Géométriquement douce
Nicolas Guiet, Jane Harris, Florindo Nanni, Pierre Mabille, Olivier Soulerin
Galerie Jean Fournier, Paris
27 avril – 3 juin 2017
La galerie Jean Fournier présente l’exposition Géométriquement douce qui s’inscrit dans son programme d’expositions collectives et thématiques initié depuis 2013.
Sous le commissariat d’Emilie Ovaere-Corthay et de Pierre Mabille, cette exposition réunit des artistes de la galerie comme Nicolas Guiet (né en 1976) et Pierre Mabille (né en 1958) et des artistes invités : Jane Harris (née en 1956), Florindo Nanni (né en 1952) et Olivier Soulerin (né en 1973).
Depuis les années 1950, les différentes typologies de l’art abstrait sont définies par des adjectifs qui évoquent des « sensations » : froide, chaude ou encore lyrique. Ces multiples définitions se sont basées sur la façon dont les artistes ont utilisé les couleurs, en la cernant ou en la mélangeant, par gestes spontanés ou contrôlés. Dans ce contexte les artistes historiques de la galerie Jean Fournier dans les décennies précédentes ont toujours indiqué des voies singulières échappant aux écoles et positions dogmatiques.
Aujourd’hui, les frontières entre ces territoires sont poreuses et largement bousculées mais on observe l’émergence d’une géométrie autre, aux confins de multiples expressions, poétique et douce. Inspiré du titre d’un film non réalisé de Michelangelo Antonioni, Techniquement douce (1966), le titre de l’exposition, Géométriquement douce, propose une relation entre deux registres apparemment éloignés et révèle une double notion : s’appuyer sur l’universalité formelle de la géométrie et la renouveler par la couleur et des processus très simples : la répétition, la superposition, la juxtaposition.
Empruntant dans le riche catalogue des formes géométriques, les cinq artistes réunis dans cette exposition manifestent une préférence pour les familles courbes et ondulatoires, relevant d’une géométrie indirecte, que la couleur peut enrichir et activer. Dans les oeuvres de ces artistes, la couleur est largement déployée, par transparence, modulations et vibrations variées, dans des gammes étendues allant des tons pastel aux teintes sourdes.
Familiars – Devill’s Advocate (diptyque), 2014
Huile sur toile, 260 x 140 cm
La facture particulière des tableaux de Jane Harris tient à l’utilisation d’une peinture irisée modulée par l’inclinaison des brosses des pinceaux. Les tons sont rompus et parfois même volontairement désaccordés. L’arrondi des formes abstraites est démultiplié par la souplesse des gestes dans la matière-couleur. Jane Harris se joue des allitérations formelles et d’une fausse symétrie.
Ephéméride, 2016
Huile et cire sur calque polyester, 153 x 220 cm
Ce dialogue avec la lumière se retrouve dans les voiles translucides de Florindo Nanni qui révèlent la structure formelle à travers l’écran immatériel d’une lumière colorée. Par la juxtaposition de calques, les tons sont rompus et les formes adoucies.
Sans titre (Série Tampa woodcut), 2016
Gravure sur bois, 37 x 47,5 cm
Dans les gravures sur bois et les tableaux récents de Pierre Mabille, le motif en fuseau - devenu la forme-signature de son travail – s’inscrit dans une forme intermédiaire assurant la liaison entre le support rectangulaire et les courbes inversées du motif. Ici, pas de cerne ou de ligne, seules les veines du bois modulent imperceptiblement la couleur.
A Cross, 2016
Feutre Indian Ink, acrylique et
papier imprimé sur pvc, 13,5 x 19 cm
Ce jeu sensible se retrouve dans les tableaux d’Olivier Soulerin dont le matériau de base est le tissu imprimé de motifs géométriques (quadrillages, lignes). Il perturbe les trames existantes par recouvrement et ajouts de motifs colorés, modifiant notre perception par effets optiques.
jgh, 2017
Encre pigmentaire sur papier
Hahnemühle 300 g, 15 x 15 cm
Enfin, Nicolas Guiet présente en contrepoint une série de dessins numériques inédits. Pour la première fois, l’artiste, habituellement reconnu pour son travail de « tableaux – volumes » aborde la question du dessin. Avec des couleurs toujours franches et contrastées, il crée un univers formel « halluciné » réalisé numériquement, où il est question d’une géométrie en formation vue du côté du projet et de l’imaginaire. On y retrouve les courbes et contre-courbes observées dans ses volumes. Il obtient des effets de matière et de lumière qui confèrent à ses compositions, gourmandise et bizarrerie. Ces tirages uniques ont été réalisés en collaboration avec l’atelier Franck Bordas (Paris).
GALERIE JEAN FOURNIER
22 rue du Bac, 75007 Paris
Updated 28-04-2024