05/10/13

Expo Masculin / Masculin : L’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours, Musée d'Orsay, Paris

Masculin / Masculin : L’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours
Musée d'Orsay, Paris 
Jusqu'au 2 janvier 2014

Pierre et Gilles, Mercure, 2001 (modèle : Enzo Junior)
© Pierre et Gilles. Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont, Paris
Jean-Baptiste Frédéric Desmarais, Le Berger Pâris, 1787
Ottawa, musée des beaux-arts du Canada, Photo © MBAC 

Alors que le nu féminin s’expose aussi régulièrement que naturellement, le corps masculin n’a pas eu la même faveur. Qu’aucune exposition ne se soit donné pour objet de remettre en perspective la représentation de l’homme nu sur une longue période de l’histoire avant le Leopold Museum de Vienne à l’automne 2012 est plus que significatif. Pourtant, la nudité masculine était pendant longtemps au fondement de la formation académique du XVIIe au XIXe siècles et constitue une ligne de force de la création en Occident. S’appuyant sur la richesse de son propre fonds (quelques sculptures inconnues) et des collections publiques françaises, le musée d’Orsay se donne donc comme ambition avec l’exposition Masculin / Masculin d’approfondir, dans une logique à la fois interprétative, ludique, sociologique et philosophique toutes les dimensions et significations de la nudité masculine en art. Parce que le XIXe siècle puise au classicisme du XVIIIe siècle et que son écho résonne jusqu’à nos jours, cette exposition élargit l’horizon traditionnel du musée d’Orsay pour embrasser plus deux siècles de création jusqu’à nos jours, dans toutes les techniques, peinture, sculpture, art graphique et bien sûr photographie, qui auront une place égale dans le parcours.

Pour faire comprendre la spécificité masculine du corps, l’exposition a préféré à une chronologie fastidieuse la succession de thèmes nodaux faisant se succéder les canons esthétiques hérités de l’Antiquité, leur réinterprétation aux époques néo-classique, symboliste et contemporaine dans une glorification toujours plus grande du héros, la fascination réaliste pour la révélation du corps dans toute sa vérité, la nudité comme accomplissement du corps dans la nature, la mise à mal du corps et l’expression de la douleur et enfin son érotisation. Le parti-pris est d’établir un véritable dialogue entre les époques pour donner à voir les réinterprétations suscitées par certains artistes sur des oeuvres antérieures. Dès le milieu du XVIIIe siècle Winckelmann étudie l’héritage des divine proporzioni du corps héritées des Anciens qui, malgré des remises en cause radicales et par un des passages mystérieux de l’histoire de l’art, sont encore en vigueur jusqu’à nos jours comme acceptation de la beauté. De Jacques-Louis David à George Platt-Lynes, David LaChapelle et Pierre et Gilles, en passant par Gustave Moreau, c’est tout une filiation qui se fait jour, autour des questions de pouvoir, de censure, de pudeur, d’horizon d’attente du public et d’évolution des moeurs dans la société.

L’exaltation par Winckelmann de la beauté grecque laisse apparaître en filigrane un désir charnel, traversant indiscutablement deux siècles et pouvant concerner hommes comme femmes, du groupe des « Barbus » de l’atelier de David à David Hockney et au cinéaste James Bidgood. C’est aussi cette sensibilité qui imprègne le tournant des XIXe et XXe siècle s’interrogeant sur son identité comme l’indique l’extraordinaire École de Platon, inexplicablement achetée par l’Etat français en 1912 au belge Delville. De même, l’exposition met au jour d’autres filiations, plastiques ou intellectuelles au travers d’oeuvres d’artistes célèbres tels Georges de La Tour, Pierre Puget, Abilgaard, Paul Flandrin, Bouguereau, Hodler, Schiele, Munch, Picasso, Bacon, Mapplethorpe, Julian Freud ou Ron Mueck, tout en réservant des surprises comme le Saint Sébastien du mexicain Angel Zarraga, Les Bains mystérieux de De Chirico ou les érotica des américains Charles Demuth et Paul Cadmus.

C’est donc à un parcours mettant en question la permanence d’un thème éternellement repris par les artistes, grâce à des confrontations inattendues et fécondes entre différents moments de résurgences de l’homme nu dans l’art qu’invite le musée d’Orsay avec l’exposition Masculin / Masculin.

Commissariat de l'exposition : 
Guy Cogeval, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie
Ophélie Ferlier, conservateur sculptures au musée d’Orsay
Xavier Rey, conservateur peintures au musée d’Orsay
Ulrich Pohlmann, directeur de la collection photographique du Stadtmuseum de Munich
Tobias G. Natter, directeur du Leopold Museum de Vienne

PUBLICATIONS
- Catalogue de l'exposition, textes de Claude Arnaud, Guy Cogeval, Philippe Comar et Charles Dantzig, coédition Musée d’Orsay / Flammarion, 300 pages, 200 illustrations, 22 x 29 cm
- L’homme nu dans l’art par Philippe Comar, Hors série Découvertes Gallimard, coédition musée d'Orsay / Gallimard, 8 modules, env. 50 illustrations, 120 x 170 cm

L’exposition est organisée par le musée d'Orsay en collaboration avec le Leopold Museum de Vienne

HORAIRES : tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45. Fermé les 25 décembre 2013 et 1er janvier 2014.

MUSEE D'ORSAY 
Entrée par le parvis, 1, rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris 
Site internet : www.musee-orsay.fr