21/01/24

O’Keeffe et Henry Moore : Géants de l’art moderne @ Musée des beaux-arts de Montréal

O’Keeffe et Henry Moore : 
Géants de l’art moderne
Musée des beaux-arts de Montréal
10 février – 2 juin 2024

O’Keeffe et Henry Moore : géants de l’art moderne



Yousuf Karsh, Georgia O’Keeffe
Yousuf Karsh (1908-2002), Georgia O’Keeffe, 1956 
MBAM, don d’Estrellita Karsh à la mémoire de Yousuf Karsh 

Henry Moore
Henry Moore dans l’atelier « du haut », à Perry Green. vers 1953 
Reproduit avec l’autorisation de la Henry Moore Foundation 
Photo Roger Wood

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) présente, en première canadienne, O’Keeffe et Henry Moore : géants de l’art moderne, une exposition d’envergure qui met pour la première fois en dialogue l’œuvre de la peintre américaine Georgia O’Keeffe (1887-1986) et celle du sculpteur anglais Henry Moore (1898-1986). Organisée par le San Diego Museum of Art, cette grande exposition dresse un parallèle inédit entre la vie et la production de ces deux artistes qui ont marqué le XXe siècle. A travers plus de 120 œuvres et la reconstitution de leur atelier personnel, elle retrace l’évolution de leur pratique artistique et témoigne de l’influence profonde du monde naturel sur leur travail.

Bien qu’ils aient vécu sur deux continents distincts, O’Keeffe et Moore ont partagé une vision semblable de l’art moderne. Le point commun entre ces deux artistes réside dans l’inspiration que chacun tire de la nature et dans leur association durable avec les vastes paysages ruraux environnants. Si d’autres de leurs contemporains, comme Piet Mondrian et Hans Arp, empruntent la voie des formes organiques pour atteindre l’abstraction, O’Keeffe et Moore centrent leur approche sur cet aspect fondamental.

Au cours de leurs excursions quotidiennes et de leurs voyages, les deux artistes amassent des pierres, des crânes et ossements d’animaux, des racines, des morceaux de bois, ainsi que des coquillages dont leurs ateliers regorgent. Leur vaste collection révèle des similitudes étonnantes. Pour la première fois, la reconstitution méticuleuse de leur atelier respectif permet au public d’observer comment ces objets trouvés façonnent leurs créations et leur inspirent certaines de leurs œuvres les plus importantes.

« À notre connaissance, les deux artistes ne se sont rencontrés qu’une seule fois, à l’occasion de la rétrospective Moore tenue au Museum of Modern Art en 1946. O’Keeffe a eu droit elle aussi à une rétrospective la même année. Il y a lieu de se questionner sur le message que cette grande institution a voulu lancer en mettant ces deux artistes à l’affiche à un moment où le monde se relevait du traumatisme de la guerre. A-t-elle voulu dire que leur œuvre offre quelque chose de vivifiant, de positif et de bienfaisant par le lien humaniste qu’elle entretient avec la nature ? », poursuit Anita Feldman, directrice adjointe de la conservation et de l’éducation, San Diego Museum of Art.

Georgia O’Keeffe et Henry Moore ont fait l’objet d’innombrables expositions. Pour la première fois sont réunies des œuvres des deux artistes provenant majoritairement de la Fondation Henry Moore, en Angleterre, et du Georgia O’Keeffe Museum, au Nouveau-Mexique, ainsi que d’une vingtaine de collections muséales et privées. L’exposition comprend des peintures, des œuvres sur papier et des sculptures réalisées à partir de diverses matières allant du plâtre au bronze, sans oublier le marbre, le calcaire Hoptonwood et l’albâtre de Cumberland. On y retrouve même une sculpture taillée à même une stalactite. Parmi les chefs-d’œuvre présentés, mentionnons Panier à oiseaux (1939), Figure allongée (1959-1964), « Trois morceaux no 3 : vertèbres », (1968) et Modèle de travail pour « Ovale avec pointes » (1968-1969) de Moore, et Arisème petit-prêcheur III (1930), Tête de bélier, belle-de-jour bleue (1938) et Le mont Pedernal vu depuis le ranch no 1, (1956) d’O’Keeffe. La présentation montréalaise est par ailleurs enrichie d’un « dessin de transformation » et de quatre sculptures de Moore, en plus d’un portrait d’O’Keeffe réalisé par Yousuf Karsh, tous issus de la collection du MBAM.

GEORGIA O’KEEFFE ET HENRY MOORE : 
GÉANTS DE L’ART MODERNE
PARCOURS DE L'EXPOSITION

Déployée en six sections, l’exposition propose une série de galeries thématiques qui portent un regard approfondi sur les formes naturelles qui ont marqué les créations d’O’Keeffe et de Moore. Elle débute par une présentation des premières études d’après nature des deux artistes. Elle offre un aperçu de l’influence, sur leur travail, du mouvement surréaliste qui se répand dans les années 1930. Ce mouvement se caractérise par un intérêt pour les thèmes de la transformation et de la métamorphose, ainsi que pour les juxtapositions d’objets insolites et les ruptures d’échelle.

Une section de l’exposition est consacrée à l’une des plus importantes sources d’inspiration de Georgia O’Keeffe et de Henry Moore : les ossements. Les deux artistes explorent la complexité interne des crânes et admirent la puissance et la robustesse des ossements, tout comme leurs arêtes tranchantes. Tous deux les mettent en relation avec le ciel qu’ils regardent par leurs ouvertures de manière à jouer avec la perspective et l’échelle.

Dans les années 1940, Georgia O’Keeffe et Henry Moore quittent respectivement les centres artistiques de New York et de Londres. La première s’installe dans les collines désertiques du Nouveau-Mexique, où elle vit et travaille au gré des saisons : à Ghost Ranch (en été et en automne) et à Abiquiú (en hiver et au printemps). Comme O’Keeffe, Moore travaille dans divers ateliers avant de s’installer dans le paysage rural de Perry Green, dans le Hertfordshire, après que sa résidence londonienne a été endommagée par les bombardements. Là-bas, il occupe plusieurs ateliers aménagés dans des hangars et des écuries reconvertis, au milieu de vastes pâturages.

Des meubles originaux et des répliques donnent vie aux ateliers reconstitués dans les salles de l’exposition et illustrent l’environnement dans lequel Georgia O’Keeffe et Henry Moore travaillent, entourés d’objets trouvés dans la nature. L’atelier d’O’Keeffe à Ghost Ranch intègre notamment un chevalet et des tableaux inachevés de l’artiste, ainsi que des pinceaux taillés par ses soins, des pastels de sa confection, des fiches chromatiques destinées à consigner des couleurs précises et même des outils lui servant à tendre ses toiles. L’atelier de Moore, Bourne Maquette Studio, contient pour sa part des étagères pleines d’objets trouvés et de petites sculptures directement moulées sur ces objets, notamment des maquettes en plâtre de figures humaines, des coquillages, du bois flotté, des bouts de silex ainsi que des os et cornes d’animaux amassés au cours de ses promenades dans les champs de moutons. On y trouve également quelques raretés telles qu’un crâne de rhinocéros noir et une vertèbre de girafe que l’artiste a reçus en cadeau de la part de l’éminent biologiste Julian Huxley. Cet arrangement de formes et d’objets souligne la relation intrinsèque qui unit tous les êtres vivants.

Une autre section porte sur les vastes collections de galets, de silex, de roches de rivière et de roches ferrugineuses des deux artistes qui, superposés et imbriqués, servent à réaliser bon nombre de leurs œuvres. Tous deux sont fascinés par l’immense variété des pierres aux surfaces tantôt corrodées et texturées, tantôt lisses et nuancées, allant même jusqu’à explorer des sites archéologiques pour étudier la manière dont ces pierres monumentales s’intègrent les unes aux autres. L’exposition examine par ailleurs l’évolution du travail de chaque artiste avec les formes organiques, explorant des formes internes et externes comme celles des fleurs et des coquillages. Le dialogue fécond entre les œuvres présentées jette un éclairage nouveau sur les peintures florales d’O’Keeffe qui tranche avec l’habituelle interprétation sexualisée de son œuvre, qu’elle n’a cessé de réfuter.

Le parcours se termine par la présentation d’œuvres tardives, des paysages caractérisés par des formes épurées et des échelles démesurées qui créent une monumentalité dans la simplicité. Certaines œuvres de Moore illustrent sa façon de transformer une figure en paysage métaphorique, tandis que les compositions d’O’Keeffe, constituées de bandes de couleur et de lumière, illustrent l’immobilité et le passage du temps.

Une exposition organisée par le San Diego Museum of Art, en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal.

Commissariat : Anita Feldman, directrice adjointe de la conservation, San Diego Museum of Art. Iris Amizlev, conservatrice – Projets et engagement communautaires, est responsable de la présentation montréalaise.

Publication : L’exposition est accompagnée d’un élégant ouvrage illustré, publié en anglais par Marquand Books, et adapté en français par les Éditions du Musée des beaux-arts de Montréal. Sous la direction d’Anita Feldman, il réunit des essais d’Hannah Higham, de Jennifer Laurent, de Barbara Buhler Lynes, d’Ariel Plotek et de Chris Stephens, qui offrent un éclairage nouveau sur les méthodes de travail d’O’Keeffe et de Moore, artistes dont la pratique est profondément ancrée dans leur environnement.
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL
1380, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec) H3G 1J5