02/11/13

Deux nouvelles oeuvres de Matisse au Centre Pompidou, Paris

Une donation historique de deux chefs-d'oeuvres de Henri Matisse au Centre Pompidou, Paris

Le Centre Pompidou vient de recevoir, le 23 octobre dernier, deux chefs-d’oeuvre d’Henri Matisse en donation de la part de Madame Claude Duthuit, en mémoire de son mari Claude Duthuit, petit-fils d’Henri Matisse.

Le portrait de Marguerite au chat noir (1910, huile sur toile, 94 x 64 cm) grand chef-d’oeuvre d’une période majeure du peintre et La Jérusalem céleste, une imposante composition en papiers gouachés et découpés (1948, 270 x 130cm), rejoignent ainsi la collection du musée national d’art moderne du Centre Pompidou.

La représentation déjà très riche de l’oeuvre d’Henri Matisse dans la collection du musée national d’art moderne, une des deux plus importantes collections d’art moderne et contemporaine au monde, se trouve aujourd’hui spectaculairement renforcée par l’arrivée de ces deux oeuvres essentielles.

Geste d’une grande générosité, cette donation vient consacrer les liens d’amitiés et de confiance noués entre l’artiste, sa famille et le musée national d’art moderne, à travers ses directeurs successifs notamment Dominique Bozo et aujourd’hui Alfred Pacquement, ainsi qu’Isabelle Monod-Fontaine, ex-directrice adjointe et co-commissaire avec Dominique Fourcade de la mémorable exposition de 1993 consacrée à l’oeuvre de Matisse. L’exposition récente Matisse, paires et séries présentée au Centre Pompidou l’an dernier a encore contribué à renforcer cette proximité. 

L’artiste avait fait lui-même plusieurs dons au musée dont La Blouse roumaine (1940) en 1949. Depuis les années 1970, ses héritiers ont à plusieurs reprises très généreusement enrichi les collections nationales par leurs dons, comme en témoignent les collections du Centre Pompidou.

Serviteur inlassable de l’oeuvre de Matisse, Claude Duthuit a conseillé et accompagné le musée dans les différents projets menés par le Centre Pompidou autour de l’oeuvre de Matisse, expositions et publications, notamment par l’accès privilégié qu’il réservait à sa propre collection. Cette relation exemplaire se trouve scellée par ces deux dons d’exception consentis par Barbara Duthuit. 

Henri Matisse, Marguerite au chat noir, 1910
Huile sur toile, 94 x 64 cm
Donation 2013
Collection Centre Pompidou, musée national d’art moderne
Photo : Georges Meguerditchian, Centre Pompidou / Dist. RMN-GP
© Succession H. Matisse
Marguerite au chat noir (1910, huile sur toile, 94 x 64 cm) représente la fille de l’artiste alors âgée de quinze ans, et fait partie de la série des grands portraits des années 1908-1911, période « radicale » dans l’oeuvre de l’artiste : le modèle est peint de face, sur fond plat, coloré, parfois très travaillé. Le tableau était jusqu’à ce jour la dernière grande peinture de cette période à être conservée dans une collection particulière. Peint par Henri Matisse au début de l’année 1910, ce chef-d’oeuvre a été très rarement montré au public.
Il a été exposée pour la dernière fois en 1993 dans l’exposition « Henri Matisse. 1904 -1917 » au Centre Pompidou. Ce type de portrait est pour l’artiste le territoire d’expérimentations plastiques très audacieuses. On trouve dans cette composition hiératique et imposante une intensité affective, magnifiée par une approche ambitieuse, des dimensions importantes et un parachèvement du traitement pictural.
A travers le travail de simplification et le chromatisme acidulé, Matisse amplifie ici la stylisation à l’oeuvre dans des portraits antérieurs. 

Henri Matisse, La Jérusalem céleste, 1948
Papiers gouachés et découpés, 270 x 130 cm
Donation 2013
Collection Centre Pompidou, musée national d’art moderne
Photo : Philippe Migeat, Centre Pompidou / Dist. RMN-GP
© Succession H. Matisse
La Jérusalem céleste, papiers gouachés et découpés (1948, 270 x 30cm), est issue des travaux préparatoires de Matisse pour la Chapelle du Rosaire à Vence qui sera inaugurée en 1951. Il s’agit de la première maquette, réalisée par l’artiste à demi-grandeur, pour le grand vitrail qui connaît trois versions successives. Ce premier projet forme l’un des très importants papiers gouachés découpés par sa composition géométrique et son chromatisme lumineux aux dominantes jaunes et rouges. Témoignage essentiel de la dernière période de l’artiste, cette oeuvre vient en complément de l’ensemble des maquettes pour la chapelle précédemment entrée dans la collection du Musée par la générosité de la famille Matisse.