18/02/19

Fernand Khnopff @ Petit Palais, Paris

Fernand Khnopff, Le maître de l’énigme
Petit Palais, Paris
Jusqu' au 17 mars 2019

Fernand Khnopff
Une Ville morte (Avec Georges Rodenbach), 1889
Pastel, crayons de couleurs et rehauts blancs sur papier
Collection The Hearn Family Trust, New York.

Le Petit Palais présente actuellement une exposition inédite dédiée à Fernand Khnopff conçue en collaboration avec les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Artiste rare, le maître du Symbolisme belge n’a pas bénéficié de rétrospective à Paris depuis près de quarante ans. L’exposition du Petit Palais, empruntant dans de nombreux musées, comme le Metropolitan Museum de New York, la Neue Pinakothek de Munich, l’Albertina de Vienne mais aussi auprès de nombreuses collections privées, rassemble près de 150 pièces. Elle offre un panorama emblématique de l’esthétique singulière de Fernand Khnopff, à la fois peintre, dessinateur, graveur, sculpteur et metteur en scène de son oeuvre. L’exposition évoque par sa scénographie le parcours initiatique de sa fausse demeure qui lui servait d’atelier et aborde les grands thèmes qui parcourent son oeuvre, des paysages aux portraits d’enfants, des rêveries inspirés des Primitifs flamands aux souvenirs de Bruges-la-Morte, des usages complexes de la photographie jusqu’aux mythologies personnelles placées sous le signe d’Hypnos.

Fernand Khnopff
A Fosset, l’entrée du village, 1885
Huile sur toile
Collection particulière

Fernand Khnopff
Un hortensia, 1884 
Huile sur toile
Metropolitain Museum of Art, New York
Photo Metropolitan Museum of Art

A la fois point de départ et fil rouge de l’exposition, la maison-atelier de Fernand Khnopff est un véritable « temple du Moi » au sein duquel s’exprime pleinement sa personnalité complexe. A travers une scénographie qui reprend les couleurs de son intérieur – bleu, noir, blanc et or, le parcours évoque les obsessions et les figures chères à l’artiste : du portrait aux souvenirs oniriques, du fantasme au nu. Après une salle introductive recréant le vestibule de son atelier et évoquant la demeure même de l’artiste, le parcours débute avec la présentation de peintures de paysages représentant Fosset, petit hameau des Ardennes belges où Fernand Khnopff passe plusieurs étés avec sa famille. De ces paysages de petit format, saisis sur le vif, on perçoit tout de suite chez l’artiste un goût pour l’introspection et la solitude.

Une autre facette de son oeuvre, plus connue du grand public, est son travail de portraitiste. Fernand Khnopff représente des proches comme sa mère, des enfants qu’il dépeint avec le sérieux d’adultes, parfois des hommes. Mais il affectionne surtout les figures féminines, toutes en intériorité et nimbées de mystère. Sa soeur Marguerite avec qui il noue une secrète complicité devient son modèle et sa muse. Marguerite est également le sujet de nombreux portraits photographiques. Fernand Khnopff s’intéresse à ce médium avec beaucoup d’intérêt. L’artiste utilise ce procédé moderne au service de son art afin d’étudier la pose et la gestuelle de son modèle favori qu’il déguise en princesse de légende ou en divinité orientale. Il fait également photographier un certain nombre de ses oeuvres par un photographe de renom Albert-Edouard Drains dit Alexandre et retravaille les tirages avec des rehauts de crayon, d’aquarelle ou de pastel.

Fernand Khnopff
Sleeping Medusa ou Méduse endormie, 1896
Pastel sur papier
Collection Particulière

Comme d’autres peintres symbolistes, l’artiste est fasciné par les mythes antiques. Parmi ses obsessions, la figure d’Hypnos, le dieu du Sommeil apparaît de manière récurrente. La petite tête à l’aile teintée en bleu, couleur du rêve, est représentée la première fois en 1891 dans le tableau I Lock My Door Upon Myself. Hypnos est l’objet de plusieurs tableaux tout comme la Méduse ou bien encore OEdipe qui esquisse dans le tableau Des caresses un étrange dialogue avec un sphinx à corps de guépard.

Fernand Khnopff consacre également différents tableaux à Bruges, ville elle aussi énigmatique, où il vécut jusqu’à l’âge de six ans. La nostalgie de ces années d’enfance mêlée à une admiration pour le primitif flamand Memling donne naissance à plusieurs tableaux. Fernand Khnopff exécute aussi des vues de Bruges qu’il associe à un portrait de femme ou à un objet symbolique renvoyant à la cité des Flandres.

Fernand Khnopff
Souvenir de Flandre. Un canal, 1904
Craie et pastel sur papier.
Collection The Hearn Family Trust, New York

En fin de parcours, une série de dessins et de tableaux de nus sensuels évoquent son rapport à la féminité. Ces femmes à la chevelure rousse, vaporeuse, au regard insistant, représentées dans un halo semblent tout droit sorties d’un songe. Contrairement aux héroïnes de Klimt peintes à la même époque, elles ne paraissent aucunement en proie aux tourments de la chair. Elles ne sont que les représentations de l’« éternel féminin ».

Commissaires de l'exposition :
Michel Draguet, directeur des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais
Dominique Morel, conservateur général au Petit Palais

A lire, l'album de l'exposition :

Fernand Khnopff, Le maître de l’énigme
Textes de Michel Draguet et Dominique Morel
Éditions Paris Musées
22/28 cm - 96 pages - Broché - 75 illustrations 

A lire également :

Fernand Khnopff
Textes de Michel Draguet
Éditions Fonds Mercator
24/27 cm - 304 pages - Relié

PETIT PALAIS
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill - 75008 Paris
www.petitpalais.fr