Marc Labarbe découvre une rare peinture du XVIème siècle, témoignage capital de la conquête de l’Amérique
Vente aux enchères mardi 3 décembre 2013 Hôtel des Ventes Saint Aubin à Toulouse
Détenant le record du plus beau coup de marteau réalisé aux enchères en France depuis de nombreuses années (vente d’un rouleau impérial chinois à plus de 22 millions d’euros en mars 2011), Marc Labarbe, vient de faire une autre découverte qui sera mise aux enchères le 3 décembre prochain à Toulouse et qui devrait, cette fois-ci intéresser les institutions américaines.
Il s’agit d’une peinture exceptionnelle datant du milieu du 16ème siècle représentant « Outina, chef Timucua » attribuée à Jacques Le Moyne de Morgues (1533-1588), dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX, qui a accompagné l’expédition de 1564 destinée à fonder une colonie française et protestante en Floride.
Attribué à Jacques LE MOYNE DE MORGUES (1533-1588)
Outina, Chef Timucua
Encre et aquarelle sur panneau de peuplier ou tilleul préparé 58,5 x 42,5cm
Vente Marc Labarbe à Toulouse, 3 décembre 2013
Un témoignage capital de la conquête du Nouveau Monde
L’importance historique des descriptions de la vie des indiens d’Amérique et des plantes indigènes faites par Le Moyne de Morgues est capitale. Ce peintre n'est connu aujourd’hui que pour quelques rares dessins qui figurent dans les musées (*) et qui témoignent de son talent, mais la trace de ses oeuvres peintes est inexistante. (*) Trois albums d’études aquarellées et miniatures de plantes et d’animaux réalisés par Jacques Le Moyne de Morgues (1533-1588) figurent dans les Musées : deux démembrés sont conservés à Londres, au Victoria and Albert Museum et au British Museum. Le troisième est à la Garden Library à Washington.
Les femmes timuacas dont les époux sont morts, à la guerre ou de maladie, se placent sous la protection d’Outina en l’implorant de venger la perte de leurs époux
Theodore de BRY : America, vol.2, planche 18 (1591)
Image courtesy Marc Labarbe, Toulouse
Les spécialistes et conservateurs de musées anglais et américains et les experts français se sont donc penchés avec un grand intérêt sur cette peinture qu’ils ont pu identifier grâce aux gravures de Théodore de Bry (1528-1598) qui a utilisé les travaux que Le Moyne de Morgues avait reproduits de mémoire. En effet, ce dernier, ayant précipitamment fuit la Floride, n’était revenu de son périple américain qu'avec quelques témoignages aquarellés de la faune et de la flore aujourd'hui répartis dans différents musées.
Ces éditions de Théodore de Bry furent à l'époque les premières images de la colonisation européenne dans le Nouveau Monde et ont permis de populariser l'arrivée des français dans ces contrées.
La découverte
Sauvée lors du déménagement de la ferme du Château de Médan dans les Yvelines il y a 40 ans, cette peinture était restée dans les placards du propriétaire actuel, un client de la maison de ventes, venu demander conseil et expertise auprès de Marc Labarbe.
Le contexte historique
La Floride, découverte en 1513 par l’espagnol Juan Ponce de Léon, fut d’abord explorée par les espagnols avant qu’en France, le chef des Hugenots, l’amiral Gaspard de Coligny, réussisse à convaincre le roi Charles IX que le succès futur de la France dépendait de l’Amérique.
En 1562, Coligny confia à Jean Ribaut, un des meilleurs navigateurs de France, la première expédition. Un véritable engouement pour les Indes occidentales avait vu le jour en France, et la colonisation de la Floride était un enjeu stratégique pour la France, visant à briser le monopole ibérique sur le commerce des Indes.*
En 1564, Le Moyne de Morgues accompagna la seconde expédition à l’origine de la fondation de Fort Caroline. Il réalisa la première cartographie de la colonisation française en Floride.
Le sujet de la peinture
Les oeuvres de Le Moyne de Morgues racontent l’arrivée des français et leur accueil par les Timucuas. Elles décrivent l’organisation politique et les coutumes des indiens avec un souci minutieux de vérité ethnographique.
Il dépeint ici, Outina, un chef Timuaca qui impressionne les Occidentaux par sa musculature, ses tatouages recouvrant l’entièreté de son corps, ses cheveux enjolivés de plumes et d’une queue de raton-laveur, ses vessies de poissons gonflées ornant ses oreilles. Sa parure métallique et son bâton lui donnent un air guerrier et protecteur de son territoire regardant de haut les petites caravelles des Occidentaux.
Cette peinture est estimée 50.000/80.000€ mais devrait créer la surprise.
Commissaire-priseur : Marc Labarbe, Toulouse
Expert : Cabinet Eric Turquin, Paris