09/04/06

Daniel Firman, Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire - Toucher : coulé

Daniel Firman 
Toucher : coulé 
Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire 
8 avril - 4 juin 2006 

Daniel Firman
DANIEL FIRMAN 
Luc, 2005
Collection privée
Courtesy Galerie Alain Gutharc, Paris
© Sandrine Aubry

Daniel Firman
DANIEL FIRMAN 
Luc, 2005
Collection privée
Courtesy Galerie Alain Gutharc, Paris
© Sandrine Aubry

On pourrait dire de Daniel Firman qu'il réalise une sculpture sans visage, au sens propre comme au figuré car très mobile dans ses aspects formels et le propos qu'elle développe. C'est qu'au fond, ce qui l'intéresse, c'est précisément cet "espace mouvant de l'art qui, chez lui, part de l'axe du corps des individus pour s'étendre jusqu'à l'extrême éloignement de leurs projections objectives et mentales (les biens qui les modélisent ou les normalisent, les souvenirs qui les constituent)" (Emmanuel Latreilles). Ainsi les moulages de corps qu'il réalise dialoguent-ils toujours avec des objets et des signes caractéristiques d'une réalité contemporaine : une voiture, un vêtement, un sigle informatique… Au milieu de cette relation d'échanges constants et d'information réciproque entre les êtres et les choses, Daniel Firman choisit de faire émerger les symptômes d'un dérèglement, d'une faille.

L'exposition Toucher : coulé prolonge cette préoccupation au travers d'oeuvres inédites qui chacune à leurs manières expérimentent l'espace du Grand Café.

Daniel Firman
DANIEL FIRMAN 
Carla, 2006
Plâtre, vêtements, barre métallique
Collection de l’artiste
Production Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire
Vue de l’exposition Toucher : coulé, 2006
© André Morin

Le titre de l'exposition de Daniel Firman livre quelques pistes de lecture. "Toucher " renvoie à l'importance des notions de contact et de préhension tactile régulièrement évoquées dans les oeuvres antérieures (les mannequins portant des accumulations d'objets sur la tête). Mais il faut aussi entendre "toucher" dans le sens "d'atteindre". L'exposition propose donc un univers où les objets sont "atteints", impactés, tour à tour soufflés et déflagrés. "Coulé" évoque directement la technique utilisée pour réaliser les moulages de corps, ainsi que l'épanchement de la matière. 

Jusqu'à présent, Daniel Firman proposait une perception du réel à travers une relation physique et psychique entre le corps et les objets. D’ailleurs, ses fameux mannequins portant une accumulation d'objets sur les épaules résultaient-ils toujours d'un vécu (la performance de l'artiste portant la dite agglomération d'objets, comparant ainsi la résistance de son corps à celle d'un matériau). Cette relation véhiculait l'idée de l'encombrement et du compactage qui générait un espace et un système d'organisation spécifique. C’est entre autre le cas de Trafic (2002) présentée dans Toucher : coulé, seule oeuvre préexistant à l’exposition. Cette oeuvre est emblématique du travail de Daniel Firman en ce sens qu'elle met en oeuvre les principes de scattering-gattering que l'artiste a exploité souvent dans sa sculpture : il s'agit des gestes archaïques qui régissent le rapport du corps aux éléments : accumulation-dispersion, contraction, extension... théorisé par le danseur et chorégraphe Rudolf Laban. 

Daniel Firman
DANIEL FIRMAN 
Vue de l’exposition Toucher : coulé, 2006, 
Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire.
© André Morin

Daniel Firman
DANIEL FIRMAN 
Vue de l’exposition Toucher : coulé, 2006, 
Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire.
© André Morin

Pour Le Grand Café, Daniel Firman inverse le mode de relation entre corps et objets et propose une perception du réel sur le mode de la dilatation. Il expérimente l'espace en rejouant les questions liées à la sculpture : le plein, le vide, la densité, le poids, la masse, la tension, la mollesse. Le monde de Daniel Firman est un monde de cohabitation. Il porte une attention particulière à la manière dont existent des présences très différentes les unes des autres en élaborant un langage visuel aussi complexe que celui généré par la ville aujourd’hui qui fonctionne par disruption. Un doute s'installe : les êtres et les choses sont-ils au bon endroit ?

Directrice et Commissaire de l'exposition : Sophie Legrandjacques

LE GRAND CAFÉ, CENTRE D’ART CONTEMPORAIN 
Place des Quatre Z’Horloges, 44600 Saint-Nazaire
www.mairie-saintnazaire.fr