Giuseppe Penone
Galerie Marian Goodman, Paris et Londres
Jusqu'au 22 octobre 2016
Giuseppe Penone : Ebbi, Avrò, Non Ho (J’eus, J’aurai, Je n’ai), Galerie Marian Goodman, Paris
Giuseppe Penone : Fui, Sarò, Non Sono (I was, I will be, I am not), Marian Goodman Gallery, London
Galerie Marian Goodman Paris, 79 rue du Temple, 75003 Paris
Marian Goodman Gallery London, 5-8 Lower John Street, London W1F 9DY
www.mariangoodman.com
Galerie Marian Goodman, Paris et Londres
Jusqu'au 22 octobre 2016
« La perception tactile nous rapproche du présent. » Giuseppe Penone
La Galerie Marian Goodman présente actuellement deux expositions simultanées de Giuseppe Penone à Paris et à Londres. Ces nouvelles expositions rassemblent une sélection d’oeuvres ayant pour thème le sens du toucher, et dont les formes émanent de gestes spécifiques accomplis par la main de l’artiste. Comme l’observe Laurent Busine: « Rien n’est plus intensément le geste de Giuseppe Penone que la poignée ; c’est-à-dire, la quantité de choses que la main peut contenir, soit que la main presse ou écrase, que la main tienne et garde ou encore que la main glisse et caresse. » Les oeuvres présentées dans les deux expositions (dont le titre fait référence, au passé, au futur et au présent) révèlent que gestes et perceptions tactiles sont, aux yeux de Giuseppe Penone, liés à l’individualité et au temps: “Une forme sans le geste d’un homme est un présent collectif ; avec le geste d’un homme, c’est un présent individuel.”
Giuseppe Penone : Ebbi, Avrò, Non Ho (J’eus, J’aurai, Je n’ai), Galerie Marian Goodman, Paris
La galerie de Paris présente un ensemble d’oeuvres dans lesquelles l’artiste, grâce à l’empreinte de sa main dans la matière, rend palpable la relation entre le geste et le matériau, entre le corps et l’univers. La feuille d’or de Spoglia d’oro (2001) façonnée par lui, arbore les lignes et sillons de sa paume. Dans Germinazione (2005), une série de six sculptures murales, le volume de ses doigts se superpose aux moulages d’arbres et de branches en résine acrylique. Au rez-dechaussée, le groupe d’oeuvres intitulées Avvolgere la terra (Envelopper la terre) (2014) conjugue la terre cuite avec différents matériaux, tels que l’engobe de silice colorée, la résine, le cuir et l’aluminium. D’un simple geste, « l’action d’envelopper la terre avec les mains, la contenir », l’artiste met en évidence la connexion intime, complexe entre les hommes et la nature. « Il s’agit de la forme qu’imprime, dans la matière, le mouvement fluide de l’univers. Une simple poignée d’argile contient la synthèse d’une forme universelle. »
Giuseppe Penone poursuit son exploration des limites du voir et du toucher avec Terre (2015) et Pugno di grafite - palpebra (2012). Les deux oeuvres représentent une paupière fermée, qui selon l’artiste donne « la définition exacte des frontières et de l’espace de la pensée » et « reflète le fait que notre corps est présent dans l’espace ». Cette présence est matérialisée par la poignée, respectivement en terre cuite et en graphite.
Jouant sur la relation entre le contenant et le contenu, les sculptures Il vuoto del vaso (2005), exposées au niveau inférieur, associent de larges vases en terre cuite et des images radiographiques. Tandis que les vases témoignent de la pression exercée sur l’argile, les radios qui les accompagnent révèlent les mains de l’artiste, rendant ici visible un processus fugace et imperceptible. Geometria nelle mani – 4 aprile (2004), une série de photographies noir et blanc en négatif, montre les mains de Giuseppe Penone tenant de petites formes géométriques en bois ; écho au geste accompli en 1979 pour réaliser Cocci. Le vide entre ses mains et l’objet, lumineux sur chaque image, devient l’espace potentiel d’une sculpture à venir.
Giuseppe Penone : Fui, Sarò, Non Sono (I was, I will be, I am not), Marian Goodman Gallery, London
La galerie de Londres présente également des oeuvres emblématiques de l’intérêt de Giuseppe Penone pour la relation métaphysique entre son corps et l’écosystème vivant. L’un des meilleurs exemples en est fourni par l’oeuvre exposée dans la galerie inférieure, Trattenere 6, 8, 12 anni di crescita (Continuerà a crescere tranne che in quel punto), (2004-2016). En 1968, Penone fixa un moulage en bronze de sa main sur le tronc d’un jeune arbre. Six ans plus tard, il réalisa un moulage de cet arbre in situ, puis deux autres, respectivement huit et douze ans après le premier, capturant la symbiose croissante de sa main avec l’arbre qui l’enveloppe. Trattenere 6, 8, 12 anni di crescita (Continuerà a crescere tranne che in quel punto) comprend ces trois moulages réalisés au cours de ces douze dernières années. La main de l’artiste entravant la croissance naturelle, l’arbre s’adapte à l’emprise du métal, enveloppant la main qu’il absorbe peu à peu. Ici, le corps humain et l’arbre se métamorphosent ensemble pour devenir une seule et même entité. Son identité sculpturale continue d’évoluer de manière organique, liant son passé, son présent et son futur.
Respirare l’ombra (2008), une installation de cages métalliques contenant des feuilles de laurier, couvrira l’un des murs principaux de la galerie inférieure, tout en embaumant l’espace. Tandis que le sens du toucher est déterminant dans la pratique de Giuseppe Penone, celui de l’odorat favorise la transformation de notre rapport au monde. Une forêt de branches entrelacées surmontées d’empreintes en terre cuite (Terra su terra, 2014/2015), et un autre ensemble de sculptures d’arbres en bronze et marbre seront présentées sur les deux niveaux de la galerie. Comme Respirare l’ombra, ces oeuvres recréent un environnement semblable aux forêts de Garessio, en Italie, dans l’intimité desquelles vécut Penone durant ses années de formation. Ce qui, dans ces oeuvres, est fait de main d’homme - les cages dans Respirare l’ombra et le marbre encaissant les racines dans Indistinti confini – semble contredire, à première vue, l’évolution naturelle telle qu’on peut l’observer dans une forêt, mais c’est finalement la force organique qui l’emporte, tendue vers une unité harmonieuse, à laquelle une transfiguration paisible permet d’accéder.
Dans la galerie inférieure, Giuseppe Penone boucle le thème du “toucher” avec Corteccia (1986), une série de portraits en terre cuite représentant sa fille Caterina. Certaines zones des portraits sont recouvertes d’une glaçure qui met l’accent sur le toucher de l’artiste et qui, loin d’être un simple outil, fait partie intégrante de la sculpture. Pour reprendre les mots de Gianfranco Maraniello, dans son essai intitulé Giuseppe Penone: the Possibility of Sculpture: “La main elle-même est le moule initial de toute forme, transférant son empreinte au matériau qui sera façonné et initiant, de ce fait, une dialectique négative, constitutive de l’oeuvre. »
De nouvelles et emblématiques sculptures de Giuseppe Penone sont actuellement visibles dans les jardins du Rijksmuseum, à Amsterdam (jusqu’au 2 octobre 2016) tandis que le Musée d’Art Contemporain de Trente et Rovereto (MART) vient de présenter une grande rétrospective. Récemment, des oeuvres de Giuseppe Penone ont aussi été exposées au Nasher Sculpture Center, à Dallas (2015) ; au Musée Cantonal des Beaux-Arts, à Lausanne (2015) ; au Beirut Art Center (2014) ; au Musée de Grenoble (2014) ; au Kunstmuseum Winterthur (2013) ; à la Whitechapel Gallery, à Londres (2013). Giuseppe Penone a présenté des sculptures monumentales dans de nombreux jardins prestigieux, tels que les jardins du château de Versailles (2013); le Madison Square Park, à New York (2013); le Giardino di Boboli, Forte di Belvedere, à Florence (2014); la Venaria Reale, près de Turin (2015). Giuseppe Penone est né en 1947 dans la petite ville piémontaise de Garessio, en Italie. Il a fait ses études à l’Accademia di Belle Arte à Turin, où il vit et travaille. En 2014, il a été, en tant que sculpteur, lauréat du prestigieux Praemium Imperiale, décerné à des artistes internationaux. En 2007, il a représenté l’Italie à la 52ème biennale de Venise.
Galerie Marian Goodman Paris, 79 rue du Temple, 75003 Paris
Marian Goodman Gallery London, 5-8 Lower John Street, London W1F 9DY
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