10/10/16

Moshe Ninio @ Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Paris

Moshe Ninio
Prix Maratier 2015

Lapse
Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Paris
Jusqu'au 29 janvier 2017


Moshe Ninio
Moshe Ninio
Glass II, 2012
Impression jet d'encre pigmentaire
105,5 x 72,5 cm, mahJ
OEuvre acquise en 2013 avec le concours d'un groupe de collectionneurs
et la participation du Fram-Île-de-France

Lauréat du prix Maratier 2015, Moshe Ninio, né en 1953 à Tel-Aviv, occupe une place singulière au sein du paysage artistique contemporain. Il produit peu de pièces qui font l’objet d’une longue maturation ; son travail vise à faire évoluer le statut de l’image vers un ailleurs, polémique ou spirituel.

Le mahJ présente deux cycles d’oeuvres récentes : Glass(es) (2010-2011), Morgen et son extension, Décor: Morgen_Appendix (2010-2016). Moshe Ninio s’y livre à partir d’images existantes à une exploration « médico-légale » qui fait vaciller le statut de « vestige » historique – ici d’un objet muséal, d’une archive audiovisuelle, datant l’un et l’autre des années 1960 – et en réactive le sens.

Glass(es) est une oeuvre conçue à partir de photographies prises depuis l’arrière de la cage de verre dans laquelle fut protégé Adolf Eichmann pendant son procès à Jérusalem en 1961. C’est une séquence ordonnée, composée de trois pièces qui sont les trois étapes d’un processus de passage de photographie à image au cours duquel des manipulations simples – duplication, superposition – font apparaître, au centre de l’image, une ombre inquiétante.

Morgen, vidéo sur double écran, a été conçu pour une exposition intitulée « Shibboleth », à la galerie Dvir de Tel-Aviv, en référence au poème éponyme de Paul Celan et à un épisode biblique (Juges 12 :4-6), où le défaut de prononciation d’un mot de passe signe l’arrêt de mort des membres de la tribu d’Ephraïm.

En 1965, Esther Ofarim est la première chanteuse israélienne à se produire à la télévision allemande – ce qui fut alors considéré en Israël comme une trahison : elle chante un tube, Morgen ist alles vorüber [Demain tout est fini], une chanson d’amour apprise phonétiquement. Moshe Ninio pratique sur la vidéo originale de subtiles interventions qui en renforcent la dramaturgie. La plus « chirurgicale » d’entre elles consistant à retravailler numériquement le mouvement original de la caméra et à faire le point sur la fraction de seconde où un « lapsus » – une torsion des lèvres de la chanteuse, qui peine à prononcer le mot muss [doit] – devient le climax de sa prestation.


Moshe Ninio
Moshe Ninio
Décor: Morgen_Appendix, 2015-2016
Capture d’écran, impression jet d’encre sur aluminium
Trois éléments, 220 x 123 cm chacun
Photo Aurélien Mole

Décor: Morgen_Appendix, ancrage physique de l’oeuvre vidéo, est le « remake » d’un détail des « coulisses » du plateau – un décor cinético-optique – devant lesquelles se produit Esther Ofarim.

L’exposition est accompagnée d’un livre auquel ont contribué Bernard Blistène, directeur du musée national d’Art moderne, Tal Sterngast, historienne et critique d’art, et Gérard Wajcman, écrivain et psychanalyste.

Le prix Maratier
En 2003, Claire Maratier, fille du peintre Michel Kikoïne, confiait à la fondation Pro mahJ, qui prenait la suite de la fondation Kikoïne, l’organisation du prix Maratier honorant la mémoire d’Amédée Maratier, son époux avec lequel elle avait partagé le goût de l’art vivant. Ce faisant, elle poursuivait l’oeuvre d’accompagnement du musée d’art et d’histoire du Judaïsme dont elle fut, jusqu’à sa mort en 2012, un inconditionnel soutien. De 2003 à 2011, le prix a récompensé successivement Pierrette Bloch (2005), Iris Sara Schiller (2007), Mikael Levin (2009), Cécile Reims (2011) et Nira Pereg (2013).

▶ Nathalie Hazan-Brunet, responsable du projet
▶ Paul Salmona, directeur
▶ Corinne Bacharach, responsable de l’auditorium et de la communication

mahJ - Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Paris
www.mahj.org