30/03/21

Seyni Awa Camara / Olaf Holzapfel @ Galerie Baronian Xippas, Knokke-Heist

Seyni Awa Camara / Olaf Holzapfel
Galerie Baronian Xippas, Knokke-Heist
3 April – 30 May 2021

Albert Baronian et Renos Xippas présentent à Knokke-Heist un duo show qui met à l’honneur les dernières oeuvres de SEYNI AWA CAMARA (*1945 Bignona, Senegal) et OLAF HOLZAPFEL (*1967 Dresden, Germany). Les sculptures en terre glaise de Seyni Awa Camara dialoguent avec les tableaux en paille et en fibre de chaguar de Olaf Holzapfel.

De leur interaction naîtront des résonances fascinantes qui questionneront les dichotomies de la tradition et de la modernité, de l’art décoratif et des beaux-arts, ainsi que du passé et du présent. Les oeuvres exposées explorent trois techniques anciennes : le tissage de la fibre de chaguar, le tissage de la paille et le travail de la terre glaise.

Si ces types d’artisanat traditionnel sont souvent relégués à la périphérie des arts majeurs comme purement « régionaux » ou « ornementaux », le travail de Olaf Holzapfel et Seyni Awa Camara met en question ces distinctions. Leur oeuvre dépoussière ces visions en révélant la vivacité et l’émotion de ces pratiques et leur importance pour les publics locaux et mondiaux.

Olaf Holzapfel transcende la stratification de la société humaine pour dénicher la beauté dans l’intervalle, la poésie des espaces qui ne peuvent pas vraiment être définis. Seyni Awa Camara, quant à elle, est une artiste dont le travail existe dans cet intervalle, il est suspendu, à la fois innovant et ancré dans ses techniques ancestrales, profondément personnel, mais imprégné d’universalité émotionnelle.

Cette exposition célèbre la terre glaise, la fibre de chaguar et la paille pour leur valeur esthétique, mais également comme véhicules et métaphores des préoccupations sociétales concernées de l’identité et de la mondialisation.

SEYNI AWA CAMARA (*ca.1945 Bignona, Senegal)

Depuis qu’elle a découvert son talent pour la sculpture dès son plus jeune âge, Camara a évolué avec le temps pour devenir une artiste emblématique sur la scène de l’art contemporain. Elle a élaboré son propre langage artistique pour représenter un univers intime d’êtres fantastiques, souvent autour du thème de la maternité.

Camara a appris les techniques ancestrales de la poterie avec sa mère, mais elle s’est rapidement éloignée de l’aspect utilitaire de cette pratique pour se concentrer sur la sculpture. Son travail a été exposé pour la première fois lors de l’exposition phare « Magiciens de la terre » au Centre Georges Pompidou à Paris, point de départ de son succès mondial exponentiel.

Ses sculptures sont le fruit d’un processus laborieux et spirituel. Avant de sculpter une œuvre, Camara prie pour recevoir des visions qui lui inspireront le travail du lendemain, à commencer par le moulage en glaise dès le matin. L’artisanat ancien utilisé pour produire ces sculptures est complexe. Il faut parfois compter jusqu’à dix jours pour en achever une. En dépit de son succès mondial, l’artiste a toujours fui les projecteurs, en limitant les entretiens et les échanges pour se focaliser pleinement sur son travail. 

OLAF HOLZAPFEL (*1967 Dresde, Allemagne)

Sédentarité ou nomadisme, centre ou périphérie, moderne ou traditionnel, urbain ou rural : ces dichotomies sont centrales dans l’exploration du concept de « ville » par Holzapfel. Subtil et poétique, son travail capture les forces invisibles dans les interstices des villes et débouche sur une représentation enrichie.

Ses images en paille et en fibre de chaguar représentent des villes à travers leurs paysages. Ses œuvres en chaguar, intitulées « Paths of Buenos Aires », traduit des images numériques de la ville argentine et de ses environs en textile. Ce matériau joue un rôle spirituel et pratique fondamental dans la culture wichí, un peuple indigène installé dans le nord de l’Argentine et le sud de la Bolivie, profondément affecté par la colonisation européenne. 

Ces images en chaguar sont des projets collaboratifs avec une famille d’artisanes wichís, Teresa, Luisa et Mirta Gutiérrez. Alliant réseaux urbains coloniaux européens et motifs traditionnels de la culture wichí, elles soulèvent la question de la définition de la culture et de son identité à travers les notions d’espace.

La paille, en revanche, est plus proche du patrimoine d’Holzapfel. Artiste vivant et travaillant à Brandenburg, il s’est tourné vers ce produit dérivé agricole omniprésent dans cette région. Ses œuvres font écho à des artefacts religieux en paille qui, tout en demeurant abstraits, représentent des choses très concrètes telles que le soleil, la vie, la mort ou la résurrection. De même, ses images en paille sont abstraites, mais abordent des concepts liés à la ville, tels que le nomadisme numérique et la ville en tant que collection de « signes ». De manière formelle, les œuvres déconstruisent les canons de la peinture paysagiste du 19e siècle en injectant le paysage dans son travail. Elles deviennent des représentations du paysage et avec celui-ci, paysage dont les matériaux sont issus. Au niveau formel, les œuvres reflètent donc l’image bidimensionnelle et l’espace tridimensionnel de même qu’elles explorent la représentation inédite de l’espace, du paysage et de l’identité.

Son approche multilatérale de ces concepts a permis de créer une œuvre extraordinairement abondante d’installations, de sculptures, de peintures, d’images numériques, de photographies et de vidéos, exposées à la Biennale de Venise (2011) et dans le cadre du projet « Zaun » (Clôture) pour Documenta 14 (2017). 

GALERIE BARONIAN XIPPAS
731 Zeedijk-Het Zoute, 8300 Knokke Heist, Belgique
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