Carol Bove: Vase/Face
Galerie David Zwirner, Paris
17 octobre - 17 décembre 2022
Vase Face III / The Skeleton Juggling a Baby in the
Central Tableau of Heaven, 2022 (detail).
© Carol Bove.
Courtesy the artist and David Zwirner
David Zwirner présente actuellement une exposition de sculptures récentes de CAROL BOVE, présentées au mur ou au sol dans les espaces de la galerie à Paris. Après le succès public et critique de ses expositions au Nasher Sculpture Center de Dallas et au Metropolitan Museum of Art de New York en 2021, cette nouvelle exposition personnelle marque le retour de l’artiste dans la capitale parisienne, une décennie après sa présentation au Palais de Tokyo en tant que lauréate du premier prix Lafayette, en 2010.
La salle d’exposition principale est occupée par des sculptures de grande taille faites de tubes d’acier inoxydable écrasés ou froissés, chacune associée à un large disque en verre, formant ainsi comme une installation qui émerge d’un environnement monochrome, interrogeant l’expérience phénoménologique que suscitent la forme artistique mais aussi l’espace d’exposition. Présentées à des hauteurs différentes dans un contexte uniformément gris, du sol aux murs, les sculptures sont réalisées à partir de tubes pliés dans tous les sens ou presque, dont l’acier, laissé vierge de peinture, a été entièrement sablé jusqu’à obtenir un aspect doux et lisse qui rappelle la céramique. Cette finition mate confère non seulement une présence physique à ces pièces d’acier brut mais, en imitant une surface peinte, elle produit aussi un effet esthétique proche du trompe-l’œil. Chaque œuvre comporte un grand disque en verre – entrant en dialogue avec la grande verrière en verre et fer forgé surplombant la salle d’exposition – qui reflète sous différents angles l’espace environnant. Ainsi, les sculptures de Carol Bove sont capables à la fois d’accueillir et de modifier ce qui les entoure, se gardant de disparaître comme de tout chambouler.
L’installation inclut également une version en trois dimensions du vase de Rubin, célèbre illusion visuelle inventée au début du XXe siècle par le psychologue danois Edgar Rubin. On peut y lire la silhouette d’un vase ou bien deux visages face à face, vus de profil : les mêmes contours produisent deux représentations différentes, dans un va-et-vient instable qui interroge le rapport figure-fond. Cette ambiguïté perceptuelle fait écho aux relations paradoxales et inégales qui traversent l’installation tout entière, jouant sur l’opposition entre sujet et espace négatif ou entre une approche formaliste et une appréhension plus gestaltiste.
Les galeries adjacentes à la salle principale accueillent sur leurs murs plusieurs sculptures où les tubes d’acier, grâce à leurs couleurs et leur finition mate, apparaissent paradoxalement malléables, modifiables d’un simple geste. Les murs sur lesquels sont accrochées les œuvres, intégralement tendus de lin teint d’un mauve tirant sur le gris, contrastent avec leurs couleurs vives se déclinant en rose, jaune et orange. Ces tons vibrants, appliqués aux éléments en acier pliés ou tordus sur eux-mêmes, semblent faire tour à tour référence à des produits manufacturés contemporains et aux palettes d’artistes de la fin du XIXe siècle tels Paul Gauguin et Pierre Bonnard, pleines de roses, de jaunes lumineux, voire hyperréalistes, et de mauves estompés. Dans le même temps, l’aspect formel des œuvres évoque spontanément les images numériques qu’on peut réaliser sur Photoshop. Les différentes références oscillent ainsi entre histoire et technologie, s’entrecroisant souvent. Et ce d’autant plus lorsqu’on considère la tension créée entre le fait que les œuvres appartiennent concrètement à la sculpture et les relations qu’elles entretiennent avec la peinture – sur le plan de la représentation en ce qu’elles rappellent des touches et coups de pinceaux, et sur le plan technique par un usage expérimental des couleurs, de la lumière et des ombres.
En termes d’accrochage, de palette chromatique et d’échelle, ces sculptures fonctionnent de plus selon des registres diamétralement opposés à ceux qui sont mobilisés dans la salle d’exposition principale. Cela ne fait que renforcer le travail mené sur les relations binaires, contradictoires ou ambiguës qui se jouent sur les plans formel et perceptuel à travers l’exposition dans son ensemble. Côte à côte et successivement, toutes les œuvres exposées prolongent l’engagement de Carol Bove aux frontières de la forme concrète comme à celles de la perception, témoignant de son exploration sans limites des possibilités offertes par la sculpture abstraite.
CAROL BOVE
Née en 1971 à Genève, Carol Bove a grandi à Berkeley en Californie, avant de mener ses études à la New York University (NYU). Entre 2009 et 2013, elle a été professeure associée au Steinhardt Department of Art and Art Professions à la NYU. L’artiste a rejoint David Zwirner en 2011. En 2015, elle a présenté sa première exposition personnelle dans les espaces londoniens de la Galerie, The Plastic Unit, bientôt suivie en 2016 par Polka Dots, sa première exposition dans les espaces de la Galerie à New York. Sa troisième exposition personnelle s’est tenue à Londres en 2018. En 2019 se déroule à Hong Kong l’exposition personnelle Ten Hours, sa quatrième avec David Zwirner et sa première sur le continent asiatique. En 2021, elle présentait simultanément Chimes at Midnight et Carol Bove dans les espaces new-yorkais de la Galerie, respectivement sur la West 20th Street et sur la 69th Street.
En 2021 également, quatre œuvres de l’artiste ont occupé les niches de la façade du Metropolitan Museum of Art de New York dans le cadre du deuxième volet d’une nouvelle série de commandes d’œuvres in situ par le musée, sous le titre Carol Bove: The séances aren’t helping. De 2021 à 2022, deux sculptures de l’artiste, The Bicycle (2016) et Will’s Dog (2017), ont été exposées en continu au Whitney Museum of American Art de New York. Le Nasher Sculpture Center de Dallas a d’autre part présenté l’exposition Carol Bove: Collage Sculptures en 2021.
Le travail de Carol Bove a été exposé aux côtés de celui de John Chamberlain pour une exposition en duo au San Francisco Museum of Modern Art en 2019. La même année, l’artiste a été sélectionnée pour la 58e édition de la Biennale de Venise, où elle a présenté une sélection resserrée de travaux récents. En 2014, le Henry Moore Institute de Leeds, en collaboration avec le Museion de Bolzano en Italie et le Museum Dhondt-Dhaenens de Deurle en Belgique, a exposé conjointement Carol Bove et Carlo Scarpa. D’autres institutions ont aussi accueilli d’importantes expositions personnelles de l’artiste, dont le Museum of Modern Art de New York (2013), The Common Guild à Glasgow (2013), le Palais de Tokyo à Paris (2010), la Tate St Ives en Angleterre (2009), le Blanton Museum of Art de l’Université du Texas à Austin (2006), la Kunsthalle de Zürich (2004) et l’Institute of Contemporary Art de Boston (2004). La première exposition muséale d’envergure de l’artiste s’est tenue à la Kunstverein de Hambourg en 2003. Parmi les grandes expositions collectives auxquelles l’artiste a participé, citons les 58e, 57e et 54e Biennales de Venise (2019, 2017, 2011), la documenta 13 de Cassel en Allemagne (2012) et la Biennale du Whitney Museum of American Art de New York (2008).
Les sculptures de grandes dimensions de Carol Bove sont souvent montrées en extérieur ou dans l’espace public. En 2020, quatre œuvres de l’artiste ont été installées sur le campus du Claremont McKenna College (Claremont, Californie). Lors de l’édition 2018 d’Unlimited à Art Basel, l’artiste a dévoilé une sculpture monumentale. En 2017, certaines de ses sculptures ont rejoint le Betty and Edward Marcus Sculpture Park de Laguna Gloria, attenant au musée The Contemporary d’Austin. La même année, on pouvait voir son travail dans Women of Venice au cœur du Pavillon suisse de la 57e Biennale de Venise, où elle était invitée à dialoguer avec l’héritage de l’artiste Alberto Giacometti. Sa sculpture Lingam (2015), réalisée à partir de poutrelles en acier, a été installée dans le City Hall Park de New York dans le cadre de l’exposition collective The Language of Things (2016), organisée par le Public Art Fund. En 2013, elle a créé une série de sculptures pour la High Line at the Rail Yards de New York.
Les œuvres de l’artiste figurent dans les collections de multiples institutions à travers le monde, dont le Crystal Bridges Museum of American Art (Bentonville, Arkansas), le FRAC Grand Large - Hauts-de-France (Dunkerque), l’Institute of Contemporary Art de Boston, le Museum of Modern Art de New York, le Princeton University Art Museum (New Jersey), le Museum of Modern Art de San Francisco, le Wadsworth Atheneum Museum of Art (Hartford, Connecticut), le Whitney Museum of American Art de New York et la Yale University Art Gallery (New Haven, Connecticut). Carol Bove vit et travaille à New York (États-Unis).
GALERIE DAVID ZWIRNER
108 rue Vieille du Temple, 75003 Paris