James Welling: Chronology
Galerie Marian Goodman, Paris
25 janvier – 2 mars 2017
La galerie Marian Goodman présente pour la première fois une exposition de James Welling. En parallèle, le Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (S.M.A.K) à Gand lui consacre une grande rétrospective, Metamorphosis, qui voyagera ensuite au Kunstforum de Vienne.
L’exposition Chronology réunit de nouvelles œuvres aux côtés de photographies récentes et d’une sélection de ses premiers travaux. James Welling s’essaie à la peinture, la danse, la vidéo, la sculpture, la performance avant de se tourner progressivement et définitivement vers la photographie au milieu des années 1970. Autodidacte, il explore dès lors les potentialités du médium en expérimentant divers procédés (Polaroids, tirage argentique, tirage jet d’encre, photogramme, chimigramme etc). Intéressé avant tout par le caractère imprévisible de la photographie, James Welling s’engage délibérément dans différentes directions ; la matière, l’abstraction, la couleur, l’espace. L’exposition illustre toute la diversité de cette œuvre et met en évidence des continuités formelles et conceptuelles.
Praticien novateur, James Welling ne cesse d’inventer des modus operandi dont une grande part se déroule en chambre noire. Inspirées du travail de Moholy-Nagy, Hands (1975/2016) sont des tirages négatifs de photogrammes des mains de l’artiste. « En photographie, je distingue les photogrammes des images prises avec un objectif. Le modèle pour les images obtenues avec un objectif se fonde sur une conception de l’image héritée de la Renaissance tandis que le photogramme est l’ombre d’un objet sur une surface photographique. » Il approfondit cette technique comme en témoignent les New Flowers (2016). Contrairement à la série Flowers (2004-2007), il construit numériquement ces photogrammes à partir de multiple négatifs. Un autre procédé ne nécessitant pas le recours à l’appareil photographique, le chimigramme permet la réalisation d’images avec le seul concours de la lumière, de produits chimiques et du jeu du hasard ; Welling l’utilise dans sa série Chemical (2015-16) et fait disparaître la frontière entre photographie et peinture.
La couleur tient une place centrale dans les œuvres présentées dans l’exposition. Ses premières expérimentations chromatiques remontent aux années 1970 quand il enrichit l’intensité colorée de ses Polaroids, tels que Red Dawn ou Studio With Coat (1976), en les mettant en contact à la chaleur. C’est cependant au cours de la période pendant laquelle il enseigne à l’University of California à Los Angeles (UCLA) de 1995 à 2016 que Welling affine ses recherches chromatiques, dont la série Degradés (2005) en est l’exemple le plus éclatant. « A mesure que je suis devenu sensible aux couleurs non naturelles, j’ai pris conscience qu’elles n’étaient pas artificielles c’est juste que je ne les avais pas remarquées. Le fait d’être en harmonie avec la couleur m’a mené à penser qu’en réalité nous voyons plus de couleurs que nous en percevons normalement. Je crois que d’une certaine manière j’essaie de libérer la couleur ». Les variations de couleurs peuvent participer parfois à construction des images comme avec Glass House (Lavender Mist)(2014). James Welling a placé devant l’objectif de son appareil un filtre couleur lavande jouant avec la transparence du matériau de la maison. De la même manière les couleurs obtenues avec Photoshop deviennent l’un des éléments constituants des œuvres Choreograph, chacune est construite à partir de trois photographies noir et blanc superposées et respectivement colorées en rouge, vert et bleu dans le système RVB du logiciel. Enfin dans les photographies de la série Meridian prises dans une imprimerie à Rhode Island, Welling souligne le lien entre la reproduction mécanique et la photographie en altérant subtilement les couleurs du fichier
numérique.
Si James Welling décide en 1976 de se consacrer pleinement à la photographie, il n’en a pas pour autant exclu de sa pratique d’autres disciplines artistiques, l’architecture figurant parmi ses grandes sources d’inspiration. Notamment les vues noir et blanc fragmentées de bâtiments de Los Angeles Architecture réalisées de nuit ou ses images polaroid qui montrent sa fascination pour l’espace et les volumes. La série Glass House (2006-2014) est entièrement consacrée à la maison construite par l’architecte Philip Johnson en 1949 à New Canaan dans le Connecticut, perçue comme une gigantesque sculpture et photographiée à différentes saisons. De même avec Choreograph, la danse qu’il avait pratiquée et étudiée pendant ses études revient au centre de son travail. Il superpose des clichés de danseurs professionnels pris lors de répétitions avec des vues d’architecture de Paul Rudolph, Rudolf Steiner et Marcel Breuer et/ou celles de paysages du Connecticut ou de Suisse. Ces paysages à peine perceptibles sont à la fois une toile de fond et une scène pour les figures dansantes. Enfin, la peinture a toujours tenu une place importante ; Seascape, son nouveau film présenté dans l’exposition, traduit également cette affinité : James Welling y utilise des séquences d’un film 16mm tournées au début des années 1930 par son grand-père qui avaient servi d’étude pour la réalisation d’une marine. James Welling a recolorisé numériquement ce film à partir d’échantillons de la dite peinture et son frère a conçu la musique.
JAMES WELLING est né à Hartford, Connecticut en 1951. Il vit et travaille à New York. Il étudie à la Carnegie-Mellon Université à Pittsburg puis au California Institute of the Arts à Los Angeles (Cal Arts), où il suit notamment le cours « post-studio » de John Baldessari. Il est considéré comme l’un des membres de la « Picture Generation » aux cotés d’artistes comme Sherrie Levine, Cindy Sherman ou Richard Prince, salués pour leur approche innovante de la photographie dans les années 1970-1980. De 1995 à 2016, il enseigne au sein du département d’art à l’University of California à Los Angeles (UCLA) et depuis 2012 il est professeur invité de l’Université de Princeton. En 2012 et 2013 deux expositions majeures ont présenté l’ensemble de son œuvre : Monograph, organisée par le Cincinnati Art Museum et le Hammer Museum à Los Angeles, puis Mind on Fire présentée à la MK Gallery, Milton Keynes en Angleterre, au Centro Galego de Arte Contemporanéa, Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne et à la Contemporary Art Gallery, Vancouver au Canada. En 2014 il a reçu le Prix d’Infinité du Centre International de la Photographie, New York et en 2016 le Prix d’excellence de l’Institut de Julius Shulman de l’Université de Woodbury, Californie.
Ses œuvres font partie des collections des plus grands musées internationaux: le Centre Georges Pompidou, Paris; Hammer Museum, Los Angeles; Los Angeles County Museum of Art ; Le MoMA, New York ; Solomon R ; Guggenheim Museum, New York ; Whitney Museum of American Art, New York; Tokyo Metropolitan Museum of Photography ; Vancouver Art Gallery ; Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford, Connecticut et le Kunstmuseum Wolfsburg, Allemagne.
GALERIE MARIAN GOODMAN
79 rue du Temple, 75003 Paris