Paris noir
Circulations artistiques, luttes anticoloniales
1950 – 2000
Centre Pompidou, Paris
19 mars – 30 juin 2025
English Version: Black Paris Exhibition
James Baldwin, vers 1945-1950
Huile sur toile, 61 × 45,7 cm
Collection of halley k harrisburg and Michael Rosenfeld, New York
© Estate of Beauford Delaney, by permission of Derek L. Spratley,
Esquire, Court Appointed Administrator,
Courtesy of Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
Photo Courtesy of Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
Délire et paix, 1954
Encre sur toile de coton, 227 × 295 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris
Achat, 2025
© Georges Coran
Photo © Claude Coran
Roi des musiciens, 1955
Acier, 207 × 101,6 × 61 cm
Courtesy of the Estate of the Artist
and Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
© Estate of Harold Cousins,
Courtesy of Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
Photo © Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
The Struggle [La Lutte], 1963
Huile sur toile, 147,3 × 198,1 cm
Courtesy of Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
© Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
Photo Courtesy of Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York
De la création de la revue Présence africaine à celle de Revue noire, « Paris noir » retrace la présence et l’influence des artistes noirs en France entre les années 1940 et 2000. Elle met en lumière 150 artistes afro-descendants, de l’Afrique aux Amériques, dont les œuvres n’ont souvent jamais été montrées en France.
« Paris noir » est une plongée vibrante dans un Paris cosmopolite, lieu de résistance et de création, qui a donné naissance à une grande variété de pratiques, allant de la prise de conscience identitaire à la recherche de langages plastiques transculturels. Des abstractions internationales aux abstractions afro-atlantiques, en passant par le surréalisme et la figuration libre, cette traversée historique dévoile l’importance des artistes afro-descendants dans la redéfinition des modernités et postmodernités.
Cabane de chantier, vers 1970
Collage, huile sur papier, 92 × 74 cm
Collection Jézabel Turnier-Traube
© Luce Turnier
Photo © Centre Pompidou/Janeth Rodriguez-Garcia
Senegalese Woman [Femme sénégalaise], 1970
Huile sur panneau, 91,4 × 61 cm
Collection Kavita Chellaram
© Demas Nwoko, 1960. Courtesy of New Culture foundation.
All rights reserved.
Photo © kó, Lagos, Nigeria
Cinq installations produites spécifiquement pour l’exposition par Bili Bidjocka, Valérie John, Nathalie Leroy Fiévee, Jay Ramier et Shuck One, rythment le parcours en portant des regards contemporains sur cette mémoire. Au centre de l’exposition, une matrice circulaire reprend le motif de l’Atlantique noir, océan devenu disque, métonymie de la Caraïbe et du « Tout-Monde », selon la formule du poète martiniquais, Edouard Glissant comme métaphore de l’espace parisien. Attentive aux circulations, aux réseaux comme aux liens d’amitié, l’exposition prend la forme d’une cartographie vivante et souvent inédite de Paris.
Paris noir : Un hommage à la scène afro-descendante à Paris
Après la Seconde Guerre mondiale, Paris devient un centre intellectuel où convergent des figures comme James Baldwin, Suzanne et Aimé Césaire ou encore Léopold Sédar Senghor qui y posent les fondations d’un avenir post et décolonial. L’exposition capte l’effervescence culturelle et politique de cette période, au cœur des luttes pour l’indépendance et des droits civiques aux États-Unis, en offrant une plongée unique dans les expressions plastiques de la négritude, du panafricanisme et des mouvements transatlantiques.
Angoisse sur l’escalator, 1983
Perles de verre sur bois, 92 × 73 cm
Collection Philippe Lawson
© Clem Lawson, 1983.
Représenté par Philippe Lawson, Avocat.
Photo © Centre Pompidou/ Bertrand Prévost
de Black Experience, 1986
Créations vêtements, bijoux, accessoires :
Almen Gibirila dans sa boutique Taxi Brousse à
Paris, 17e arrondissement
© Almen Gibirila
Photographie © Catherine Millet
Paris noir : Un parcours entre utopie et émancipation
Le parcours de l’exposition retrace un demi-siècle de luttes pour l’émancipation, des indépendances africaines à la chute de l’apartheid, en passant par les combats contre le racisme en France. « Paris noir » souligne la puissance esthétique et la force politique des artistes qui, à travers leurs créations, ont contesté les récits dominants et réinventé un universalisme « des différences » dans un monde post-colonial. Cette toile de fond politique sert de contexte, et parfois de contour direct, à certaines pratiques artistiques. En parallèle ou en contrepoint, se déploient dans l’exposition des expérimentations plastiques souvent solitaires, mais qui trouvent dans le parcours des communautés esthétiques.
Paris noir : Une cartographie artistique transnationale
Dès les années 1950, des artistes afro-américains et caribéens explorent à Paris de nouvelles formes d’abstraction (Ed Clark, Beauford Delaney, Guido Llinás), tandis que des artistes du continent esquissent les premiers modernismes panafricains (Paul Ahyi, Skunder Boghossian, Christian Lattier, Demas Nwoko). De nouveaux mouvements artistiques infusent à Paris, tels que celui du groupe Fwomaje (Martinique) ou le Vohou-vohou (Côte d’Ivoire). L’exposition fait également place aux premières mouvances post-coloniales dans les années 1990, marquées par l’affirmation de la notion de métissage en France.
Reconnue à la fois comme espace majeur de formation artistique classique et comme centre d’expérimentation, Paris bénéficie d’une attractivité exceptionnelle pour les créateurs, qu’ils soient de passage ou résidents. La ville fonctionne comme un carrefour de rencontres et un point de circulation - notamment vers l’Afrique - propice à l’affirmation de trajectoires transnationales.
Purple Rain, de la série Two Deserts, Three
Winters [Deux déserts, trois hivers], vers 1990
Technique mixte et peinture acrylique sur toile,
205,7 × 350,5 cm
Courtesy of the artist and Karen Jenkins-Johnson
Photo © Michael Covían
Self-portrait as Josephine, New York
[Autoportrait en Joséphine, New York], 1986
Impression pigmentaire d’archivage,
91,4 × 62,9 cm
Courtesy of the artist and Jenkins Johnson
Gallery New York and San Francisco
Hommage aux ancêtres marrons, 1994
Laine, fer, bois, chevelures fixées sur
des flèches métalliques fichées
sur des tiges de bois ;
ensemble : 220 × 170 × 25 cm
Collection de l’artiste
© Élodie Barthélemy.
Photo © Pierre-Yves Page
Paris noir : Une programmation culturelle ambitieuse
L’exposition est accompagnée d’une riche programmation culturelle à Paris et à l’international. Des conférences, des publications et l’acquisition d’œuvres par le Musée national d’art moderne, ainsi que d’archives au sein de la Bibliothèque Kandinsky, grâce au fonds « Paris noir », contribuent à renforcer la visibilité des artistes noirs. Ces initiatives permettent également de constituer une archive durable de la culture artistique et militante anticoloniale dans une institution nationale.
Commissariat de l'exposition
Alicia Knock, conservatrice en chef, service de la création contemporaine et prospective, Musée national d’art moderne − Centre Pompidou.
Commissaires associés : Eva Barois De Caevel, conservatrice, Aurélien Bernard, Laure Chauvelot, et Marie Siguier, attachés de conservation, service de la création contemporaine et prospective, Musée national d’art moderne − Centre Pompidou.
En collaboration avec un réseau de conseillers scientifiques :
Christine Eyene est critique d’art, historienne de l’art et commissaire d’exposition. Elle est professeure d’Art Contemporain à la John Moores University de Liverpool, et Resarch Curator à la Tate Liverpool
Florence Alexis, fille du romancier haïtien Jacques Stephen Alexis, est historienne, autrice et commissaire d’exposition, est historienne de l'art et directrice d’études à l’EHESS.
Sarah Ligner est conservatrice du patrimoine et commissaire d'expositions au musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Jean-Marie Louise a été Conseiller pédagogique départemental en arts visuels et Coordonnateur départemental pour l’éducation artistique et l’action culturelle en Martinique. Il a publié des articles, recherches, études, analyses critiques et entretiens avec de nombreux artistes.
Paulo Miyada est curateur et chercheur, commissaire associé du Centre Pompidou et directeur artistique de l’Instituto Tomie Ohtake à São Paulo.
Robert G. O’Meally est professeur d’anglais et de littérature comparée à l’Université de Columbia, spécialiste américain de la culture africaine-américaine et du jazz
Liste des artistes exposés (non-exhaustive)
Paul Ahyi (Togo)
Victor Anicet (France/Martinique)
Antonio Bandeira (Brésil),
Rodrigo Barrientos (Colombie)
Elodie Barthélémy (France/Haïti)
Romare Bearden (États-Unis)
Mickaël Béthé-Sélassié (Ethiopie)
Gérald Bloncourt (Haïti)
Skunder Boghossian (Éthiopie)
Ernest Breleur(France/Martinique)
Agustín Cárdenas (Cuba)
José Castillo (République dominicaine)
Diagne Chanel ( France/Sénégal )
Ed Clark (États-Unis)
Georges Coran (France/Martinique)
Beauford Delaney (États-Unis)
Roland Dorcély (Haïti),
Henri Guédon (France/Martinique)
Sebastio Januario (Brésil)
Ted Joans (États-Unis)
Joseph-René Corail Khokho (France/Martinique)
Wifredo Lam (Cuba)
Christian Lattier (Côte d’Ivoire)
José Legrand (France/Guyane)
Guido Llinas (Cuba)
Silvano Lora (République dominicaine)
René Louise (France/Martinique)
Mary Lovelace O’Neal (États-Unis)
Sarah Maldoror (France)
Iba N’Diaye (Sénégal)
Kra N’Guessan (Côte d’Ivoire)
Demas Nwoko (Nigeria)
Vicente Pimentel (République dominicaine)
Max Pinchinat (Haïti)
Tony Ramos (Cap-Vert/États-Unis)
Faith Ringgold (États-Unis)
Michel Rovelas (France/Guadeloupe)
Raymond Saunders (États-Unis),
Gérard Sekoto (Afrique du Sud)
Ming Smith (États-Unis)
Ousmane Sow (Sénégal)
Hervé Télémaque (France)
Bob Thompson (États-Unis)
Mildred Thompson (États-Unis)
Wilson Tiberio (Brésil)
Luce Turnier (Haïti)
CENTRE POMPIDOU, BEAUBOURG, PARIS
Galerie 1 | Niveau 6
Updated 09-03-2025