Brognon Rollin : Le Phare
Mucem Fort Saint-Jean, Tour du Fanal
12 janvier - juillet 2024
Le Phare, 2022-2024 (simulation)
© Mucem / Brognon Rollin / Julie Cohen
A partir du 12 janvier 2024, un regard lumineux s’élèvera vers le ciel depuis le fort Saint-Jean. Le duo d’artistes Brognon Rollin transformera la tour du Fanal en phare poétique, à travers lequel ils adresseront aux Marseillais un message de Pone.
Atteint de la maladie de Charcot depuis 2015, Pone, l'iconique beatmaker de la Fonky Family est appareillé d’une technique informatique de calibrage oculaire. Avec ses yeux, il peut ainsi naviguer seul sur internet et communiquer avec ses proches, alors que la maladie le paralyse et le prive de sa voix.
En conversation avec lui, David Brognon et Stéphanie Rollin ont capté et archivé le mouvement de ses pupilles. Cet enregistrement numérique est connecté à la tour du Fanal. L’ancien phare reprend vie et reproduit fidèlement le mouvement des pupilles de Pone.
Jusqu’au mois de juillet, à la nuit tombée ou au petit matin, un extrait de leur conversation visuelle éclairera le ciel et la terre par intermittence, suite d'épiphanies muettes à l'échelle de la cité phocéenne.
PONE - BIOGRAPHIE
Né à Toulouse, Guilhem Gallart, dit Pone, y découvre la culture hip-hop. Il quitte sa région natale à 18 ans pour Marseille, suivi de son ami Don Choa. Dans la cité phocéenne, il fait la connaissance d’artistes qui marquent sa carrière, comme DJ Djel, Le Rat Luciano, Sat l’Artificier, Menzo ou Fellaga. Ensemble, en 1994, ils créent le groupe la Fonky Family. Pone a ainsi produit l’intégralité du premier album du groupe Si Dieu veut…, qui sortira en 1997. Il est intervenu sur l’ensemble de la discographie du groupe phocéen et a aussi produit en indépendant d’autres artistes (113, Diams…). En 2015, Pone connaît des problèmes de santé et une série d’examens médicaux révèle qu’il souffre de la maladie de Charcot (sclérose latérale amyotrophique, SLA). Paraplégique et trachéotomisé, il est alité depuis plus de sept ans. Cependant, alors qu’il devrait être hospitalisé, Pone vit chez lui de façon autonome à Gaillac, avec sa femme et ses deux filles, grâce à la connaissance qu’il a développée de sa maladie, à ses proches et à un accompagnement médical poussé. À l’aide d’un ordinateur et d’un logiciel de poursuite oculaire, il arrive à écrire, à lire, à communiquer et à composer. En 2019, Pone réalise l’exploit de composer et mixer un album uniquement avec ses yeux. Il revient ainsi sur le devant de la scène musicale avec l’album Kate & Me, puis avec l’EP Vision et Listen and Donate. Il sera également invité à mixer à l’occasion de la cérémonie de passation des Jeux paralympiques d’été entre Tokyo 2020 et Paris 2024. Il vient par ailleurs de publier une autobiographie intitulée Un peu plus loin (JC Lattès, 2023).
© dirtymonitor
BROGNON ROLLIN - BIOGRAPHIE
David Brognon, né en 1978 à Messancy (Belgique), et Stéphanie Rollin, née en 1980 à Luxembourg, forment depuis 2006 un duo d’artistes établi entre Paris et Luxembourg. Depuis 15 ans, ils développent une œuvre aux formes diverses (installations, sculptures-objets, vidéos, performances, photos) dont l’humain est le sujet principal et la rencontre le moteur. En raison de la subtilité de sa démarche et de l’épure de ses formes, leur travail renouvelle l’héritage de l’art conceptuel en l’enrichissant d’une dimension relationnelle. « Notre univers, c’est la périphérie, c’est cet espace-temps qu’on ne veut pas voir. » Attentif aux marges de la société, le duo d’artistes allie analyse sociale, recherches et immersion sur le terrain. Leur pratique s’appuie sur l’observation, le dialogue et la co-construction avec les personnes concernées. Au cours de ces interactions, ils prélèvent d’infimes éléments du quotidien dont leur œuvre révèle la portée, souvent éthique ou existentielle. À partir de situations réelles et le plus souvent complexes, ils cherchent ainsi à donner une forme plastique à l’expérience vécue du temps, de la durée ou de l’attente. Brognon Rollin ont bénéficié en 2020 d’une importante exposition monographique au MAC VAL, musée d’Art contemporain du Val-de-Marne, à Vitry-sur-Seine. Leur travail a récemment été montré à Los Angeles et le sera à Dublin en juin prochain. Il est représenté dans plusieurs collections publiques d’ampleur : au Centre Pompidou-Musée national d’art moderne, au Centre national des arts plastiques (CNAP), au MUDAM, Luxembourg ou au MAC’S - Grand-Hornu, Belgique.
Le Phare est une œuvre inclusive par laquelle le Mucem souhaite soutenir la création contemporaine, mais aussi les patients atteints de maladies chroniques et leurs proches, tout en rendant hommage aux pionniers de la culture hip-hop. Jusqu'en juillet 2024, plusieurs événements seront organisés autour de ces thèmes.
Commissariat :
Hélia Paukner, conservatrice responsable du pôle Art contemporain, Mucem
Justine Bohbote, conservatrice responsable du pôle Sport et Santé, Mucem
HELIA PAUKNER - BIOGRAPHIE
Hélia Paukner est conservatrice responsable du pôle « Art contemporain » au Mucem - Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Elle y est en charge, aussi, des collections hip-hop et graffiti du musée. Agrégée d’allemand, formée en littérature et en histoire de l’art à l’École normale supérieure de Lyon, puis à l’Institut national du patrimoine (Paris), elle a fait ses premières expériences curatoriales au musée des Beaux-Arts de Lyon. Elle a été commissaire en 2020-2021 de l’exposition « Affleurements » au Centre de conservation et de ressources du Mucem, dans le cadre du projet européen « Excavating Contemporary Archaeology » et co-commissaire de la rétrospective consacrée à Ghada Amer dans trois lieux marseillais en 2022-2023.
JUSTINE BOHBOTE - BIOGRAPHIE
Justine Bohbote est conservatrice du patrimoine, responsable du pôle « Sport et santé » au Mucem. Elle a été formée en histoire de l’art moderne et contemporain et en philosophie de l’art à l’École du Louvre et à la Sorbonne. Au Mucem, elle travaille en particulier sur les collections relatives aux cultures urbaines (notamment autour du skateboard) et sur les liens entre le soin et l’histoire de l’art. Elle enseigne ponctuellement à la Sorbonne et à l’École du Louvre, où elle a dispensé avec Amélie Lavin une formation intitulée « Le soin et ses images » en 2023.
MUCEM, MARSEILLE