Jean Tinguely, '60s
Galerie Valois, Paris
9 septembre - 29 octobre 2016
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
www.galerie-vallois.com
Galerie Valois, Paris
9 septembre - 29 octobre 2016
A l’occasion du 25e anniversaire du décès de Jean Tinguely, la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, qui représente l’Estate de cet artiste majeur du XXeme siècle depuis maintenant 5 ans, lui rend hommage avec un exceptionnel ensemble de 15 sculptures et reliefs animés réalisés dans les années 60. Evocations de chaos et d’anarchisme pour les unes, d’une certaine sérénité et élégance pour les autres, ces œuvres ont toutes en commun d’explorer le mouvement et le son sous toutes ses formes.
« En 2012, la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois exposait onze Reliefs des années 1950, pour certains inédits, de Jean Tinguely, et Bernard Blistène décrivait les premières années de la carrière de l’artiste Suisse, installé à Paris en 1955. C’est dans la lignée de cette exposition et de ce texte que je m’inscris, pour commenter quelques œuvres des séries suivantes exposées dans cette même galerie : il s’agit de reliefs ou des sculptures en mouvement dont la grande majorité sont « sonores », des années 1960 à 1963, appartenant à la série peu connue des Radios (1962), voisine de celle plus identifiée des Balubas (1962-1963). L’exposition présente aussi deux œuvres plus tardives, reconnaissables à leur échelle supérieure et leur aspect sombre : Bascule V et La Cloche, datant de 1967.
Cette période « charnière » – celle qui le fait passer de machines plutôt joyeuses, colorées et dansantes ou sonores, à des machines plutôt sérieuses, noires et silencieuses, et qui verra la démolition de l’impasse Ronsin et l’installation de l’ancien dancing L’Auberge du cheval blanc à Soisy-sur-École – a pour toile de fond la complexité et la radicalité de l’art des années 1960, dont elle résume les enjeux. L’œuvre de Tinguely va bien au-delà de ce mélange de sculptures en mouvement et d’objets trouvés, de Cinétisme et de Nouveau réalisme auquel on aurait tendance à la réduire. Ceux que nous voyons aujourd’hui comme des mouvements constitués, avec leurs listes d’artistes, leurs critiques et leurs expositions, étaient à l’époque transitoires, malléables, aussitôt défaits que faits, dénoncés par ceux qui venaient de le théoriser : le Pop et le Nouveau réalisme, le Happening et le Junk Art, le Lettrisme et la poésie concrète, la musique concrète et la musique électronique, la danse et la performance, le musée et l’espace public, Fluxus et Dada… Tout ceci était encore en train de s’inventer. Non seulement Tinguely fut au cœur de cette « affaire », mais il fut aussi un précurseur et à ce titre résonne de multiples manières dans l’art d’aujourd’hui : son art fut politique, « genré », ouvert sur les sons et sur l’électronique, postmoderne avant la lettre, défenseur de la récupération quand on commençait à parler de l’obsolescence des machines. (…) Non content d’avoir exploré toutes les possibilités de l’objet trouvé, il a inventé ce que pouvait être l’œuvre sonore et s’est aventuré avant tout le monde dans les infinies possibilités de l’installation interactive : performance seule ou collective, improvisée ou planifiée, en construction ou en implosion, exposition labyrinthe ou spectacle, Tinguely ne cesse encore aujourd’hui de nous étonner. (…) Il est temps de revoir Tinguely, de le relire, et enfin, de le réécouter. »
[Extraits de l’essai « Les machines inutiles et sonores de Jean Tinguely, hier et aujourd’hui » de Camille Morineau pour le catalogue de l’exposition « Jean Tinguely, ‘60s », Galerie GP & N Vallois, septembre – octobre 2016 (publié chez Hazan).]
Au moment où le Kunstpalast de Düsseldorf lui consacre une grande rétrospective (jusqu’au 14 aout) qui sera ensuite attendue au Stedelijk Museum d’Amsterdam : « Jean Tinguely. Machine Spectacle », « ‘60s » est à ce jour l’unique exposition française entièrement dédiée à Jean Tinguely en cette année anniversaire.
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
www.galerie-vallois.com