27/02/21

Stephan Goldrajch @ Galerie Baronian Xippas, Bruxelles - Porte-Bonheur

Stephan Goldrajch : Porte-Bonheur
Galerie Baronian Xippas, Bruxelles
Jusqu'au 3 avril 2021

Albert Baronian et Renos Xippas présentent actuellement la deuxième exposition personnelle de Stephan Goldrajch dans leur galerie.

Né en 1985 à Ramat-Gan en Israël, STEPHAN GOLDRAJCH a étudié à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles puis à la Cambre en section sculpture, ainsi qu’à l’Académie d’Art et de Design de Bezalel à Jérusalem.

Inspiré par les traditions ancestrales, les rites et les techniques d’artisans, c’est le rapport à l’humain et au social qui le fascinent. Travaillant le fil au crochet, son médium de prédilection, il se nourrit, pour mieux les réinventer, des codes de vie et d’apprentissage, de la magie autant que des contes et légendes ; toutes ces choses bien réelles, souvent irrationnelles, qui font partie de l’éducation des hommes.

Très rapidement et avant que cela ne soit devenu une mode, l’artiste Stephan Goldrajch s’est choisi un mode d’expression singulier, celui de la performance textile participative où les interactions sociales sont essentielles. En organisant des Broderies Participatives sur des places publiques, Stephan Goldrajch invite passants, habitants, réfugiés et même curés à se rassembler autour d’une oeuvre commune. Le mode d’emploi est simple : il suffit de suivre les lignes tracées sur le tissu avec du fil rouge. De la sorte, Stephan Goldrajch permet des connexions inattendues entre tous ces participants en un moment suspendu, à l’image des fils tissés et entremêlés. Ce moment hors du temps, lors duquel la parole suit le rythme de l’aiguille, se partage comme un murmure, une confidence, un rire aussi.

La volonté de tisser des liens entre les domaines du social et de l’art contemporain est au coeur de ses projets. En 2012, au WIELS (Bruxelles), Stephan Goldrajch a créé La Légende du Canal, un récit imaginé avec les habitants des deux rives du canal qui divise la ville. Après plusieurs mois de travail, une exposition de cent grands drapeaux placés à la jonction du quartier branché de Dansaert et de la commune de Molenbeek affirmait la possibilité d’un pont entre deux réalités socioculturelles bien différentes.

En 2018, Albert Baronian et Renos Xippas avaient exposés ses Voodoos dans leur galerie, une série de masques et de créatures en maille qui, avec une pointe d’humour, semblent surgir d’un monde fantastique peuplé de rêves et animé de rituels magiques. Stephan Goldrajch accorde une grande importance au caractère nomade des pelotes de laines avec lesquelles il crochète et aime pouvoir emmener son travail avec lui. Les masques qu’il réalise en crochet ont par ailleurs déjà bien voyagé au départ de Bruxelles à travers le monde, entre l’Israël, la Bulgarie ou le Bénin.

Comme l’illustrent ces masques rituels vaudou, la superstition est au coeur de la pratique de l’artiste et ce, depuis le début de sa carrière. Dès la fin de ses études à La Cambre, il réalise une « tête porte-bonheur », un gri-gri supposé porter bonheur et prospérité et réunit des proches qu’il masque de ses créations en maille pour trouver un espace destiné à déposer cette tête. Depuis lors, les participants masqués forment ensemble la communauté que l’artiste appelle les « Porteur de Bonheur » et célèbrent tous les 22 février la fête du Bonheur.

Dans cette exposition-ci, intitulée Porte Bonheur, Stephan Goldrajch nous dévoile une nouvelle série d’oeuvres éponymes, qui prolonge cet intérêt pour le caractère superstitieux des objets. S’inspirant des masques et toujours avec la technique du crochet, il tisse sur sa toile des éléments disparates. Différents types de fils de laine et de coton, naturels et synthétiques sont tissés un à un et ensuite cousus à même la toile de lin. Il travaille ici à la manière d’un peintre, mais dont la peinture est substituée par des pelotes de laines.

Pour l’artiste, assembler ces fils colorés représente une déconnection totale avec les stimulations extérieures et lui permet de rentrer dans sa propre bulle. Le travail de crochet devient alors son propre rituel. Ainsi, les Porte-Bonheurs exposés sont le résultat d’un long processus ritualisé et méditatif où des fils s’entremêlent dans des compositions complexes et foisonnantes de couleurs et de textures. Peuplé de petites créatures et de végétation textile, le monde imaginaire dans lequel Stephan Goldrajch nous emmène est fantastique, joyeux, voire régressif, jusqu’à nous replonger dans nos jeux et nos dessins d’enfants.

Enfin, ces Porte-Bonheur ont le pouvoir de dégager une force attractive tels que le font les objets sacrés qui portent bonheur à ceux qui les gardent. Les oeuvres invitent ainsi à découvrir la multitude de secrets et de mystères qu’elles cachent. 

GALERIE BARONIAN XIPPAS
33 rue de la Concorde, B-1050 Brussels
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