14/11/13

Expo Thomas Salet, Galerie Frédéric Lacroix, Paris

Thomas Salet, pour une grammaire poétique 
Galerie Frédéric Lacroix, Paris 
11 janvier - 26 février 2014 

THOMAS SALET
Courtesy Galerie Frédéric Lacroix, Paris

THOMAS SALET
Courtesy Galerie Frédéric Lacroix, Paris

A l’heure où j’écris ces lignes, l’exposition n’a pas de titre. Et c’est sans doute mieux ainsi car il s’agit avant tout de se laisser porter par l’oeuvre sans essayer de la contraindre. Regarder d’abord. L’interprétation viendra ensuite. Ce qui compte aux yeux de THOMAS SALET, c’est de proposer un état de sa recherche, sans cesse en cours de réalisation, un état des lieux constitué de reliefs aux cimes desquels le spectateur imaginera le paysage qui lui plaira. Les différentes séries dialoguent à travers le temps. Ainsi, des grandes tables présentent une multitude de sculptures, petites et grandes, qui semblent posées pêle-mêle ; mais ce désordre et cet encombrement ne sont qu’apparence. On croit à des formes en plâtre, poreuses, fraîches encore. Fragiles certainement. On est tenté d’approcher la main, de toucher, de caresser ces peaux blanches qui ne sont autres que de la céramique. Les formes sont-elles organiques ? Des viscères et des coraux ? Des cavités venant des profondeurs de la Terre ou plutôt échappées d’études scientifiques sur l’ADN ? On ne le saura jamais. Ce sont des bulbes, des crânes d’une stylisation désarmante, des floraisons, des mécaniques molles et biomorphiques, des organismes inconnus qui se connectent et s’agrègent.
Plus loin, la feuille blanche abrite des constellations, des formes géométriques retenues entre elles par du fil à coudre. L’artiste ouvre l’espace à l’infini, comme peut l’être celui du ciel étoilé un soir d’été, que l’on ne pourra jamais embrasser d’un seul coup d’oeil.
C’est tout un système galactique qui prend forme, à moins que ce soit un réseau veineux. Il y a là quelque chose de labyrinthique, mais étrangement, sans errance aucune. Car c’est bien la présence humaine ou anthropomorphe, en filigrane, qui sert de fil d’Ariane : Thomas Salet pique d’aiguilles des empreintes de mains après les avoir soigneusement détourées et invente de petits « porteurs » existentiels.
C’est à Arp que l’on pense. Ou à l’opposé, aux modules géodésiques et architecturaux d’un Buckminster Fuller. Mais c’est le japonisme d’une pratique qui prend son temps, tout en nuances céladons, qui l’emporte. L’encre se dépose. Le papier boit. Les silhouettes apparaissent à la surface.
          Léa Bismuth

Léa Bismuth est critique d’art, membre de l’AICA. Elle écrit notamment dans Artpress depuis 2006 et est aussi commissaire d’exposition indépendante.

Thomas SALET, né en 1972, vit et travaille à Paris.

Galerie Frédéric Lacroix
13, rue Chapon - 75003 Paris
www.galeriefredericlacroix.com