17/05/12

Exposition Arnaud Maggs: Identification, MBAC, Ottawa, présente un parcours artistique sur quatre décennies



Arnaud Maggs. Identification 
Musée des beaux-arts du Canada, MBAC, Ottawa
Jusqu'au 16 septembre 2012

Les visiteurs du Musée des beaux-arts du Canada - MBAC, à Ottawa, ont la chance de pouvoir voir ARNAUD MAGGS. IDENTIFICATION, une exposition qui suit le parcours sur quatre décennies de l'important artiste photographe canadien, Arnaud Maggs, né en 1926 à Montréal. L'exposition regroupe aussi bien des oeuvres anciennes qui ont établi sa renommée internationale que des productions récentes.

Y figurent ses premières séries de portraits, ses monumentales installations élaborées à partir d’écrits éphémères – factures, notes, étiquettes et livres rares –, ses compositions sur la typographie des enseignes et systèmes de numérotation, des pièces sur des livres rares, ainsi que son propre Scrapbook (2009), un recueil de notes et d’images qu’il a commencé à amasser alors qu’il travaillait comme graphiste. Toutes ces œuvres racontent quelque chose sur les gens, les lieux et les expériences qui l’ont marqué. On peut les voir comme autant de portraits de l’artiste.

« Au cours des quarante dernières années, le Musée et son institution affiliée, le Musée canadien de la photographie contemporaine, ont acquis plus de soixante-œuvres d’Arnaud Maggs, dont huit installations majeures », a indiqué le directeur du MBAC, Marc Mayer. « Nous sommes heureux d’en réunir aujourd’hui un certain nombre d’entre elles, dont plusieurs n’ont été que rarement exposées, pour cette première exposition que nous consacrons à cet artiste important. »

Arnaud Maggs, de graphiste à photographe de mode à artiste
En 1973, après une belle carrière comme graphiste et comme photographe de mode, Arnaud Maggs décide, à 47 ans, d’abandonner le travail commercial pour devenir artiste. Comme le souligne la commissaire de l’exposition et conservatrice de l’art contemporain au MBAC Josée Drouin-Brisebois dans le catalogue qui accompagne l’exposition, l’expérience personnelle de l’artiste est intrinsèquement liée à son art et à sa vision du monde : « Quand on étudie la production de Maggs, on constate que ses projets peuvent être reliés à des événements qu’il a vécu, à des gens qu’il a rencontrés, à des lieux où il est allé. Maggs choisit ses sujets par goût personnel et pour rendre hommage aux gens qui ont eu une influence sur sa pratique. » Parmi ces derniers, l’on retrouve, notamment, l’artiste conceptuel allemand Joseph Beuys et le photographe français Eugène Atget.

Arnaud Maggs : un parcours artistique sur quatre décennies
Organisée thématiquement, et en partie chronologiquement, Arnaud Maggs. Identification est répartie sur quatre salles. La première salle présente des portraits réalisés entre 1976 et 1980 ; la deuxième, des œuvres photographiques mettant en vedette des papiers éphémères; la troisième est consacrée à des œuvres réalisées entre 1968 et 2011 et dans lesquelles on retrouve la présence de lettres et de chiffres ; et la dernière expose des œuvres photographiques dont les livres rares sont l’objet. Les visiteurs peuvent également découvrir le fascinant Scrapbook d'Arnaud Maggs.

Cet album de coupures est le fruit d’un travail d’introspection, d’un retour de Maggs sur ses propres archives. Cette œuvre en quatre parties regroupe des objets divers qu’il a glanés au fil des ans et que, depuis 1975, il colle, bien en ordre, dans des albums personnalisés : étiquettes de bagage, timbres, billets de toutes sortes, photographies. A l’instar d’autres œuvres de l’exposition, l’album remplit une fonction autobiographique car il raconte l’évolution de la carrière et de la personnalité de Maggs, et son passage du travail de graphiste à celui d’artiste. Témoignage identitaire, cette œuvre peut être interprétée comme un portrait de l’artiste au travail.

La sélection de matériel d’archives présentée dans l’exposition aide à comprendre le changement qui s’opère quand Maggs photographie des objets trouvés et les transforme en en modifiant l’échelle et en les ordonnant pour créer des typologies. Les installations qui en résultent peuvent être interprétées comme des monuments aux êtres disparus et oubliés, et l’expérience que nous en faisons, des actes de mémoire.

Les photographies d'Arnaud Maggs : De la physionomie humaine aux objets d’archives
De 1976 jusqu’à la fin des années 1980, Maggs s’intéresse à la fois aux systèmes de classification et d’ordonnancement et à l’étude de la physionomie humaine. Le rapport entre sujet et spectateur est un autre élément important de ses œuvres. Maggs répertorie, dévoile et expose ses sujets comme s’il s’agissait  de spécimens dont on peut scruter, analyser et comparer les formes et les traits physiques.

L’une des premières œuvres que le visiteur peut voir en entrant dans l’exposition est 64 Portraits Studies, est une étude sur la physionomie humaine. Considérée par Arnaud Maggs comme sa première « œuvre d’art », elle regroupe dans une grille des portraits de face et de profil, semblables à des photos d’identité, de 16 femmes et de 16 hommes. Leur regard complètement détaché du monde et l’arrangement systématique des images donnent à l’ensemble un ton résolument clinique. Par son caractère objectif, 64 Portraits souligne les traits particuliers de chaque visage et attire notre attention sur le « nombre infini de proportions qui fait que chacun de nos corps est si remarquablement différent ».

Comme l’ont noté divers spécialistes, la fascination de Maggs pour la typographie, associée à sa formation de graphiste et de lettreur, et évidente dans plusieurs de ses œuvres. La série photographique Hotel Series en est un exemple. Arnaud Maggs a réalisé cette série durant un séjour à Paris en 1991. Voulant saisir l’essence de Paris, il trouve son inspiration dans les innombrables enseignes d’hôtel qui jalonnent les petites rues. Après en avoir photographié plus de 300, il élabore son propre système de classement et regroupe les images en fonction de leur typographie : lettres avec ou sans empattement, mécanes, noir sur blanc, blanc sur noir. Dans les titres, les hôtels sont identifiés par leur adresse, plutôt que par leur nom. Ces photographies qui, ensemble, composent une sorte de carte géographique relatent les déambulations quotidiennes de l’artiste dans Paris.

En outre, l’intérêt de l’artiste pour la beauté et la forme des choses transparaît constamment dans son œuvre. Quand Arnaud Maggs commence à passer ses étés en France au milieu des années 1990, un important changement se produit dans les sujets de ses photographies. Il fréquente les marchés aux puces, ces « mines de trésors, d’idées, de matériaux », et collectionne les vieux papiers, les écrits éphémères : étiquettes, enveloppes, factures, etc. Ces fragments du passé, il les photographie et les archive dans des œuvres comme la série de photos Les factures de Lupé, qui documente les achats d’un couple de la haute bourgeoisie ayant vécu à Lyon dans les années 1860. Chaque photographie fait ressortir la beauté du papier coloré, de la typographie, de la calligraphie. Arnaud Maggs estime que nos gribouillages sont « probablement nos plus beaux dessins et ceux qui jaillissent d’un mouvement subconscient ».

L’œuvre d’Arnaud Maggs fait partie de nombreuses collections canadiennes. Il a notamment remporté le Prix Gershon-Iskowitz, le Prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton du Conseil des Arts du Canada, ainsi que le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques en 2006. Né à Montréal en 1926, Arnaud Maggs travaille et vit à Toronto.

Catalogue d'exposition : Arnaud Maggs. Identification
L'exposition s’accompagne d’un catalogue bilingue de 240 pages abondamment illustré et produit par le Musée des beaux-arts du Canada. L’ouvrage contient un essai de la commissaire de l’exposition et conservatrice de l’art contemporain du Musée des beaux-arts du Canada, Josée Drouin-Brisebois, une interview avec l’artiste, du directeur adjoint du Norton Museum of Art, en Floride, Charles A. Stainback, et une notice biographique chronologique, par l’adjointe à la conservation en art contemporain du MBAC, Rhiannon Vogl. Le catalogue à couverture souple est disponible à la Librairie du MBAC ainsi qu'en ligne sur le site internet du musée (lien ci-dessous).

Source : Josée Drouin-Brisebois,  Arnaud Maggs. Identification. Musée des beaux-arts du Canada, 2012.

MBAC - Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa 
www.beaux-arts.ca