03/01/25

Roe Ethridge @ Andrew Kreps Gallery, NYC - "Shore Front Parkway" Exhibition

Roe Ethridge: Shore Front Parkway
Andrew Kreps Gallery, New York
January 10 – March 1, 2025

Andrew Kreps Gallery presents Shore Front Parkway, an exhibition of new photographs by Roe Ethridge.

Rainbow over Shore Front Parkway, a photograph of a section of the two and a half mile stretch of beachfront road of the same name, locates the exhibition in Rockaway Beach, the neighborhood in which Roe Ethridge now lives and works, as well as a filmic canon of storied drives and boulevards. Depicted with a certain romanticism, a rainbow is suspended in the dusky sky above the parkway’s banal apartment blocks. The beach dunes below belong to an in progress, major coastal resilience project, which echoes the Parkways own incompletion, as it was initially conceived to connect the shoreline from New York City, to the Hamptons. This spectre of failed and renewed ambition finds a natural parallel with artistic practice, as Roe Ethridge narrativizes his own role, and identity as a photographer in the process.

Moving from the intimacy of daily life to the professional tone of studio set ups, Roe Ethridge creates unexpected combinations of images, often leading the viewer to question the degree to which they have been altered, or predetermined. Traditional categorizations of photographs as documents, or constructions seem to fall away. Through his lens, the happenstance still life on a coffee shop table in Others Pick-up Counter Still Life, becomes a studied composition, broken down into a series of decisions - from the mishmash accumulation of objects, an ombre fabric that reads as a placed backdrop, to a sun-faded c-print of Kate Bush, carefully, and deliberately inserted into an oversized frame. These varying layers of intentionality lead Ethridge’s works to resist synthesizing into a singular story. Instead, their meanings splinter outward, building distinct rhythms among pairings or groups to examine the ways in which images generate abstract feelings like nostalgia and longing. This becomes most apparent in Ethridge’s works that appear to revel in their own artifice, like This is Not a Cigarette, a tongue-in-cheek reference to one of Surrealism’s most storied compositions. Imbued with wit and humor, a gleeful model leans back, hoisting a pvc pipe, painted to resemble a cigarette. Seen together, these strategies suggest the increasingly murky relationship contemporary images maintain to truth. After all, they’re all real to the extent in which they happened, at least in Ethridge’s world. 

ROE ETHRIDGE
AMERICAN POLYCHRONIC
MACK
Embossed paperback with folded jacket
25 x 27.5 cm, 480 pages
ISBN 978-1-913620-65-3
October 2022

Shore Front Parkway is Roe Ethridge’s eleventh exhibition with Andrew Kreps Gallery, and is accompanied by a new catalog of the same title. Earlier this year, 10 Corso Como, Milan presented a survey exhibition of Ethridge’s work titled Happy Birthday Louise Parker, curated by Alessandro Rabottini. In 2022, Mack Books published AMERICAN POLYCHRONIC, the most comprehensive catalog of Ethridge’s work to date. His work was also featured in Objects of Desire: Photography and the Language of Advertising, LACMA, Los Angeles, 2022. Additionally, he participated in The Triennial for Photography and New Media, Henie Onstad Kunstsenter, Høvikodden, Norway, 2020. From 2016 to 2017, the Contemporary Arts Center, Cincinnati hosted the first comprehensive survey of Ethridge’s work in the United States, titled Roe Ethridge: Nearest Neighbor. Other solo exhibitions include Shelter Island at Foam, Amsterdam, 2016, and Roe Ethridge, curated by Anne Pontégnie, at Le Consortium in Dijon, France, 2012, which traveled to Museum Leuven in Belgium later that year. Ethridge’s work is held in the permanent collections of the Art Institute of Chicago, Carnegie Museum of Art, Pittsburgh, Institute of Contemporary Art, Boston, Los Angeles County Museum of Art, Metropolitan Museum of Art, New York, Museum of Modern Art, New York, San Francisco Museum of Modern Art, S.M.A.K. in Ghent, Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Tate Modern, London, Walker Art Center, Minneapolis, and the Whitney Museum of American Art, New York, among others.

ANDREW KREPS GALLERY
22 Cortlandt Alley, New York, NY 10013

01/01/25

Anne et Patrick Poirier @ Galerie Mitterrand, Paris - Exposition "56ème Campagne de Fouilles, 1968/2024"

Anne et Patrick Poirier
56ème Campagne de Fouilles, 1968/2024
Galerie Mitterrand, Paris
Jusqu'au 18 janvier 2025

Anne et Patrick Poirier
, Fragilita, 2024 

La galerie Mitterrand | Temple présente une nouvelle exposition du couple d’artistes Anne et Patrick Poirier. Intitulée 56ème Campagne de Fouilles, 1968/2024, cette quatrième exposition à la galerie est une exploration inédite de leur oeuvre dont Anne et Patrick Poirier sont ici les archéologues. « Ils exhument et montrent des travaux de périodes et d’expressions diverses, depuis les années 1970 où ils ont réintroduit les concepts de ruines et de mémoire dans l’art contemporain. »1

Présentée dans les deux espaces de la galerie, cette exposition rassemble plus d’une vingtaine d’oeuvres qui donnent à voir, à travers la multiplicité des médiums, l’insatiable curiosité, le goût permanent de l’expérimentation et la foisonnante créativité du duo depuis sa décision de faire oeuvre commune en 1968 à la Villa Médicis, à Rome. La décennie 70 est marquée par une remise en cause générale. En art, elle s’incarne dans plusieurs mouvements l’art conceptuel, l’art minimal, le Nouveau Réalisme, l’Arte Povera... Sans appartenir à l’un de ces courants, leur démarche s’inscrit néanmoins dans cette volonté commune de rompre avec les conventions artistiques. Dans cet esprit de rupture, invités en 1970 au Japon pour intervenir dans le pavillon français de l’Exposition universelle à Osaka, ils font inscrire à la rubrique profession « architecte » pour Anne et « archéologue » pour Patrick.

Parmi les oeuvres exposées, La cité des ombres (2022) occupe une place particulière. Présentée en France pour la première fois, elle est dans la filiation des grandes maquettes, dont Tony Cragg a, à juste titre, rappelé qu’elles ont élargi le champ de la sculpture2. Nourries de leurs vécus d’enfants de la guerre ainsi que de leurs explorations de sites antiques à travers le monde, ces maquettes, comme tout leur travail, sont des métaphores qui traitent de la violence de l’Homme et des menaces qu’elle fait peser sur l’avenir de l’humanité.

La cité des ombres se rapproche de la série Mnémosyne par sa forme elliptique et sa couleur blanche, mais elle en diverge par les matériaux utilisés (laine et faïence), ainsi que par sa composante intime. Cette oeuvre est le fruit d’un rêve fait par Anne Poirier en janvier 2022, peu avant le retour de la guerre aux portes de l’Europe. Dans celui-ci, Anne Poirier est guidée par son fils, disparu en 2002, à travers une ville déserte et en ruines. Les éléments en faïence réalisés par les artistes et inspirés par l’architecture de la nécropole étrusque de Cerveteri en Italie en renforcent la dimension méditative et existentielle.

La promenade introspective du duo dans leur oeuvre, permet au visiteur de découvrir nombre de pièces historiques ou inédites. La sculpture De la fragilité du pouvoir (1986-2024) se rattache aux oeuvres monumentales des années 80. La série Isola Sacra (1973) appartient aux tout premiers travaux du duo, créés sur le site même de l’ancienne nécropole, en utilisant la technique de l’estampage, dont ils ont découvert à posteriori qu’elle était celle utilisée par les archéologues. Les deux Jardin noir. Domus Aurea (1975) font partie des herbiers qui ont accompagné la création des grandes maquettes noires des années 70. Ils témoignent d’une prise de conscience précoce des méfaits de la société de consommation sur la nature. Reflets de l’âme (2019) appartient à un corpus d’oeuvres développées depuis 1990, dans lesquelles la forme récurrente du cerveau témoigne de l’intérêt du couple pour la mémoire et les complexités de la psyché dont il tente de percer les secrets et d’en donner une représentation. Dans les photographies sur porcelaine de la série La serre de Chaumont et D’après nature. Musée archéologique Salinas, Palerme (2024), le duo renoue avec cette technique utilisée déjà dans les années 70, mais ici en couleurs, élargissant le champ de leurs expérimentations.
« Anne et Patrick Poirier répondent avec le recul nécessaire aux évènements du monde d’aujourd’hui. (…) Plongeant leur regard jusque dans la nuit des temps, ils sont de ce fait des Veilleurs de jour, toujours en alerte pour témoigner des méfaits de l’homme pour l’homme et tenter de saisir les complexités contradictoires de sa psyché. »3 En cela, Anne et Patrick Poirier sont des artistes visionnaires dont l’oeuvre ne cesse d’être une source de réflexion et d’inspiration.
Parallèlement à cette exposition, Anne et Patrick Poirier présentent deux sculptures, lustres intitulés Le Monde à l’envers à la galerie Régis Mathieu (2, rue de Miromesnil, Paris VIIIe).

ANNE ET PATRICK POIRIER (nés respectivement en 1941 et 1942) sont des pionniers de la création en couple. Ils ont participé à la Biennale de Venise (1976, 1980 et 1984) et la documenta VI à Kassel (1977). Leur travail a fait l’objet d’expositions personnelles dans des institutions prestigieuses, comme le Centre Pompidou, Paris (1978), le MoMA, New York (1979), le Musée d’art moderne de Saint-Étienne (2016), la Maison Européenne de la Photographie, Paris (2017), le De Pont Museum, Tilburg (2018-2019), la Villa Médicis, Rome (2019), le Château La Coste, Le Puy Ste-Réparade (2021), le Ludwig Museum, Coblence (2022), le Musée Ingres Bourdelle, Montauban (2023) et le Domaine de Chaumont-sur-Loire (2024). Leur travail a également été inclus dans de nombreuses expositions de groupe au Grand Palais, Paris (2016), au Palazzo Fortuny, Venise (2018), à la Fondation Juan March, Madrid (2023).

1. Anne et Patrick Poirier, septembre 2024.
2. Discours de Tony Cragg lors du vernissage de l’exposition de Anne et Patrick Poirier dans sa fondation éponyme à Wuppertal en 2016.
3. Jean-Hubert Martin, Veilleurs de jour, ANNE ET PATRICK POIRIER, Paris, Editions Flammarion, 2017, p. 7.

ANNE ET PATRICK POIRIER, 56e CAMPAGNE DE FOUILLES. 1968/2024
GALERIE MITTERRAND, PARIS, 15.11.2024 - 18.01.2025

Exposition suivante : Ron Gorchov, 24 janvier - 15 mars 2025

GALERIE MITTERRAND | TEMPLE
79, rue du Temple, Paris IIIe

Ron Gorchov @ Galerie Mitterrand, Paris

Ron Gorchov
Galerie Mitterrand, Paris
24 janvier - 15 mars 2025

Ron Gorchov
, Penduluum, 1982

La galerie Mitterrand | St-Honoré présente une exposition de l’artiste américain RON GORCHOV (1930 - 2020).
 
Ron Gorchov fait partie d’une génération de peintres qui a rompu dans les années 60 avec le traditionnel châssis rectangulaire en établissant un lien nouveau entre la sculpture et la peinture abstraite. Au sein d'un groupe d'artistes new-yorkais comprenant Frank Stella, Richard Tuttle, Blinky Palermo et Ellsworth Kelly, Ron Gorchov a repoussé les limites physiques de la peinture. C’est en 1967 dans l’atelier de Mark Rothko qu’il façonne sa première toile courbée. Ron Gorchov a dès lors contribué à l’apparition et au développement des shaped canvas dans l’histoire de la peinture du XXème siècle. Ses œuvres se caractérisent par l’usage de cadres en bois courbés qui peuvent évoquer une selle de cheval ou un bouclier. Sur les toiles de lin tendues sur ces châssis délibérément sculpturaux, Ron Gorchov répète inlassablement des motifs abstraits inspirés de sculptures grecques antiques qu’il décline à travers une multitude d’expérimentations chromatiques.
 
Les œuvres présentées à la galerie Mitterrand | St-Honoré donnent à voir un aperçu de ces explorations formelles réalisées entre 1970 et 2020. La tension appliquée au châssis, qui devient donc concave ou convexe, permet de libérer la surface picturale de certaines contraintes spatiales et matérielles. La profondeur réelle de la toile renforce le dialogue entre les formes biomorphiques qui contrastent avec le fond et créent un effet d’illusion. L’œuvre n’est plus fixe, les formes flottent à la surface de la composition et semblent se détacher de leur support. Comme a pu l’évoquer Gorchov lors d’une interview, son idéal esthétique serait de s’affranchir de la gravité et de voir l’œuvre flotter librement dans l’espace [1]. Un détachement qui reflète tout un état d’esprit, voir une philosophie, comme l’a déclaré l’artiste lui-même, « mes peintures sont principalement faites de rêveries, et de chance » [2].
 
Ron Gorchov est né en 1930 à Chicago (IL) et est décédé en 2020 à Brooklyn (NY). Ses peintures font partie de nombreuses collections importantes, notamment le Metropolitan Museum of Art, New York ; le Museum of Modern Art, New York ; le Whitney Museum of American Art, New York ; le Detroit Institute of Arts, Michigan ; le Solomon R. Guggenheim Museum, New York ; et le Everson Museum of Art, New York.

[1] Ron Gorchov, Maruani Mercier, Bruxelles, 2017

[2] Entretien de Ron Gorchov avec Robert Storr et Phong Bui, septembre 2006

GALERIE MITTERRAND
95, rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris VIIIe