’effet qui produit un résultat : transformer une image quelconque en une image de substance de guerre. ».
Time surface 11 : Collateral Murder 2 fait suite à Time surface n°4 : collateral murder réalisé par Alain Josseau en 2011. Ce premier grand dessin s'inspirait de la vidéo intitulée Collateral Murder postée sur le site de Wikileaks qui la dévoila en avril 2010. Cette vidéo militaire relatait le massacre de civils dont deux journalistes de l'agence de presse Reuters perpétré depuis un hélicoptère Apache américain le 12 juillet 2007 dans le quartier de Al-Amin de New Bagdad à Bagdad. Une seconde vidéo plus longue avait été réalisée par le même hélicoptère quelques minutes plus tard filmant le meurtre de civils. Cette seconde oeuvre a été réalisée à partir de cette vidéo.
Elle reprend le principe de la série de dessins Time surface, c'est-à-dire que la surface y représente du temps. Nous sommes ici dans la position du pilote et du co-pilote de l'hélicoptère, à la même distance visuelle qu'eux. Au milieu de cette aquarelle réalisée à partir d’image de google earth représentant la rotation de l’appareil au dessus du point d’impact, une zone dessinée au crayon papier est extraite de la vidéo capturée par l‘hélicoptère. Cette zone correspond aux mesures exactes de l'interface de visualisation embarquée l'hélicoptère. Cette image nous montre à quel point une vision lointaine et non directe - puisqu'elle passe par la médiation d'une interface - peut changer le sens premier de l'image captée. L'agrandissement forcé de l'image source s'accompagne d'une perte de l'information. Mieux distinguer les mouvements et les formes des corps (ce qui est d'ailleurs le propre de la vision du mammifère prédateur) se fait au détriment du détail : les visages ou la nature même des objets. L'image vidéo serait inapte à saisir le palimpseste du réel.
Galerie Claire Gastaud
5-7 rue du Terrail – 63000 Clermont-Ferrand
www.claire-gastaud.com